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III
LE «DÉVOYÉ»
ОглавлениеLorsqu'on me disait de m'en aller, je me réfugiais dans le corridor. Il était très long et desservait toutes les pièces du rez-de-chaussée: la vieille maison, la maison neuve, et jusqu'au pavillon de l'oncle Planté, qu'en raison de son éloignement on appelait «le bout du monde». Ce corridor était dallé de briques; il y faisait frais; le moindre pas y résonnait; on y respirait une odeur de pomme et de miel, qui venait des placards; on y entendait les pigeons de la métairie roucouler ou s'envoler à grand bruit d'ailes, et il y avait aussi là-bas, là-bas, tout au fond, près de la porte du pavillon, l'horloge du bout du monde, dont le tic tac assourdissant était renommé à Courance.
Valentine sortait du pavillon. Elle m'embrassa en me demandant:
– Est-ce que je sens la pipe?
– Oui.
– Alors, vous êtes un petit menteur, parce que ce n'est pas vrai.
Je restai dans le corridor, à dessiner des bonshommes le long du mur, pendant qu'on ne me voyait pas.
Mais je cachai mon crayon, lorsque j'aperçus Philibert et sa mère.
Il disait, en tenant la main à plat, devant lui, comme lorsqu'on parle de la taille d'un enfant.
– La voilà haute comme cela, aujourd'hui.
– Déjà! dit grand'mère. Alors ça ne l'empêche pas de grandir?
Et il fut question d'un «corset orthopédique», qui coûterait au moins trois cents francs. Philibert ajouta:
– Enfin! maintenant, nous allons pouvoir le lui payer!..
Ils me virent et ne dirent plus rien.
Philibert me prit dans ses bras et m'enleva très haut. Il était grand; il avait un nez qui n'en finissait pas, et quelques poils blancs par-ci par-là, dans les cheveux et dans la barbe.
– Si nous allions faire une petite promenade avec cet enfant-là?
– Tâche, au moins, qu'il n'attrape pas chaud!
Nous descendîmes par l'allée des ormes qui formait une longue cathédrale de feuillage jusqu'à la grille. Après, on montait doucement par des chemins bordés de noyers; on atteignait, sur la gauche, une route que la nature du terrain teintait de rose, comme si on y eût pilé du corail.
Philibert me disait:
– Quand tu seras grand, qu'est-ce que tu veux faire? Être notaire comme ton papa?
– Tante Félicie veut que je reste ici, mais moi, je sais bien ce que je voudrais.
– Qu'est-ce que tu voudrais?
– Aller beaucoup en chemin de fer.
– Ah! ça t'amuse donc?
– Je ne sais pas, parce que je n'y suis jamais allé.
Quand nous fûmes arrivés aux sapins d'Épinay, il me dit de m'asseoir, et il tira de sa poche un album. Le remblai du fossé, à la lisière du bois, formait une petite chaîne de montagnes tapissée de mousse sèche et d'aiguilles polies, et c'était un jeu agréable de se laisser descendre rapidement jusqu'en bas.
– Mon petit, dit Philibert, tu vas éreinter ton fond de culotte…
– Qu'est-ce que ça fait? Regarde donc le tien: il est tout blanc.
Les enfants sont de petites bêtes cruelles, car je savais le mal que ma repartie devait causer à Philibert. Il était venu avec un unique pantalon noir, un peu fripé, et, quand il relevait le pan de sa redingote pour s'asseoir, on voyait que le drap était mince et luisant. Il ne m'en voulut pas; il soupira par son grand nez en feuilletant l'album, et j'allai m'installer près de lui.
Il y avait, à la première page, une dame que l'on apercevait de profil et qui pinçait légèrement sa robe, d'une main garnie de menus paquets.
– C'est, dit Philibert, une dame qui attend l'omnibus.
Puis vint l'omnibus, plein de personnages drôles. Après, vint une petite fille qui sautait à la corde.
– Qui est-ce? qui est-ce, dis?
Il passa aux feuilles suivantes, sans répondre. Mais je retrouvai plusieurs fois la tête de la même petite fille, couchée.
– C'est toujours celle que tu ne veux pas dire qui c'est? pas? On la reconnaît bien. Mais pourquoi est-elle couchée? Est-ce qu'elle est morte?
Il ferma brusquement l'album et dit:
– Allons, fiche-moi la paix! Occupe-toi de quelque chose.
Je m'assis à nouveau sur la crête de la montagne glissante, et, cette fois, sans l'avoir voulu, je me sentis dégringoler sur les aiguilles de pin, jusqu'au bas du fossé.
Et je me mis à rire, stupidement, à l'idée que Philibert allait croire que je l'avais fait exprès pour lui désobéir. En effet, il me regarda et dit, en haussant les épaules:
– Gamin!
De l'endroit où nous étions, on apercevait, dans un fond, côte à côte, les toits d'ardoises de Courance et les deux pignons de la vieille maison, couverts en tuile moussue. Le marronnier de la cour, énorme et rond comme un ballon qui va partir, cachait les communs et la métairie de Pidoux. On eût dit que le jardin était planté d'arbres aussi épais qu'une forêt, et je cherchais en vain à y retrouver les endroits où l'on me criait si souvent: «Veux-tu bien aller à l'ombre, tu vas attraper un coup de soleil!»
On pouvait suivre la Courance à ses gros buissons fréquentés des couleuvres, et à ses troncs d'ormes pelés, jusque vers l'horizon, où elle allait doucement se coucher dans le lit de la petite rivière d'Esve, entre les peupliers. Les bois étaient sur les hauteurs, et le reste de la vallée divisé en petits champs inégaux de seigles grêles, de blés sensibles au vent, ou de trèfle incarnat qui ressemble à un étalage de rubis sur une grande pièce de velours.
Nous n'étions pas loin d'Épinay: les poules en liberté venaient jusqu'auprès de nous picorer, gratter la terre, et elles semblaient converser entre elles avec des intonations de bonnes femmes irritables.
– On dirait grand'mère, en démêlant ses laines.
Philibert était étendu tout de son long, le nez en l'air. Il m'indiqua du doigt la cime des sapins:
– Et là-haut la jolie musique?..
Le vent s'élevait et faisait bruire au-dessus de nos têtes le feuillage des arbres centenaires. Cela ressemblait aux sons d'orgues lointaines. Je connaissais cela. Ma mère, une fois, m'avait dit, ici même: «Écoute! ce sont les églises du ciel qu'on entend…» Je m'en souvins et je fus sur le point de le répéter. Mais je n'osai pas parler de la disparue.
Nous fûmes distraits par une chanson d'une autre espèce. Le fermier d'Épinay, Pénilleau, arrivait de Beaumont, en titubant sur la route de corail. Et nous l'entendions de loin hurler la Marseillaise.
– Je dirai à tante Félicie qu'il a chanté ça.
– Tu vois bien qu'il ne sait pas ce qu'il fait, dit Philibert: il est plein comme un tonneau. Ce n'est pourtant pas fête aujourd'hui.
– C'est qu'il a été ce matin à la cérémonie, comme tous les fermiers.
– Ah!
Nous regardâmes l'ivrogne qui nous salua très poliment en passant devant nous. Mais il fut longtemps à essayer en vain de retrouver sa tête pour y replacer son chapeau. Et Philibert et moi, nous ne pûmes nous empêcher de rire.
Pénilleau n'avait cependant pas perdu tous les sens, car il désigna du bras le sentier, au bord de la Courance, et fit:
– De la tenue, Pénilleau! v'là la bourgeoise!
On voyait, entre des troncs d'ormes, passer le chapeau de Félicie.
C'était un chapeau cabriolet, en belle paille dorée par le temps, et que ses dimensions inusitées avaient rendu célèbre dans le pays. On le distinguait de fort loin: les fermières se préparaient à la visite de la propriétaire; les braconniers fuyaient; et les vieilles femmes qui possèdent des chèvres, sans un lopin de pâturage, se hâtaient de rassembler sur la route communale leur troupeau épars dans les taillis. Félicie faisait sa tournée chaque jour, par la pluie, le soleil ou le vent. Il ne naissait pas un agneau sur ses terres qu'elle n'en eût connaissance avant d'aller au lit.
Devant le chapeau, marchait grand-père Fantin; M. Laballue venait par derrière. Tout le monde savait que, lorsque madame Planté prenait le sentier de la Courance, c'était pour gagner, sur la gauche, la ferme de la Chaume, et terminer sa promenade par le Dolmen. Nous descendîmes la rejoindre. Elle me plongea un doigt dans le dos:
– Allons, marche avec nous, posément.
Elle cognait sur les buissons avec une canne à pomme fourchue et ornée d'une espèce d'ongle d'or. M. Laballue lui en avait fait cadeau, aussi l'appelait-on «la canne de Sucre-d'Orge»; et Félicie ne l'oubliait jamais en sortant.
Casimir parlait des blés, des sarrasins, des colzas, de la «culture intensive», des «guanos du Pérou». Il ne possédait aucune notion sérieuse d'agriculture. Félicie haussait les épaules, et M. Laballue, qui était lauréat des concours régionaux, glissait de temps à autre vers son amie un regard d'intelligence: «Ne vous fâchez pas; votre beau-frère dit des bêtises, mais cela nous distrait un peu…» Abusé par leur silence, l'ancien ami de lord Bolingbroke s'élançait, prenait un ton de professeur, croyait leur enseigner quelque chose. Il alla jusqu'à proposer, en se retournant tout à coup:
– Voulez-vous que je voie vos fermiers? je leur indiquerai…
Mais Félicie l'arrêta court:
– Ah! mais non, par exemple! Faites-moi donc le plaisir de vous occuper de ce qui vous regarde!..
Sans M. Laballue qui répandait la douceur, elle se fût mise en colère. Elle était bonne, mais vive, et toujours prête à partir, surtout quand il s'agissait de son bien.
C'était l'heure charmante des débuts de l'été, où l'on sent que le soir va succéder au jour. L'air agitait le feuillage odorant des noyers, et les oiseaux commençaient à regagner les arbres. Nous montions le mauvais chemin de la Chaume; on donnait son attention à ne point se tourner le pied dans les ornières; la campagne semblait déserte comme le dimanche, parce qu'on ne touche pas à la terre les jours de deuil; et nos cinq ombres noires étaient assez chagrines. Pourtant, je me souviens que quelque chose de léger et d'heureux frétillait ou dansait dans le profil d'une maigre avoine où dominaient les bleuets et les coquelicots.
Félicie heurta la porte à claire-voie de la ferme, et souleva en vain le loquet intérieur. Un chien s'éveilla, fit fuir les poules, et accourut, furieux et aboyant. Il s'empêtra dans la paille humide de la cour, et arriva, le dos en brosse et tous crocs dehors.
– Tes maîtres ne sont donc pas encore rentrés, mon bon Parisien? dit Félicie.
Parisien rabattit la crête de son échine en reconnaissant «la bourgeoise»; il allongea ses pattes de devant, le train de derrière en l'air, et balançant en manière de parade le panache de sa queue couleur de feu; puis il bâilla familièrement. Un chat sortit par un trou noir, au bas d'une porte, prit le vent, monta à l'échelle; et, avec l'aisance d'une plume qui vole, fut presque aussitôt au haut du toit.
– Allons-nous-en! dit Félicie mécontente; quand ces gens-là vont à la ville, la journée en est!
Elle exprima ses doléances sur les mille tracas des propriétaires, et nous mena au Dolmen.
L'herbe, les ronces, les chardons envahissaient en liberté la grande pierre et un très vieux noyer, à demi mort, entrelaçait au-dessus, en guise de dais, les jolies courbes de ses branches. On s'asseyait ou s'adossait comme on pouvait contre la table inclinée. J'étais excessivement fier de connaître par coeur certaines cavités qui me permettaient de l'escalader et d'aller me planter au plus haut.
– Ne va pas me dégringoler sur la tête, au moins!
Et je regardais le chapeau, au-dessous de moi, sur lequel il ne fallait pas tomber. Il ressemblait, de là, à la toiture d'osier de ces fauteuils de jardin où s'abritent les personnes délicates. Il oscillait, tantôt à droite et tantôt à gauche, et, par ce léger mouvement de la tête, Félicie parcourait du regard presque toute l'étendue des quatre cents hectares de Courance. Elle encadrait chaque ferme, une à une, entre les bords de la capote de paille; elle inclinait la capote, et ce qu'elle voyait était à elle; elle l'inclinait encore, et c'était toujours sa terre, et cela s'appelait toujours Courance, sauf au couchant où s'avançait ce qu'on nommait «la Semelle de Gruteau».
Il était rare que quelqu'un ne dit pas à côté d'elle:
– Ah! nom d'un petit bonhomme! quel beau domaine vous avez là, madame Planté!
Elle répondait avec modestie:
– Ce qui lui donne de la valeur, c'est qu'il est d'un seul tenant.
Sa vie s'était employée à arrondir l'héritage familial. Elle pointait du bout de sa canne les enclaves achetées une à une; les trous bouchés par elle et les zones conquises sur les voisins. Elle savait la contenance et la nature de chaque petit rectangle découpé si net par la diversité des cultures, et le nom qu'il portait sur le cadastre, et son rendement.
Philibert, qui ne parlait pas beaucoup, hasarda une opinion d'artiste. Il montrait la maison de Courance et les six fermes étalées en demi-cercle:
– Voulez-vous savoir ce que c'est que votre bibelot, ma tante? c'est un éventail. Voilà les six lames ouvertes avec les fermes à leurs extrémités, comme vignettes; la route de Beaumont, toute rose, c'est le ruban qui les relie par en haut, tandis que votre main tient le tout en fixant fermement la cheville…
– Oh! toi! ce ne sont pas les idées qui te manquent!
Philibert alla un peu plus loin pour dessiner notre groupe.
Félicie releva sa canne vers la rivière d'Esve qui glissait comme une couleuvre entre les peupliers:
– Voilà le défaut de la cuirasse! dit-elle; c'est ce satané moulin de Gruteau: des prairies de première qualité et le dos du petit coteau, un peu sec, par exemple, mais où l'on planterait des vignes. Et ça forme un pied qui s'avance sur moi jusqu'au talon; c'est facile à voir sur le plan.
– Pourquoi ne l'achetez-vous pas? dit Casimir.
– Vous en parlez bien à votre aise! je n'ai plus un sou vaillant, hormis ma propriété.
Grand-père Fantin entama un parallèle entre la propriété française et l'anglaise, et il vanta les perfectionnements du crédit dont il avait été témoin outre-Manche.
– Vous voulez Gruteau, dit-il: pourquoi n'empruntez-vous pas?
– Une hypothèque sur ma propriété? Jamais! jamais! entendez-vous, jamais!.. Et puis, que vos Anglais fassent donc chez eux ce qu'il leur plaît. «Chacun chez soi», voilà ma devise.
– La leur est: «Partout chez moi», et ils la mettent en pratique. Monsieur le curé de la Ville-aux-Dames ne nous rapportait-il pas, il y a une heure, que des insulaires ont acheté le château de La Roche, au bord de la Creuse? Si je ne me trompe, c'est sur votre paroisse… Comment s'appellent-ils donc?..
– Les Pope, dit Félicie. Ce sont des Américains; des parpaillots. S'il n'y a que moi pour aller leur faire la révérence!..
– Ils sont charmants, fit M. Laballue. Il y a parmi eux trois ou quatre jeunes femmes fort jolies, dont une créole.
Du haut de mon perchoir, je m'écriai:
– Qu'est-ce que c'est que ça, tante, des créoles?
– Des femmes qui passent leur vie dans des hamacs, qui fument, qui sont malpropres et qui ne savent pas tenir leur ménage.
– Ma bonne amie! ma bonne amie! s'écria M. Laballue, je vous assure que vous exagérez!
– Ta, ta, ta!.. je sais ce que je dis. Dans tous les cas, ce ne sont pas des gens à fréquenter. Ah bien! nous en prendrions, des moeurs!
– Sur le paquebot qui nous ramena d'Algérie, en 1832, dit Casimir, se trouvait une superbe créature née à l'île Bourbon…
– Descends, mon petit, fit Félicie, allons, va jouer un peu plus loin!
Je m'en allai retrouver Philibert, parce que, toutes les fois que grand-père Fantin commençait à parler d'une dame, il disait des choses inconvenantes. On voyait très bien cela d'avance à ses yeux. Quelquefois, je m'éloignais avant qu'on m'en eût donné l'ordre. Je n'avais pas tourné le dos, que M. Laballue faisait: «Oh! oh! oh!..» à cause de l'histoire, et j'entendis Félicie qui disait:
– Casimir, vous devriez avoir honte, un jour comme celui-ci!
Peu après, je rapportai en triomphe le dessin de Philibert. Félicie regarda et soupira:
– Le pauvre garçon sera toujours bon à amuser les enfants!
M. Laballue prit la défense de Philibert:
– Je vous affirme que c'est très original… Si, si, ma chère amie; il y a là quelque chose…
L'album en mains, je revins avec la ténacité méchante des enfants sur le sujet qui m'avait préoccupé:
– Tante, as-tu vu la petite fille qui saute à la corde? Tu sais, c'est la même qui est couchée plus loin. Oncle Philibert ne veut pas dire qui c'est… Tiens, la voilà! Est-ce que tu sais qui c'est, toi?
Quand elle l'eut vue, elle referma l'album et elle cria:
– Philibert, fais-moi donc le plaisir de reprendre tes élucubrations… et puis, si j'ai un conseil à te donner, c'est de ne pas laisser traîner les paperasses!
Nous demeurâmes encore là quelque temps, car Félicie n'abandonnait cet endroit qu'à regret. Avec les premières ombres du soir, on vit courir les carrioles des fermes sur la route de Beaumont.
– Enfin! dit Félicie, les voilà!
À tel et tel embranchement, elles quittaient la route pour s'enfoncer dans une allée de noyers. Alors, elles disparaissaient, mais on les suivait à leur bruit grandissant. Et Félicie disait:
– Voilà Cornet… Ça, ce sont les gens de chez Pénilleau… Je reconnais le coup de fouet du père Moreau.
Des vols de courlis s'élevèrent, à longs cris, du côté de la rivière. Une pie attardée jacassait dans un arbre… De loin nous parvenait un bruit d'essieux: clic clac, clic clac. Un garçon de ferme sifflait. Des chiens aboyaient. Nous vîmes passer près de nous des vieilles femmes courbées sous un sac de toile bise; elles s'arrêtaient, le temps de nous reconnaître, et murmuraient des mots inintelligibles. Philibert nous fit remarquer les troncs des sapins d'Épinay qui étaient couleur gelée de groseille et qui s'assombrirent tout à coup. Félicie me dit de mettre mon foulard, et la cloche de Courance sonna l'heure du dîner.