Читать книгу La dévotion à la Vierge dans la littérature catholique au commencement du XVIIe siècle - Charles Flachaire - Страница 5

Les écrivains Jésuites.

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I. — Après la crise de la Réforme, les Jésuites furent les plus ardents restaurateurs du culte de Marie: pour ranimer le catholicisme, ils pensèrent qu’il était urgent de faire revivre en France la dévotion à la «Dame de Miséricorde», si douce à ses fidèles, si indulgente aux pécheurs. Ils se firent donc les champions de la piété moyenageuse et se proposèrent de développer «l’amalgame composite des croyances populaires, » où l’effusion sentimentale s’accompagne toujours de multiples et minutieuses pratiques. La Vierge leur apparut aussi comme la protectrice de l’orthodoxie: celle dont on pouvait raisonnablement espérer la ruine de l’hérésie protestante; en ce sens que son culte, nettement affirmé, était un des symboles les plus nets de la dévotion catholique. Seulement, agressifs comme ils sont en cette période conquérante, les Jésuites oublient parfois dans l’entraînement de la polémique la douceur obligée d’une dévotion attendrie. Résolus à conserver au culte de Notre Dame sa séduction sentimentale, mais ennemis d’un quiétisme inactif, ils instituent. entre les chrétiens un véritable «concours» spirituel, où tous «se font un saint défi à qui rendrait le plus d’honneurs» à la Vierge et «se disputent avec ferveur» la palme. Les collèges qui se multiplient en France, depuis la rentrée des Jésuites en 1603, deviennent des centres d’action et de propagande. Les Congrégations de Notre-Dame, où ils groupent les plus pieux de leurs élèves, sont des ruches de dévotion mariale «où l’on s’excite mutuellement et par paroles et par exemples à la pratique de toutes les vertus».

Le jeune «parthénophile» est un modèle: en entrant dans la confrérie, après son stage «d’approbaniste», il a consacré son cœur à Marie et lui a juré de résister aux séductions de la chair et du monde; il met toute son ambition à devenir «une des plus blanches étoiles du ciel marianique». Dès son lever, c’est à la Vierge qu’il adresse sa prière, s’agenouillant au pied du petit autel dédié à Marie qu’il entretient dans sa cellule et qu’il orne de fleurs et de couronnes. Dans les solennités ou les fêtes patronales de sa congrégation, il occupe toujours une place de choix et souvent «est vêtu en ange avec de grandes ailes». Enfin, avec cette intelligence de la puissance de l’auto-suggestion des maîtres en mystique, on veut que, dans ses entretiens avec ses camarades, il «parle sans cesse de la Vierge» : la règle de l’association lui en fait un de voirstrict, et telle confrérie, celle d’Ingolstadt par exemple, reçut le nom de «Colloque de la Sainte Vierge». Les grandeurs, les privilèges de Notre Dame étaient d’ailleurs célébrés en prose et en vers, soit au sein même de la congrégation, soit dans les Académies dont on ne pouvait faire partie que si l’on était congréganiste. Plusieurs de ces compositions en latin nous ont été conservées dans les œuvres poétiques du P. Denis Petau. La confrérie avait aussi ses archives, où étaient naïvement transcrits les exploits mystiques des jeunes héros; ces traits édifiants et touchants, destinés d’abord à former des «traditions de famille,» étaient quelquefois portés à la connaissance du grand public. C’est ainsi que le célèbre P. Coton conçut à Bordeaux le dessein d’un livre «qui offrirait aux cœurs les plus dévoués à Marie», pour employer ses propres expressions, «comme un bouquet spirituel formé des plus douces fleurs du jardin de leur auguste Mère» . Ces monuments littéraires expliquent que nous nous soyons arrêtés un instant à la vie religieuse de ces congrégations dont l’histoire et le rayonnement dans la société dépassent l’objet de notre étude. Aussi bien saint François de Sales , le cardinal de Bérulle, Bossuet, furent-ils de fidèles congréganistes, et c’est dans ces pieuses assemblées qu’ils puisèrent les premiers éléments de leur dévotion.

D’ailleurs la littérature mariale des Jésuites releva toujours de leurs Congrégations: nous ne parlons pas seulement des multiples manuels ou bien ouvrages d’exhortation attribués comme récompenses ou donnés en étrennes, — comme le Traité de l’Imitation de Notre Dame du Père François Arias, ou la Couronne de Roses de la Royne du ciel du P. Chifflet, — mais aussi des œuvres plus «littéraires» du P. Binet, du P. Barry et du P. Poiré. C’est d’après leurs traités que nous tâcherons de préciser les traits essentiels de la dévotion des Jésuites à la Vierge.

II. — Elle est d’abord un appel constant à l’affection et à la tendresse. On pourrait croire que saint Anselme et saint Bernard avaient épuisé les gracieusetés et les gentillesses. Les Jésuites s’étonnent au contraire que le pieux Bernard n’ait pas écrit «des choses mille fois encore plus douces». Et de fait, les Méditations affectueuses du P. Binet sont un tissu de caresses respectueuses, d’adorations câlines, de cajoleries d’enfant; c’est une suite de vagues effusions qui servent decommentaires — combien candides! — à de naïves gravures représentant la vie de la Vierge. La prière, ou plutôt le «colloque, » qui termine la méditation prend successivement la forme de la complainte, du désir sacré, de la plainte amoureuse, du désespoir, du transport, de la hardiesse sacrée, de la privauté innocente..... «Plorez, plorez mes yeux, fondez vous tout en larmes» . — «Mon Dieu! mon cœur s’envole et mon âme s’échappe» . — «Mourons, mon cœur, mourons, à quoi sert-il de vivre, puisque tous nos amours s’en vont voler au ciel et quittant cette vie nous laissent orphelins» . Cette onction harmonieuse trouve même spontanément la mesure et la cadence du vers. L’enfance de la Vierge se prête surtout à ces familiarités pieuses. Le Protévangile de saint Jacques et la littérature mariale apocryphe en avaient, dès les premiers siècles, offert une abondante moisson. Mais l’imagination du P. Binet crée à son tour. Avec une complaisance inlassable il nous donne le spectacle de la nativité de Notre Dame: «Que les anges sont aises, berçant et endormant cette petite princesse du Paradis! Naissez, à la bonne heure, naissez ma petite princesse!» . — Les anges aiment à jouer avec elle: ils ont «le pan de leur robe plein de fleurs immortelles cueillies au Paradis,» et «apprennent cette petite fille à jouer dedans l’innocence, à manier des lys et à faire des couronnes et ne prendre des ébats innocents que dans le sein des vertus et des roses». — Ils assistent à son mariage et «jettent à pleines poignées des lis et des roses blanches sur les nouveaux époux». Le P. Binet ne s’étonne que d’une chose, c’est «qu’ils n’aient pas arraché quelques étoiles au firmament» .

Tout le temps, c’est cette préciosité et cette mignardise. La «royne du Paradis» est rarement majestueuse chez un auteur qui semble tenir la gageure de ne pas écrire une ligne sans employer le mot «petit». La Vierge est «une petite fille, une tendre fillette, une petite créature, sa chère petite maîtresse,» et elle rapetisse tout ce qui l’approche. «Il me souvient que le petit Jean-Baptiste vous offroit quelquefois et au petit Jésus de petits présents innocents; derechef les pauvres bergers vous offrant un agneau et des petits paniers pleins de simplicité et de présents rustiques, vous les reçûtes pourtant d’un si bon visage qu’il sembloit qu’ils vous eussent donné l’Europe, l’Asie et l’Afrique..... .»

Il est aisé de prévoir que ces puérilités s’accompagnent souvent du plus insigne mauvais goût: «Donnez-moi votre main, divin poupon, je vous dirai votre bonne fortune: je lis dans les traits de cette main que vous serez un jour un grand larron de cœurs» . Ou encore: «Que ne puis-je changer en deux colombes et mon cœur et mon âme pour les mettre en ce petit panier pour prêter à la Sainte Vierge la rançon de son précieux fils» . Mais plutôt que de s’indigner de ces extravagances, il vaut mieux observer la tendance qu’ont toutes les dévotions à «infantiliser» si l’on peut dire, les êtres sacrés ou divins.

Mais la tendresse va plus loin. Cette afféterie enfantine, excusable peut-être en un modeste ouvrage d’édification, se transforme dans un traité plus savant en une sorte de galanterie moins admissible. Dans le Grand chef-d’œuvre de Dieu, le P. Binet fait un long et complaisant récit «des faveurs dont la souveraine princesse du ciel comble ses bons serviteurs,» «des caresses qu’elle faisait à son petit Bernard», et il en trouve d’ «un peu plus savoureuses» encore. C’est qu’en effet le terme de cette dévotion est l’amour. Marie est «une divine princesse,» dont «les yeux colombins», «aux attraits innocents,» ravissent les cœurs. Qui dira jamais «les rayons admirables de cette transcendante beauté ?» «La grâce de Dieu s’estoit logée sur son visage, la modestie estoit sur le front, la douceur dans les yeux, la pudeur dans le vermillon de ses joues, la virginité dans la neige de son col» . «Comment pourrait-on ne pas l’aimer avec une passion si saincte et si forte que nous ne sçaurions estre maistres de nos cœurs, et nous ne sçaurions empêcher qu’ils ne nous eschappent et qu’ils ne se jettent à ses pieds pour l’admirer sans cesse». «Ses regards sont des dards, ses dards sont des regards, et les uns et les autres sont des coups de tonnerre qui foudroyent tout ce qu’elle regarde, et il n’y a pas moyen de se deffendre de cette puissance incroyable». Et pourtant, quelque vive que soit la tendresse du P. Binet, elle le cède encore à l’affection du P. Barry envers «sa bonne mère» : à tel point qu’un éditeur moderne de Philagie a cru devoir atténuer les excès de son langage: — «les amoureuses tendresses de son adorable bonté » deviennent «les affectueuses tendresses de son ineffable bonté » ; le P. Barry parlait ingénuement des plus chers amants de la Sainte Vierge: ces dévots serviteurs ne sont plus aujourd’hui que des «amis «. Parmi les multiples dévotions que le P. Barry recommande, il en est une qui consiste à «donner des œillades amoureuses, en passant, aux images de la Mère de Dieu». On le voit, le répertoire de la galanterie romanesque et le vocabulaire «des amoureuses inventions » lui sont familiers. Le P. Poiré, à son tour, n’échappe pas à ce bel-esprit, et ces trois chevaliers d’une dévotion mariale «confite au sucre des douceurs» répéteraient volontiers le mot de l’un d’eux: «Heureux saint Bernard qui porte... à bon droit... la qualité de son mignon» .

III. — Sensible, la dévotion mariale des Jésuites fut, aussi, imaginative. On connaît le rôle que saint Ignace fait jouer à l’imagination dans la pratique de l’oraison. Le chrétien se rendra présent à la pensée l’événement mystique comme s’il se passait sous ses yeux: il «construira» le lieu de la scène, en évoquera les personnages, et ces représentations animées, colorées, pittoresques, en fixant merveilleusement l’attention, soutiendront l’élévation pieuse. Faut-il méditer sur l’Incarnation? On imaginera «l’immense étendue de l’univers habité partout de nations diverses; dans un coin de cet univers, dans la province de Galilée, à Nazareth, une petite maison où demeure la Vierge» . Ainsi voyons-nous, avec le P. Binet, la Vierge en visite dans la famille de saint Jean; ainsi nous la dépeint-il pendant son séjour au Temple, avec une surabondance d’inventions menues. «Si elle file, c’est pour faire une petite robe à Dieu et l’habiller de ses livrées blanc et incarnat; si elle brode, ce sont mystères et prophéties, et voilà une vierge qui porte le soleil dans son sein, voilà une fille qui a trois roys prosternés à ses pieds, voilà une grande croix de soie, de couleur de feuilles mortes, et je ne sais qui cloué là-dessus... .»

Le tableau était commencé : le P. Poiré, malgré son propos délibéré de ne rien enjoliver, le continue, et donne libre carrière à son imagination fertile. Nul ne traduisit les conceptions surnaturelles en images plus concrètes, en scènes mieux agencées. Ici, il nous transporte au milieu des fiançailles et de la cérémonie nuptiale de la Vierge; là, il peint sous des traits horribles le péché originel, et pense donner ainsi la preuve la plus saisissante de l’Immaculée conception, car au contraire toute beauté : puis il nous décrit en spectateur Marie est émerveillé la divine féerie de l’Assomption: l’entrée de Marie au ciel, le cortège des Bienheureux, leurs brillants costumes, les concerts angéliques; il précise jusqu’au «protocole» même de la cérémonie: «toute la conduite de cet admirable appareil fut donnée au glorieux saint Michel comme au premier prince de la cour céleste, lequel pour rendre ce triomphe inimitable en toute façon divisa le ciel en deux bandes ou escadrons, dont l’un fut des Anges et l’autre des hommes, départant les unes et les autres en divers ordres, selon les diverses livrées qu’ils devoient porter et les qualités de cette Dame qu’ils devoient représenter. Les Anges marchaient les premiers sous le guidon de l’innocence;...... après tous ces esprits ailés, on voyait venir en très bel ordre les premiers fruits de l’Église naissante, je veux dire ceux qui étaient déjà montés de la terre au ciel et qui avaient commencé de remplir les sièges que l’ancienne rébellion avait vuidés. Les Vierges marchaient les premières et chacune avoit un lis blanc pour enseigne. Les Martyrs avaient, tous, les lauriers sur la tête..... Autant qu’il y avait de quartiers différents, autant remarquoit-on de chœurs de musique et de toutes sortes d’instruments concertés..... [Quant à Marie] vous l’eussiez vue avec son cher fils, au beau milieu des troupes célestes, ne plus ne moins que le soleil et la lune au milieu des étoiles». Puis elle est reçue par la Trinité : «ce fut lors qu’elle fut colloquée en son siège royal et que les Anges se présentèrent, file à file, pour lui faire la révérence, pour jeter leurs couronnes à ses piés, et pour la reconnaître comme leur dame et souveraine .»

Les Jésuites n’eurent point d’ailleurs le monopole de ce romanesque dévot. Les Dominicains, qui, dans leur déjà longue existence, avaient, eux aussi, creusé le dogme marial et commenté le culte de Notre Dame, n’enseignent pas alors autrement la manière de bien dire le Rosaire. «La fabrication du lieu sert de beaucoup pour arrester l’entendement dans l’enclos du mystère;» et donc «on s’imaginera la Vierge, en sa chambrette toute solitaire, ou prestant l’oreille à la salutation de l’ange, ou bien tenant le petit Jésus sur son giron», l’embrassant tendrement et le baisant amoureusement, selon que le décrit un de ses dévots:

Fichant ses chastes yeux sur les yeux de l’enfant,

Allait d’un doux brasier sa poitrine eschauffant,

Or embrassoit son col, ores baisait les roses

Qui poignaient à demy sur ses lèvres escloses .

C’est qu’en effet l’imagination se donne carrière dans le «merveilleux» chrétien du XVIIe siècle, — et de tout temps du reste —. En ces temps d’universelle Renaissance catholique la vie de la Vierge fut une source inépuisable de romanesques descriptions. Ainsi Platet de Saint-Mathieu fait en prose la paraphrase d’un poème italien, Le chapeau de fleurs de la glorieuse Vierge, où il montre Notre-Dame dans la sainte attitude de la prière: «Elle estoit resserrée en une si petite chambre qu’à peine y pourroit-on trouver autre lieu que celui de son lit et de son oratoire. Ses deux genoux estoient posés en terre, sa face en haut et les mains jointes levées au ciel.» Godeau compose sur l’Assomption de la Vierge trois chants de plus de deux mille vers, en strophes majestueuses de dix alexandrins souvent animées de la piété la plus fervente, mais toujours magnifiquement coloriées: l’entrée de Marie dans le ciel étale à nos yeux les classiques rubis et saphirs éclatant sur les portes, les prophètes sacrés «éblouissants en leurs robes blanches», «les séraphins voilés de leurs ailes».

IV. — Ce n’est pas pourtant que l’effort d’invention, développé par les mystiques de ce commencement du XVIIe siècle dans la description concrète des mystères, ne s’exerçât aussi dans l’interprétation symbolique ou allégorique des données de la tradition. Le Moyen Age avait déjà comparé la Vierge à tous les phénomènes de la nature: la zoologie, la botanique, l’astronomie avaient également contribué au vocabulaire dévot de sa louange. Le P. Poiré et le P. Binet ajoutent encore au legs pieux de leurs devanciers. Ils enrichissent son parterre de nouvelles fleurs, car c’est surtout à la flore qu’ils empruntent leurs «similitudes». Les fleurs ne sont-elles pas, selon l’expression du P. Binet, les Vierges de nature? Notre Dame «est un jardin royal où le Saint-Esprit a pris plaisir de planter de sa propre main... des labyrinthes fleuris où, au lieu de fleurs odoriférantes, il a planté toutes les perfections en forme de fleurs éternelles et qui ne flestrissent jamais. Là vous voyez la virginité en la forme de lys, la pudeur en rose, le sacré soucy en soucy, l’humilité en nard, l’amour en girosole et le reste des grâces en un million de fleurs de mille et mille couleurs...» . Ces attributs floraux sont même si nombreux qu’il était malaisé de choisir dans le pourpris voué à Notre Dame la fleur de prédilection qui la personnifiait le mieux. «Possible seriez-vous curieux de savoir quelle est cette fleur, si c’est un lis ou une rose, un œillet ou une violette, et en un mot de quelle espèce et de quelle nature elle est? A peine vous en puis-je dire autre chose sinon que c’est la plus belle de toutes les fleurs, la fleur des fleurs... D’assurer qu’elle soit une tulipe, une amarante ou un narcisse, c’est ce qui n’est pas sans difficulté, attendu qu’en matière de fleurs il y a presque autant d’affections différentes qu’il se trouve de diversités entre elles. Qui dit avec Esdras qu’il n’est qu’un lis au monde; qui, avec Pindare, donne le prix à la rose; qui dit qu’il n’est rien de pareil à l’œillet... Disons mieux, et plus à propos, qu’Elle est une fleur qui, ensemble, est lis, œillet, violette, tulipe, anémone, hyacinthe, et qui contient en soy les beautés, les odeurs et les propriétés de toutes les fleurs du monde». «Les fleurs en effet ont cela toutes en propriété... qu’elles flattent merveilleusement nos sens et par la beauté de leurs vives teintures et par la pointe de leurs soüeves odeurs. Mais comme la Rose tient l’empire sur toutes, aussi nous chatouille-t-elle plus que toutes et plus soüevement.»

Ici encore, du reste, il est juste de ne pas oublier, en décrivant l’effort des Jésuites, l’héritage de la mysticité dominicaine. Les disciples de saint Dominique ont la garde du Rosaire dont les oraisons sont tout autant de «belles roses qu’ils cueillent et rangent en guirlandes et petits chapeaux de fleurs pour en couronner leur mère». Comme les Jésuites, ils sont de laborieux «jardiniers» qui assistent à l’éclosion des roses avec une gaîté toute printanière, d’experts «bouquetiers» qui «agencent industrieusement la gerbe mystique». — D’autres fois, joailliers ingénieux, ils offrent à Marie des anneaux, des colliers, des diadèmes, des «rosaires de pierreries» où leur science de l’allégorie lapidaire leur permet d’enchâsser de symboliques joyaux. «0 Espouse, nous entourerons ton col de trois chaînes d’or, toutes greslées de pierres précieuses: la première d’émeraudes, la seconde d’escarboucles, la troisième de saphirs». Les mystères joyeux sont ainsi symbolisés par «l’Emeraude verte;» les douloureux, «signifiés par l’Escarboucle ou Rubis rouge;» les glorieux «par le Saphyr pers couleur du ciel».

Mais là encore les Jésuites ont colligé, synthétisé, perfectionné l’art de leurs précurseurs, et si l’on veut trouver une «somme» des parallèles les plus subtils et des adaptations les plus variées, c’est au P. Valladier, (jésuite, sorti de l’ordre) qu’il faudra la demander. L’univers entier sert d’emblème à la Vierge, depuis «les raretés de la terre «jusqu’aux planètes et aux étoiles .

Maintenant qu’est-ce que les textes sacrés, qu’est-ce que l’Écriture sainte ont fourni à cette exégèse raffinée? Il est très naturel de se le demander. Prenons le P. Poiré : sans doute il ne s’écarte pas, en principe, de la méthode orthodoxe des docteurs, qui ont recherché de bonne heure dans les textes bibliques le sens caché. Mais les Jésuites, en cette investigation pieuse où les avaient précédés beaucoup d’autres commentateurs, se complurent; ils renchérirent, et l’allégorie dégénéra bientôt chez eux en rapprochements douteux et déconcertants, en analogies imprévues et forcées. Dans son désir d’interpréter la lettre jusque dans le moindre détail, le P. Poiré se laisse entraîner à des jeux d’esprit fort compliqués. Il ne se contente pas de rappeler délicatement les figures, mortes ou vivantes, qui, dans la Bible s’adaptent à la personne de la Vierge: le buisson de Moïse, la baguette d’Aaron, la toison de Gédéon, l’arche d’alliance, la nuée d’Élie, le trône de Salomon, ou bien Ève, Sara, Rébecca, Marie sœur de Moïse, Jazel, Judith, Esther, Bethsabée, Abigaïl, Marthe, Madeleine. Il fait, en outre, de chacun de ces symboles une description minutieuse dont il applique tous les traits, un à un, à Notre Dame: «premièrement ce trône ancien fut bâti par le roi Salomon; secondement il fut fait d’ivoire seulement, le Saint-Esprit ayant voulu représenter par les trois belles qualités de l’ivoire qui sont la blancheur, la solidité, la froideur, trois rares propriétés de la très sacrée Vierge, sçavoir est son innocence, sa force et sa chasteté...» Et cette pédante exégèse se poursuit: «tiercement... quatrièmement... dixièmement...».

V. — Que dirons-nous dès lors des apologues étranges, des familiarités presque inconvenantes, des développements énigmatiques, des emprunts à l’antiquité. païenne, en un mot de tous ces artifices de rhétorique dont l’éloquence de la chaire et la littérature religieuse firent un si fâcheux abus pendant la première moitié du XVIIe siècle? On aurait pu croire que la dévotion à la Vierge, faite de délicatesse et de pudeur, préserverait sermonnaires et écrivains de ces inconvenances de mauvais goût. Il s’en faut que cette espérance soit satisfaite. L’Épître au lecteur du P. Binet, dans son traité «de la dévotion à la glorieuse Vierge,» nous fait même concevoir de légitimes inquiétudes: «On dit que jamais l’eau ne se peut glacer (quelque cruauté de bise qu’on y donne dessus) si on coule dedans un peu de graisse de veau marin: nos cœurs qui nagent dans les eaux de ce monde ne gèleront jamais de la gelée d’enfer si on y jette dedans un peu de dévotion à la Vierge Marie» . Puis, dans le cours de l’ouvrage, les grandeurs ou le rôle de Marie sont une occasion de rappeler Pallas, l’histoire du fils de Seleucus et de sa belle-mère Stratonice, l’empereur Decius et son fils, Scipion l’Africain, Octavius Balbus, les Sabines, la vestale Claudia: «Quel mal y aurait-il quand je mettraisl’amour de la Vierge en parallèle (ah! c’est trop peu) avec celui du bon Octavius Balbus?».

Le Grand chef-d’œuvre du même Père Binet nous réserve aussi des surprises impatientantes: «C’est une belle imagination de ceux qui disent que, qui veut bien vendre une esclave qui est enceinte, il faut évaluer le fils qu’elle porte dans son ventre, et si on pouvait sçavoir que ce fils dût estre quelque chose de bien grand, il faudroit vendre cela autant que vaut la mère et autant que vaudroit le fils... Voulez-vous sçavoir combien vaut Nostre Dame enceinte de Jésus-Christ? Certainement elle ne fut jamais esclave, mais elle fut bien fille des esclaves.... et Mère d’un fils qui fut vendu argent comptant...». — Voici maintenant de quoi ravir les amateurs, — si nombreux dans le XVIIe siècle bel esprit et galant, — d’énigmes et de solutions curieuses et surprenantes, parce que tirées de très loin. Il n’y a qu’à parcourir les Méditations affectueuses; mieux encore, tout un long chapitre du Grand chef-d’œuvre: «Laquelle est-ce des trois divines personnes que Notre Dame aymoit le plus et se sentait plus obligée? » : chapitre construit sous forme d’énigme. C’est un modèle de dissertation alambiquée: à tout moment l’auteur nous laisse croire que «la balance panche» en faveur du Père, ou du Fils, ou du Saint-Esprit, quand tout à coup une objection pose à nouveau le problème: («ouy, mais tout ce que le Fils a vient-il pas du Père?») et nous finissons par partager l’embarras du théologien: «où est-ce que cecy ira aboutir? qui vive? et qui emportera la palme? Car il me semble que tous trois ont gagné et tous trois ont perdu, et si nul n’a perdu et chacun a gagné, et le pauvre cœur de Notre Dame est bien en peine». Une pensée de saint Bonaventure apporterait peut-être quelque lumière ou accroîtrait la difficulté. Le P. Binet nous en fait grâce «Je ne veux point y entrer, car je n’en sortirais jamais».

VI. — L’extérieur même de cette dévotion mariale, sa forme littéraire ont pu déjà nous inquiéter quelque peu sur la valeur de la doctrine qui en est le fondement. Les Jésuites ont toujours professé, en théologie, le plus rigoureux conformisme, mais enclins aux effusions sentimentales et soucieux du problème pratique par excellence, celui du salut, ils parurent oublier la prudente réserve que leurs principes leur imposaient: trop d’éléments populaires, trop de superstitions cachèrent souvent dans leurs écrits la définition dogmatique.

Le rôle qu’ils font jouer à la Vierge dans l’œuvre de la grâce et du salut en est une preuve convaincante. Ils endossent et acceptent sans restriction les hardiesses, si souvent déconcertantes, de la dévotion du Moyen Age à Notre Dame. Notre Dame est pour eux, comme pour les chanteurs des Puys, non seulement «une mère de douceur», mais une «mère de miséricorde» : c’est la Vierge pitoyable qui sauva Théophile et les plus grands pécheurs. «La petite princesse » est aussi «l’empérière puissante des Anges et des Potentats du ciel». «Si son Fils est le havre de grâce, elle est l’ancre d’or qui y affermit et accroche nos espérances flottantes». Le chrétien peut se ranger «sous la cornette blanche de cette brave amazone» et, «sous l’étendard blanc de sa protection, monter à l’assaut du ciel». Dans ces pensées et cette foi, le P. Binet se grise de visions guerrières: «nous aurons en tête de notre armée cette empérière toute armée du ciel, encuirassée du soleil, ne dardant que souffres et poudres: qui luy résistera?» Son aspect seul arrête les flèches de la colère divine. Sous sa conduite le chrétien est sûr «de prendre la ville de gloire». Voilà une théologie un peu cavalière, qui ne convenait pas du tout à Pascal: mais cet accent belliqueux ne rappelle-t-il pas la fameuse veillée d’armes par laquelle le chevaleresque Ignace de Loyola préluda à sa conversion dans la chapelle de la Vierge à Montserrat?

Notre Dame est non seulement un «intrépide capitaine», mais aussi un irrésistible avocat: elle sauve les causes les plus désespérées: «Elle plaide si puissamment que... Dieu lui accorde tout ce qu’elle veut». La raison en est simple. «Marie est l’espouse de la Trinité ; elle a eu pour présent de ses fiançailles le Saint-Esprit et pour son douaire le Ciel avec le Paradis» ; «or une femme peut disposer de son douaire.» «Trésorière générale de l’Épargne divine, Dieu luy a donné la clef d’or de tous ses trésors». Elle n’en est pas avare, elle prodigue ses faveurs. Que si le pécheur rebelle les a dédaignées, il peut encore espérer en sa miséricorde. Le ciel est toujours ravi d’entendre «le sacré tonnerre de son éloquence foudroyante» . Le pardon, pour le P. Binet comme pour les chrétiens du moyen âge, paraît le «fief» exclusif de la Vierge: il reste à Dieu la justice et la vengeance. Tout ce qu’on pourrait dire, semble-t-il, dans une théologie plus circonspecte, c’est que le coupable se tourne vers Notre Dame sans la crainte et le remords qu’inspire la vue d’un juge redoutable; — et encore ce sentiment devrait-il s’accompagner de réserves; — le P. Binet l’exprime à grand renfort de comparaisons qui l’exagèrent et d’antithèses qui l’adultèrent. Il y a une séparation des pouvoirs, un partage des droits entre Dieu et la Vierge, propres à alarmer justement les moins rigoristes chrétiens: «Jésus veut damner et Marie veut sauver; la justice est du costé de Jésus, la clémence du costé de Marie; l’un montre le sang que cela lui couste, l’autre son laict qu’elle distille jusqu’à la dernière goutte; l’un allègue le droit et la loy, l’autre allègue les passedroits et l’amour. Dieu le Père est assis qui entend ces discours: le genre humain tremble prosterné devant le throsne, la corde au col et la torche au poing; le cœur me frémit et la main me tremble escrivant cecy: croiriez-vous, Lecteur, que la bonne princesse gaigne la cause et la nostre, et le Fils est condamné aux dépens, et qu’il luy en couste jusqu’à la dernière goutte, et par arrest il est dit que celuy qui comme criminel devoit estre justement condamné au supplice éternel, sera miséricordieusement sauvé». De même le P. Binet fait sienne «l’amoureuse hardiesse de saint Anselme: cette proposition [qui] faict peur d’abord, mais [qui] est d’une valeur inestimable et d’une consolation très solide et très précieuse», à savoir que «Dieu a son Livre, et Nostre Dame le sien aussi à part. Celuy de Dieu a deux chapitres, l’un de justice et l’autre de miséricorde: celui de Nostre Dame n’est que de pure miséricorde: il n’y a là ni rigueur de justice, ny nulle loy de sévérité : Livre des grâces, où il n’y a nulle rudesse et nulle sorte de refus;» livre de vie, où c’est une vraie marque de prédestination d’être inscrit . «Quand le Verbe veut diluvier [submerger] le monde... il ne prend conseil que du Père et du Saint Esprit, et il n’y a quasi que la justice qui prend ses conclusions contre les criminels. Mais quand Dieu veut sauver les hommes, il ne va point lire dans le livre de justice, mais dans le livre de vie de sa toute bonté, il prend conseil de sa saincte Mère; c’est elle qui prend ses conclusions, et, comme son cœur c’est le cœur de la commisération, toujours elle panche du côté du pardon». Aux deux registres correspondent deux parlements, deux cours souveraines, l’une de la stricte Justice, l’autre de Grâce et de pure miséricorde. «Or ce qui est fort consolatif c’est que de la chambre de Justice, il y a pouvoir d’appeler à celle de Miséricorde..., et, avec la revision du procès, d’ordinaire on emporte interprétation d’arrest et entier gain de cause qu’on avoit perdue... Inter jêtions appel...». Que ce conseil du Père Binet, cette procédure, ces plaidoiries, ce «parquet du ciel» aient exaspéré les hérétiques et troublé les orthodoxes, on le comprendra aisément. Ces images matérielles étaient les expressions les plus déficientes des réalités mystiques qu’elles prétendaient traduire: cette opposition constante entre la Vierge et Dieu conduisait fatalement le théologien aux plus dangereuses affirmations.

Sans doute le P. Binet, le P. Barry lui-même n’oublient pas l’esprit de la dévotion: pour avoir droit à cette toute puissante intercession de la Vierge, on doit voir dans son culte autre chose qu’un ensemble de pratiques peu généreuses ou de «recettes» commodes. «Ne croyez pas que sous couleur de dévotion, j’ai envie de flatter les pécheurs et leur persuader qu’ayans mal vécu, il ne faut que lever les yeux à la Vierge..... (et) avec un Ave Maria gagner le ciel.» «Il est malaisé d’aymer Marie sans aymer la saincteté». Mais les miracles — complaisamment racontés — de son indulgence inlassable, de sa bonté si accommodante, risquent fort de ne point incliner le pécheur à la vraie pénitence. Le catholique lecteur du P. Binet avait lieu de se défier de certaines formules que la faiblesse humaine peut trop facilement interpréter à sa guise: «Marie prend un plaisir ineffable de sauver les misérables pécheurs et les plus abrutis et qui sont entièrement dégénérés en bestes.» Je ne vois pas, même en latin, cette inscription sur le socle de ses statues. Et si l’on se fait l’apôtre de dévotions faciles et multiples, l’inventeur de toutes les clefs qui peuvent ouvrir les cieux, on doit en accepter les risques et ne pas s’étonner de soulever l’indignation d’un Pascal. Or, quelle ample «provision » de menues pratiques offre au chrétien «Philagie!» La mention «aisé à pratiquer» paraît être la marque du P. Barry , et combien il excelle à faire valoir son procédé !

«Dites-moi, Philagie, qu’y a-t-il de si aisé que de dire cent fois le jour, tout doucement, en allant çà et là ou tout haut, étant en sa chambre... Amo et volo amare Mariam.»

«Si vous étiez amoureux du ciel, je tiens pour assuré que que vous donneriez les millions d’or, s’ils étaient en votre pouvoir, pour avoir cette précieuse clef. Il ne faut point entrer en de si grands frais: en voicy une, voire cent, à meilleur compte, tout autant de sainctes dévotions à la mère de Dieu que vous trouverez dans ce livret; ce sont autant de clefs du ciel qui vous ouvriront le Paradis tout entier pourvu que vous les pratiquiez.»

Le bon Père prévient même les exigences de ses clients et connaît l’art de rendre faciles les dévotions malaisées. «Que craignez-vous en vous prosternant à terre? de salir vos habits?... Qui vous empesche de jester ce qu’il vous plaira à l’endroit où vous vous prosternerez, pourveu que vous vous humiliiez bien bas, qu’importe». Si le pénitent est encore plus avare de tout effort, il trouvera au quinzième chapitre «trente dévotions à la Mère de Dieu en supplément de celles qui sembleront difficiles» : on ne saurait s’imaginer plus de lésinerie ni un culte plus parcimonieux. — Il n’est pas jusqu’à l’éloge en apparence le plus désintéressé qui ne cache, lui aussi, une intention mercantile. Dans la Magnificence de Dieu envers sa saincte Mère, le P. Barry décerne à la Vierge 1122 louanges comme il compta un jour 63 questions curieuses sur la Vie et la Bonté de Notre Dame. Voilà les imprudences, — que devaient sévèrement juger Pascal et Bossuet, — d’une sentimentalité religieuse inconsistante qui trop souvent réduisait la dévotion à des pratiques destituées de vie intérieure .

VII. — Il serait injuste de ne point relever, — au milieu des effusions enfantines, des subtilités ingénieuses à l’excès et des calculs peu généreux, — des idées mystiques que la raison catholique pouvait avouer sans scrupule. La prérogative ineffable de sa maternité divine fait à la Vierge une auréole de majesté : la Bonne maîtresse, la Mère indulgente est aussi un «chef-d’œuvre,» ou plutôt un essai fait par Dieu du chef-d’œuvre qu’est l’Homme-Dieu: «Le liseron fut un coup d’essay de la nature quand elle commença de faire le patron du lis: la Sainte Vierge n’est autre chose qu’un coup d’essay de Dieu, lorsqu’avec la nature il commença de faire l’essay d’un Homme-Dieu .» Il y a là une idée intéressante de philosophe catholique. Devant les splendeurs de la Vierge mère de son Dieu, Deipara, le P. Poiré n’éprouve pas seulement un doux attendrissement, mais «l’ébaïssement» qu’ont ressenti les plus graves docteurs. «Que je suis aise, s’écrie le P. Binet lui-même, de voir accabler mon esprit sous l’immensité des grandeurs de la Mère de Dieu, «et retenons cet aveu qu’on dirait d’un janséniste: «pour bien sçavoir [ce] que c’est d’estre mère de Dieu, il faudroit au préalable sçavoir [ce] que c’est [que] Dieu». — Le P. Binet développe aussi avec gravité le thème douloureux de la Compassion de Notre Dame: «C’estoit une martyre vivante: tout luy estoit un calvaire; tous les jours estoient des vendredi saincts, sa vie une passion perpétuelle, et son cœur, tous les jours, estoit crucifié par les mains del’amour, aussi grandes meurtrières que les mains de la mort». L’expérience mystique n’est pas étrangère à l’auteur du Grand chef-d’œuvre, et après nous avoir décrit les états successifs d’une âme qui s’absorbe en Dieu, il nous montre en la Vierge le plus parfait exemplaire de la «vision unitive».

Mais malgré ces sentiments plus relevés, malgré ces idées correctes et fécondes au point de vue théologique, malgré ces aperçus d’une très pure mysticité sur les communications ineffables de la Vierge et du Christ et «la dévotion intérieure de Notre Dame» , — les Jésuites n’en apparaissent pas moins, à ce commencement du XVIIe siècle, comme les propagateurs plus ardents que prudents d’un culte trop sentimental qui hospitalise pêle-mêle les puérilités d’une sensibilité exubérante, les écarts de l’imagination aventureuse, les élucubrations subtiles d’une exégèse alambiquée, les témérités d’une effusion uniquement éprise d’indulgence au détriment de la sévérité doctrinale, — sans parler de leur condescendance aux pratiques nombreuses et faciles, qui exposaient le pénitent peu scrupuleux à oublier l’esprit de sa dévotion; sans compter aussi que sous les fleurs, grondait souvent le courroux contre les protestants, ennemis de ce culte marial où les Jésuites, pour un peu, auraient vu l’essentiel du christianisme.

La dévotion à la Vierge dans la littérature catholique au commencement du XVIIe siècle

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