Читать книгу Le Visage du Meurtre - Блейк Пирс - Страница 10

CHAPITRE SIX

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Zoe détesta chaque seconde du temps perdu à traverser le bâtiment, du parking jusqu’à la salle qu’elles avaient réservé pour leur enquête. Une distance d’environ cinq cents pas qui aurait pu être passée à travailler. Aussi agréable que cela pouvait l’être de travailler sur quelque chose qui s’était passé dans leur propre jardin, comme l’avait dit Shelley, Zoe commençait déjà à être irritée. Les équations refusaient de lui révéler leurs secrets, restant fermées et opaques.

Dès qu’elles atteignirent la table, Zoe s’assit et reprit ses notes, essayant de reprendre chaque élément de l’équation du professeur, étape par étape. Après tout, la sienne était celle qu’elles avaient vue en vrai, celle dont elles pouvaient être sûres qu’elle était complète.

« Je vais vérifier son compte email de l’Université, » annonça Shelley, tout en jetant son sac sur une chaise et en en sortant son portable.

« Est-ce nécessaire ? » demanda Zoe en plissant son nez. Il n’y avait pas de raison à se précipiter vers de ce genre de piste. La réponse était dans les équations et non pas dans la vie personnelle du professeur. C’était forcément ainsi. Il n’y avait aucun lien entre Cole Davidson et ce professeur d’anglais, si ce n’est les équations.

« Je ne suis pas douée en maths, donc je ne peux pas t’aider à déchiffrer les équations cette fois-ci », souligna Shelley. « Quelque chose que Mme Henderson a dit me fait réfléchir. Il peut toujours s’agir d’un étudiant. Quelqu’un qui s’est senti offensé en quelque sorte. Il est possible que beaucoup de personnes du campus aient aussi bien connu Cole que le Professeur Henderson.

Zoe hésita, retenant ses objections sur le bout de sa langue. Elle trouvait que c’était une perte de temps de se mettre à fouiller dans les emails d’un homme mort. Mais qu’importe ? Shelley avait raison – elle ne pouvait pas l’aider avec les équations. Et c’était peut-être le moment que Zoe lui fasse confiance pour analyser les choses à sa manière.

Il serait peut-être bien aussi pour Zoe que l’affaire soit résolue grâce à un email mécontent plutôt que par les chiffres. Après que Shelley ait fait remarquer à leur supérieurs hiérarchiques le talent de Zoe pour les mathématiques, Zoe ne se donnait plus vraiment de mal à le prouver. D’ailleurs, ce serait mieux si cela pouvait passer cela pour de la confiance déplacée de la part de sa partenaire.

Mais, bien sûr, pas si cela compromettait l’affaire. Arrêter le criminel était toujours la chose la plus importante.

Zoe reporta son attention sur les équations tandis que Shelley appela l’Université pour obtenir l’accès dont elle avait besoin. Le problème était qu’elle était allée aussi loin qu’elle le pouvait – avec les deux. Certes, il y avait toujours la possibilité que l’on ait oublié quelque chose sur le corps de l’étudiant, mais elles avaient vérifié le professeur elles-mêmes.

Alors, qu’est-ce qui lui échappait ?

Il y avait encore une possibilité, bien sûr : qu’elle n’était tout simplement pas suffisamment douée pour la résoudre. Il y avait une différence entre être capable de voir les chiffres – distances, dimensions, angles – et être capable de résoudre des problèmes de mathématiques quantiques. Cela nécessitait d’autres aptitudes que certaines personnes développaient durant toute une vie. Zoe avait un don, mais elle l’avait mis au profit de la traque des criminels, pas à l’étude des mathématiques.

Ce qui fit germer une nouvelle idée dans sa tête.

Elle se leva, quittant Shelley encore au téléphone avec un réceptionniste, et porta une liasse de photographie au bout du couloir, en direction de l’ascenseur. Deux étages plus haut, un couloir identique à celui qu’elle venait de quitter – exception faite que les pièces à cet étage transpiraient davantage le pouvoir.

Zoe prit sa respiration avant de frapper à la porte de son chef. Combien de fois fut-elle convoquée ici pour se faire réprimander d’avoir encore perdu un partenaire ou d’avoir déchargé son arme ?

Mais ce n’était pas l’un de ces moments et une fois conviée, elle entra en essayant de ne pas être nerveuse.

Avec son corps imposant et sa musculature plus large que la moyenne, il était facile de comprendre pourquoi l’Agent Superviseur Maitland pouvait être intimidant sur le terrain. Les criminels l’auraient toisé avant de s’enfuir.

Zoe s’efforça de ne pas faire de même.

« Monsieur, » dit-elle, hésitant sur le seuil de la porte.

Maitland leva les yeux de ses papiers, puis continua à gribouiller sa signature en bas d’une demande. « Allez-y, Agent Spécial Prime. Ne restez pas dans le couloir toute la journée. »

Zoe s’avança, laissant la porte se refermer derrière elle avec un peu de réticence. Pourtant, elle redressa ses épaules et lui fit face, le dos droit comme elle se sentait toujours le devoir de se maintenir en sa présence. « Monsieur, il s’agit de l’affaire sur laquelle nous travaillons l’Agent Spécial Rose et moi. L’étudiant et le professeur, retrouvés avec des équations écrites sur leur corps. »

Malgré le grand nombre de dossiers qui devait forcément passer par le bureau de Washington, Maitland n’hésita pas. « Je connais l’affaire. De quoi avez-vous besoin ?

– Les équations sont très complexes, » dit Zoe, ayant l’impression d’être une ratée en avouant simplement qu’elles l’étaient trop pour elle. Pourtant, il le fallait. Fixant du regard tout ce qui était bien rangé dans un angle de quatre-vingt-dix degrés sur le bureau de Maitland, au lieu de scruter sa réaction, elle alla de l’avant. « Je pense que nous devrions faire appel à un expert en la matière. Quelqu’un qui pourrait travailler sur les équations de façon professionnelle. »

Maitland acquiesça d’un signe de tête, puis s’arrêta d’écrire, comprenant qu’elle avait fini. « Pensez-vous à quelqu’un en particulier ? L’Agent Spécial Rose nous a rappelé que vous aviez étudié les mathématiques par le passé.

– Oui, monsieur.

– Bien. » Maitland retourna à sa paperasse, sans lui porter davantage attention. « Autorisation accordée. Retournez-moi le formulaire au plus vite.

– Oui, monsieur. » Zoe fit demi-tour et s’enfuit presque, ravie d’avoir obtenu un résultat aussi positif. En aucune manière elle n’allait traîner et risquer qu’il change d’avis.

Il y avait du travail à faire – et quelqu’un de très important à mettre sur l’affaire.

***

Zoe attendit impatiemment, observant sa mentor examiner les images.

« Elle sont…troublantes. » La Dr. Applewhite secoua sa tête, coinçant sa lèvre inférieure entre ses dents durant trois secondes, tandis qu’elle glissait la photo à l’arrière du paquet qu’elle tenait à la main, et examina la suivante. « Parfois j’oublie que tu dois regarder ce genre de choses jour après jour. Cela doit peser lourd. »

Zoe haussa les épaules. « Les morts sont morts. C’est de ne pas résoudre les affaires qui me dérange.

– Et celle-ci, tu n’as pas encore pu la résoudre. » Ce n’était pas une question. Zoe avait déjà annoncé à la docteur qu’elle avait besoin d’aide. La Dr. Applewhite savait que c’était une affaire en cours et qu’elle avait dû solliciter la permission pour qu’elles puissent ne serait-ce qu’avoir cette conversation. Elle comprit également que le temps était compté. Au fil des heures, il devenait de moins en moins probable qu’ils allaient retrouver le coupable.

Le problème avec les homicides est que les premières vingt-quatre heures sont essentielles. Tout le monde le savait. Vingt-quatre heures sans une arrestation et on commençait à évoluer en terrain miné. Le genre d’affaires qui allait se transformer en épisodes d‘émissions télévisées de fin de soirée.

L’étudiant était mort depuis bien plus de quarante-huit heures.

« J’ai besoin de savoir ce que ça veut dire, » expliqua Zoe. « À présent, c’est la seule piste que nous avons. Il ne semble pas y avoir de lien entre le professeur et l’étudiant, au-delà de l’endroit où ils ont été trouvés. Pas de témoin, pas d’enregistrement sur les caméras de surveillance. Nous devons comprendre quel genre de message le tueur essaie de transmettre si nous voulons l’arrêter. »

La Dr. Applewhite fronça les sourcils en regardant les photos et les posa à côté des notes de Zoe pour revoir les calculs que Zoe avait déjà faits.

« Ton raisonnement me semble solide, » dit-elle après un certain temps. « Je ne vois pas d’autre possibilité que tu n’aies pas déjà explorées. C’est très avancé – au-delà même du niveau auquel je travaille. »

Zoe sentit son cœur chavirer dans sa poitrine. Elle était certaine, tellement certaine que la Dr. Applewhite aurait les réponses. Désormais, il semblait que ces espoirs étaient anéantis.

Elle pensait déjà à d’autres alternatives, essayant de trouver quoi dire à Shelley, lorsque la Dr. Applewhite parla de nouveau.

« Je connais des gens qui pourraient t’aider, » dit-elle. « Des professeurs. Quelques mathématiciens qui travaillent dans d’autres domaines. Si je pouvais leur montrer cela, je pourrais aller plus loin avec. C’est le genre de défi que tous adorent, alors nous allons forcément avoir quelques esprits brillants à nos côtés. »

Zoe acquiesça d’un signe de tête. « Ça nous rendrait service. »

La Dr. Applewhite dégagea son carré grisonnant derrière une oreille et leva les yeux, fixant maintenant Zoe avec ce même regard curieux. « Comment t’en sors-tu avec celle-ci ? Ce n’est pas souvent qu’un problème de maths surgit et te laisse perplexe. »

Zoe envisagea un instant mentir, mais relâcha ensuite ses épaules. « Un peu comme une ratée. C’est mon point fort. Je devrais au moins pouvoir trouver la solution. Si je ne peux pas, qui va le faire au FBI ? »

Venant de la bouche de quelqu’un d’autre, cela aurait pu paraître de la vantardise. Pour Zoe, c’était purement factuel. Les analystes et leurs semblables passaient toute la journée à travailler avec des chiffres, mais ils n’avaient pas cette compréhension instinctive qu’elle possédait. Ils ne pouvaient pas regarder une équation sur une page et voir la réponse aussi clairement que si elle était écrite à côté. Du moins, c’était ainsi pour elle d’habitude.

Celle-ci était différente.

« On ne peut pas attendre que tu résolves tout. Aucun agent FBI, dans toute l’histoire du Bureau, n’a eu un taux d’affaires résolues de 100%. »

Zoe esquissa un sourire pâle. « Je suis sûre qu’il a eu des précédents. Des agents qui ont été tués ou qui sont partis à la retraite juste avant la résolution de leur première affaire, par exemple. »

La Dr. Applewhite leva ses yeux au ciel. « Il n’y a que toi pour trouver une faille. Écoute, je vais passer quelques coups de fil et soumettre ces équations à certains de mes collègues. Je ne leur dirai pas de quoi il s’agit – juste que c’est urgent et que c’est un gros défi. Cela devrait les intriguer suffisamment pour les faire travailler dessus. Je te préviendrai si quelqu’un fait une découverte.

– Ou toute autre chose, aussi, » lança Zoe, rapidement. « Si quelqu’un trouve une erreur ou la trace qu’il manque quelque chose. Nous n’avons pas pu vérifier intégralement le premier corps pour vérifier si le photographe avait raté un élément. Gardez à l’esprit que nous ne savons pas non plus s’il s’agit d’une seule équation ou de deux problèmes séparés.

– Entendu. » La Dr. Applewhite reposa les photographies sur le bureau devant elle, cinq centimètres vers la droite, à proximité de son ordinateur portable. Un geste qui rassura Zoe de son intention de commencer à travailler dessus dès que possible. « Maintenant, qu’en est-il des recommandations de la Dr. Monk ? As-tu repensé au… »

La sonnerie du téléphone de Zoe retentit dans sa poche, accompagnée d’un fort vrombissement. Sauvée par le gong, pensa-t-elle tout en affichant une grimace d’excuse, et répondit.

« Agent Spécial Prime.

– Z, c’est moi. J’ai trouvé une piste dans les mails du professeur.

– J’arrive, » lui dit Zoe, raccrochant et bondissant de sa chaise en saluant sa mentor d’un signe de tête. Quoi que ce fut, cela devait être plus prometteur que le vide qu’elles avaient déjà.

Le Visage du Meurtre

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