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INTRODUCTION

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Table des matières

M. de La Tour est né à Saint-Quentin le 5 septembre 1704, et il y est revenu mourir (7 février 1788) comme un oiseau blessé qui rentre, en se traînant, vers son nid; — à ces titres il nous appartient doublement à nous, son concitoyen, son admirateur. D’ailleurs, ses œuvres vivent surtout dans le musée de sa ville natale bien mieux que dans son Louvre et qu’au musée de Dresde, et elles y disent, mieux que nous, le talent du peintre, si habile, si bienfaisant. A une époque déjà éloignée, en 1854, j’ai tenté de ressusciter la figure de ce grand artiste, qui fut aussi un grand cœur, et dont les libéralités durent encore en de touchantes et charitables donations. Je parlais alors des luttes soutenues au début de sa carrière par le peintre, qui cherchait sa voie, et qui rencontra, pour se guider, son étoile du soir, sa Céleste, son bon ange, Mlle Fel, la cantatrice de l’Opéra. Puis je racontais, en les devinant, en les pressentant, les regrets, les rêves de ce vieillard, qui réchauffait son cœur au foyer, fumant et tiède encore de son dernier amour, relisant les lettres, touchant des lèvres les fleurs desséchées, les noirs cheveux, les boîtes à pastilles; ces précieux gages, ces froids et chers souvenirs, il m’a été donné de les retrouver il y a quelques jours, en traversant l’hospitalière demeure de mon parent, M. Fischer-Bisson, à Chaillevois (Aisne). Je fus conduit par M. Lefranc, médecin à Mons-en-Laonnois, chez Mme Sarazin Varluzel. Cette dame m’accueillit en montrant gracieusement à l’humble historien de M. Q. de La Tour , les pastels de ce dernier, qu’elle possède comme héritière de M. l’abbé Duliège, exécuteur testamentaire du chevalier de La Tour, ancien officier de gendarmerie, frère du peintre. — En même temps, elle m’offrit généreusement tous les papiers qu’elle avait recueillis et soigneusement gardés dans cette succession. — Ces lettres, ces papiers, ces fragments, j’ai cru que je ne les devais pas laisser dans leur ombre, et, sans un commentaire, sans un changement d’orthographe ni de forme, je les présente au public, tels que je les ai trouvés, comme de précieuses reliques, dont le temps n’a terni ni défloré les vives couleurs.

Ne pourrait-on pas appliquer à M. Q. de La Tour les vers qu’un poëte vient d’adresser à un auteur regretté, à un romancier et à un poëte aussi?

— Il gardait mainte épave chère ,

Reliques, — disant du passé

L’illusion trop éphémère,

L’amour — éternel! — effacé.

Puis, quand ces débris pleins de charme

Évoquaient un songe enivrant,

Sur sa main tombait une larme,

Qu’il essuyait, en soupirant.

D’une belle et folle rieuse,

L’appelant, tout comme autrefois,

Le soir, — dans l’ombre vaporeuse

Il croyait entendre la voix.

Alors, son cœur battait plus vite,

Fel lui disait la chanson,

Que commentaient la marguerite

Et le rossignol du buisson.

Le peintre, rentré dans sa ville natale, y avait précieusement rapporté les billets, sentant l’iris, encadrés de bordures bleues , tracés par ces amoureuses fringantes du temps passé, qui avaient si souvent éveillé dans cette tête et dans ce cœur d’artiste, aujourd’hui troublés , la nichée joyeuse des souvenirs perdus.

Que ceux qui ont aimé, qui ont souffert, entrent, avec nous, en silence, dans ce cimetière des amours, depuis si longtemps ensevelies. De tant de beautés brillantes et illustres, de tant de célébrités, il reste seulement des pastels charmants , des bouquets flétris, des lettres à l’encre jaunie, frêles et uniques épaves du passé joyeux, des serments échangés à voix basse dans l’ombre, et des joies mystérieuses, ineffables, si souvent ressenties à deux... Dites-le, n’est-ce pas bien assez?

Paris, 13 mars 1874.

Le Reliquaire de M. Q. de La Tour, peintre du roi Louis XV

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