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TARTUFFE.

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Si ce n'est que le ciel qu'à mes vœux on oppose,

Lever un tel obstacle est pour moi peu de chose…

…..

Oui, madame, on s'en charge…

Toutefois il n'y a là qu'une ressemblance de situation, et non une ressemblance de caractère: Cinésias n'est pas un Tartuffe; c'est simplement un homme emporté par la passion sensuelle, mais sans complication d'hypocrisie. Et c'est à sa propre femme qu'il s'adresse, non à la femme d'un ami.

À part ce point, qui a son importance, la situation est pareille,—et des plus hardies chez Aristophane, comme chez Molière. Lorsqu'Elmire feint de consentir à ce que veut Tartuffe et qu'elle le prie de regarder auparavant si son mari n'est pas dans la galerie voisine, lorsque Tartuffe revient, ferme la porte, se débarrasse de son manteau, et s'avance délibérément vers Elmire pour l'embrasser, la scène est aussi osée que possible dans le théâtre moderne; le spectateur, à la vérité, est rassuré par l'honnêteté de la femme, et par la présence du mari caché; toujours est-il que Tartuffe, quand il rentre, se dispose à satisfaire tout de suite sa brutalité, et qu'entre l'intention et l'exécution il ne se passerait pas trois minutes, si tout à coup Orgon et la morale ne le saisissaient au collet.

De même, chez le poëte grec, Cinésias, dont le nom, comme l'action, ne sont que trop significatifs, pousse les choses aussi loin que possible; mais c'est à sa femme qu'il s'adresse, et, d'après la donnée de la pièce, sa femme doit lui résister. Il est vrai que le spectateur n'est pas très-sûr de la résistance obstinée de Myrrhine, qui pourrait bien finir par se prendre elle-même au piége des coquetteries dont elle agace son mari. Elle feint, comme Elmire, de consentir à tout.

Etudes sur Aristophane

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