Читать книгу Au jeune royaume d'Albanie - Gabriel Louis Jaray - Страница 6

INTRODUCTION

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Table des matières

La constitution de l'Albanie indépendante était si peu prévue par l'opinion publique que beaucoup d'esprits se demandent si elle n'est pas seulement une de ces inventions diplomatiques, telles qu'il en jaillit parfois dans les conférences internationales, quand on ne sait comment résoudre une difficulté; disons le mot, elle a été une surprise.

Aussi chacun se demande: les Albanais sont-ils autre chose qu'un souvenir historique et presque archéologique? Ces hommes, que nous ne connaissons guère que par l'histoire de la conquête turque, subsistent-ils donc encore? Forment-ils une nation? Si celle-ci existe, comment l'ignorait-on? Si elle n'existe pas, qu'est-ce que cet État nouveau? On le délimite; mais, dans ces limites, que va-t-il se passer? Est-ce un foyer d'anarchie que l'on prépare ou que l'on attise? Est-ce un terrain de chasse que l'on borne pour l'Autriche et pour l'Italie?

Cet État est à quelques heures de Venise et personne n'y pénètre; on y envoie un prince, mais il ne sait par quel bout commencer son nouveau travail. Que se passe-t-il donc derrière la ligne de ces rivages inhospitaliers et que nous réserve cette nouvelle forme de la question d'Orient?

Telles sont assurément quelques-unes des questions que tous se posent et dont chacun parle d'autant mieux qu'il n'y est point allé voir.

Dans les pages qui vont suivre, j'ai essayé seulement de donner une image fidèle des régions les plus importantes et les plus populeuses de l'Albanie autonome.

Dans un précédent volume, l'Albanie inconnue, j'ai conté mon voyage chez les Albanais du Nord, dans les villes interdites, conquises jadis par les Albanais sur les Serbes et depuis lors reprises par ces derniers, et dans les tribus indépendantes et inviolées des montagnes du Nord.

Le présent ouvrage est consacré aux parties de l'Albanie du Centre, du Sud et de l'Est qui sont ou du moins qui étaient d'un abord plus facile. Ce sont les régions destinées à devenir le centre du nouvel État, du jeune royaume d'Albanie.

C'est là que la capitale est établie, là que les premiers efforts d'organisation sont faits, là que les rivalités s'exercent, là qu'entrent d'abord en conflit les antiques traditions locales et les nouvelles exigences d'un État du XXe siècle.

De ce que j'ai vu hier, est-il légitime de conclure pour demain? Du spectacle des Arnautes sous le joug turc est-il permis de déduire des pronostics sur le destin de «l'Albanie aux Albanais», sur l'avenir du nouveau royaume des Shkipetars? On ne saurait en tout cas se garder d'oublier qu'il faut faire leur part aux imprévus comme aux destins de l'histoire, aux hommes qui fondent ou ruinent les empires comme à la logique des événements et des situations.

Aussi l'ambition de celui qui écrit cet ouvrage sera-t-elle satisfaite, s'il fait revivre devant l'esprit du lecteur un milieu, les individus qui s'y agitent, leurs sentiments, leurs préjugés, leur état d'âme, s'il explique les problèmes qui s'y posent, les facteurs qui en sollicitent la solution dans un sens ou dans l'autre. Peut-être cela ne permet-il pas de prévoir l'avenir; mais les desseins de l'auteur seront accomplis, si ces pages aident à le comprendre.

Au jeune royaume d'Albanie

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