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L’ARAIGNÉE MINEUSE

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Dans la nombreuse tribu des araignées, presque toutes fabriquent des nids, véritables fourreaux de soie, qu’elles cachent sous les pierres, entre les rides profondes de l’écorce des arbres, ou simplement dans une feuille roulée sur elle-même. Ce fait, qui ne nous frappe pas parce que nous le rencontrons trop fréquemment, prouve cependant d’une manière éclatante qu’il n’est pas, parmi toute la création, un si chétif insecte dont Dieu, dans sa sagesse infinie, n’ait proportionné les ressources à ses besoins. Mais si presque toutes les araignées savent se faire un nid, il en est une, l’araignée mineuse, qui, dans la construction de sa demeure, laisse bien loin derrière elle les oiseaux, les renards, les lapins et tous les architectes qui bâtissent des nids ou creusent des terriers.

En effet, tous ces architectes velus ou emplumés savent se construire une maison; mais tous sont réduits à dissimuler plus ou moins adroitement l’entrée de cette maison, parce qu’aucun n’a l’instinct d’y ajouter une porte. Il en résulte que leurs maisons sont toujours ouvertes, et par conséquent exposées au froid et à des visites parfois fort désagréables pour le propriétaire.

Seule entre tous les animaux, l’araignée mineuse garnit la galerie souterraine qui lui sert de retraite, d’UNE PORTE. Quand je me sers ici du mot porte, ce n’est pas pour exprimer une espèce de fermeture quelconque. Je dis porte, parce que c’est une vraie porte, munie de ses gonds, se fermant d’elle-même, s’ouvrant à volonté, et tombant dans une feuillure où elle s’emboîte avec une précision qui manque souvent à celles qui closent nos appartements.

Cette porte est fabriquée, ainsi que la feuillure qui la reçoit, avec de la terre glaise pétrie et liée au moyen de fils analogues à ceux des toiles d’araignée. Autant la face intérieure de la porte est unie et proprement tapissée, autant la face extérieure conserve l’aspect du terrain qui l’environne et avec lequel elle se confond si bien, qu’il est très-difficile de l’apercevoir.

J’ai dit que la porte se fermait d’elle-même. La mineuse obtient ce résultat en plaçant les fils qui composent les gonds à la partie supérieure du battant, qui, ainsi suspendu, retombe nécessairement par l’effet de son propre poids.

Tant qu’aucun animal ne vient toucher à sa porte, la mineuse ne s’en occupe pas; mais si quelque ennemi muni de pinces ou de crochets essaie de l’ouvrir, aussitôt la mineuse, avertie par les fils qu’elle a disposés tout le long de sa galerie, et qui remplacent pour elle la sonnette, accourt, saisit sa porte par le réseau qui la tapisse intérieurement, et cherche à la maintenir fermée.

Comme sa porte s’ouvre en dehors, l’araignée a beaucoup d’avantage sur l’assaillant, qui n’a aucune prise.

Mais ce qui, à mes yeux, est peut-être plus remarquable, plus merveilleux que la construction de la porte, ce sont les moyens de défense que dispose la mineuse en prévision des attaques futures. Ainsi, pour pouvoir maintenir plus facilement sa porte fermée malgré l’effort d’un assaillant, elle pratique dans les parois de sa galerie, à la distance voulue de la porte, une série de petits trous dans lesquels elle enfonce les bouts de ses quatre pattes postérieures, tandis qu’elle accroche ses quatre pattes antérieures au réseau de la porte. On comprend facilement qu’elle utilise ainsi toutes ses forces, et qu’elle offre le maximum de résistance dont elle est capable.

Il est rare qu’un naturaliste découvre la galerie d’une mineuse sans lui faire soutenir un siège. Armé d’une épingle dont il introduit la pointe entre la feuillure et la porte, l’homme soulève celle-ci, tandis que l’animal, cramponné au dedans, cherche à la maintenir fermée. Selon que la force que déploie l’assaillant est inférieure ou supérieure à celle de la mineuse, la porte s’entr’ouvre et se referme alternativement, sans que l’araignée se décourage. Ce n’est que quand sa porte est entièrement ouverte que la pauvre bête se réfugie au fond de son trou. Mais pour qu’elle recommence une nouvelle lutte, il suffit de laisser retomber la porte. Dès qu’elle est fermée, la mineuse vient reprendre sa position, et ne la quitte pas avant que l’entrée de sa demeure soit de nouveau forcée.

L’araignée mineuse ou maçonne, car on lui donne ces deux noms, est rare dans le nord de la France. C’est dans les environs de Montpellier qu’elle a été le plus fréquemment observée. Elle appartient aux espèces nocturnes, c’est-à-dire à celles qui cherchent principalement leur nourriture pendant la nuit, et que l’éclat du grand jour gêne et offusque au point de paralyser leurs mouvements.

Moeurs remarquables de certains animaux

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