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Introduction

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Les officiers de cavalerie, les chars d'assaut et les avions de fortune de la première guerre mondiale semblent aujourd'hui appartenir à une époque lointaine. Les pertes de cette grande guerre sont immenses. Il est facile d'oublier les individus qui ont se sont trouvés engagés dans ce conflit. La plupart d'entre eux étaient des civils - ouvriers agricoles et d'usine, fonctionnaires, enseignants, arrachés à leur vie quotidienne et plongés dans une épreuve terrifiante et mortelle. Cette guerre a été d’une trop grande ampleur pour être administrée par des armées professionnelles permanentes.

Les histoires de ce livre sont celles d'hommes et de femmes ordinaires : des soldats, des marins et des pilotes et équipages aériens pris dans les grandes batailles et campagnes. Certaines de ces histoires relatent la vie d’espions, d’hommes et de femmes au courage extraordinaire qui se sont aventurés en territoire ennemi en sachant pertinemment qu'ils seraient tués s'ils étaient capturés.

Même ceux qui ont survécu sans lésions physiques ou psychologiques apparentes ont été tourmentés par ce qu'ils ont vu et fait.

Un vétéran britannique se rappelle :

« Il nous a fallu des années pour nous en remettre. Des années ! Longtemps après, lorsque tu travaillais ou allongé dans ton lit avec ta femme, une fois marié, et après avoir eu des enfants, tu revivais tout ça. Impossible de dormir. Impossible de rester en place. Souvent, je me levais et j’arpentais les rues jusqu'à ce qu'il fasse jour. J'ai souvent rencontré d'autres gars qui faisaient exactement la même chose. Ça a duré pendant des années. »

Pour ceux qui ont combattu, la grande guerre est restée l'expérience la plus intense et la plus mouvementée de leur vie.

Au début du mois d'août 1914, les pays les plus puissants du monde se sont déclaré la guerre. Connus sous le nom de Puissances centrales : La Hongrie, l'Autriche et l'Allemagne s'alignent contre les puissances alliées : La France, la Grande-Bretagne et la Russie, ainsi que leurs empires coloniaux.

À mesure que la Grande Guerre progresse, d'autres nations sont entraînées dans le conflit. La Bulgarie et l'Empire ottoman se joignent aux Puissances centrales, tandis que le Japon, la Chine, la Roumanie, les États-Unis et l'Italie se joignent aux Alliés.

C’est le début la première véritable guerre mondiale. Elle impliquerait ultimement des pays de tous les continents. La plupart des combats se déroulèrent en France et sur les fronts est et ouest de l'Allemagne.

La population s’est assemblée à l'annonce du début de la guerre. Les foules ont afflué vers les grandes places des villes majestueuses d'Europe. Chaque camp prévoyait de grandes marches et des batailles héroïques, rapidement décidées. Le Kaiser a déclaré que ses troupes seraient de retour chez elles avant la chute des feuilles en automne.

Les Britanniques n’étaient pas aussi optimistes. On disait souvent que la guerre serait terminée à Noël. Seuls quelques politiciens clairvoyants ont réalisé ce qui se préparait, notamment le ministre britannique des Affaires étrangères, Sir Edward Grey.

La Grande-Bretagne déclare alors la guerre à l'Allemagne le 4 aout. Sir Edward Grey commente à un ami l'entrée de la Grande-Bretagne dans la Première Guerre mondiale :

« Les lampes sont éteintes dans toute l'Europe. Nous ne les verrons pas se rallumer de notre vivant. »

Sa remarque avait une signification profonde. À l'époque, la Grande-Bretagne était un pays puissant et prospère, doté d'un énorme empire. Cette guerre prouvera la triste réalité de cette guerre du 20ème siècle et fera perdre à la Grande-Bretagne son statut de nation la plus puissante du monde.

Presque tous les autres pays ayant participé à la guerre ont également souffert. En France, la moitié des hommes âgés de 20 à 35 ans ont été tués ou gravement blessés. L'empire hongrois-autrichien se désintègre.

Les Allemands ayant perdu leur monarchie après la guerre, se trouvent au bord d'une révolution communiste. La guerre a éradiqué la monarchie russe et porté au pouvoir les bolchéviques communistes. Avec eux, 70 ans d'oppression brutale et totalitaire se prépare. Les Russes souffrent toujours des horribles conséquences de la première guerre mondiale.

Les États-Unis ont été l'une des rares nations à émerger plus forte. En 1919, les États-Unis sont devenus la nation la plus riche et la plus puissante du monde.

En dehors de ses conséquences, la première guerre mondiale a quelque chose de particulièrement obsédant. La foule qui s’assemble dans les centres-villes en ce mois d'août n'avait aucune idée de ce que les quatre années suivantes allaient lui réserver. Le gaspillage de la vie ou ce que l'homme d'État britannique Lloyd George a décrit comme étant « l'effroyable boucherie de crimes vains et insensés »

Après que le dernier obus avait été tiré et que la dernière bonbonne de gaz ait été vidée, il ne restait plus rien, sauf plus de 21 millions de morts.

Connue comme la guerre qui mettra fin à toutes les guerres. Ce fut un conflit incontestablement horrible et déchirant. Beaucoup espérèrent que l'humanité ne serait pas assez stupide pour recommencer. Après la signature du traité de paix de Versailles mettant officiellement fin à la guerre en 1919, l'un des principaux participants, le maréchal Foch, commandant français, a qualifié les procédures comme ressemblant à un cessez-le-feu vieux de 20 ans. Au début des années 1920, les gens ont commencé à parler de la guerre comme de la première guerre mondiale.

Les causes de la guerre furent multiples. Le système d'alliances rivales entre les différentes puissances européennes s'est édifié tout au long des précédentes décennies. Chaque pays a tenté de renforcer sa sécurité et ses ambitions en se liant à des alliés puissants. Si les alliances offraient une certaine sécurité, elles s'accompagnaient également d'obligations.

Les évènements qui ont conduit à la guerre ont été déclenchés en juin 1914, lorsque l'étudiant serbe Gavrilo Princip assassine l'héritier du trône austro-hongrois, l'archiduc Franz Ferdinand. En représailles, ils déclarent la guerre à la Serbie.

La Serbie était un allié de la Russie. La Russie rejoint donc la guerre contre l'Autriche-Hongrie et toutes les autres nations rivales liées à leurs alliances respectives. Elles ont été entraînées dans le conflit, qu'elles le voulaient ou non.

Pourquoi une querelle entre la Russie et l'Autriche-Hongrie au sujet d'un pays peu connu d'Europe de l'Est devrait-elle automatiquement impliquer la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne ?

C'est parce que chacun était obligé de soutenir l'autre en cas de guerre. Il y avait aussi d'autres rancœurs de longue date. La Grande-Bretagne maintenait son pouvoir du fait de sa flotte la plus large du monde. Aussi, lorsque l'Allemagne commence à construire une flotte capable de rivaliser avec la marine britannique, la Royal Navy, les relations entre ces deux pays se détériorent rapidement.

Les Britanniques et les Français possédaient de vastes empires coloniaux. L'Allemagne, également prospère et puissante, ne possède que quelques colonies et en veut davantage. Ils ont tous participé à la lutte pour maintenir ou améliorer leur pouvoir dans le monde.

La raison pour laquelle le conflit a été si horrible est plus facile à expliquer. La guerre s'est déroulée à un moment de l'évolution de la technologie militaire où les armes pour défendre une position étaient beaucoup plus efficaces que les armes disponibles pour l'attaquer. Le développement des tranchées fortifiées, des fils barbelés, des mitrailleuses et des fusils à tir rapide permettait à une armée de défendre son territoire de manière simple et directe. Une armée attaquant un territoire bien défendu devait compter sur ses fantassins, armés uniquement de fusils et de baïonnettes, et ils allaient être massacrés par millions.

Tous les généraux impliqués dans la guerre avaient été formés pour combattre par l’attaque, c'est donc ce qu'ils ont fait. Il leur avait été enseigné que la cavalerie était l'une des meilleures armes offensives. La cavalerie - toujours armée de lances, comme elle l’avait été pendant les deux mille ans précédents, participa à quelques batailles, notamment au début de la guerre.

Ces troupes d'élite furent rapidement massacrées. Les tactiques d'Alexandre le Grand, de Gengis Khan et de Napoléon, qui avaient utilisé très efficacement la cavalerie, n'étaient pas à la hauteur de la puissance meurtrière à l'échelle industrielle des mitrailleuses du XXe siècle.

La nouvelle technologie de guerre s’était enrichie d'autres éléments peu glorieux : gaz toxiques, avions de chasse et bombardiers, zeppelins, chars, sous-marins et, surtout, artillerie (canons de campagne, obusiers, etc.). Ces armes avaient atteint un nouveau sommet de sophistication. Elles étaient beaucoup plus précises et tiraient plus rapidement qu'auparavant. Plus de 70 % de toutes les pertes de la première guerre mondiale ont été causées par l'artillerie. L'artillerie pouvait être utilisée pour attaquer et défendre, ne donnait pas plus d’avantage à un camp qu’à l’autre et rendait les combats plus difficiles et dangereux.

La guerre commença par une attaque massive de l'Allemagne contre la France, connue sous le nom de plan Schlieffen, du nom de son initiateur, le Général Alfred Graf von Schlieffen. Le plan prévoyait la traversée de la Belgique neutre par l’armée allemande pour s'emparer de Paris. L'idée était d'éliminer la France de la guerre le plus rapidement possible. Outre la neutralisation de l'un des plus puissants rivaux de l'Allemagne, cela présenterait deux autres avantages. Premièrement, cela priverait la Grande-Bretagne d'une base sur le continent d'où elle pourrait attaquer l'Allemagne. Deuxièmement, ses ennemis de l'Ouest étant gravement désavantagés, l'Allemagne pouvait alors se concentrer sur la défaite de l'armée russe, beaucoup plus importante, à l'Est.

Les combats de la fin de l'été et du début de l'automne 1914 furent parmi les plus violents de la guerre. Les deux parties subirent d'énormes pertes. Lors de la bataille de la Marne, l'avancée allemande est stoppée à moins de 25 kilomètres de Paris. Au début de novembre, les armées s'étaient enlisées dans des rangées de tranchées opposées, qui s'étendaient de la Manche à la frontière suisse. À quelques kilomètres près, la ligne de front est restée la même pendant les quatre années suivantes.

À la frontière orientale de l'Allemagne, ses armées remportent des victoires écrasantes contre de vastes hordes d’envahisseurs russes à la fin d’août et au début de septembre. Ils empêchent le rouleau compresseur russe d'envahir leur pays. À partir de là, l'armée allemande avance progressivement vers l'est. En 1915, les troupes des corps d'armée britanniques et australiens tentent d'attaquer les Puissances centrales par le sud en passant par Gallipoli en Turquie. Cette stratégie fut un désastre. Entre avril et décembre 1915, environ 200 000 hommes furent tués en essayant de prendre pied dans cette péninsule étroite et vallonnée.

En 1916, la guerre qui était censée se terminer à Noël 1914, semblait devoir durer éternellement. Les Allemands lancent une attaque sur les forts de Verdun en février. Leur stratégie fut un succès à certains égards. L'armée française perdit 350 000 hommes et ne s'en remit jamais. Les Allemands subirent également plus de 300 000 pertes, et les Français tinrent les forts.

Le 31 mai 1916, la flotte allemande défie la Royal Navy britannique en mer du Nord, lors de la bataille du Jutland. Dans une confrontation totale, 14 navires britanniques et 11 navires allemands sont perdus. Si la marine britannique avait été détruite, l'Allemagne aurait sans aucun doute gagné la guerre.

La Grande-Bretagne insulaire aurait été affamée jusqu'à la soumission, car les cargos n'auraient pas pu naviguer dans les eaux britanniques sans être coulés. Les Britanniques ont peut-être perdu davantage de navires, mais la marine allemande ne s'est plus jamais aventurée en mer, et le blocus naval britannique de l'Allemagne est resté intact.

Le 1er juillet 1916, une autre grande bataille commence. Les Britanniques lancent une attaque totale sur la Somme, dans le nord de la France. Le commandant en chef britannique, le maréchal Haig, est convaincu qu'un assaut massif brisera la ligne de front allemande. Cela lui permet d'envoyer sa cavalerie et permet aux troupes de faire une avancée considérable en territoire ennemi.

L'attaque échoue dès les premières minutes et 20 000 hommes sont massacrés en une seule matinée. La bataille de la Somme continuera de s'éterniser pendant cinq autres misérables mois.

En 1917, un désespoir implacable s'installe sur les nations combattantes. Avec une obstination effroyable, le maréchal Haig lance une nouvelle attaque contre les lignes allemandes, cette fois en Belgique. Le mauvais temps a transformé le champ de bataille en un bain de boue impénétrable. Entre juillet et novembre, lorsque l'assaut est finalement annulé, les deux camps ont perdu un quart de million d'hommes.

Deux autres évènements survenus en 1917 ont eu des conséquences considérables sur l'issue de la guerre. Le peuple russe a terriblement souffert et, en mars, la révolution a contraint le tsar Nicolas II à abdiquer. En novembre, les bolchéviques radicaux prennent le pouvoir et imposent une dictature communiste à leur pays. L'une de leur première action est de faire la paix avec l'Allemagne.

Les bolchéviques supposaient que des révolutions similaires allaient balayer l'Europe, en particulier l'Allemagne. Ils pensaient que l'Allemagne serait bientôt un autre régime communiste qui traiterait la Russie plus équitablement. Ils acceptèrent un traité de paix désavantageux en mars 1918. L'Allemagne s’empara de vastes étendues de terres de l'Empire russe - la Pologne, l’Ukraine, les États baltes et la Finlande. Pour l'Allemagne, il s'agit d'une grande victoire : non seulement elle ajoutait une vaste portion de territoire à sa frontière orientale, mais elle pouvait désormais concentrer toutes ses forces pour vaincre les Britanniques et les Français.

Mais malgré ces succès, les évènements conspirent contre l'Allemagne. Après l'échec de la bataille du Jutland, qui lui a empêchée de dominer les mers, l'Allemagne s'engagea dans une politique de guerre sous-marine sans réserve. Les sous-marins allemands attaquaient tout navire se dirigeant vers la Grande-Bretagne, même ceux appartenant à des nations neutres.

Cette stratégie fut efficace, mais elle se retourna contre eux. Les attaques sous-marines provoquèrent l'indignation à l'étranger, notamment aux États-Unis, et devinrent l'une des principales raisons pour lesquelles l'Amérique se retourna contre l'Allemagne. Le président Woodrow Wilson fait passer son pays du côté des alliés le 6 avril 1917, mais ce n'est qu'à l'été 1918 que les troupes américaines commencent à arriver en grand nombre sur le front occidental.

Le moment ne pouvait pas être plus mal choisi pour l'armée allemande. L'offensive Ludendorff, nommée d'après le commandant allemand Erich Ludendorff, débute le 21 mars 1918. Vingt-six divisions percent les troupes britanniques et françaises épuisées sur la Somme, et déferlent sur Paris. Pendant un certain temps, il semble que l'Allemagne soit en train de gagner la guerre sur le front occidental et sur le front oriental. Les Britanniques sont tellement alarmés que le maréchal Haig donne l'ordre à ses troupes, le 12 avril, de s’engager et de se battre jusqu'à la mort.

« Dos au mur et convaincus de la justesse de notre cause, chacun d'entre nous a le devoir de se battre jusqu'au bout. »

L'offensive de Ludendorff s'est avérée être le dernier coup désespéré de l'armée mourante. Face à une résistance britannique tenace et à des troupes américaines fraîches et enthousiastes, l'avancée allemande s'arrête net. L'armée allemande n'a plus rien à donner. Chez elle, la population allemande meurt de faim après quatre années de siège par la Royal Navy. En août 1918, l'Allemagne est au bord de la révolution.

Les Alliés font une percée massive à travers les lignes de front allemandes dans le nord de la France et commencent à pousser sans relâche vers la frontière allemande. Confronté à une mutinerie au sein de ses forces armées, à une révolution à l'intérieur du pays et à l'invasion inévitable du territoire national, le Kaiser abdique et le gouvernement allemand demande un armistice - un cessez-le-feu le 11 novembre 1918.

Les combats se poursuivent cependant jusqu'au dernier jour. Dans ses mémoires, le Général Ludendorff se souvient de la situation :

« Le 9 novembre, l'Allemagne, privée de toute direction ferme, privée de toute volonté, privée de ses princes, s'est effondrée comme un paquet de cartes. Tout ce pour quoi nous avions vécu, tout ce que nous avions maintenu par le sang pendant quatre longues années avait disparu. »

Bien que les villes allées se livrent à des célébrations enthousiastes, de nombreux soldats sur le front occidental accueillent la nouvelle par un haussement d'épaules fatigué. Les armes se sont tues. Les mauvaises herbes et les plantes envahissent petit à petit les champs de bataille désolés, couvrant les arbres flétris et les terres ravagés, transformant la noirceur en verdure présomptueuse. Les lieux de sépulture rudimentaires et improvisés peuvent finalement être remplacés par des monuments imposants dans de magnifiques cimetières.

De nombreux morts ont trouvé leur dernière demeure au milieu de longues rangées de croix, chacune portant le nom, le grade et la date du décès gravé dans le marbre. D'autres, dont les restes déchirés étaient éparts et méconnaissables, ont été enterrés sous des croix marquées de l’inscription connu de Dieu seul.

Il faudra encore 10 ou 15 ans avant que les camions, les chariots à obus et les chars carbonisés ne soient emportés à la ferraille et que les trous d'obus ne soient rebouchés. Lorsque la guerre éclate à nouveau en 1939, la plupart des terres sont à nouveau cultivées. Mais la faible odeur de gaz persiste dans les recoins, des fusils et des casques rouillés jonchent encore le sol cicatrisé et des douilles, des fragments d'éclats d'obus et des os humains peuvent encore être trouvés sur les champs de bataille du nord de la France.

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