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IV
L’AUTORITÉ DU CONSISTOIRE SUR LES FIDÈLES
ОглавлениеLutte du consistoire contre l’influence catholique. «Superstitions». La tradition catholique.
Les «vices» qu’il combat: La «paillardise». Adultère et divorce. Enquêtes de mœurs. La «coquetterie». Les censurés mécontents.
Son intervention dans les querelles de ménage. Les bancs du temple. Réconciliations.
Plaisirs permis. Spectacles et jeux défendus. Le repos du dimanche. Fêtes de corporations. La danse interdite. Les «charivaris».
Dénonciations. Police consistoriale.
Citations à comparaître; retards à s’y rendre. Enquêtes. Peines décrétées; leur application. Les nobles et les notables. Entente des consistoires pour la police.
Tout consistoire devait faire respecter par les fidèles la Discipline ecclésiastique. Il faut entendre par là l’ensemble des règles suivant lesquelles se gouvernait l’église réformée. Ce règlement, élaboré peu à peu par les synodes nationaux, n’a reçu sa forme définitive qu’au XVIIe siècle394. Il régit le fonctionnement des assemblées ecclésiastiques, les cérémonies du culte, et donne aux fidèles des règles précises de conduite. Or, le consistoire de Nîmes, chargé de faire appliquer la Discipline, a, par cela même, le devoir de surveiller étroitement la vie de ses subordonnés. Il cite à comparaître devant lui ceux qu’il estime avoir enfreint le règlement; il les juge, puis les condamne, s’il y a lieu. On voit quelle autorité peut lui donner cette juridiction sur la doctrine et les mœurs de chacun. Ses décisions sont sanctionnées par celles des colloques et des synodes qu’il contribue à former et qui agissent dans le même sens et dans le même esprit que lui. Ainsi se forme l’unité de la morale et de l’esprit protestants.
Les articles de la Discipline promulgués avant 1598 semblent avoir comme but principal de combattre l’influence catholique et d’empêcher que les fidèles retombent dans «l’idolâtrie». L’on craint que le peuple ne soit emporté par son amour des cérémonies et par l’habitude des fêtes traditionnelles de l’église romaine. Aussi la Discipline lutte-t-elle de toutes ses forces et non sans peine contre les «superstitions».
Au sujet des enterrements, par exemple, le consistoire et les synodes doivent intervenir continuellement. En 1597, on démontre en chaire qu’il faut se garder de «ses seremonies et superstitions quy commensent de glisser parmy nous comme en l’esglise romaine… comme de fere marcher des hommes vestus de drap au-devant du corps et d’user de tant de fassons au convoy de l’enterrement395
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Ch. – L. Frossard, Étude historique et bibliographique sur la Discipline des Eglises réformées. – Outre la Discipline générale, œuvre des synodes nationaux et codifiée en 1666 par d’Huisseau, il existe des recueils de décisions de synodes provinciaux. V. pour le Bas-Languedoc un Recueil de règlements extr. des actes des synodes provinciaux… publ. par le pasteur Ch. – L. Frossard.
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Délib. du consist. de Nîmes, du 16 septembre 1597 (Arch. du consist., B, 90, t. VII, fo 193).