Читать книгу Etudes sur Aristophane - Emile Deschanel - Страница 161

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Les Grecs n'ont guère connu l'unité régulière: ils n'ont connu que l'unité de verve, si l'on peut s'exprimer ainsi. Peuple inspiré, qui créait en se jouant, et pour un jour.

Aristophane déploie plus de variété dans ses personnages que dans ses plans. Ses dénoûments ont presque tous entre eux un air de ressemblance. On pourrait en dire autant de ceux de Molière. Quand ces grands poëtes comiques ont bien fait rire et bien frappé leur auditoire, ils savent qu'ils n'ont plus besoin de se mettre en frais d'imagination pour terminer la comédie: le premier moyen venu suffit; on écoute à peine la fin de la pièce, loin de songer à l'éplucher. Les éclats de rire qui se continuent enveloppent et enlèvent le dénoûment.

Les contrastes, les antithèses en action, sont un des procédés d'Aristophane. Ainsi, au dénoûment des Acharnéens, il nous a montré, d'un côté, Dicéopolis, partisan de la paix, jouissant de tous les biens qu'elle procure; de l'autre, Lamachos, partisan de la guerre, que l'on ramène estropié, percé de coups. Dans la comédie de la Paix, nous venons de voir, d'une part, le fabricant d'aigrette qui, de désespoir, s'arrache les cheveux; de l'autre, le fabricant de faulx et le marchand de tonneaux qui se réjouissent; les piques changées en échalas, les casques en marmites, les trompettes guerrières en pieds de balances pacifiques[35].

Il a ses procédés pour les expositions, comme pour les dénoûments. Ainsi les Acharnéens, Lysistrata que nous allons analyser, les Femmes à l'Assemblée qui viendront plus tard, commencent de même, par une convocation, à laquelle on ne se rend qu'avec lenteur: le principal personnage, attendant les autres et se plaignant de leur retard, fait l'exposition, à peu près de la même manière dans chacune de ces trois comédies. Les Athéniens étaient flâneurs, comme sont les Parisiens; l'Assemblée se trouvait rarement en nombre à l'heure dite: le poëte comique ne devait donc pas craindre de renouveler la peinture de cette flânerie, qui elle-même se renouvelait tous les jours.

Etudes sur Aristophane

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