Читать книгу Souvenirs de Saint-Cyr - Diverse Auteurs - Страница 6
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Au sein des champs [tu pris naissance, Aimable Muse, — et ton berceau Jadis gardé par l’Innocence S’abrite aujourd’hui d’un drapeau.
Longtemps, une pure harmonie,
D’Ester le rhythme gracieux,
Ainsi qu’un parfum de l’Asie,
Pour toi s’exhala vers les cieux...
Parfois encore, des charmilles
Un écho lointain nous poursuit,
Mêlant les chœurs des jeunes filles
Aux vagues concerts de la nuit.
Mais de son aile impatiente
Le temps nous presse tous les jours,
Et tout cède à sa faux tranchante:
Grâces, talents, jeunesse, amours!
Ainsi, tourterelles plaintives,
Fuyant les serres de l’autour,
Vous avez dû, pour d’autres rives,
Prendre votre vol sans retour!
Pour perpétuer d’âge en âge,
O Muse, ton culte en ces lieux,
Nous venons t’apporter l’hommage
Du fruit de nos efforts pieux.
Maint critique, à l’humeur chagrine,
Pourra, d’un style exagéré,
Gémir, en voyant que Racine
Nous légua son luth inspiré.
Pardonne-nous, — Mars dès l’aurore,
Imposant ses chants à nos voix,
Fait qu’elles sont rudes encore
Lorsqu’il leur faut chanter les bois.
Si pour embellir ta couronne,
Ces fleurs ont trop peu de fraîcheur.
Nous aurons du moins à ton trône
Inscrit ces mots: Patrie, honneur.
Et plus tard, à la fleur champêtre,
Trop fragile aux mains du guerrier,
Il nous sera donné peut-être
D’unir le rameau de laurier!