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MINISTÈRE DES TRAVAUX PUBLICS.

Table des matières

(SOUS-SECRETARIAT D’ÉTAT DES POSTES ET DES TÉLÉGRAPHES.)

I

Table des matières

ÉTABLISSEMENT DE LA JOURNÉE DE HUIT HEURES.

La journée de huit heures fut mise à l’essai le 16 septembre 1899 par le Ministre du commerce (dont dépendait alors le Sous-secrétariat des postes et des télégraphes) dans les ateliers du boulevard Brune à Paris (fabrication des timbres-poste, agence comptable, dépôt central et vérification du matériel, ateliers de construction et de réparation du matériel postal). L’expérience fut ensuite étendue au magasin régional des postes, puis à l’atelier d’électricité du poste central de Paris.

La réforme fut rendue définitive par arrêté du 9 février 1901 dans les établissements du boulevard Brune; elle le devint également le 1er mai 1901 pour le personnel ouvrier des équipes de la région de Paris, et le 24 septembre 1901pour l’atelier d’électricité du poste central. La journée de huit heures fut de même étendue, le 1er mars 1901, au personnel ouvrier des services d’installation et d’entretien des appareils téléphoniques de la région de Paris, et, le 16 juillet 1901, au personnel de l’atelier de force motrice de l’Hôtel des postes. Enfin, le 7 mai 1902, elle fut appliquée au personnel ouvrier des départements.

II

Table des matières

RÉSULTATS DE LA JOURNÉE DE HUIT HEURES.

Le Sous-secrétariat d’Etat des postes et des télégraphes a établi successivement deux notes relatives aux conséquences de l’application de la journée de huit heures.

PREMIÈRE NOTE.

La première note, en date du 10 mars 1903, a été rédigée pour répondre à une demande de renseignements envoyée par le Ministère de la guerre. Elle s’occupe uniquement des résultats de la journée de huit heures établie dans les ateliers du boulevard Brune par l’arrêté du 9 février 1901. En voici le texte:

Pour permettre d’apprécier en toute connaissance de cause les conséquences générales de cet arrêté, il n’est pas inutile de rappeler que les ouvriers des ateliers de l’administration étaient payés les uns à l’heure, les autres à la tâche et aux pièces.

L’essai de la réduction de la journée de travail ne pouvait évidemment être poursuivi que sous la double condition suivante:

1° La production ne serait pas sensiblement ralentie;

2° Le prix de revient des travaux resterait à peu près le même.

Pour que la réforme pût être définitivement réalisée, il fallait donc que l’ouvrier arrivât à produire, en huit heures de travail, autant qu’en dix; il fallait aussi que les ouvriers travaillant aux pièces ne vissent pas leurs salaires amoindris par l’application de la journée de huit heures.

L’effort exceptionnel demandé aux ouvriers put être accompli; et l’administration constata au bout de trois mois que le chiffre de la production journalière n’avait pas sensiblement varié. Cette surproduction ne s’est pas maintenue, il faut bien l’avouer; et l’Administration a pu constater que le rendement est devenu inférieur à celui qu’on obtenait sous l’ancien régime. La cause vraie de cette diminution est due, semble-t-il, bien plus à la suppression du travail aux pièces qu’à l’application de la journée de huit heures.

Au point de vue pécuniaire, l’augmentation de l’effectif, forcément entraînée par la réorganisation des services (suppression du travail aux pièces, arrondissement des salaires), a donné lieu à un surcroît de dépenses de 33,000 francs environ. Ce chiffre représente une augmentation de 2,4 p. 100 du montant des salaires payés antérieurement, pour une diminution de 20 p. 100 de la durée du travail, réduite de dix à huit heures.

SECONDE NOTE.

La seconde note, datée du 15 mai 1905, a été rédigée sur la demande du Ministre du commerce; elle porte «sur les résultats que l’expérience a permis de constater à la suite de l’application de la journée de huit heures dans les divers services du Sous-secrétariat d’Etat des postes et des télégraphes». En voici le texte in-extenso:

SERVICE DES ATELIERS ET SERVICE DU DÉPÔT CENTRAL.

(Établissements du boulevard Brune, ateliers et dépôt central du matériel.)

Au moment de l’établissement de la journée de huit heures, le personnel des ateliers et du dépôt central du matériel se composait de deux catégories bien distinctes d’ouvriers, les uns travaillant aux pièces, les autres à la journée.

Cette division a été maintenue au moment de l’application de la réforme.

Un peu plus tard, le travail aux pièces a été supprimé, et les ouvriers qui y participaient, de même que ceux qui travaillaient à la journée, ont été commissionnés suivant des règles établies en vue de tenir compte de leurs droits acquis.

En ce qui concerne les ouvriers payés alors à la journée, le commissionnement a eu pour résultat de répartir sur 365 jours leur salaire annuel, jusqu’alors acquis seulement pour les jours ouvrables, soit 305 jours.

Ce salaire annuel n’a donc pas varié, pas plus qu’au moment de l’établissement de la journée de huit heures.

La dépense annuelle est, par suite, restée sensiblement la même.

Quant à la production, elle a subi une diminution qui paraît être comprise entre 1/10e et 2/10e, mais qu’il est difficile d’évaluer en raison de la diversité des opérations effectuées et de leurs variations d’année en année.

A l’atelier de fabrication des timbres-poste, où des statistiques précises ont pu être établies, la production est limitée par la vitesse des machines. Au moment de la réduction à huit heures de la journée de travail, cette vitesse a été portée à l’extrême limite qu’on pouvait obtenir sans accroître outre mesure la rapidité d’usure des machines. Grâce à la surproduction horaire ainsi obtenue, la perte effective n’a été que d’une heure de travail, soit de 10 p. 100. Il y a lieu, d’ailleurs, de tenir compte de ce que l’adoption de la journée de huit heures a conduit à rechercher et à mettre en pratique toutes les réformes de détail capables de simplifier les travaux, d’éviter les pertes de force et, par conséquent, d’accroître le rendement horaire.

En ce qui concerne les travaux anciennement effectués aux pièces, ils se rapportent, pour la plupart, à des réparations de matériel de poste télégraphique ou téléphonique, et, par suite, ils échappent à toute comparaison précise. Il a été constaté cependant que, dans un grand nombre de cas, les prix de revient se sont élevés; mais les ouvriers font observer que, libérés désormais du souci de s’assurer un salaire suffisant par une production intensive, ils s’attachent davantage à la qualité du travail; que les appareils, étant plus solidement constitués et mieux réglés, la fréquence des réparations se trouve réduite, et que l’Etat récupère ainsi, au moins en partie, la majoration du prix de revient de chacune d’elles.

Les ateliers de mécanique ont continué à assurer, comme par le passé, la réparation de tous les appareils de modèle courant de l’administration, sans préjudice des travaux spéciaux qui leur sont confiés. Il est permis de voir dans ce fait une sorte de confirmation, au moins générale, de la compensation entre la quantité et la qualité du travail.

La majoration des prix de revient est d’ailleurs variable suivant le genre des travaux auxquels ils s’appliquent. Pour certains d’entre eux, tels que la fabrication des piles Leclanché, elle disparaît et les prix de revient actuels sont même légèrement inférieurs aux anciens.

Sans méconnaître la bonne volonté et le zèle des ouvriers, qui ont permis d’atteindre un résultat aussi heureux, il faut en attribuer une part à la manière un peu large dont avait été établi le prix de fabrication aux pièces des éléments de pile Leclanché. Ce prix était plutôt exagéré, et son maintien ne se justifiait que parce qu’il constituait une compensation à d’autres travaux à la tâche beaucoup moins largement rémunérés.

En résumé, la diminution de production que devrait entraîner forcément la réduction de la journée de dix heures à huit heures a été, aux ateliers et au dépôt central du matériel, maintenue dans des limites raisonnables. Il n’était guère possible d’espérer mieux au point de vue du nouveau rendement que ce que l’expérience a donné.

SERVICE PNEUMATIQUE.

Le Service pneumatique consiste essentiellement pour les ouvriers à conduire et à surveiller des générateurs de vapeur, des moteurs et des compresseurs dont la durée de marche est dans la dépendance absolue des besoins de l’exploitation, autrement dit limitée aux heures d’ouverture et de fermeture des bureaux desservis.

L’administration ne doit donc pas escompter avec la journée de huit heures une augmentation proportionnelle de la production individuelle du personnel. Elle doit seulement obtenir ce résultat appréciable d’éviter un surmenage à des ouvriers chargés de travaux pénibles et dangereux. On peut dire, par suite, que, pour les ateliers de force motrice, où il ne s’agit pas d’un travail de production, mais d’un service de surveillance, le rendement est mathématiquement diminué de 1/5e.

SERVICE DES ÉQUIPES.

L’application de la journée de huit heures aux ouvriers des divers services des équipes a eu pour conséquence, au moins dans certains services, une augmentation de dépenses. Toutefois il n’est pas possible de chiffrer, même approximativement, cette augmentation, par ce motif que la mise en vigueur de la journée de huit heures a coïncidé avec diverses améliorations, certaines très importantes, d’ordre moral et matériel, apportées à la situation des ouvriers, améliorations qui ont également contribué dans une large part à l’augmentation de dépenses constatées par rapport à l’ancien régime.

L’application de la journée de huit heures n’a pas sensiblement diminué le rendement dans les équipes, mais on a constaté une variation suivant la nature des opérations.

Les conditions d’exécution du travail sont essentiellement variables et, par suite, ne se prêtent pas à une comparaison judicieuse du rendement dans les deux régimes. Cependant on peut admettre qu’en hiver, c’est-à-dire pendant la saison où les jours sont le plus courts, le rendement est à peu près le même avec la journée de huit heures qu’avec l’ancienne journée de dix heures, laquelle, en raison du temps de route et du repas, était ramenée effectivement à huit heures environ.

Au contraire, on constate une certaine diminution de rendement pendant la belle saison; mais il n’est pas possible d’affirmer qu’elle représente bien 1/5e du rendement obtenu avec la journée de dix heures.

INSTALLATIONS TÉLÉPHONIQUES.

Sous l’ancien régime, les ouvriers du montage proprement dit étaient pratiquement astreints à une journée de neuf heures, tandis que leurs collègues des bureaux centraux, ainsi que les pilistes, travaillaient effectivement dix heures par jour.

Les opérations confiées aux ouvriers monteurs et pilistes (installations neuves ou relèvement des dérangements) comportent, en outre du travail chez l’abonné ou dans un bureau de poste, un certain parcours pour se rendre sur le lieu du travail et, le cas échéant, pour rentrer au bureau central. Ce temps de route est nécessairement perdu pour le travail effectif.

L’application de la journée de huit heures n’ayant apporté aucune modification aux conditions d’exécution du travail, il en est forcément résulté une diminution dans le rendement à peu près équivalente à la réduction de temps. La même constatation s’applique aux ouvriers attachés à l’entretien des bureaux centraux, puisque, pour ces derniers, le rendement est surtout représenté par le nombre d’heures de présence.

Notes sur la journée de huit heures dans les établissements industriels de l'Etat

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