Читать книгу Sur les monuments historiques des arrondissements de Nancy et de Toul - Ernest-Louis-Hippolyte-Théodore Grille de Beuzelin - Страница 3

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1er décembre 1835.

MONSIEUR LE MINISTRE,

Je crois devoir faire précéder le compte-rendu de l’inspection que vous m’avez confiée de quelques observations qui pourront servir à rendre ce genre de travail plus facile à d’autres ou à moi-même, si vous jugez à propos de le faire continuer dans toute la France. Je viens de mettre plus de deux mois et demi à explorer deux arrondissemens; six semaines d’un travail assidu m’ont ensuite suffi à peine pour terminer les dessins et coordonner les notes recueillies dans ma tournée. Je n’ai pourtant négligé aucun des moyens de rapidité que me donne l’habitude des voyages de recherches, et ces deux arrondissemens, qui m’ont occupé quatre mois, sont des moins riches dans la France archéologique. Les guerres s’y sont presque continuellement succédé depuis les Romains jusqu’à Louis XIV; les protestans iconoclastes y ont deux fois assouvi leur colère sur les monumens; les révolutionnaires de 93 ont encore continué l’œuvre de destruction si bien commencée, et cependant j’ai eu à citer cent neuf points remarquables, et j’ai en portefeuille cent un dessins sur cinquante-six monumens ou ruines de monumens existant encore dans quarante-huit localités. Mais pour les trouver, il m’a fallu en parcourir trois cent trois. A une lieue un quart pour chacune, ce qui n’est pas exagéré, à cause des retours obligés, cela fait trois cent soixante-dix-huit lieues, dont plus des trois quarts sur des chemins de traverse; à dix lieues par jour, en voilà déjà trente-huit de route, qu’il faut toujours ajouter à ceux du travail, tant sur le terrain que dans la bibliothèque du chef-lieu; sept ou huit semaines suffiraient à peine pour les plus longs arrondissemens. On peut donc compter en moyenne sur trois mois pour deux, ou six semaines d’exploration pour un. Mais ce genre de course ne peut pas se faire toute l’année: depuis le mois de novembre jusqu’à la fin d’avril les chemins de traverse sont presque partout impraticables; et si on voulait en braver les inconvéniens, il faudrait compter sur soixante jours de route au lieu de trente-huit; le temps d’hiver doit servir à mettre en ordre les matériaux recueillis dans les six mois de tournée pendant lesquels on aurait inspecté quatre arrondissemens, et en surveiller la publication. Les départemens sont composés de trois à six arrondissemens, il faut donc compter trois ans pour deux départemens; en somme environ cent trente ans pour la France. Vous voyez, monsieur le Ministre, que je ne puis avoir la prétention de terminer seul ce travail. Il pourrait être divisé entre plusieurs inspecteurs; mais chacun d’eux devrait avoir appris plusieurs métiers à l’école de la mauvaise fortune, et pouvoir tout à la fois lever les plans en architecte, dessiner les fragmens en peintre, lire les anciennes chartes en archiviste, et courir à cheval ou à pied en chasseur; et de plus, pour obtenir de l’unité, tous devraient avoir les mêmes principes en archéologie, le même système pour l’histoire de l’art. C’est à regret que je signale tant de difficultés dans l’exécution du noble projet que vous avez conçu, de réunir dans un immense ouvrage, dont la publication serait une gloire pour la France, tous les monumens qu’elle possède, au moment où un grand nombre d’entre eux doit s’écrouler d’un jour à l’autre par le défaut d’entretien, l’incurie des administrations locales et l’avidité des particuliers. Mais ces difficultés peuvent être diminuées, et je crois remplir un devoir en vous indiquant ce que mon expérience de cette année a pu m’apprendre d’utile à l’exécution de cette entreprise.

D’abord, ne devrait-on pas profiter, après examen, de quelques travaux déjà exécutés par des antiquaires ou des artistes des départemens, ou leur en faire entreprendre de nouveaux? L’essentiel serait de leur donner une direction commune, ce qui sera toujours possible dans les villes qui possèdent les monumens les plus importans de l’antiquité ou du moyen âge, comme Nîmes, Rouen, Reims, etc.

On pourrait ensuite obtenir des renseignemens sur les séries de questions dont la commission s’occupe maintenant. Je pense que ces questions ne doivent pas être adressées aux archéologues du chef-lieu: ceux-ci ne connaissent ordinairement pas beaucoup mieux les petites localités de leur département qu’un étranger; c’est aux curés et aux maires qu’il faudrait demander s’il y a dans leur commune un vieux château, une église ancienne ou quelque fragment d’art: les inspecteurs d’écoles primaires pourraient aussi servir à recueillir des renseignemens.

L’inspecteur des monumens aura certainement de bien graves erreurs à relever; on lui aura indiqué une maison de campagne du temps de Louis XV pour un château du moyen âge, ou une église du XIIIe siècle pour un temple païen, ou bien encore une mauvaise peinture de l’école française pour un Michel-Ange; mais enfin il n’ira pas, comme moi, dans près de deux cents villages pour n’y rien trouver. Seulement il lui faudra voir tout ce qui aura été désigné sur les questions auxquelles les hommes les plus ignorans doivent pouvoir répondre; cela fera encore une économie de temps très considérable, et puisque, dans les deux arrondissemens que j’ai inspectés, je n’aurais dû aller que dans cent neuf communes au lieu de trois cents, supposons cinquante indications fausses, cela ne ferait encore que cent cinquante, c’est-à-dire la moitié de ce que j’ai fait.

Ne pouvant, dans une seule tournée, voir le département tout entier, qui se compose de cinq arrondissemens, j’ai cru bien faire en choisissant, pour les explorer, les deux arrondissemens contigus qui contiennent la capitale de l’ancien duché de Lorraine, celle du comté de Vaudemont, et le siége de l’évêché de Toul.

Ce serait un tour de force impossible à exécuter que de faire une notice historique sur ces deux arrondissemens, sans l’étendre à tout le pays des Leuci et des Mediomatrici, devenu depuis duché de Lorraine, évêchés de Metz, de Toul et de Verdun, comtés de Bar et de Vaudemont, ensuite provinces de Lorraine et des Trois-Évêchés, et enfin départemens de la Meuse, de la Moselle, de la Meurthe et des Vosges. Cependant je n’ai pas voulu renoncer à accompagner les renseignemens archéologiques que j’avais recueillis, de quelques détails historiques qui servent à les expliquer. Mon cadre était trop rétréci; j’ai éludé la difficulté en le divisant davantage. Les anciennes limites de territoire ont toutes disparu; les points habités, pris isolément, existent encore: c’est tout en décrivant ce qui reste des monumens ou de leurs ruines dans chacun d’eux que j’ai essayé d’ajouter quelques mots sur leur histoire. Je sens tout ce que cette méthode laisse à désirer, mais j’espère qu’on me pardonnera son usage à cause de l’impossibilité d’en employer un autre dans le compte-rendu de mes recherches et en faveur de la conscience qu’à défaut de talent j’ai mis à les exécuter.

Il ne me reste donc ici qu’à donner une sorte de table des matières classées chronologiquement, des divers monumens reconnus par moi dans les localités que j’ai parcourues. Cette table servira d’explication et de complément à la carte archéologique de mes deux arrondissemens, que j’ai dressée sur les lieux et où j’ai marqué de couleurs différentes les points romains, ceux du moyen âge, et ceux qui renferment seulement des fragmens anciens. Je dois commencer par l’époque romaine, car je n’ai rien trouvé d’antérieur à leur domination. Quelques tombeaux, prétendus gaulois par les uns, romains par d’autres, ont été découverts dans les bois de l’arrondissement de Château-Salins; ils ont servi de texte à une discussion dans laquelle des systèmes tout différens ont été défendus avec érudition de part et d’autre: je ne me suis pas transporté sur les lieux pour essayer de prendre moi-même une opinion sur leur compte; mon itinéraire était assez large, et je devais tout mon temps à la mission qui m’était confiée. Il me suffisait de constater que rien de semblable n’avait été découvert dans les arrondissemens de Toul et de Nancy; peut-être que les tombeaux trouvés en 1740, aux Saizerais, étaient du même style; mais je n’ai pu m’en assurer, car j’ai cherché vainement leurs traces tant dans cette commune qu’à Nancy.

L’époque romaine n’est représentée par aucun monument d’architecture dont il reste autre chose que des ruines informes, encore ne pourrait-on citer que quelques fragmens de murs à Toul, et d’autres dans le lit de la Moselle, à Scarpone. L’aqueduc de Jouy, dont quelques arcades sont d’une si belle conservation, est tout près des frontières de l’arrondissement de Nancy, mais en dehors et dans le département de la Moselle. J’ai été le voir, mais je ne devais que le citer ici: dans les limites qui m’étaient tracées j’ai trouvé pourtant de nombreuses traces de la domination romaine, des camps à Champigneules, à Afrique, à Bagneux, Balneoli, et aux Saizerais, dont le nom, malgré le changement d’orthographe, vient certainement de celui de César; d’autres noms de commune ont encore une origine latine, Vandœuvre, Vandalorum opus; Tomblaine, Tumulus Alanorum, Liverdun, Liberi dunum, et enfin Scarpone, qui a conservé son nom, mais qui de ville est devenu hameau, et dont un nouveau lit que s’est ouvert la Moselle a fait une île. J’ai suivi les traces de plusieurs grandes voies romaines: celle de Toul à Troyes sert encore de chemin jusqu’auprès de Colombey. On peut reconnaître les traces de celle qui, de Reims, conduisait à Metz et Trèves par Toul et Scarpone; celle de Metz à Strasbourg par Tarquimpol, auprès de Dieuze, arrondissement de Château-Salins; une autre qui passait par Lunéville. Je les ai tracées sur ma carte d’après l’Itinéraire d’Antonin, les Tables de Peutinger et mes propres observations. Des fouilles bien dirigées donneraient des résultats satisfaisans sur différens points, puisque, sans aucun effort, on a déjà trouvé de nombreux fragmens. Mais avant de rien entreprendre, il faudrait préparer à Nancy un local pour recevoir convenablement ce qui serait découvert; jusqu’à présent tout ce qui a été réuni par la Société académique de cette ville est jeté pêle-mêle dans une salle, et ne peut être examiné, encore moins dessiné. Cet état de choses est déplorable et ne doit guère encourager à faire exécuter des travaux qu’il serait sans doute utile d’essayer dans les lieux que j’ai déjà désignés, et aussi à Mousson, à Etreval, à Seicheprey, à Chaouilley, à Tantonville, à Blenod-aux-Oignons, où, à diverses époques, le hasard a fait découvrir des armes, des médailles, des poteries, etc.

Les rois de la première et de la deuxième race ont eu, dans l’ancien pays des Leuci, des habitations dont leurs chartes nous apprennent les noms: Gondreville et Royaumeix, près Toul; Savonières, Tussey contre Tuilley-aux-Groseilles: j’ai vainement cherché des traces authentiques de ces anciennes constructions: peut-être pourrait-on attribuer à ces époques reculées le donjon du château de Vaudemont, auquel la tradition a conservé le nom de Brunehaut. C’est une tour carrée, dont la mine a enlevé un coin; le revêtement des murs est en grand appareil, assez irrégulier; l’intérieur est en petites pierres, disposées en arêtes de poisson; le ciment a toute la dureté et la couleur du romain, les ouvertures sont plein cintre à petits claveaux. Les ouvertures du donjon de Preny sont aussi à petits claveaux sur deux rangs, imitant, par leur régularité, l’agencement de ceux des aquéducs de Jouy; l’appareil extérieur est aussi petit, régulier; l’intérieur en blocaille. La tradition romaine ne s’était pas perdue lors de cette construction, peut-être s’est-elle conservée plus long-temps dans cette localité à cause du voisinage de l’aquéduc. Le reste des bâtimens de ces deux châteaux, et aussi de tous les autres dont j’ai retrouvé les ruines, date des XIVe, XVe et XVIe siècles; les constructions antérieures ont successivement disparu, par l’effet des vicissitudes de la guerre et des changemens dans le système de défense. On trouve dans presque tous des traces de restaurations successives jusqu’au XVIIe siècle, à la fin duquel la France victorieuse les fit tous démanteler. La plupart ont été transformés en fermes, d’autres sont entièrement détruits, et ne présentent plus que des monceaux de décombres, d’un aspect souvent pittoresque; quelques uns, auxquels avait été ajoutée une maison de plaisance au XVIe siècle, sont restés debout; mais alors les caprices des propriétaires qui les ont successivement habités ont fait disparaître tout ce qui leur aurait conservé du caractère. Les ruines de fortifications ont disparu, les intérieurs ont été défigurés presque tous au XVIIIe siècle; les fenêtres sont élargies, les grandes cheminées détruites, etc.; en général, ils sont tous perchés en nids de faucons sur des points élevés; quelques uns au contraire sont cependant cachés au fond de gorges étroites, ceux-ci ont perdu toute importance militaire depuis l’emploi de l’artillerie. Tels sont Pierrefort, Mandres-aux-Quatre-Tours, Belleville, Ville-au-Val, Fleville, Puligny, Port-sur-Seille, Manonville, Gondreville, La Motte-à-Domballe et Essey: toute leur force consistait dans la ceinture de bois qui les entourait, leurs larges fossés et leurs hautes murailles, tandis que les autres, qui avaient tous ces moyens de défense, étaient en outre dans une position naturellement escarpée, comme Preny, Mousson, Condé à Custine, Dieulouard, Pompey, Frouard, Liverdun, Germiny, Vaudemont, Vandœuvre, Lenoncourt, Bainville-aux-Miroirs, etc. Aucun de ces châteaux ne m’a offert de ces compositions d’architecture du XVIe siècle couvertes de délicates sculptures, comme on en retrouve en si grand nombre sur les bords de la Loire et dans d’autres parties de la France. La façade du palais de René II, à Nancy, est le seul exemple que je puisse citer en ce genre, encore n’est-elle pas d’un style bien pur, et les ornemens nombreux qui la décorent ne sont pas tous choisis avec le goût qui distingue l’élégante époque de sa construction.

Pour procéder aussi chronologiquement à propos de l’architecture religieuse, je dois dire que je n’ai rien trouvé d’authentiquement antérieur au XIe siècle, et cependant les églises étaient nombreuses dans ce pays dès l’époque mérovingienne; mais elles ont toutes été reconstruites, et je n’ai rien rencontré de plus ancien que le portail du prieuré de Laitre-sous-Amance, commencé en 1024, et achevé par la princesse Sophie, en 1070; de la même époque, un petit portail à Mandres-aux-Quatre-Tours, un autre à Luxe, l’église de Blenod-lès-Pont-a-Mousson, celles de Forcelles-Saint-Gorgon, de Belleau, du prieuré de Flavigny, où se trouvent des fragmens d’architecture plein cintre; le caractère en est tout allemand, ce sont des chapiteaux en dés à angles arrondis par le bas, dont les exemples sont rares en deçà du Rhin, mais qui en Lorraine et dans les évêchés ont été, comme en Alsace, souvent employés. Ils ont même été appliqués à la colonnette qui sépare les fenêtres géminées, communes à toutes les tours carrées des petites églises de village, pendant la période ogivale et jusqu’à présent; les moulures en damiers, les plates-bandes, sont aussi employées dans le peu de monumens antérieurs à l’ogival que j’ai reconnus dans ma tournée. Ceux de ce dernier style sont nombreux et importans: en première ligne, il faut mettre la belle cathédrale de Toul, dont toute la nef et le chœur sont en ogival primitif de la plus grande pureté ; Saint-Gengoul dans la même ville, dont l’intérieur est de la même époque. Tout auprès, au village d’Égrouves, se trouve une petite église pleine d’intérêt; la tradition du pays veut qu’elle ait été bâtie avec le reste des pierres de la cathédrale; mais je n’ai trouvé aucun document historique prouvant que sa construction fût postérieure à celle de cet édifice, et son style au contraire me paraît plus ancien. Les colonnettes y sont accolées aux gros piliers, et les voûtes ogivales; mais les nervures rondes, les ouvertures plein cintre, sembleraient devoir faire remonter plus haut son origine. J’y ai reconnu tous les caractères de construction de Saint-Serge à Angers.

Les ouvertures des deux grandes églises de Toul sont ogivales géminées, surmontées de rosaces. La grande voûte est une ogive peu hardie, mais les arcs des bas-côtés sont au contraire fort élancés. Le cloître de la cathédrale est contemporain de l’église, mais le portail est du XVIe siècle. Tous les mêmes caractères d’architecture se retrouvent à Saint-Martin de Pont-à-Mousson, moins l’élégance des voûtes latérales; mais le cloître n’existe plus, et cet édifice n’est pas d’une très grande proportion, parce qu’il appartenait à une congrégation dont les ressources étaient bornées; il est cependant remarquable par la grâce de ses détails et la régularité de son plan. Le portail est en ogival flamboyant, et peut servir de transition pour passer au plus grand édifice que j’aie observé dans mes deux arrondissemens, après la cathédrale de Toul, l’église de Saint-Nicolas, dont l’édifice actuel appartient entièrement à ce style. Le plan, peut-être imité de la première église bâtie sur cet emplacement, présente la singularité de l’inclinaison de l’axe, d’une façon que je n’ai pas encore observée ailleurs. Cette inclinaison est si forte que l’axe prolongé de la nef se rencontre avec l’abside sur la ligne de jonction de l’hémicycle avec le mur de gauche. L’axe du chœur forme son angle obtus avec celui de la nef, entre les deux piliers où commence le transceps, et celui-ci étant sans saillie, les murs extérieurs doivent former une ligne brisée. Celui de gauche, qui enveloppe l’autre, est naturellement plus long. Il en est de même de la rangée de gauche des piliers de la nef, et pour sauver cette irrégularité, la différence a été divisée sur toute la longueur, de sorte que dès le deuxième pilier les voûtes forment des trapèzes au lieu de parallélogrammes. Il a fallu une grande habileté de construction, et calculer différemment de chaque côté l’effort de l’écartement des voûtes, pour que cette bizarre combinaison n’ait pas nui à la solidité de l’édifice.

J’ai reconnu seulement deux autres exemples d’inclinaison de l’axe dans ma tournée: l’un est la petite chapelle d’une ancienne commanderie de Saint-Jean-lès-Nancy, l’autre est l’église de Minorville: celle-ci est entourée d’un fossé, l’abside s’élève en tour avec un rang de créneaux; un étage règne au-dessus du chœur et de la nef; encore au-dessus était une plate-forme, avec un parapet maintenant remplacé par le toit. La croix des ordres militaires se voit sur la porte d’entrée. Une croix semblable surmonte aussi la porte de la paroisse de Millery; celle-ci avait été bâtie par les hospitaliers de Libdeau, qui avaient une commanderie dans ce village. Je ne parlerai pas ici de toutes les petites mais anciennes églises que j’ai retrouvées dans les communes, et qui sont chacune l’objet d’une note séparée. Elles sont en général composées d’une nef sans latéraux, voûtée en ogive; d’un hémicycle à cinq divisions et d’une tour carrée sur l’entrée, à fenêtres géminées plein cintre; celles de l’église sont ogives et les divisions rosacées, tréflées ou lancéolées, peuvent seules servir à leur assigner pour date le XIVe, le xve et le XVIe siècle.

Quelques églises méritent encore une mention particulière: celle de Nomeny, petite, mais où se reconnaissent des fragmens de différentes époques depuis les pleins cintres du XIIe siècle jusqu’aux découpures tréflées du XVe siècle; Saint-Epvre de Nancy, dont la tour, célèbre par le supplice des prisonniers bourguignons, en 1497, avait alors au moins un siècle d’existence; celle de Vézelise est assez grande, du XVe siècle, mais peu intéressante; celles de Norroy et de Blenod-aux-Oignons sont du XVIe siècle; elles ont conservé la forme ogivale, mais sans aucun des riches ornemens qui appartiennent à ce style. Il en est de même de celle des cordeliers de Nancy, devenue chapelle sépulcrale des ducs de Lorraine, et à laquelle, au XVIIe siècle, a été accolée la chapelle ronde, édifice destiné au même usage. Deux chapelles ont été aussi ajoutées, au XVIe siècle, à la cathédrale de Toul; fort heureusement leurs portes étroites empêchent de les apercevoir des bas-côtés, car leur style italien contrasterait désagréablement avec les formes ogivales. Elles sont toutes deux décorées de colonnes de marbre sur deux rangs, d’ordre composite, et avec leur entablement complet en marbre de diverses couleurs; la plus petite, voûtée en coupole, s’ouvre près de l’entrée du cloître, au midi; l’autre est en face, sa voûte est un plafond à caissons et voussures: elle était destinée à la sépulture des évêques.

Sur les monuments historiques des arrondissements de Nancy et de Toul

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