Читать книгу Le professeur de snobisme - Boulenger Jacques - Страница 3
AVANT-PROPOS
ОглавлениеPeu avant la guerre, sir Richard Hawcett buvait presque tous les soirs, à partir de minuit, dans un bar que chacun reconnaîtra sans doute quand j’aurai dit qu’il ressemblait au salon de M. Choufleury en raison de ses pendules et de ses candélabres, qui étaient, pour ainsi parler, sous-préfecture à un point extravagant. Juché sur quelque tabouret et maniant avec grâce un verre brillant que le barman savait emplir aux moments opportuns de quelque luisant liquide, mon noble ami parlait...
Non, ce n’est pas d’un cœur léger que j’entrepris, en1911, de rapporter les propos de sir Richard! Ce gentleman ne regardait pas les «publicistes» d’un œil favorable, et certes je ne me fusse pas exposé à perdre la confiance qu’il me dispensait, mais qu’il ne me prodiguait point, si ma conscience ne m’eût alors commandé de la façon la plus impérieuse de faire connaître au monde son exemple et ses enseignements: c’est pourquoi je les publiai en deux brochures qui furent tirées, je pense, à une cinquantaine d’exemplaires pour le moins. Hélas! je vois bien que la guerre a rendu caducs quelques-uns des préjugés auxquels sir Richard était le plus tendrement attaché et qu’il cultivait avec le plus de soin, et l’on m’assure qu’à cette heure, non seulement les nouveaux riches, mais la plus grande partie de nos hardis jeunes gens considèrent comme de pures niaiseries mille nuances de forme, dans tous les ordres d’idées et de sentiments, que nous prenions pour des raffinements. Pourtant, à se trouver justement si démodés, les préjugés de sir Richard auront peut-être gagné une certaine couleur historique et un aspect d’«avant-guerre» qui les auront rendus propres à toucher les curieux. C’est ce que je me suis dit au moment de les confier à M. Henri Martineau. Ai-je bien fait? Saint George Brummell qui de là-haut me regarde, saint Brummell appréciera.