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I
LES PASTEURS

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Leurs fonctions.

Leur entretien: Contrats d’engagement. Gages en espèces. Gages en nature. Avantages matériels. Pauvreté. Pension de retraite. «Assistance» des veuves et des orphelins.

Petit nombre des pasteurs. Difficulté d’acquérir un pasteur «perpétuel». Dissensions entre les églises à ce sujet.

Les «proposants». Contrats d’engagement. Leurs études. Leurs prérogatives. Leur entretien. Exemples: Jean Terond, Mardochée Suffren.

Conclusion: De l’influence des pasteurs.

Chaque église du colloque de Nîmes16 avait à sa tête un consistoire et un ou plusieurs pasteurs. Il est nécessaire de bien connaître les pouvoirs et les droits de cette assemblée et de ces ministres pour se rendre compte de l’influence qu’ils pouvaient exercer sur le peuple.

Étudions en premier lieu les pasteurs.

Tout d’abord, qu’avaient-ils à faire? Je ne m’étendrai pas longtemps sur ce point, car les obligations du ministère sont réglées par la Discipline17 et, étant officielles, elles se trouvent les mêmes dans le colloque de Nîmes qu’ailleurs. En outre, M. P. de Felice les a étudiées18.

Les ministres avaient comme fonction principale la prédication. Ils devaient exposer un livre entier de la Bible, et non, comme aujourd’hui, en développer un passage19.

Encore fallait-il qu’ils fussent fort circonspects et qu’ils se gardassent d’alléguer des passages d’Origène «et autre faulx docteurs», car ils prêchaient devant un public averti, et les fidèles ne manquaient pas de se plaindre au consistoire si le pasteur avait à leur avis erré sur des points de doctrine20. C’est ainsi qu’un marchand, le sieur Péladan, reprochait au ministre Venturin d’avoir dit en chaire «que le feu d’enfer estoyt ung feu qui consume tout, ung feu consumant21». Ce fait témoigne de la forte instruction théologique que le peuple avait alors; il nous aide à comprendre comment les controverses scolastiques, insupportables pour nous, auxquelles se livraient en public pasteurs et prêtres, pouvaient déterminer des conversions22.

A Nîmes il y avait un service religieux complet tous les jours23, c’est-à-dire prêche et prières publiques. Le dimanche, en 1600, on prêchait à 5 heures et à 8 heures du matin; puis les «après-dynées», on faisait encore deux prêches: l’un au petit-temple et l’autre à l’audience présidiale24, ce qui scandalisait fort les catholiques25. Et trois pasteurs seulement se partageaient tous ces sermons26.

Outre ces prédications, les ministres devaient faire le catéchisme aux enfants et aux grandes personnes27, et ne pas négliger les visites aux pauvres. En 1601, on les voit se partager la ville de Nîmes «pour la vizitation des mallades et autres charges28»; ils devaient inspecter aussi, en compagnie d’anciens, les pauvres de l’hôpital et des prisons29.

Telles sont en quelques mots les obligations des ministres de Nîmes. Si l’on songe qu’ils pouvaient avoir, en dehors de leurs prêches, leurs catéchismes, leurs visites, à répondre aux pamphlets et aux défis des controversistes catholiques30, on trouvera comme nous qu’ils gagnaient bien la pension que l’église leur allouait.

Leurs occupations ne leur permettaient pas d’exercer des fonctions profanes. La Discipline leur interdit même la médecine et la jurisprudence31. Leur entretien était donc à la charge de leur «troupeau».

Le synode provincial de Sauve en 1597 engage les églises à donner aux pasteurs une somme suffisant à leur entretien et à celui de leur famille et propre à leur assurer «la liberté et le repos d’esprit» qui leur sont nécessaires pour vaquer à leur charge32. Ces gages fixes étaient de beaucoup la partie la plus importante de leur revenu. Il n’y avait pas en effet de casuel: «Les actes pastoraux sont tous gratuits33». D’autre part, on ne peut pas compter parmi les revenus des pasteurs les sommes que le roi leur avait promises en 1592 et 1594, car, depuis 1596 au moins, ils n’en touchaient plus rien. Henri IV renouvela ces promesses au moment de l’édit de Nantes, mais les ministres n’en virent guère davantage l’exécution: c’est ce que je montrerai plus loin34.

Ils ne pouvaient donc compter que sur ce que leur église leur promettait. Or, aucune règle n’existait pour forcer celle-ci à leur donner une somme d’argent fixée.

Les traitements étaient, en effet, proportionnés non à la place, mais à la personne, et l’on payait le pasteur suivant son importance et sa célébrité. En conséquence, on faisait marché avec lui avant de le prendre: en 1600, par exemple, l’église de Nîmes offre à Gigord 400 écus pour les deux charges de pasteur et de lecteur en théologie à son académie35. Les synodes reconnaissaient la valeur de ces sortes de traités36, mais ils ne les encourageaient pas et souhaitaient qu’ils se réduisissent à de simples promesses enregistrées dans le livre du consistoire37.

Ces contrats pouvaient présenter des clauses assez variables. Ainsi, le ministre Ricaud ne reçoit par an que 324 ou 347 l. environ de Saint-Jean de Gardonnenc38, mais Jérémie Ferrier en touche 690 à Alais39. – L’église d’Anduze donne 500 l. à chacun de ses deux ministres, Alphonse et Baille, qui ne se trouvent pas assez payés40; le colloque et le synode sont de leur avis et condamnent Anduze à donner 600 l. à Baille, qui en a besoin «à cause de la grandeur de sa famille41». – Gasques touche 600 l. du Vigan, plus 50 l. d’Avèze42. – Plus tard, en 1610, cette même ville du Vigan n’offrira à Daniel Venturin que 450 l. par an, payables par quartiers, plus 60 l. des habitants de Molières et 30 de ceux d’Avèze; elle lui abandonnera en plus sa part des deniers du roi, et, s’il ne croit pas Molières et Avèze solvables, elle prendra les 90 l. à sa charge en se faisant annexer ces deux églises, quitte à exiger d’elles son remboursement. En revanche, Venturin fera les voyages aux synodes et colloques à ses frais, et il devra donner quatre cènes par an à ceux de Molières43. Ces conditions lui parurent suffisantes, car il les accepta44. – M. Fillon fait quittance, les 20 et 21 février 1597, aux habitants d’Aimargues de 700 l. qu’ils lui ont avancées sur ses gages de 1596 et 159745. Or, en février ils ne lui ont sans doute payé que le premier quartier de ses gages de l’année, il est donc probable qu’il a au moins 525 l. par an. – Brunier, d’Uzès, touche 200 écus, soit 600 l. chaque année46. – Falguerolles reçoit à Nîmes 600 l. de traitement47, et cette église fait offrir 1200 l. à Gigord, qu’elle lui payera «à quartiers avancés», et dont il aura 600 comme ministre et 600 comme lecteur en théologie48.

Il ne faudrait pourtant pas croire que les ministres qui enseignaient la théologie dans l’académie de Nîmes49 fussent bien payés. Ainsi, Moynier et Falguerolles (ou plutôt ses hoirs50) recevaient, en 1600, 150 l. chacun à titre de gratification, pour avoir, «au grand avancement des escoliers», professé «despuis huict ans ou environ51». Puis l’année suivante, Moynier touche encore 200 l.52. Et c’est là tout son salaire. Aussi conçoit-on qu’il se plaigne au synode53.

Quelquefois, on payait une partie des gages en nature. Voici, par exemple, une pièce que sire Cappon, en bon «receveur des deniers du ministère54», joignit à ses comptes. C’est une quittance de Moynier datée du 15 mars 1595, où il reconnaît avoir reçu six «saumées» de blé valant 54 l., plus des marchandises pour 17 l. 8 sols et 8 deniers que led. Cappon lui a «forni de sa boutique», le tout en déduction de son «assistance55». Ainsi le pasteur et le receveur trouvaient là leur compte.

On ne pouvait naturellement, sauf conventions spéciales dont je n’ai pas relevé d’exemple, forcer les pasteurs à accepter leurs gages en nature. Ils touchaient de 5 à 600 l. par an, en moyenne, ce qui correspond approximativement à un traitement de 3.000 à 3.600 fr. d’aujourd’hui56. En outre, leurs églises leur accordaient certains avantages. Par exemple, à Nîmes, ils sont logés, ou du moins ils touchent pour ce de l’argent: en 1578, Claude de Falguerolles n’a que 30 l.57; cette somme est loin de suffire à son fils Jean58, qui déclare en juin 1597 «qu’il n’a moyen de se loger à cinquante livres». Le consistoire projette en conséquence de louer la maison de M. Chabaut où l’on pourra mettre ensemble deux ministres59.

Les frais de voyage aux colloques et aux synodes leur sont remboursés60, à moins de conventions spéciales61 que les synodes désapprouvent62. De même, quand on les envoie en mission, on paye leur déplacement, leurs dépenses63, et s’ils vont assister une église qui manque momentanément de pasteur, ils sont nourris, logés, défrayés de tout64. Très souvent, on stipule dans les conditions d’engagement que l’église payera non seulement le voyage de son nouveau ministre et de sa famille, mais encore le déménagement de ses meubles et de ses livres. Ainsi, le «changement de la famille et mesnage» de M. Ferrier coûte 58 l. 15 sols aux Nîmois65, ce qui est cher, puisque pour faire venir de Genève le mobilier de M. Fillon, leur nouveau pasteur, ceux d’Aimargues n’ont que 60 l. à débourser66.

On reconnaît encore aux ministres certains droits plus ou moins considérables. Voici, par exemple, M. Moynier qui requiert son consistoire de lui délivrer le «carteyron [de] pleumes» et la rame de papier qu’il est d’usage de donner chaque année à chacun des pasteurs, qui ont à faire «une infinité de dépêches67». C’est une économie de 2 l. 5 sols68. De plus, ce même Moynier loge en pension, au prix de 9 l. par mois69, des écoliers qui, il est vrai, battent sa bonne70, vont tous les soirs à la danse et dérobent à M. Blisson des poules qu’ils mangent ensuite chez Jean Pons71.

Ainsi les gages des pasteurs n’étaient pas considérables. Pourtant ils leur auraient permis de vivre en conservant cette «liberté et repos d’esprit» que le synode provincial de Sauve72 leur croit nécessaires, s’ils les avaient régulièrement touchés. Mais, comme nous le verrons dans le chapitre IV, les églises étaient souvent «ingrates» et il est bien rare qu’elles aient payé leurs ministres sans retard et intégralement. Aussi, ceux qui, comme M. Baille, d’Anduze, se trouvaient à la tête d’une nombreuse famille73 et qui ne possédaient pas de fortune personnelle, devaient avoir de la peine à vivre. C’est le cas de M. Brunier; il est chargé de trois enfants de son premier lit dont l’aîné a treize ans, et d’un enfant du premier lit de sa seconde femme, encore enceinte, et il touche 300 l. de gages74. En 1599, on voit le consistoire de Nîmes faire l’aumône de 5 l. à la fille du pasteur Tempeste75.

D’ailleurs les synodes recommandent sans cesse aux églises d’assister les ministres malades ou très âgés76, leurs veuves et leurs orphelins77. Il était d’usage de payer aux veuves et aux hoirs la valeur d’une année de gages ou à peu près: c’est ce qu’on appelait l’«année de viduité78»; et si l’église paraissait s’y refuser, le colloque et le synode l’ordonnaient au besoin79. Enfin, on dressait à la fin du synode provincial un «despartement» pour les veuves de la province, c’est-à-dire qu’on taxait chaque colloque suivant sa richesse et ses moyens. Chaque femme assistée obtenait alors la somme minime de 20 ou 25 l. environ80.

On voit que la profession de pasteur n’était point lucrative: elle comportait beaucoup de travail et peu d’argent. Je montrerai81 que les consistoires avaient grand mal à obtenir de leurs administrés qu’ils déliassent les cordons de leurs bourses et que les ministres se trouvaient le plus souvent privés de la pension qu’ils auraient dû toucher. Ceci nous explique pourquoi l’on prenait soin de n’en créer qu’un nombre restreint et de s’assurer auparavant, «par tous les colloques», s’il n’y avait «aucun pasteur à pourvoir ayant les qualités requises», et si nul ministre «capable de sa charge» n’en pouvait «recevoir dommage82».

Ce petit nombre des pasteurs était la cause de bien des débats entre les églises de la province. Il pouvait arriver, en effet, que l’une d’elles se trouvât dépourvue de ses ministres pour cause de maladie, de mort, d’envoi en mission etc. Dans ce cas, quand l’absence du pasteur était momentanée, l’église priait ses voisines de l’«assister», c’est-à-dire de lui prêter les leurs à tour de rôle pendant un temps plus ou moins long. Toutes les dépenses de ceux-ci étaient alors à sa charge. Elle payait leur voyage: Jérémie Ferrier, venu d’Alais prêcher à Nîmes, est remboursé de 30 sols que lui avait coûtés la location d’un cheval et d’«ung homme pour l’accompagner83». Elle les nourrissait: pour cinq repas de M. Massouverain, l’église de Nîmes paye 40 sous84, et 15 écus à sire Audiffret «pour les alimens qu’il a fournys à M. Gigord» pendant les trois mois que celui-ci a prêché à Nîmes85. Enfin elle les logeait gratis; ainsi le pasteur Moynier réclame au consistoire de cette même ville qu’on lui rembourse «la despense faicte par M. Janny, menistre de Vauvert… en sa maison86».

Si l’absence de son ministre se prolongeait, l’église s’adressait au colloque87 ou au synode88, qui lui prêtait pour un temps déterminé un des ministres «en distribution», c’est-à-dire libres d’engagement immédiat envers une autre église.

Mais les difficultés commençaient quand l’absence du pasteur devenait définitive et qu’il fallait au consistoire en trouver un nouveau. C’était une tâche difficile. On s’adressait au synode qui n’avait pas toujours sous la main un ministre «en liberté», et propre à être «distribué». Si la localité dépourvue était importante, ou encore exposée à l’influence des catholiques, le synode lui attribuait parfois le pasteur d’une autre église. De là des réclamations sans fin. Tantôt c’est Massillargues qui requiert le synode de lui donner définitivement M. Maurice qu’on lui avait naguère prêté; mais les églises associées de Nages, Solorgues, Boissière, Saint-Denis et Langlade le réclament comme «estant leur pasteur naturel et perpétuel», et l’obtiennent89. Tantôt c’est l’église de Brenoux qui veut que Terond lui soit accordé alors que le colloque de Nîmes le demande90. Les actes des synodes de Bas-Languedoc sont remplis de pareilles contestations.

D’ailleurs, encore fallait-il que le pasteur plût à son troupeau. Les fidèles, par amour-propre, souhaitaient que ce fût un homme notoire qui leur fît le prêche et le catéchisme. Aussi le consistoire négociait-il de préférence avec les ministres d’un talent connu. On le voit écrire même à l’étranger à ceux qu’il désire acquérir91. En tout cas, il est défendu «de se pourvoir d’aucun pasteur, ny dedans, ny dehors la province ou royaulme» sans avoir pris «avis» du colloque et, autant que possible, du synode92.

Ces négociations avec des étrangers étaient lentes: on y recourait cependant. Mais l’église préférait s’adresser à des pasteurs de sa province. Aussi les plus célèbres se voyaient-ils disputés avec acharnement. Souvent les contestations tournaient à l’aigre; des rivalités se créaient d’une ville à l’autre et se prolongeaient de colloque en synode jusqu’à durer pendant des années.

Aucune, je pense, ne fut plus longue et plus ardente que celle qui divisa les deux villes de Nîmes et d’Alais. La première prétendait conserver le pasteur Jérémie Ferrier, qui lui avait été prêté pour quelques jours, en remplacement d’un de ses ministres. Ce Ferrier était, à ce qu’il semble, d’une grande éloquence, et les Nîmois s’étaient véritablement enthousiasmés de lui. Pour le garder, ils alléguaient surtout que leur église était «beaucoup plus importante» que celle d’Alais. Bien entendu cette raison exaspérait les habitants d’Alais. Le pauvre Ferrier leur paraissait coupable de tout; ils l’injuriaient, le calomniaient et souhaitaient «que le diable lui rompît les jambes», mais ils s’obstinaient à ne pas le céder. Ce ne fut qu’au prix des plus grandes peines que le synode sépara en 1601 le pasteur Ferrier d’un «troupeau» si attaché93.

Afin de s’éviter de tels ennuis, le consistoire de Nîmes prenait soin, parfois, de retenir de longue main ses futurs ministres: il pensionnait pendant ses études un écolier en théologie, aspirant au ministère, un «proposant» comme on disait94, moyennant que celui-ci promît, en retour, de servir l’église lorsqu’il serait consacré.

Les mœurs de ces étudiants en théologie étaient soumises à une surveillance sévère95. Ils travaillaient soit à l’académie de Nîmes96, soit à l’étranger, à Genève ou Heidelberg par exemple97, ou encore près d’un pasteur du colloque98, ce qui était moins dispendieux. Ils avaient une position quasi officielle dans la hiérarchie réformée et jouissaient d’une certaine considération. Ainsi, en 1596, le consistoire de Nîmes déclare qu’il «sera advisé» si les proposants «capables, suffisans et approchans du ministère.. s’asserront au consistoire… comme ils requièrent99». Deux ans plus tard, on le voit décider que deux d’entre eux, choisis par leurs confrères et le pasteur Moynier, assisteront aux séances, mais «sans pouvoir opiner100». Et une semaine après, c’est Jehan Blachière et Jehan Ginac qui sont admis à cet honneur, après avoir juré, «la main levée à Dieu», de tenir secret ce qu’ils entendront101. Au temple, les proposants ont un banc spécial, immédiatement derrière celui des pasteurs102, qui n’a pas coûté moins de 5 l.103. Enfin, ils ont le droit de lire en chaire chacun à son tour104, et c’est une punition que d’en priver l’un d’eux105.

Pendant qu’ils étudient pour être admis au «ministère de la parole de Dieu», les écoliers en théologie ne gagnent pas d’argent. Or, le plus souvent fils de pasteurs, ils ne sont pas riches, car, ainsi que le remarque M. de Felice, il n’y a eu, au XVIe siècle, que quelques ministres aisés et appartenant à de hautes familles, alors qu’il s’en trouve bien plus au XVIIe siècle106. Aussi voit-on le synode national de Montpellier (1598) se préoccuper de l’entretien des proposants: il ordonne que les diacres devront apporter au colloque ou au synode un compte des deniers des pauvres, afin qu’on puisse vérifier si la cinquième partie de la recette a été réservée pour les écoliers, et faciliter ainsi l’exécution du chapitre IV, article 4, de la Discipline107. Cette ordonnance fut soumise l’année suivante au synode provincial de Saint-Germain de Calberte qui la fit exécuter et décida que les proposants ainsi entretenus demeureraient dorénavant à la disposition du synode108. Mais cette levée du cinquième ne fournissait pas une grosse somme, et le colloque de Nîmes qui pensionne, en 1601, deux écoliers, emploie à cela «beaucoup plus que dud. quint109». Ce ne fut pas non plus, après l’édit de Nantes, la promesse que fit le roi de 45.000 écus, dont les églises ne touchèrent jamais rien110, qui fournit des fonds suffisants à cet usage. Grâce à des impositions volontaires, et à l’aide apportée par la municipalité nîmoise, qui levait sur tous les habitants une certaine somme destinée spécialement aux proposants111, le colloque ou même le consistoire parvenaient tant bien que mal à entretenir aux études des écoliers qui s’engageaient souvent, en retour, à les servir comme pasteurs.

C’est ce que fit Jean Terond, par exemple. Au mois de décembre 1592, en consistoire extraordinaire, le pasteur Jean de Falguerolles représenta qu’il était opportun de «recouvrer» un quatrième ministre à cause de la vieillesse de Chambrun: il avait, disait-il, cherché lui-même parmi les proposants, et aucun ne lui avait paru mieux «conditionné des mœurs et probités requises à son eage et profession» que le fils du pasteur Terond, de Meirueys, qui avait accepté en principe de se vouer à servir plus tard l’église; il proposait en conséquence de l’envoyer à Genève aux frais du consistoire. Mais celui-ci ne voulut pas s’engager à la légère et décida qu’on ferait d’abord «proposer» son pasteur futur devant «une douzaine d’hommes doctes et estudieux112». Cette épreuve fut subie par le jeune homme avec succès, car en mars 1593 on décida en principe le chiffre de sa pension113, et enfin, le 12 mai, on lui fit signer un traité d’engagement. Il promettait de se consacrer au service de l’église quand il en serait digne. A cette condition, il toucherait 60 l. tournois pour son voyage, et 200 l. tournois chaque année114.

Le contrat signé, Jean Terond ne s’empressa pas de partir115. C’est qu’il ne pouvait obtenir sa pension: en janvier 1595, il n’avait pu toucher que la moitié de ce qui lui était dû116. Sans doute, il ne se souciait guère de s’en aller au loin mourir de faim. Cependant il dut se décider: le consistoire l’avait menacé de lui couper les vivres s’il ne partait pas117. Il arriva à Genève avant le 8 mars118, puis de là il s’en fut à Heidelberg119 où, sans doute, il se plut, puisqu’au bout de quatre ans il fallut lui écrire de revenir120 pour se faire consacrer121. A peine de retour, il fut distribué, «sans préjudice des droicts» que l’église de Nîmes avait sur lui122 aux églises de Boubaux, Brenoux, La Melouze et Laval123.

Tous les écoliers proposants n’étaient pas entièrement entretenus par une église et en vertu d’un contrat comme Jean Terond. Voici, par exemple, Mardochée, fils du pasteur Barnabé Suffren124, à qui son père n’avait pas dû laisser un héritage bien considérable puisque le consistoire devait lui donner 25 l. pour qu’il pût se faire faire des habits125. Il eut la chance d’être distingué par Mme d’Aubais qui s’engagea à lui servir une pension de 30 écus par an126. Cela, joint à quelque argent qu’il eut encore de l’église, lui permit de partir pour Genève127. Le consistoire, qui avait pris soin de faire constater au colloque les droits qu’il s’acquérait sur Mardochée en l’entretenant128, ne l’abandonna pas tout-à-fait une fois qu’il fut arrivé là-bas. Mardochée mourait seulement à peu près de faim129. Cependant, comme il écrivait lettres sur lettres, on lui envoyait de temps en temps quelque argent: par exemple, «33 l. et 10 escus en or», en une fois, par un marchand gènevois du nom d’Arnaud Jolly130. D’ailleurs, en juillet, Mardochée dut revenir sur l’ordre de l’église131. Ce ne fut pas sans chagrin. Les leçons que lui donnait un certain M. Tufan par ordre du colloque lui laissaient regretter celles qu’il avait pu avoir à Genève; si bien qu’ayant réuni toutes ses ressources, il repartit pour la Suisse, malgré le consistoire, afin d’y étudier à ses frais132. Quelques mois plus tard, il implorait 10 écus du colloque «pour employer en habitz», et si le consistoire décidait d’«intercéder» pour lui, c’était à cause «de la bonne espérance» qu’on avait de ses études133 et de la nécessité où se trouvaient sa mère et ses sœurs134.

Nous avons vu par le cas de Jean Terond qu’il ne suffisait pas toujours à une église d’avoir entretenu un proposant, grâce à des sacrifices pécuniaires relativement assez considérables135, pour être assurée de l’avoir plus tard comme pasteur. Le synode allait en effet au plus pressé et fournissait d’abord de ministres les églises tout à fait dépourvues. Ainsi, en 1600, malgré les Nîmois qui réclamaient Terond, celui-ci fut encore prêté pour un an à l’église de Saint-Martin de Boubaux136. Néanmoins, sans approuver les contrats d’engagement dans le genre de celui que Terond avait signé137, les synodes admettaient généralement qu’une église s’acquérait des droits sur un pasteur lorsqu’elle l’avait autrefois «entretenu aux études138». Ce qui était bien interdit aux consistoires, c’était de donner des gages moins élevés à ceux de leurs ministres qu’ils avaient pensionnés comme écoliers139.

Si je me suis arrêté à étudier en détail les salaires qui pouvaient être alloués à un pasteur et à un proposant dans le colloque de Nîmes, c’est qu’ils nous fournissent un indice sûr de la popularité des ministres et par conséquent de leur influence.

Or, en ce qui concerne les proposants, le consistoire avait la plus grande peine à les entretenir et n’arrivait pas à leur donner ce qu’il leur avait promis. Il en était de même pour les pasteurs. Les gages qui leur étaient dus ne leur étaient pas versés. Nous verrons que le consistoire ne pouvait obtenir des fidèles les sommes auxquelles il les taxait pour l’entretien du ministère. Un Nîmois déclara qu’«il yroit plus tost baptizer son enfant à la messe que bailher rien à MM. les ministres140».

Pourtant, il ne faudrait pas croire que l’élément pastoral était en général dédaigné et n’avait pas d’influence. Seulement cette influence n’avait pas de caractère spécial. Le ministre n’a que l’autorité d’un membre du consistoire, peut-être plus respecté que les autres. La pureté de sa vie et son savoir lui valent une grande influence sur les fidèles, mais c’est la même que pourrait avoir un ancien placé dans les mêmes conditions.

Ce n’est plus l’influence du prêtre. Le principe du libre examen, en effet, donne à chacun le droit de se former son opinion sur le pasteur, de le récuser même. On peut venir en consistoire le reprendre sur sa doctrine141. Certains se livrent à des «enquêtes secrètes» sur «la doctrine et mœurs des pasteurs142». Il se forme en dehors du consistoire des «scindicatz pour diffamer les pasteurs, diminuer leur salaire, les chasser ou en requérir d’aultres» qui envoient des députations aux colloques et aux synodes143. Les conseils de villes ont le droit de nommer des députés pour se plaindre des ministres, et de les «envoyer aux assemblées ecclésiastiques, sans les consistoires144». Enfin, le consistoire peut censurer lui-même son ministre, ainsi que le fit celui de Gignac à M. Rossel qui ne voulait pas lui obéir, et ordonner «l’abaissement des cheveux de sa femme145», s’il ne préfère le faire juger par le colloque146. Chacun dans le troupeau se donne donc le droit de juger et d’apprécier les actes du pasteur de même que ceux d’un simple laïc.

Il résulte de cela que les ministres ne peuvent avoir sur les fidèles une influence d’un caractère spécial. La leur ne se distingue pas de celle du consistoire. Ils ont plus d’autorité qu’un ancien, mais une autorité du même genre. Et c’est pourquoi leur action sur le peuple ne peut être étudiée séparément de celle du consistoire avec laquelle elle se confond.

16

Il est impossible d’exposer la situation matérielle et d’étudier l’influence des pasteurs de Nîmes, sans parler en même temps des autres pasteurs du colloque. L’histoire de l’église de Nîmes est intimement liée à celle des églises qui dépendaient d’elle. Pour savoir, par exemple, si les salaires de ses ministres étaient élevés relativement, ou faibles, il faut bien qu’on les compare avec ceux qui étaient alloués aux pasteurs des autres églises. C’est pourquoi, dans le cours des chapitres suivants, nous rapprocherons l’église de Nîmes de ses voisines toutes les fois que cela devra nous permettre d’apprécier plus exactement son état d’esprit, ses ressources, etc.

17

Discipline, chap. I, art. 12 et suiv.

18

Protestants d’autrefois, 2e série, chap. II, pp. 30 et suiv.

19

P. de Felice, op. cit., 2e série, p. 33.

20

C’est le droit strict des fidèles de «venir se plaindre contre leurs pasteurs aux consistoires» (Cf. syn. prov. de Nîmes, séance du 13 mars 1600; B. P. F., copie Auzière).

21

Délib. du consist. de Nîmes du 8 mars 1600 (Arch. du consist., B, 90, t. VII, fo 332).

22

V. pour ces controverses, ci-dessous, chap. VII.

23

P. de Felice, op. cit., 1re série, p. 96.

24

Délib. du consist. du 19 mai 1600 (loc. cit., fo 350).

25

Ils s’en plaignent aux commissaires exécuteurs de l’édit de Nantes, sur leurs cahiers de remontrances, art. 19 (Arch. du Gard, G, 446). Le choix de la cour présidiale remontait sans doute à 1597 (Délib. du consist. des 23 octobre 1596 et 29 octobre 1597; loc. cit., fos 133 et 197).

26

Voy. l’appendice B sur les Pasteurs de Nîmes.

27

P. de Felice, Protestants d’autrefois, 2e série, pp. 39-42.

28

Délib. du consist. du 21 mars 1601 (fo 401).

29

Délib. du 8 novembre 1600 (fo 371).

30

V. ci-dessous, chap. VII.

31

Discipline, chap. I, art. 37. – V. à ce sujet P. de Felice, Protestants d’autrefois, 2e série, chap. II, qui reproduit et commente la Discipline.

32

B. P. F., copie Auzière.

33

P. de Felice, op. cit., 2e série, p. 230. – Ainsi au syn. prov. d’Uzès, séance du 18 mars 1600, un pasteur est accusé d’avoir pris 6 écus pour bénir des mariages hors son église (B. P. F., copie Auzière).

34

V. l’appendice sur les Deniers du roi.

35

V. Pièce no 8.

36

Le syn. prov. de Nîmes, séance du 9 mars 1601, condamne l’église d’Anduze à payer à son ancien ministre, le sieur Pasquier, «50 l. pour sa fille, suivant l’accord dès longtemps faict entre lad. église et led. sieur Pasquier, selon lequel lad. église a donné semblable somme à chacun des autres enfants dud. sieur» (B. P. F., copie Auzière).

37

Syn. prov. de Sauve, 1597 (Ibid.).

38

«Contrat d’obligation passé par les consuls dud. lieu… de la somme de 595 livres au proffict dud. Ricaud pour ses gages de ministre despuis le mois de julhet 1596 jusques au mois d’avril aud. an 1598» (Ordonnance des commissaires exécuteurs de l’édit de Nantes, portant continuation de l’exercice de la R. P. R. à Saint-Jean de Gardonnenc (1662); B. N., ms. franc. 15832, fos 41 vo-42 ro).

39

Cf. syn. prov. de Nîmes, séance du 11 mars 1601 (Arch. du consist. de Nîmes, A, 10, fo 63).

40

Syn. prov. de Sauve (1597); (B. P. F., copie Auzière).

41

Syn. prov. d’Uzès, séance du 24 avril 1603 (Ibid.).

42

Arch. comm. du Vigan, BB, 2. – Le Vigan, Gard, chef-lieu con. – Avèze, arr. et con Le Vigan. – Noble Christofle de Barjac de Gasques fut pasteur du Vigan de 1563 à 1569 et de 1570 à 1609 (d’ap. M. F. Teissier dans le Bull. de la Soc. du Protestantisme, t. XLVIII – 1899), p. 652.

43

Arch. comm. du Vigan, GG, 2. – Molières, Gard, arr. et con Le Vigan.

44

En 1611, il est ministre du Vigan et député au duc de Ventadour (Ibid., FF, 6).

45

Ordonnance des commissaires exécuteurs de l’édit de Nantes (1662) (B. N., ms. franç. 15832, fo 5 vo). – Aimargues, Gard, arr. Nîmes, con Vauvert.

46

«L’église d’Uzès… le satisfera de la somme de 100 escus deus pour sa pension ordinaire pendant les six mois» (Syn. prov. de Montpellier en 1596; B. P. F., copie Auzière).

47

C’est ce que touchent ses hoirs pour l’«année de viduité» (Délib. du consist. de Nîmes du 19 janvier 1600; arch. du consist., B, 90, t. VII, fo 321).

48

Pièce no 8.

49

V. sur cette académie, ci-dessous, pp. 17, note 2.

50

Il était mort en novembre ou décembre 1599 (Cf. l’Appendice B.)

51

Syn. prov. d’Uzès (1600); (B. P. F., copie Auzière).

52

Délib. du consist. de Nîmes du 5 février 1602 (loc. cit., fo 465).

53

Syn. prov. d’Alais, séance du 27 avril 1602 (B. P. F., copie Auzière).

54

V. sur les fonctions du receveur des deniers du ministère, ci-dessous, chap. III.

55

Ces comptes sont parmi les arch. non classées du consist. de Nîmes. On y trouve également la reconnaissance suivante: «Mémoire que j’ai receu une saumée de bled, pour 9 livres, de M. le lieutenant de Favier pour mon assistance. [Signé] Falguerolles.» – Cf. une quittance par laquelle Marisy reconnaît avoir reçu de ses églises d’Aubais, Congeniès [et Junas] 60 l. sur ses gages, soit «10 l. en argent et 60 l. en blé» (1604, 15 août). Arch. nat., TT, 2422.

56

Si l’on admet avec M. le vicomte d’Avenel (Hist. économique de la propriété… t. I, p. 137) qu’il faut multiplier par 6 environ.

57

P. de Felice, Protestants d’autrefois, 2e série, p. 238.

58

Claude de Falguerolles, pasteur de Nîmes, eut pour fils Jean qui lui succéda à Nîmes en 1591 et mourut en 1599 (Puech, Guillaume de Reboul, pp. 81-84).

59

Délib. du consist. de Nîmes du 11 juin 1597 (Arch. du consist., B, 90, t. VII, fo 183). – Une délib. du 5 janvier 1599 (fo 257) montre que le troisième pasteur, Chambrun, était logé également.

60

Falguerolles reçoit un écu pour ses frais au colloque de Vauvert (Délib. du consist. de Nîmes du 2 octobre 1598, fo 239). – Le syn. prov. de Saint-Germain de Calberte, séance du 12 mai 1599, décide que les villes où se tiendront les synodes logeront dorénavant «les pasteurs et anciens avec les montures en maison bourgeoise» (B. P. F., copie Auzière).

61

V. ci-dessus les conditions offertes au pasteur Daniel Venturin par l’église du Vigan.

62

Frossard, Recueil de règlements, art. 76.

63

De Gasques, député en cour par Nîmes, Montpellier et Uzès, au sujet de l’édit de Nantes, reçoit 400 écus d’or sol (Délib. consulaire de Nîmes du 9 février 1601; arch. comm., LL, 15, fo 164 ro).

64

Cf. ci-dessous, p. 13.

65

Délib. du consist. de Nîmes du 28 mars 1601 (loc. cit., fo 402).

66

Arch. comm. d’Aimargues, E, Supp. 688 – Aimargues, Gard, con Vauvert.

67

Délib. du 25 mars 1598 (fo 217).

68

Délib. du 24 mars 1599 (fo 275).

69

«M. Moynier… entretiendra en sa maison… Jehan de Dessac, escollier en théologie, au fur de trois escutz le mois…» (Délib. du 25 juillet 1601, fo 423).

70

Délib. du 16 février 1600 (fo 329).

71

Délib. du 9 février 1600 (fo 327).

72

Cf. ci-dessus, p. 4.

73

Cf. ci-dessus, p. 6.

74

Valant à peu près 1.800 fr. d’aujourd’hui. Cf. p. 8, note 5. – V. un état des pasteurs du diocèse d’Uzès en 1575 dressé à l’assemblée de Nîmes. Les autres ministres sont pauvres également (Arch. du Gard, C, 1209).

75

Délib. du 27 octobre 1599 (fo 307).

76

Le consist. de Nîmes décide de proposer au colloque «d’entretenir M. Laurant… ayant esté pasteur» (Délib. du 2 juillet 1597, fo 185). – V. la Discipline, chap. I, art. 48.

77

Syn. nat. de Montpellier (1598) dans Aymon, Syn. nat., t. I, p. 216. – Syn. nat. de Gergeau (1601), ibid., p. 245. —Discipline, chap. I, art. 44.

78

Le 19 janvier 1600, le consist. de Nîmes vote le don de 200 écus, soit une année des gages de Falguerolles, à la «mère gran» de ses enfants (fo 321). – Le 28 octobre 1601, il accorde à Mlle de Chambrun les gages de son mari pendant son année de deuil et décide d’entretenir son fils qui étudie en théologie (fo 437).

79

Le syn. prov. de Saint-Germain de Calberte, séance du 14 mai «au matin» 1599, confirme la sentence du colloque de Nîmes ordonnant à ceux de Sommières de payer «dans deux ans et par quartiers aux hoirs dud. M. Bertrand 200 escus pour l’année de viduité» (B. P. F., copie Auzière).

80

«Despartement des vefves», fait au syn. prov. d’Uzès en 1603 (Arch. du consist. de Nîmes, A, 10, fo 99 ro).

81

V. chap. III.

82

Règlement donné en 1607 (Frossard, Recueil de règlements, no 6). Ces précautions étaient en usage longtemps avant ce règlement, si l’on en juge par le petit nombre de proposants qui sont reçus aux synodes.

83

Délib. du consist. de Nîmes du 23 février 1600 (Arch. du consist., B, 90, t. VII, fo 329).

84

Délib. du 25 octobre 1600 (fo 370).

85

Délib. du 27 juin 1601 (fo 421).

86

Délib. du 22 mars 1600 (fo 336). – Cf. aussi une délib. du 19 octobre 1600 (fo 369).

87

V. notamment une délib. du 15 novembre 1600 (fo 372).

88

V. à la B. P. F. les actes des syn. prov. de Bas-Languedoc, 1596-1609 (Copie Auzière, passim).

89

Syn. prov. de Nîmes, séance du 10 mars 1601 (B. P. F., copie Auzière). – Massillargues, Gard, arr. Alais, con Anduze. – Nages, Solorgues, Boissière, Saint-Denis et Langlade, Gard, arr. Nîmes, con Sommières.

90

Syn. prov. d’Uzès, séance du 19 mars 1600 (B. P. F., copie Auzière). – Brenoux, Lozère, arr. et con Mende.

91

Ainsi l’église de Nîmes écrit à Goulard, à Genève, et à Couet, à Bâle, pour leur faire des propositions d’engagement (Délib. du 12 juin 1596; loc. cit., fos 95-96).

92

Décision du syn. prov. d’Alais, séance du 27 avril 1602 (B. P. F., copie Auzière).

93

J’ai rapporté la curieuse histoire de cette contestation dans l’appendice B sur les Pasteurs de Nîmes.

94

Les deux mots «escollier en théologie» et «proposant» sont synonymes. Le syn. prov. de Saint-Germain de Calberte, séance du 12 mai 1599, décide que le cinquième des deniers des pauvres sera réservé à l’entretien des «proposants» (B. P. F., copie Auzière). Or, celui de Nîmes, séance du 8 mai 1601, contient une délib. intitulée «Du quint des deniers des povres ordonnez pour les escoliers en théologie» (Ibid.). En outre, le 26 avril 1600, le consist. de Nîmes décide que les «escoliers proposans» liront en chaire chacun à son tour (fo 345). – Et le 31 août 1601, il prive un «escholier en théologie» nommé Gantelme de faire la lecture en chaire (fo 429).

95

Avant même de les inscrire à la «matricule» des proposants de l’académie, le consistoire de Nîmes fait enquête sur leur vie et leurs mœurs (V. ses délib. des 12 décembre 1601 et 23 janvier 1602, fos 447 et 457). – Lorsqu’ils passent leur premier examen au colloque, ils sont l’objet d’une nouvelle et très sévère enquête (Frossard, Recueil de règlements, art. 2). – Enfin, lors de leur examen au synode, celui-ci doit s’assurer par tous les moyens possibles que leurs mœurs sont irréprochables (Frossard, Recueil de règlements, art. 7).

96

M. Corbière (Académie protestante de Montpellier, dans Mém. de l’Académie des sciences et lettres de Montpellier, t. VIII, 3e fasc., années 1888-89, p. 431) dit qu’une partie des deniers du roi fut destinée par le synode de Montpellier (1598) à fonder l’Académie de Nîmes. – Ceci est corroboré par Aymon, Syn. nat., t. I, p. 225. – Dans la «Distribution des 45.000 escus… faite au synode de Montpellier» le «collège de Nîmes» reçoit 611 escus, 6 sols, 8 deniers (B. N., ms. franç. 15815, fo 75 ro, – et ms. Brienne 208, fo 473 ro). On verra que l’on fut loin de toucher les sommes promises par le roi (cf. plus loin, appendice A sur les Deniers du roi). – Le 12 mai 1599, le syn. prov. de Saint-Germain de Calberte exhorte les pasteurs Moynier, Gigord et Falguerolles à «continuer les lecteures en théologie» (B. P. F., copie Auzière). – Le synode prov. d’Uzès (1600) gratifie Gigord de 200 deniers et Moynier et Falguerolles de 50 chacun «d’aultant que despuis huict ans ou environ lesd. sieurs se sont heureusement employés en la lecteure de la théologie jusqu’à présent, au grand avancement des escoliers dont plusieurs ont esté promeus au sacré ministère» (Ibid.). – On eut de la peine à faire prospérer l’académie; en 1601, elle n’a pas de professeurs en théologie (cf. ci-dessous) et il n’y a que huit étudiants à la matricule des proposants (D’après A. Borrel, dans Bulletin de la Soc. de l’hist. du Protestantisme français, t. III, p. 46).

97

Le consist. de Nîmes entretient, en septembre 1599, un certain Félix, écolier en théologie, qui étudie à Genève (Délib. du 22 septembre 1599, fo 303). – Il entretient Jean Terond qui étudie à Heidelberg, en 1595, etc. (fos 17, 183, etc.).

98

Mardochée Suffren, proposant, demeure avec le pasteur Tufan qui lui fait «des leçons» (Délib. du consist. de Nîmes du 11 novembre 1596, fo 138).

99

Délib. du consist. de Nîmes du 18 décembre 1596 (fo 144). – La Discipline laissait «à la prudence du consistoire» d’appeler ou non des proposants à ses séances (chap. V, art. 6).

100

Délib. du 21 octobre 1598 (fo 244).

101

Délib. du 28 octobre 1598 (fo 245).

102

Délib. du 25 décembre 1596 (fo 146).

103

Délib. du 7 février 1597 (fo 163).

104

Délib. du 26 avril 1600 (fo 345).

105

Délib. du 31 août 1601 (fo 429). – Sur la première partie du service du dimanche, à laquelle préside le lecteur, cf. P. de Felice, Protestants d’autrefois, 1re série, pp. 99 et suiv.

106

Protestants d’autrefois, 2e série, p. 209.

107

Aymon, Syn. nat., t. I, p. 216. – Cette ordonnance fut corroborée par le syn. nat. de Jargeau, 1601 (loc. cit., t. I, p. 237).

108

Séance du 12 mai 1599 (B. P. F., copie Auzière).

109

Syn. prov. de Nîmes, séance du 8 mars 1601 (Ibid.). Le colloque de Montpellier entretient aussi deux écoliers; quant à ceux d’Uzès, Anduze et Sauve, ils ne peuvent «faire aucun quint… d’aultant qu’on n’exige assez pour fornir aux nécessitez ordinaires de leurs povres et cotitez de l’entretenement des povres vefves».

110

Cf. l’appendice A sur les Deniers du roi.

111

«L’argent deub par la ville pour l’entretenement des escolliers proposans…» (Délib. du consist. de Nîmes du 12 juin 1596, loc. cit. fo 96).

112

Délib. du 3 déc. 1592 (Arch. du consist., B, 90, t. VI, fo 127).

113

Délib. du 17 mars 1593 (Ibid., fo 155).

114

«Accord faict avec Mre Jean Theron led. mecredy, 12 may 1593» (Ibid., fo 174).

115

Délib. des 28 juillet 1593, 7 avril, 20 juillet 1594, 18 janvier 1595 (Ibid., fos 209, 284, 319).

116

Savoir 196 l. 15 sols tournois, depuis le 12 mai 1593; on lui devait encore 133 l. 6 s. 4 d. tournois (Délib. du 25 janv. 1595, Ibid., fo 320).

117

Ibid.

118

Délib. du 8 mars (Ibid., fo 334).

119

Délib. des 15 décembre 1595, 11 juin 1597 (Arch. du consist., B, 90, t. VII, fos 17, 183).

120

Délib. du 26 septembre 1598 (Ibid., fo 242).

121

Le 27 janv. 1599, le consistoire charge les pasteurs de «parler à M. Therond, pasteur, des jours qu’il voudroit prêcher» (Ibid., fo 262).

122

Syn. prov. de Saint-Germain de Calberte, séance du «14e may au matin» 1599 (B. P. F., copie Auzière).

123

Même synode, séance du 14e may. – Brenoux, Lozère, arr. et con Mende. – Saint-Martin de Boubaux, Lozère, arr. Florac, con Saint-Germain de Calberte. – La Melouze et Laval, Gard, arr. Alais, con La Grand’Combe.

124

Délib. du consist. de Nîmes du 15 avril 1592 (Arch. du consist., B, 90, t. VII, fo 59).

125

Délib. du 21 septembre 1594 (Ibid., fo 298).

126

V. les délib. des 15 et 24 mars 1595 (fos 336 et 340).

127

Le 12 mai 1595, le consist. lui donne 100 l. et fait écrire à Mme d’Aubais de lui bailler, «s’il luy plait», ce qu’elle lui avait «cy devant offert», afin qu’il puisse «aller advanser ses estudes à Genève». (fos 357-8).

128

Cf. délib. du 26 juillet 1595 (fo 379).

129

Il écrit au consistoire qu’il va être forcé de revenir car il n’a pas du tout d’argent (Délib. du 10 janvier 1596, fo 27).

130

Délib. du 29 novembre 1595 (fo 13). – Le 31 janvier 1596, on lui mande 10 écus (fo 30), le 12 juin, 12 écus (fo 95).

131

Le 2 juillet, il est de retour; on l’accuse de vouloir s’en retourner à Genève (fo 102).

132

Le consist. lui remontre que le colloque avait ordonné qu’«il demeureroit avec M. Tufan qui luy feroit des leçons». Mais il ne put même attendre le colloque prochain, car «il avoit compagnie», et plus tard «il ne pourroit… passer» (Délib. du 12 novembre 1596, fo 138).

133

Délib. du 8 janvier 1597 (fo 153). – Cette somme lui fut envoyée (Délib. du 29 janvier 1597, fo 160).

134

Délib. du 9 avril 1597 (fo 175).

135

V. ci-dessous, chap. III, la difficulté qu’elles avaient à payer les pasteurs.

136

Syn. prov. d’Uzès, séance du 19 mars 1600 (B.P.F., copie Auzière).

137

Ainsi, le syn. prov. de Sauve (1597) déclare que le contrat d’engagement passé par M. Alphonse avec l’église d’Anduze est nul et contraire à la discipline, pour n’avoir été approuvé par une assemblée ecclésiastique, et il exhorte les pasteurs à ne faire aucune formalité semblable, mais à enregistrer seulement leur promesse au livre du consistoire (B. P. F., copie Auzière. – V. aussi Frossard, Recueil de règlements, art. 20).

138

Le syn. nat. de Jargeau (1601) cassa l’ordonnance du syn. prov. d’Uzès citée note 2. (Aymon, Syn. nat., t. I, p. 242). – D’ailleurs le syn. d’Uzès avait reconnu formellement les droits des Nîmois sur la personne de Terond.

139

Cf. une ordonnance du syn. nat. de Montpellier (1598) dans Aymon, Syn. nat., t. I, p. 223.

140

Délib. du consist. du 23 décembre 1598 (loc. cit., fo 254).

141

V. ci dessus, p. 2.

142

Syn. prov. d’Uzès, séance du 21 avril 1603 (B. P. F., copie Auzière).

143

Syn. prov. de Nîmes, séance du 13 mars 1601 (B. P. F., copie Auzière).

144

Syn. prov. de Saint-Germain de Calberte, séance du 12 mai 1599 (Ibid.)

145

Rossel en appela au syn. prov. de Montpellier (1596) qui le censura «griefvement… d’avoir appelé de l’abaissement des cheveux de sa femme» (Ibid.)

146

Syn. nat. de Jargeau (1601) dans Aymon, Syn. nat., t. I, p. 238. – Cf. P. de Felice, Protestants d’autrefois, 3e série, pp. 281-2.

Les protestants à Nimes au temps de l'édit de Nantes

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