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VIII

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Je revis Malcy, pour la dernière fois, le mardi suivant, veille de l'appareillage. Il me confirma la date du lendemain, et me donna l'heure approximative, il ne s'agissait plus de prime aurore; l'Ardèche devait lever l'ancre à midi.

—La gosse a toujours envie de nous voir défiler dans le goulet,—acheva Malcy.—Veux-tu passer la cueillir à son hôtel, et l'emmener en sapin jusqu'aux Quatre Pompes? C'est là que vous serez le mieux: l'Ardèche passera à cent mètres, au plus, du bout de la petite jetée. Par exemple ... dis-moi? ça ne t'embête pas trop, de demander à ton pacha la permission de descendre à terre le matin?...

Je haussai les épaules:

—Et quand même ça m'embêterait?... du moment que ça amusera l'enfant...

Nous étions au théâtre, comme inévitable. Au dernier entr'acte, je serrai la main à Malcy:

—Vieux,—lui dis-je,—il faut que je rentre à bord par le youyou de minuit, afin de pouvoir demander ma permission demain matin d'assez bonne heure. Je file donc. Dis bonsoir à Laurette de ma part. Et ... nous deux, toi z'et moi ... au revoir! Bon voyage, naturellement!...

—Parbleu! ça ne fait pas question!...

Il m'aida à repasser les manches de mon pardessus. Il riait,—pas plus triste que de raison, sur le point de quitter ainsi son amie d'une semaine.—Même, comme je descendais le perron, il me cria:

—Surtout, soigne-toi bien! et tiens-toi prêt pour la noce formidable que nous ferons, le jour du retour de l'Ardèche...

Il rentra dans les couloirs. Je poussai la porte de la rue.

Dehors, il faisait assez doux, car le vent soufflait du suroît[1]. Ce n'avait guère été qu'une brise très maniable jusqu'au coucher du soleil. Mais, dans l'instant que je quittais le théâtre, une rafale brusque secoua violemment les platanes du Champ de Bataille, qui gémirent, en faisant pleuvoir alentour leurs petites boules desséchées.

Dix-sept histoires de marins

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