Читать книгу Avant Qu’il Ne Harcèle - Блейк Пирс - Страница 6
PROLOGUE
ОглавлениеTue-la à la fin de son service. Ne lui laisse pas l’opportunité de rentrer chez elle.
L’instruction tournait en boucle dans sa tête. Il l’entendait depuis deux jours déjà. La voix semblait avoir pris possession de son esprit depuis qu’il avait vu la photo dans la section Art et Divertissement du journal local. Il savait qui était le mannequin de la publicité pour la boutique de divertissement pour adultes. Dire qu’elle était sexy aurait été un euphémisme. Elle était tellement sexy qu’il n’avait jamais considéré la possibilité de l’inviter à sortir avec lui. Séduire une fille pareille était impensable.
Ouais, il l’avait déjà vue. Elle était serveuse au Sixteen Street Diner. Elle travaillait le soir, entre vingt-et-une et deux heures du matin. Il l’avait croisée à plusieurs reprises à l’époque où il était étudiant et fuyait la pression de la cité U, des fêtes permanentes et des devoirs. Il n’avait jamais vraiment eu d’amis donc il lui était facile de s’échapper sans qu’on lui pose la moindre question. Il trouvait refuge au Sixteen Street Diner pour un dîner tardif – des œufs baignant dans l’huile, des frites maison et du café noir. Il passait toujours un bon moment quand elle faisait le service. Elle était amicale, mais pas trop amicale – pas au point où il devenait évident qu’elle avait pitié du solitaire qui venait de s’empiffrer devant elle. Il avait réussi à réunir un certain nombre d’informations à son sujet en écoutant les autres crétins du café-restaurant flirter avec elle.
Elle était étudiante, elle aussi. Ou, plus exactement, elle l’avait été, trois ans plus tôt.
Il la connaissait d’avant l’université. Mais elle ne se souvenait pas de lui. Il n’avait pas besoin de lui poser la question pour le savoir. Il le percevait dans sa manière de le regarder, dans le sourire aimable qu’elle lui adressait avec l’espoir d’obtenir un bon pourboire. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Pourquoi une fille comme elle se souviendrait-elle d’un type comme lui, dans une classe surchargée d’élèves ?
Elle paraissait plus vieille dans la publicité du journal. Mais bon sang, elle était toujours sexy. Plus sexy que jamais. Avec ses résilles, ses talons aiguille, et sa poitrine dénudée, seulement couverte par le logo de la boutique, il avait presque du mal à la regarder en face.
C’était peut-être ce qui avait suscité les instructions subites qui lui traversaient actuellement l’esprit. La première fois qu’il avait entendu la voix, il s’était rendu au Sixteen Street Diner tard le soir, juste pour voir si elle y travaillait encore. Il supposait que ce serait le cas parce qu’on la traitait comme une déesse là-bas. Elle avait un look juste suffisamment gothique pour attirer cette foule-là mais était également capable de tirer profit du désir qu’elle éveillait chez les athlètes et les hommes à l’orée de la crise de la quarantaine. Il l’avait déjà vue récolter des pourboires de cinquante dollars de la part d’hommes qui avaient seulement consommé un café et une part de tarte à l’abricot – l’abricot étant apparemment la porte ouverte à d’innombrables sous-entendus sexuels.
Bien sûr, elle était toujours là. Elle l’avait même servi ; elle lui avait apporté son bagel, son bacon et son thé avec un sourire et un décolleté suffisant pour lui rappeler tous les fantasmes qu’elle avait nourris pendant ses années d’université. Il lui avait même dit qu’il se souvenait d’elle et d’être venu dans ce diner avec ses amis de la fac. Elle avait paru apprécier qu’il se souvienne d’elle mais avec des serveuses qui s’habillaient comme ça et qui comptaient sur les pourboires, il était difficile de savoir si elle était sincère ou pas.
Il repensa au sourire qu’elle lui avait adressé lorsqu’elle était sortie par la porte de service du café-restaurant. Il était 1h18 du matin. Une pluie fine tombait, même si cela semblait toujours être le cas dans cette ville lugubre. Il portait un ciré et s’assit sur le perron d’une vieille boutique de disques presque entièrement masquée par la façade du café.
Tue-la à la fin de son service. Ne lui laisse pas l’opportunité de rentrer chez elle.
Il la contempla, se rappela qu’elle avait parlé avec ses amis et lui trois ans plus tôt, pour se dégoter un bon pourboire. Tout sourire, tactile par moments, se penchant expertement en avant tout en servant les plats pour leur offrir une vue plongeante sur sa chemise ouverte.
Tue-la à la fin de son service. Ne lui laisse pas l’opportunité de rentrer chez elle.
Il n’y avait pas de parking derrière le café. Il l’avait découvert le soir où il était venu s’assurer qu’elle travaillait toujours ici. Il avait observé plusieurs employés aller et venir après son départ, remarquant qu’ils descendaient tous la rue avant de traverser en direction du petit parking souterrainqui se trouvait un peu plus loin.
D’après ses observations, il disposait de quatre minutes pour agir au moment où elle sortirait par la porte de service – quatre minutes pour aller du café-restaurant à sa voiture. Il la vit froncer les sourcils en réalisant qu’il pleuvait, utiliser son sac à main pour se protéger les cheveux et courir en direction du trottoir.
Dans la mesure où elle courait, même lentement, ses quatre minutes allaient en devenir trois. L’impatience lui enserrait le cœur, il sauta sur ses pieds et la suivit. Quand elle fut complètement hors de vue, maintenant sur le trottoir, se dirigeant vers le parking souterrain, il accéléra lui aussi. Il se remit à marcher normalement une fois sur le trottoir. Il regarda dans les deux directions et repéra seulement trois passants en dehors de la serveuse. Deux d’entre eux marchaient main dans la main dans l’autre direction. Le troisième était un homme hirsute, probablement un SDF, s’il en croyait son accoutrement, qui reluquait la serveuse avec beaucoup d’intérêt tandis qu’elle traversait la rue pour entrer dans le parking souterrain.
Il passa devant le sans-abri en s’assurant de maintenir une distance raisonnable entre la serveuse et lui. Lorsqu’elle pénétra dans le parking souterrain – pas par la plus grande entrée destinée aux véhicules mais par la porte secondaire qui menait à l’ascenseur –, il accéléra le pas, et sprinta dans la rue. La pluie lui fouettait le visage et semblait le presser encore davantage.
Il opta pour l’entrée principale. La cabine d’accueil était vide, même s’il savait que s’il souhaitait garer une voiture ici, il obtiendrait un ticket de la machine automatisée près de la barrière. Il se glissa entre la cloison jaune et le mur du parking. Comme il n’y avait que deux niveaux, il devina qu’elle se dirigeait vers le deuxième étage. Il fonça dans les escaliers, en entendant ses chaussures mouillées couiner sur le béton ciré.
Au moment où elle atteignait le haut des marches, son cœur battait la chamade. Il poussa tranquillement la porte de la cage d’escalier, émergeant juste à temps pour l’entrevoir. Elle était environ à mi-chemin dans l’allée, elle s’approchait de sa voiture et fouillait dans son sac à main. Lorsqu’il arriva à son niveau, elle avait sorti ses clefs.
Elle avait remarqué sa présence. Elle lui jeta seulement un coup d’œil avant de se tourner vers sa portière. Sa voiture n’était pas récente, elle devait donc insérer la clef pour l’ouvrir au lieu de se contenter d’appuyer sur un bouton. Lorsqu’elle tourna la clef, il recommença à courir dans sa direction.
Mais ce serait sa première fois. Il n’était pas sûr d’être capable de le faire. Peut-être que si son visage ne lui était pas aussi familier ou s’il n’avait pas autant fantasmé sur elle à la fac…
Le message résonnait plus fort dans sa tête maintenant. Presque comme si quelqu’un le suivait et hurlait dans son oreille.
Elle le vit s’approcher d’elle. Elle commença à se hâter et fit tomber ses clefs. Il les entendit tinter sur le sol et sut alors qu’elle ne pourrait pas lui échapper.
Alors qu’il était presque au niveau de la voiture, elle abandonna toute velléité de s’enfuir. Il était sur le point de la toucher et il remarqua qu’elle l’avait reconnu. Il ressentit une forme de satisfaction à l’idée qu’elle se souvienne peut-être de l’avoir vu deux soirs plus tôt.
- Qu’est-ce que… ?
Mais c’est tout ce qu’elle eut le temps de prononcer.
Il s’avérait finalement qu’il pouvait le faire.
En réalité, il était heureux de le faire.
Il sortit le marteau de la poche intérieure de son ciré, comme un soldat du Far West. À l’instant elle allait articuler le mot suivant, le marteau s’écrasa sur ses lèvres.
Pendant un instant, le bruit du marteau qui la frappait à plusieurs reprise couvrit presque la rumeur de la pluie qui s’intensifiait de l’autre côté de l’entrée ouverte du parking-souterrain.