Читать книгу Le Vicomte de Béziers Vol. I - Frédéric 1800-1847 Soulié - Страница 3

À MES COMPATRIOTES.

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Voici un livre que j’adresse à mes compatriotes. J’ai tâché de le rendre intéressant ; je puis dire qu’il est consciencieux. Après la publication des Deux Cadavres, encouragé par quelques amis à essayer une peinture des mœurs de la France, j’y ai mis tout ce que je pouvais de soins et d’études. Un désir bien facile à comprendre m’a fait choisir parmi toutes les histoires de nos provinces, celle de la province où je suis né. Ce choix, il faut le dire, je l’ai fait d’amour plutôt qu’à bon escient. J’ai été récompensé de mon bon sentiment, en trouvant à l’œuvre, qu’avec plus de savoir je n’aurais pu mieux m’adresser. J’ai lu avec passion cette histoire féconde en grands événements et en hommes remarquables ; et je me suis décidé à peindre une époque plus connue par son nom que par ses circonstances. Si j’avais cru être à la hauteur de la tâche que j’ai entreprise, j’aurais ajouté au titre de Vicomte de Béziers celui de Première partie de la guerre des Albigeois, et j’aurais continué mon ouvrage en deux autres livres appelés le Comte de Toulouse et le Comte de Foix. Mais j’ai eu peur d’avoir trop osé, et je l’avoue, je ne me permettrai d’achever le roman de cette grande histoire que si j’y suis encouragé par quelques suffrages ; je désire surtout ceux de mes compatriotes. S’ils me savaient quelque gré d’avoir tenté de faire sortir de l’oubli les fastes de notre belle province ; d’avoir voulu lui rendre cette nationalité qu’elle conserve encore, dans sa langue, après plusieurs siècles de réunion à la mère-patrie ; si quelques-uns me disaient le macte animo qui soutient l’homme studieux dans ses arides recherches, je compléterais le tableau que j’ai commencé et je les prierais d’en agréer la dédicace.

Un mot maintenant en ma faveur. Ce projet que je viens d’avouer sera peut-être une excuse à plusieurs défauts de ce livre. Si quelques faits y sont longuement exposés, c’est qu’ils devaient servir à l’intelligence d’événements bien plus compliqués que ceux qui sont enfermés dans ce premier ouvrage. Si quelques caractères y sont à peine ébauchés, quelques portraits incomplets et quelques grands noms oubliés, c’est que je les ai pour ainsi dire ménagés pour ce qui me restait à écrire. Je ne les citerai pas. On ne peut m’en vouloir de ne pas montrer par où l’on peut m’attaquer.

Une dernière observation. Ce livre va paraître au moment où ce qu’on appelle la littérature facile est menacée de crouler sous les coups de quelques critiques sévères. Un ami bienveillant, Janin, s’est servi de mon premier livre pour défendre cette littérature. Je ne sais quel sort ni quelle classification attend celui-ci, mais tout ce que je puis dire, c’est que si cet ouvrage est de la littérature facile pour ceux qui le lisent, cette littérature n’est pas facile pour ceux qui la font, et je compte sur la justice de ces critiques, même, pour me tenir compte du temps, sinon du talent, que j’ai mis à rassembler des faits épars dans un grand nombre de chroniques.

Le Vicomte de Béziers Vol. I

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