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II

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Table des matières

Vers la fin de l’hiver, il y eut un bal chez la princesse T. Severine s’y rendit, accompagnée de son père. Je les y rejoignis vers minuit. Quand j’entrai dans les salons du palais, la fête était dans tout son éclat. Ils étaient ouverts ce soir-là aux plus illustres représentants de l’aristocratie romaine, aux membres du corps diplomatique et à un grand nombre d’étrangers, de passage à Rome.

Au milieu de cette cohue dorée, mes yeux, impatients de découvrir Severine, se mirent à la chercher. Parmi des hommes qu’avait captivés sa grâce, elle était assise, souriante et simple comme toujours. A quelques pas d’elle, son père s’enivrait de ses succès. Elle était vêtue d’une robe blanche, ayant pour toute parure dans ses beaux cheveux noirs une rose thé, et autour du cou un collier de pierres gravées, rapporté d’Egypte.

Je fus surpris, je l’avoue, de l’éclat de son teint et de la flamme qui s’échappait de ses yeux. M’étant approché d’elle, je constatai qu’elle parlait avec une volubilité surprenante chez une personne aussi calme. Je m’inclinai, afin d’attirer son attention. Elle me vit, et, se penchant de mon côté, elle me dit:

–Vous venez bien tard. Ne vous éloignez pas; j’aurai peut-être besoin de vous.

Jamais accents aussi résolus n’avaient frappé mes oreilles. Elle ajouta:

–Je suis très-troublée. Ladislas est à Rome. On m’a dit qu’il devait venir ici ce soir.

–Ladislas! répétai-je sans comprendre.

–Ladislas Wienowski. Ne le connaissez-vous pas? Ah! c’est vrai. Jamais je n’ai prononcé son nom devant vous. C’est une histoire bien triste. Je vous la raconterai.

Puis, sans ajouter un mot qui pût m’en apprendre plus long, elle se retourna vers les hommes qui formaient un cercle autour d’elle, et reprit là où elle l’avait laissé l’entretien que mon arrivée venait d’interrompre.

Je devinai que je ne saurais en ce moment obtenir d’elle un renseignement plus complet, mais qu’un gros événement allait surgir dans ma vie jusque-là si paisible. Mon âme s’ouvrit à l’inquiétude comme à la veille d’un danger pressenti, sinon certain. Une angoisse véritable s’empara de mon être, et je maudis cette foule qui s’interposait entre Severine et moi, et m’empêchait de provoquer ses confidences.

Giacomo Realti pénétra ma tristesse. Il fut vite à mes côtés, et de sa voix douce comme celle d’un père s’adressant à son fils:

–Comme vous êtes pâle, Richard! Etes-vous malade?

Je m’efforçai de sourire, et je balbutiai:

–Je suis bien portant, monsieur Realti. Mais la chaleur qui règne dans ce salon m’a saisi à la gorge.

–Et vous étouffez. Venez alors.

Il m’entraîna dans une galerie où la foule était moins compacte et où l’on circulait plus librement.

–Ëtes-vous mieux? reprit-il avec sollicitude.

–Tout à fait bien, répondis-je.

–Asseyons-nous ici, ajouta-t-il, en désignant des sièges adossés à des massifs de fleurs.

J’obéis, et quand nous nous trouvâmes ainsi côte à côte, ne pouvant plus résister aux inquiétudes qui déchiraient mon cœur, je lui dis, du ton le plus naturel:

–Ladislas Wienowski est donc à Rome?

Il tressaillit, me regarda surpris et s’écria:

–Vous le connaissez? Comment avez-vous pu le connaître?

–Qui ne l’a rencontré?

Ma réponse tranquille le trompa.

–C’est vrai! Quand on porte son nom, quand on a sa beauté, sa jeunesse, sa fortune, on est le point de mire de tous les regards, et l’on ne peut entrer quelque part sans qu’aussitôt la rumeur publique en répande la nouvelle.

Il était donc beau! Il était donc jeune! Il était donc riche! J’eus le cœur mordu par une àpre jalousie, et dès ce moment cet homme encore inconnu devint mon ennemi.

–Oui, il est à Rome, continua Giacomo. Je l’ai su ce matin. Mais je n’en ai rien dit à ma fille, et j’ai l’espoir qu’elle l’ignorera.

–Qu’avez-vous donc à redouter du personnage?

Au lieu de me répondre d’abord, le sculpteur se pencha vers moi, me serra le bras, et d’une voix altérée:

–Vous ne savez donc rien?. Je veux tout vous dire alors. Le comte Ladislas Wienowski nous a été présenté à Paris. C’est le descendant d’une noble famille polonaise, réfugiée en France depuis1815. Il a aimé ma fille, et je crois bien que la pauvre enfant l’a aimé aussi, et qu’elle a espéré qu’il demanderait sa main. Malheureusement, il a une mère vieille et entêtée, un oncle follement riche dont il est l’unique héritier. Ces gens-là sont pétris de préjugés. A la pensée que le rejeton d’une race qui s’est assise autrefois sur les trônes de l’Europe était exposé à épouser la fille d’un pauvre statuaire, ils se sont voilé la face. Ils ont fait partir Ladislas, et ni ma fille ni moi ne l’avons revu. Mais cette aventure a laissé dans le cœur de Severine un long chagrin. Elle a voulu me le taire. J’ai tout deviné. Je ne suis pas seulement père, moi, je suis mère aussi, et je connais le cœur de ma fille comme si elle m’avait fait sa confession. J’espérais que nous n’entendrions jamais plus parler de lui. Mon espérance était vaine. Il est à Rome. On l’a vu hier soir à l’ambassade de France. Je suis très-inquiet.

J’avais écoulé ce récit la tête en feu, l’esprit bouleversé.

–Vous ne m’avez jamais parlé de cette histoire! m’écriai-je, non sans amertume.

–Ce n’était pas mon secret, répondit doucement Giacomo.

Je ne trouvai rien à objecter. Je me tus, brisé par ce que je venais d’entendre, malheureux au delà de ce que j’aurais pu exprimer. Je n’avais donc rien compris à ce cœur de femme. J’en avais cru la conquête assurée, et c’est au moment où je me targuais d’y régner en maître que j’apprenais qu’un autre avant moi avait provoqué ses battements.

L’édifice de mon bonheur s’écroulait. Mes espérances s’envolaient, dissipées par cette révélation soudaine. J’aurais voulu fuir, être libre de crier, de pleurer, d’adresser d’amers reproches à Severine, dont le silence avait excité mon fol amour et favorisé mes illusions. Mais il fallait se taire autant parce que je n’étais pas seul, que parce qu’après tout, cette jeune fille, à qui je n’avais jamais parlé que comme un ami, et qui m’avait traité comme un frère, n’était pas responsable des sentiments nés de sa présence et de sa beauté.

Je demeurai longtemps ainsi. Quand je revins à moi, Giacomo Realti n’était plus à mes côtés. Je me levai pour rentrer dans le premier salon. En m’y retrouvant, je constatai que Severine n’avait pas changé de place. Elle était toujours au milieu des mêmes hommes qui se pressaient autour d’elle, aimables et galants, et à qui elle répondait en souriant.

–Non, rien n’est changé entre nous, pensai-je, en regardant son front candide, ses yeux purs. Nulle passion n’a terni ce cœur angélique. Pour moi seul, il garde ses soupirs et ses aveux. Tout le reste n’est qu’un mauvais rêve.

Au même moment, la voix du domestique qui annonçait les invités domina pendant une seconde le tumulte de a fête, et j’entendis distinctement prononcer ce nom:

–Le comte Ladislas Wienowski i!

Je regardai Severine. Je la vis tressaillir, devenir très-pâle et cacher, derrière l’éventail qu’elle tenait dans ses mains, le trouble peint sur ses traits. En même temps, elle jeta autour d’elle des regards anxieux. Je me souvins qu’elle m’avait recommandé de ne pas m’éloigner. Je fus aussitôt à ses côtés. Elle m’accueillit d’un sourire triste.

–Ah! vous voilà! me dit-elle, asseyez-vous là et ne me quittez plus.

J’obéis, heureux encore, au milieu de mon trouble, qu’elle eût songé à recourir à moi pour la protéger et veiller sur elle. Tout à coup, elle se leva en glissant à mon oreille ce seul mot:

–Partons!

Mais presque aussitôt, elle retomba sur son fauteuil, en murmurant:

–Il n’est plus temps. Il m’a vue. Le voilà!

C’était, en effet, le comte Ladislas. Entre toutes les femmes dont les regards se pressaient sur lui, il venait de découvrir Severine. Il s’avançait vers elle. Je le vis venir. Une sensation de violente colère déchira mon cœur; pour la première fois, je me trouvai stupide d’avoir perdu trois mois en soupirs silencieux.

Si j’avais avoué plus tôt à Severine l’amour que je ressentais pour elle, mes aveux l’auraient trouvée désarmée, désireuse d’oublier l’ homme par qui sa vie avait été un moment troublée, et qui semblait ne devoir plus être dans sa mémoire qu’à l’état de souvenir importun. Elle m’aurait écouté, et, touchée de mon désir, elle aurait réalisé mes vœux en associant sa vie à la mienne.

Maintenant, c’était trop tard. L’autre revenu, les sentiments jadis inspirés par lui reprenaient leur empire, et, quelque résolution que Severine eût formée de l’oublier à jamais, il suffisait de la voir anxieuse à son approche, bouleversée, craintive, pour comprendre que le passé, comme sa faiblesse, la lui livrait de nouveau.

Le comte Ladislas paraissait avoir à peine trente ans. Il était de haute taille, svelte et fort, tel qu’on peut se figurer le rejeton d’une vigoureuse race. Les cheveux roux, courts et drus, dessinaient un front proéminent et bas, sous lequel brillaient des yeux gris, larges et à fleur de tête. A les considérer de près, ces yeux manquaient d’expression; un observateur attentif y aurait trouvé, peut-être, le signe d’un caractère brutal et d’un défaut de franchise; mais, au premier abord, ils étaient doux et remarquables surtout par leur mobilité. Une moustache épaisse, de même couleur que les cheveux, rejoignait, en couvrant les lèvres, une barbe épaisse et courte, divisée en deux parts et tordue en boucles frisées, comme si le fer du coiffeur y eût passé.

Au total, Ladislas Wienowski possédait ce genre de beauté qui résulte moins de la pureté des traits que d’un sang riche et sain, transmis d’une génération à une autre, pur de tout alliage. Tout en lui trahissait, avec l’aristocratie de la naissance, l’habitude du commandement. Il était fait pour vaincre et pour dominer, et, quand j’eus comparé ma personne timide et modeste à ce type de conquérant, je compris que j’étais perdu, et qu’entre nous Severine, déjà prévenue en sa faveur, ne pouvait hésiter.

Cependant, il s’était avancé vers elle. Il la salua respectueusement et lui saisit la main qu’il pressa d’un geste énergique, comme s’il eût repris possession de son bien.

–Vous! vous! murmura-t-il. C’est vous que je retrouve?

Elle tremblait de tous ses membres, elle le regardait avec une expression de terreur et de confiance, épouvantée et joyeuse à la fois. Je crus qu’elle alalit perdre connaissance.

–Prenez garde! monsieur, dis-je vivement au comte Ladislas. Ayez au moins pitié d’elle.

Son regard m’interrogea avec impertinence, comme s’il eût voulu savoir de quel droit je me mettais entre elle et lui. Puis il répondit:

–Eh! monsieur, l’on ne meurt pas de joie, regardez-moi plutôt!

Je restai stupéfait, immobile, vaincu par cette expansion d’une joie qui m’écrasait. A ce moment, Severine tourna vers moi des yeux suppliants et, d’un accent qui trahissait sa défaite, elle me dit:

–Vous pouvez nous laisser, mon bon monsieur Richard. Vous voyez bien que j’étais folle et qu’il m’aime toujours.

Mes jambes tremblèrent sous le poids de mon corps. J’eus cependant assez d’empire sur moi-même pour contenir ma douleur, et je me retirai tandis que l’ heureux Ladislas s’asseyait triomphant auprès de Severine.

J’étais vaincu, vaincu sans combat, par ma faute, châtié de ma discrétion, de mon silence. Il ne me restait plus qu’à céder la place et qu’à fuir. Désormais, Severine était à cet homme, l’époux de son choix, retrouvé soudainement à l’ heure même où elle le croyait perdu.

Je quittai le palais et je m’enfuis, navré, le cœur brisé, traînant après moi, comme un importun fardeau, le douloureux bagage de mes illusions trompées et de mes espérances déçues.

Chacun des jours qui s’étaient écoulés me revint en mémoire. Je revis par la pensée les occasions de me prononcer que j’avais laissé fuir sans en profiter. Je m’adressai des injures. Désarmé avant de m’être servi de mes armes, je me trouvai grotesque. En proie aux réflexions les plus amères, je parcourus, affolé, les rues de Rome, et quand la fatigue et la douleur m’eurent ramené dans ma demeure, je pleurai comme un enfant.

Le lendemain me remit en présence de Severine et de son père. C’est elle que je vis d’abord. Elle était radieuse. Elle vint au-devant de moi et, cédant à l’impérieux besoin de me confier son bonheur, elle me laissa lire dans son âme dominée par l’amour.

–Je veux vous parler comme une sœur parlerait à son frère, me dit-elle. J’ai douté longtemps de mon Ladislas. Je me croyais oubliée, alors qu’il n’avait cessé de penser à Severine. J’étais folle, absolument folle. Il m’aimait toujours; après que j’ai eu quitté Paris, il m’a cherchée, afin de ramener dans mon cœur la confiance et la paix. Sa famille s’oppose à l’accomplissement de ses désirs. Mais il entend lui résister, lui imposer sa volonté. Il est son maître après tout, et l’on ne saurait empêcher plus longtemps ce mariage qu’il souhaite passionnément. Il m’épousera. Ah! cher Richard, je suis bien heureuse!

J’écoutais, anéanti, cette confidence cruelle. Mais Severine, dans l’excès de son égoïste bonheur, ne pouvait deviner tout le mal qu’elle me faisait.

–Vous êtes mon ami, continua-t-elle, mon unique ami, et Ladislas, à qui j’ai raconté votre dévouement, vous chérit déjà. Nous attendons de vous un service. Il faut que vous obteniez le consentement de mon père à notre union. Le pauvre homme se défie de Ladislas. Il doute de la sincérité de sa tendresse et j’ai compris qu’il voudrait l’éloigner. Parlez-lui. Engagez-le à ne pas résister aux supplications de sa fille et à accueillir Ladislas comme un fils.

En me sollicitant ainsi, elle laissait les larmes monter à ses yeux, et je fus si profondément remué par ses prières, que je lui promis d’être son avocat auprès de Giacomo Realti. Je me rendis auprès du sculpteur et je me fis l’interprète des désirs de Severine. Il m’écouta silencieusement. Puis il me dit avec tristesse:

–Pauvre garçon! par quelle amère ironie est-ce vous qu’on charge de plaider une cause gagnée d’avance? Severine veut ce mariage! Il se fera. Je n’ai jamais su contrarier ses caprices, et, puisqu’il lui a convenu de choisir pour époux le comte Ladislas Wienowski, elle l’aura, sans que je tente même de la détourner d’un semblable projet. Mais le comte n’est pas le mari que j’avais rêvé pour elle. Elle ne sera pas heureuse, et la plus amère douleur qui pût être réservée à ma vieillesse, c’est la douleur de voir mon enfant se livrer à un homme qui ne comprendra rien à cette nature délicate et fière. Ah! les enfants sont implacables, monsieur Richard. Severine a passé à côté du bonheur sans le voir! Mais c’est votre faute aussi. Que n’avez-vous parlé?

Ses plaintes étaient éloquentes et sincères. La pensée de voir sa fille entrer dans une illustre maison et devenir comtesse ne l’aveuglait pas. Pendant son séjour à Paris, il avait été admis avec elle dans l’intérieur de la famille Wienowski, et il savait contre quel orgueil patricien viendraient se briser les efforts de Severine pour plaire et s’imposer aux parents de son mari.

Mais dans quel but aurait-il tenté de me faire partager ses appréhensions? Il me voyait malheureux. Il ne voulait pas ajouter à ma peine une peine nouvelle, et quand, dans un premier et involontaire mouvement, son cœur se fut répandu dans le mien, il s’arrêta en disant ces seuls mots:

–Je ferai ce qu’elle voudra.

Je revins auprès de Severine.

–Votre père consent, lui dis-je.

–Oh! merci! s’écria-t-elle.

Et ses mains étreignirent les miennes. Ma constance et ma tendresse n’eurent pas d’autre prix. Je rentrai chez moi morne et désespéré. Grâce à moi, la maison Realti était ouverte au comte Ladislas. Il y vint le lendemain, et, dès ce moment, je cessai d’exister pour Severine. Elle était tout entière à sa passion.

Je ne parlerai ni de mon désespoir, ni de ma jalousie. Pendant quinze jours, j’eus le courage de les taire. Quand Severine me voyait apparaître dans la maison de son père, elle ne pouvait rien deviner de ma souffrance. C’est à ce moment que, pour la première fois, la nécessité de fuir un bonheur dont le spectacle déchirait mon âme se présenta à ma pensée et que je songeai à quitter Rome. J’écartai d’abord ce projet comme un événement qui allait modifier toute ma vie et me livrer à des aventures nouvelles auxquelles je n’étais pas préparé.

Mais il s’imposa bientôt à mon esprit avec une persistance qui puisait sa force dans mon chagrin même. Je lui résistai cependant. J’aimais encore mieux mon mal auprès de Severine que la guérison loin d’elle. Et puis, tant que j’occupais une place à ses côtés, tout espoir n’était pas perdu. Me séparer d’elle me semblait au-dessus de mes forces. Devant un sacrifice rigoureux qui s’offre à lui comme l’accomplissement d’un devoir, l’homme est lâche. Je ne voulais pas partir. Mais un incident vint dissiper mes incertitudes et me contraindre à prendre une résolution virile.

Un soir, j’arrivai chez Giacomo Realti, à l’heure où j’avais coutume d’y venir. Familiarisé avec les êtres de la maison, j’entrai dans l’atelier où je croyais trouver le sculpteur. L’atelier était désert; j’allais me diriger vers le salon, quand tout à coup un bruit de voix retentit derrière la draperie qui divisait la salle en deux parties et dont j’ai parlé déjà.

J’écoutai. C’était Ladislas et Severine. Aussitôt que je les eus reconnus sans les voir, une curiosité malsaine, fruit de la jalousie, s’empara de mon esprit. Je voulus entendre ce que, se croyant seuls, ils allaient se dire. Une seule phrase parvint à mon oreille:

–Je vous aime, Severine, dit Ladislas, et bientôt j’aurai le droit de vous le dire à la face du ciel et de la terre, car bientôt vous serez ma femme.

Un long silence succéda à cette déclaration. Puis Severine répondit:

–Votre femme éternellement dévouée, Ladislas.

Après un tel aveu, j’eusse été fou d’espérer encore. Severine était bien perdue pour moi. Le lendemain, colorant ma résolution d’un prétexte, j’annonçai à Giacomo Realti mon prochain départ pour la France, et, huit jours après, je quittais Rome et je rentrais à Paris, éperdu, malheureux, n’ayant plus la force de donner un but à ma vie, certain qu’au milieu des agitations des hommes j’allais être comme une âme en peine, errante et dépossédée.

Les persécutées

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