Читать книгу Les pilotes de l'Iroise - Edouard Corbiere - Страница 11
Voyage à Brest.
ОглавлениеOn se disposa donc, à Ouessant, au grand voyage de Brest. Le bateau la Croix-du-bon-Dieu, bien réparé, trop bien réparé peut-être de ses glorieuses avaries, conduisit à la ville les quatre pilotes avec lesquels Tanguy avait été chargé d'aller arranger l'affaire de son nourrisson. Cavet, tout inondé de ses larmes et de celles de sa nourrice Soisic, partit au milieu d'eux, accompagné des bénédictions de toute l'île. On arrive à l'entrée du port de Brest. Que d'étonnement et d'admiration dans les yeux des Ouessantins, qui, pour la première fois, voyaient le magnifique spectacle d'un port militaire et d'une ville guerrière! Ces vaisseaux de ligne, où le tambour battait comme dans une caserne; ces arsenaux immenses, où une multitude d'ouvriers préparaient les foudres qui devaient venger la France; les cris des matelots; les sifflets aigus des maîtres d'équipages; le bruit des chaînes des forçats; l'éclat des armes; le fracas des exercices à feu; tout éblouissait, fatiguait ou consternait ces hommes simples, dont le seul murmure des vagues et des vents avait agité le berceau et la vie.
En se dirigeant dans les rues tumultueuses de Brest, pour arriver chez le maître de pension qu'on avait indiqué à Tanguy, les inconvénients de la célébrité, d'une célébrité pourtant bien nouvelle, vinrent assaillir notre pilote. La foule suivait avec curiosité, avec avidité, les six Ouessantins, dont la mise d'apparat ne laissait pas que d'être assez bizarre au milieu d'une grande ville.
—Qu'est-ce que c'est que ça? s'écriait-on sur leur passage.
—Mais c'est le pilote qui a mis la frégate anglaise à la côte.
—Mais un peu! répondait Tanguy, impatienté. Est-ce que ça vous fait quelque chose, à vous?
—Tiens, il a un oeil de moins!
—Et vous autres, eu avez-vous un de plus? Ils arrivèrent, toujours la foule à leurs trousses, chez le maître de pension:
—Monsieur le maître d'école, lui dit Tanguy, voilà un enfant que j'ai trouvé à la mer, il y a à peu près douze ans, et je me suis fait son père, comme de raison. C'est déjà marin comme les cordes, et pilote comme un rocher. Il est aussi bon pratique de la côte que moi; mais ça ne sait pas encore lire.
Ici Cavet rougit jusqu'aux oreilles, et baissa sur le plancher des yeux remplis de grosses larmes.
—Eh bien! est-ce qu'il faut pleurer pour ça? Crois-tu être déshonoré parce que tu ne sais pas lire? Est-ce que nous autres, nous sommes plus savants que toi? Et cependant nous sommes d'honnêtes gens. Lève donc ta tête, imbécile!... Tanguy continua.
Nous nous serions bien présentés à un maître calfat ou à un maître voilier; mais on nous a dit qu'il était trop âgé pour devenir calfat ou pour apprendre la couture, et qu'il n'était plus bon qu'à faire un capitaine ou tout au plus un chirurgien. Il faut donc lui donner de l'éducation, et nous vous paierons ce qu'il faudra pour qu'il ne soit pas aussi borné que nous.
Le professeur était un excellent homme, qui demanda peu, et qui se chargea avec plaisir de l'éducation du petit pilote. Nos loups de mer, enchantés du succès de leur démarche, emmenèrent pour le soir seulement avec eux leur élève, qu'ils grisèrent avant de se séparer de lui. Le lendemain ils appareillèrent pour retourner à Ouessant, tout émus de l'adieu qu'il avait fallu dire au jeune orphelin, mais très-contents d'avoir fait une bonne action.
En trois semaines le jeune élève sut lire; au bout de trois mois, il écrivait déjà les petites leçons qu'il apprenait avec une ardeur infatigable. Cette vive et sûre intelligence surprenait et enchantait ses professeurs. C'était un sourd-muet, qui venait de recouvrer un sens et un organe nouveaux; mais à mesure que la sphère de ses idées s'agrandissait, son caractère prenait une teinte plus sombre. Le travail semblait être plutôt pour lui un besoin qu'un devoir; et loin de rechercher, comme les autres enfants de son âge, la récompense de ses progrès dans ces jouissances d'amour-propre que les professeurs réservent à leurs élèves, Cavet paraissait ne supporter qu'avec une espèce de honte les éloges qu'on prodiguait à son application et à ses rares facultés. Jamais on ne le voyait partager avec ses jeunes condisciples le plaisir de leurs bruyantes récréations. Il n'y avait enfin en lui rien d'ingénu ni d'expansif, et pourtant ses traits étaient vifs et doux, son regard innocent et paisible.
Une telle disposition d'humeur inquiétait l'homme instruit et bienveillant à qui son éducation avait été confiée. Il avait d'abord attribué à l'excès du travail la mélancolie qu'il remarquait dans son jeune élève; mais les lectures auxquelles se livrait celui-ci lui indiquèrent la pente de son esprit et la nature de son caractère. Plusieurs fois son professeur avait été réduit à écarter de lui ces livres où La Rochefoucauld, Helvétius et Jean-Jacques. ont calomnié trop souvent la nature humaine et la civilisation. Les jeunes gens élevés dans l'austérité de l'étude ne sont que trop disposés à se nourrir l'esprit, de ces productions éloquentes, dans lesquelles la misanthropie de plusieurs moralistes ardents offre de bonne heure un aliment à des âmes qui détestent la société avant de l'avoir connue. Lequel de nous n'a pas été à quinze ans l'ennemi des femmes, avec Juvénal ou Boileau, et le contempteur de la nature policée, avec Rousseau? Mais chez notre orphelin, cette disposition à haïr la société prenait une direction plus sérieuse que chez la plupart des enfants de collège, parce que cette direction avait chez lui un motif. Le pauvre Cavet était sans famille, sans nom, sans protecteur puissant. Cette éducation, qui tendait à lui faire connaître toute l'étendue de ses facultés, lui apprenait aussi à apprécier tout ce qui lui manquait du côté de la position que ses moyens devaient lui acquérir dans le monde. Lorsqu'au terme de l'année, il voyait d'heureuses mères venir chercher leurs enfants couronnés dans les concours, où il avait lui-même obtenu le premier prix, il gémissait de ne pouvoir faire l'hommage de ses succès à une famille qui en aurait été fière. Nourri par la charité de quelques pauvres pêcheurs, élevé par leur générosité, il sentait trop bien ce qu'il devait à leurs bienfaits, pour ne pas éprouver aussi tout ce qu'il aurait voulu devoir à une famille qui aurait été la sienne... Une soeur lui avait été laissée par ce sort cruel qui lui avait ravi tout hors la vie. Cette petite soeur avait partagé son infortune, l'innocence de ses premières années, la douceur de ses jeux, l'amertume même de leurs premières peines; mais un Anglais puissant, mais un monstre, avait arraché cette soeur bien aimée à sa tendresse... Un Anglais!.... Oh! qu'à ce nom, oh! qu'à cette idée de la violence et de la brutalité, le jeune orphelin sentait s'allumer de rage dans ce coeur, dont il cachait à tous les regards les mouvements impétueux!
A chaque vacance, Cavet obtenait la permission d'aller voir à Ouessant ses parents adoptifs, qui ne le recevaient jamais sans se montrer orgueilleux de pouvoir dire: Celui-là aussi est notre fils! Oui, disait Tanguy, en allant visiter avec lui toutes les maisons de l'île, celui-là nous fera honneur dans peu. Il en sait déjà plus que nous tous. Quelle gloire pour l'île d'Ouessant, qui n'a fourni encore que des pilotes, s'il pouvait un jour devenir capitaine au long-cours!.... Un capitaine au long-cours!... Vous figurez-vous cela, vous autres? Je mourrai content si de l'oeil qui me reste je puis voir, dans quelques années, Tanguy-Cavet commander un navire de deux à trois cents tonneaux. C'est tout ce que je demande au bon Dieu pour la fin de mes jours.
—Oui, répondait l'orphelin; mais pour devenir capitaine, il me faudrait naviguer, mon père, et vous ne voulez pas encore que je quitte mes classes. Cependant, si vous me laissiez battre un peu la mer dans les bateaux d'Argenton, de Labervrack et de l'Ile-de-Bas, je parviendrais à connaître bientôt la côte; et alors je pourrais m'embarquer utilement sur un des corsaires qui relâchent dans la Manche. Ils gagnent de l'argent, au moins les corsaires!
—Et tu veux donc en gagner aussi, toi?
—Sans doute. Ne faut-il pas que je vous rende un jour tout ce que je vous ai coûté?...
—Eh bien! est-ce que tu as besoin de pleurer encore pour cela? Il pleure toujours ce petit diable, comme si on lui reprochait ce qu'on a fait pour lui!—Allons, puisque définitivement tu le veux, va-t'en patouiller dans les bateaux des pratiques; et apprends surtout à bien prendre tes marques à terre, car, vois-tu, c'est le marquage qui fait les bons pilotes; il n'y a que cela qui puisse former un homme. Mais, au surplus, je verrai bien, dans quelques mois, si tu en sais plus que tous ces lamaneurs, qui font le métier comme de vraies mécaniques à piloter les navires.
Cavet quitta sa pension avec une éducation fort imparfaite encore, pour courir les mers de la côte pendant quelque temps. Mais chaque fois qu'il revenait à Ouessant, il n'oubliait pas de demander: Et ma pauvre soeur? Pas de nouvelles encore?
Et chaque fois on lui répondait: Pas de nouvelles!
Un jour cependant, son père adoptif arriva tout joyeux vers lui, au moment où il revenait le voir, après un petit voyage sur les attérages de Péros. Bonne nouvelle! bonne nouvelle! s'écria-t-il, du plus loin qu'il l'aperçut: Jean-Marie vient de recevoir, par une embarcation anglaise, une lettre et une bourse de la part de ta soeur. Viens vite, viens nous lire, viens lire cette lettre.
Cavet accourt tout palpitant: les pilotes, ses amis, lui remettent la lettre, qu'il ouvre avec agitation. Il lit:
«Mes bons amis, mes véritables et mes seuls parents,
«Vous avez dû être bien inquiets sur mon sort, depuis le temps où l'on m'a séparée de vous; mais rassurez-vous. L'homme généreux qui m'a pris sous sa protection, me fait donner une éducation dont je crois avoir profité. Qu'il vous suffise de savoir que je suis heureuse, et qu'on m'élève pour occuper un rang bien supérieur, sans doute, à la condition dans laquelle j'étais née... Un jour, un jour, j'ose l'espérer, avec la grâce de Dieu, je vous reverrai, je reverrai mon frère, mon bon frère, sans lequel, je le sens bien, il me serait impossible de vivre long-temps. Adieu, adieu, mes bons amis! Recevez de votre pauvre Jeannette un petit présent, dont je destine la moitié à mon frère. Mon seul désir est de vous faire tout le bien que vous méritez, et que ne cessera de vous souhaiter toute sa vie votre bien aimée et reconnaissante,
«JEANNETTE.»
Cavet, après avoir lu ces mots d'une voix altérée, s'arrêta, tant son émotion était vive.
—Mais il y a encore autre chose, lui dit Tanguy; monsieur le curé nous a dit avoir vu un baragouinage en anglais, après la lettre de Jeannette. Va donc de l'avant, et plus vite que ça!
—Oui, oui, effectivement, reprit Cavet, dont un nuage semblait obscurcir la vue; et il continua, en traduisant ainsi les mots d'anglais ajoutés à la lettre de Jeannette:
«Soyez sûrs que la jeune enfant, que vous avez si long-temps traitée comme votre fille, ne recevra de moi que des bienfaits et que l'exemple des bonnes moeurs. Je la destine à l'un de mes neveux, dont elle fera, j'en suis sûr, le bonheur et la gloire.
«Commodore WOODBRIDGE.»
Deux sacs remplis de guinées étaient joints à ce billet. L'un portait ces mots: A mon père Jean-Marie; l'autre, ceux-ci: A mon bon frère Tanguy Cavet. Cet argent fui présenté à Cavet, qui s'en empara avec brusquerie: étonné de l'expression de sa physionomie à la vue de cet or, Jean-Marie demande à l'orphelin ce qu'il veut en faire.
—Ce que je veux en faire, répond Cavet; tiens.... et au même instant, il jette avec colère les deux sacs de guinées dans les flots, sur lesquels les bateaux-pilotes étaient ramarrés près du rivage.
Jean-Marie. tout surpris de la vivacité de cette action, s'écrie, dans un moment où il ne calculait que la perte qu'il venait de faire: mais il a aussi jeté ma part à l'eau!
—Ta part! répond Cavet, avec mépris: je te la rendrai, et tu pourras au moins la recevoir, de ma main, sans rougir.
Cavet s'éloigne à ces mots: il sent le besoin d'être seul. La lettre que lui ont remise les pilotes, il la pose sur son coeur, qu'elle brûle. Cette lettre, qu'il relit cent fois et qu'il déteste, il la gardera par un secret instinct de vengeance. Il sait enfin le nom de celui qui lui a ravi sa soeur; si jamais il pouvait!.... Elle se dit heureuse, s'écrie-t-il! L'infortunée ne sait pas encore le sort qu'on lui prépare: son ravisseur lui a fait donner de l'éducation pour rendre ses infâmes plaisirs plus piquants, et le déshonneur de sa victime plus digne de lui. Et il voulait encore nous faire accepter le prix de cette malheureuse enfant!... Le lâche! Que ne peut-il savoir le cas que j'ai fait de ses honteux présents, et l'espèce de reconnaissance qu'ils m'inspirent! Mais l'homme à qui il en destinait une partie, pleure peut-être l'or dont je l'ai privé. Je lui ai promis de lui payer la part sur laquelle il comptait, ce malheureux: il l'aura sa part, il l'aura bientôt, dussé-je acheter de ma vie la somme qu'il lui faut? Il y compte, le malheureux; il l'aura....
Errant toute la nuit sur les rochers de l'île, absorbé dans ses cruelles réflexions, il n'entend ni la voix des pêcheurs qui l'appellent, inquiets de son absence, ni les pas de ses camarades, qui le cherchent dans les cavernes qu'il parcourt; accablé de fatigues et de douleur, il s'arrête quelquefois enfin, et ce sommeil, qui ressemble aux spasmes de l'agonie, s'empare de ses organes vaincus. Il s'endort, sa tête exaltée se penche: un rêve bondissant vient agiter encore ses sens déjà si cruellement tourmentés. C'est un navire ennemi dont il s'empare avec une simple barque de pêcheur. Cette idée fantastique, que poursuit son imagination en délire, convulsionne tous ses membres, et ses lèvres frémissantes laissent échapper plusieurs fois ces mots: Tu la veux, ta part: tu l'auras. Tiens, la voilà!
Ses paupières fatiguées se rouvrirent bientôt. Le jour éclairait déjà l'horizon, et s'étendait sur la mer tranquille, qui gémissait mélancoliquement sur les plages de l'île. Tout préoccupé encore du songe auquel il vient de s'arracher, Cavet aperçoit sur les flots, que la nuit abandonne, un bâtiment immobile..... C'est mon rêve, s'écrie-t-il, en s'essuyant les yeux, comme s'il craignait de s'abuser encore: puis il court au milieu des pêcheurs, qu'il réveille, en répétant toujours: C'est mon rêve, c'est mon rêve!
Les pêcheurs attribuent d'abord le désordre de ses sens et de ses discours à la douleur qui l'égarait la veille; mais il leur montre le navire dérivant vers l'île, au sein du calme; mais il leur raconte le songe qu'il a fait, les moyens que dans son sommeil la Providence semble lui avoir révélés, pour s'emparer du bâtiment ennemi: les jeunes marins l'écoutent. Convaincu comme il l'est, il les persuade; superstitieux comme ils sont, ils se laissent entraîner. On va chercher quelques armes dans les cahuttes voisines, et quinze ou seize petits marins consentent à s'embarquer sur le bateau de Tanguy, sur cette Croix-du-bon-Dieu, si heureuse jusque-là dans tous les événements de mer, qu'Ouessant a été appelée à admirer.
Tanguy consent aussi à prêter sa barque chérie à son fils adoptif; mais, devenu prudent, il se refuse à partager le sort de ces corsaires improvisés, qui partent armés seulement de quelques mauvais fusils de chasse.
—Si c'est un navire de guerre encalminé, que feras-tu? demanda-t-il à Cavet.
—Nous jetterons nos armes à la mer, et nous lui dirons que nous sommes venus pour lui porter secours, en voyant le danger qu'il court avec les courants qui le drossent.
—Et si c'est un navire marchand?
Oh! alors nous tapperons à bord, et Dieu ou le diable fera le reste. La division anglaise est loin; et avant qu'elle ne puisse le secourir, il sera à nous et à vous aussi.
En disant ces mots, il embrasse avec une sorte de délire son père Tanguy, il jette un coup d'oeil de mépris à Jean-Marie. et saute à bord du bateau avec son nouvel équipage. La barque était lourde en calme. Les avirons sont bordés: ils frappent à coups réguliers la mer immobile; les deux voiles que l'on hisse tombent flasques sur les mâts qu'elles frappent à chaque coup de roulis. Cavet, placé à la barre, encourage ses nageurs à ramer ensemble et avec force. La Croix-du-bon-Dieu s'éloigne du rivage couvert de la foule des spectateurs impatients. Le bâtiment aperçu grossit déjà à la vue de ceux qui se proposent de l'abandonner s'il est armé, et de l'attaquer s'il est sans défense. Une mauvaise longue vue est braquée sur lui, et Cavet, après l'avoir observé, annonce que c'est un-brick marchand. Le courage redouble: les avirons font bouillonner la mer le long de la barque, qu'ils forcent à sailler avec une extrême vitesse. Le jour se fait; le navire encalminé met ses embarcations à la mer, et les fait nager sur son avant, pour se haller au large; mais cette masse reste immobile au sein des flots que nos petits pilotes fendent avec rapidité: ils gagnent le navire, et tellement même, que bientôt ils parlent de faire feu sur lui.
Mais c'est en ce moment décisif que la scène la plus plaisante se passe à leur bord! Beaucoup plus au fait de manoeuvrer pacifiquement leur barque, que de faire le coup de fusil, ils ne savent'trop comment commencer le feu. Cavet passe de l'arrière à l'avant dans cet instant solennel: il ordonne à ses guerriers, encore bien novices, de l'imiter; et pendant qu'une partie de l'équipage continue à ramer, l'autre portion ajuste l'arrière de l'ennemi, et fait pétiller la fusillade, non sans que chacun des héros n'ait fait le signe de la croix, et n'ait fixé son bonnet brun sur ses oreilles, avant de lâcher son coup. Cette attaque, toute grotesque qu'elle est, réussit. Le navire assailli par nos nouveaux Jean-Bart, hisse son pavillon, un large pavillon espagnol. Attention, voici le moment! s'écrie Cavet, prenant une posture héroïque: il arbore sa couleur, c'est pour nous envoyer du tabac par l'arrière!» Tous ses intrépides compagnons se couchent dans le fond du bateau, à ce mot d'avertissement. Mais le pavillon espagnol n'a été hissé que pour être bientôt amené, et pour donner aux vainqueurs un signal de reddition. Des cris de victoire s'élèvent à cette vue, du groupe des petits corsaires, qui deviennent indomptables. Ils abordent, le fusil couché en joue, le brick vaincu. C'était un bâtiment de Cadix, qui venait d'être pris par des mousses en sabots!...