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Dani, demeure de Bryn, Feris 5

Je me trouvais dans la plus grande baignoire que j’avais jamais vue. Sur Terre, on l’aurait prise pour un jacuzzi, mais l’eau n’était pas aussi brûlante. Et cette baignoire se trouvait dans une salle de bains, pas dehors. En fait, elle se trouvait même dans le sol. L’eau était chaude, pleine d’huiles parfumées qui sentaient la nature, et j’avais une vue splendide.

Gage se trouvait sous la douche, ce que les habitants d’Everis appelaient une cabine de lavage, et était en train de se savonner le torse. Il n’avait pas d’inhibitions, pas la moindre pudeur, car il savait très bien que j’étais en train de le regarder.

Von et Bryn avaient répondu à notre appel en un temps record. Quand Gage leur avait expliqué ce qui s’était passé, ils avaient admis qu’il valait mieux qu’il reste caché. La personne qui voulait le tuer devait croire qu’elle avait réussi, en tout cas pour l’instant. Jusqu’à ce que nous découvrions qui était impliqué.

Bryn nous avait prêté sa maison afin que nous récupérions et que nous nous cachions. Comme Gage et lui ne s’étaient jamais rencontrés et n’avaient aucun lien hormis le fait qu’ils avaient des compagnes terriennes, Gage estimait que cette solution était convenable. Nous n’en avions pas beaucoup. En tant que chef des Sept, Gage menait une vie très publique. J’imaginais qu’il devait être comme les célébrités terriennes, que tout le monde était mis au courant dès qu’il était victime du moindre éternuement.

C’est pour cela que nous avions donné nos coordonnées à Bryn et qu’il était venu nous chercher, accompagné de Von, Lexi et Katie, en navette. C’était le terme qu’il avait employé. Moi ? Je trouvais que ça ressemblait à un petit vaisseau spatial sorti tout droit de Star Trek.

Me téléporter tout droit depuis la Terre était une chose ; j’étais endormie. Mais ça ? J’avais été éveillée, et émerveillée. D’accord, je venais de trouver mon Compagnon Marqué, l’avais sauvé d’une mort certaine, et là je me trouvais dans un vaisseau spatial ! Je survolais Everis ! Cela m’avait fait réaliser que, comme dans le Magicien d’Oz, nous n’étions plus au Kansas.

Et lorsque Bryn avait tendu à Gage un bâton bleu luisant qui guérissait apparemment toutes sortes de blessures quand il était agité, j’avais fait une overdose de technologies. Mais quand Gage s’était accroupi devant moi et l’avait passée au-dessus de ma cheville, et que ma douleur s’était réduite, puis avait disparu, j’avais été émerveillée. Et agacée. Il avait été torturé et laissé pour mort, et il voulait soigner ma cheville ? Quel imbécile ! J’avais fini par le convaincre que j’allais bien, et il avait enfin utilisé la baguette sur lui. Avec toutes ses entailles, ses bleus et son sang séché, il était difficile de déterminer s’il était guéri, mais son visage s’était détendu, et les plis d’amertume autour de ses lèvres s’étaient lissés.

Et à présent que nous étions installés dans la maison de Bryn ‒ une demeure étonnamment spacieuse ‒, nous étions seuls. Bryn nous avait montré où séjourneraient Von et Lexi, et Von avait hissé sa compagne sur son épaule pour l’emmener avec lui. Je ne pensais pas les entendre de sitôt, sauf si leurs cris de plaisir me parvenaient à travers les longs couloirs.

Quand nous fûmes seuls dans notre suite ‒ il n’y avait pas qu’une pièce, mais trois, en plus de la salle de bains avec son énorme baignoire ‒, je devins pudique. Nous n’étions pas en train de partager un rêve. Gage n’était pas en danger. Il était guéri et en un seul morceau, juste devant moi.

D’après son regard, cela faisait un moment qu’il voulait me toucher, m’embrasser, et bien plus encore. Reprendre là où nous nous étions arrêtés dans le rêve, avant que ma maudite cheville me réveille. Mais il était hors de question que je le laisse m’approcher avant que j’aie pris une douche. J’étais partante pour une partie de jambes en l’air spontanée et passionnée, mais je n’avais pas envie de sentir le bouc quand je me déshabillerais enfin dans le monde réel. Je ne voulais pas qu’il me voie avec des cheveux gras et des aisselles puantes pour notre premier véritable baiser.

Il avait allumé le robinet de la baignoire pour la laisser se remplir pendant que je me lavais sous la douche en premier. Je pourrais me détendre dans l’eau profonde ensuite. Je n’allais pas dire non à ça, alors j’avais hoché la tête. Il était sorti et m’avait laissée seule... jusqu’à une minute après que j’avais éteint la douche. Puis, il avait frappé à la porte et était entré. Mon corps était masqué grâce à la profondeur de la baignoire, et quand il m’avait regardée, si grand, beau et ténébreux, mon cœur avait fondu. Pas seulement mon cœur, d’ailleurs.

J’avais pensé qu’il voudrait que je me retourne, mais non. Un petit sourire s’était étalé sur son visage alors qu’il se débarrassait de ses vêtements sales, exposant chaque magnifique centimètre carré de son corps musclé. Il était peut-être un peu plus mince qu’à l’ordinaire, comme il avait été laissé pour mort, mais il restait superbe. Des épaules larges, une peau olivâtre et ferme. Il avait des poils noirs sur le torse, qui traçaient un chemin jusqu’à son nombril ‒ rentré ‒ puis continuaient en fine ligne jusque sous son pantalon. Lorsqu’il le retira, je découvris qu’il ne portait pas de sous-vêtement. Il était également en érection, et lorsqu’il me vit l’admirer, elle devint encore plus forte. Elle s’allongea, et son gland bulbeux s’incurva vers son ventre, et... Ouah, est-ce que ça allait entrer ? Partout ? Ce n’était pas parce que je l’avais sucé en rêves que je parviendrais forcément à le faire passer dans ma gorge. Ou entre mes fesses.

Mes tétons durcirent, et mes parois intérieures se contractèrent à cette idée.

Ce n’est que quand je réalisai que je le reluquais, les yeux écarquillés, la bouche grande ouverte, que je détournai le regard. Mes joues étaient aussi chaudes que l’eau du bain. Il se tourna, entra dans la cabine de lavage, et commença à se frictionner. Et la vue de dos n’était pas mal non plus.

À présent, je le regardais savonner ses pectoraux musclés et ses cuisses puissantes, et mes ovaires bondissaient de joie.

— Ta famille ne risque pas de s’inquiéter pour toi ? lui demandai-je.

Ses mains se figèrent sur son ventre, et j’eus envie de me glisser dans la cabine pour le nettoyer moi-même, pour passer les paumes sur chaque centimètre carré de sa peau. J’étais persuadée que cela ne le dérangerait pas, mais je n’étais pas encore assez sûre de moi. Je ne savais pas ce que je faisais et je ne voulais pas me ridiculiser. En tout cas, pas avant notre premier baiser.

— Ma mère est morte quand j’avais deux ans. Je ne me souviens pas d’elle.

— Et ton père ?

— Il est décédé depuis près d’un an. La cérémonie de l’ascension est censée se dérouler le jour de l’anniversaire de sa mort.

— Je suis désolée.

Et je l’étais. Je sentais pratiquement la douleur irradier de lui. Un corps si fort. Un esprit puissant, guerrier. Le voir souffrir était pire que de ressentir la douleur moi-même.

— Comment était-il ?

— Il était fort. Honorable. Un membre des Sept. Un vrai prince. Je ne peux qu’espérer être à sa hauteur.

— Comme prince ?

Par ce terme, voulait-il dire « je suis membre de la famille royale », ou était-ce simplement un titre donné aux politiciens les plus hauts gradés d’Everis ? Je l’ignorais. Mais je n’étais pas une princesse. J’étais plus à l’aise avec des chaussures de marche qu’avec une tiare.

— Comme homme.

Il se tenait fièrement et me regardait, la faim dans ses yeux si intense que j’aurais juré pouvoir sentir son contact à travers la pièce. L’eau coulait sur son corps guéri, gouttant sur chaque courbe. Chaque ombre. Plus bas. Seigneur, il était sublime. Bien bâti. De partout. Je jetai un coup d’œil vers son visage pour voir si mon inspection lui plaisait. Visiblement, je n’étais pas douée pour cacher l’intérêt que je portais à son corps parfait.

— Et les autres membres de ta famille ?

— Mes parents n’étaient pas des Compagnons Marqués, alors mon père s’est accouplé une seconde fois. Toujours pas une Compagne Marquée.

— J’ai entendu dire que trouver son Compagnon Marqué était rare.

Je passai la main sur la surface de l’eau, jouant avec les quelques bulles, tentant de ne pas prêter attention à la chaleur dégagée par mon compagnon, et pas au sens propre. Je n’avais encore jamais désiré d’homme comme je le désirais lui, et l’attente me mettait sur les nerfs, me rendait plus attentive que d’habitude à mon environnement. La fraîcheur de l’eau sur mes épaules, la chaleur de l’eau, les bulles qui éclataient sur mes tétons sensibles.

— C’est vrai. Très rare. Mon père est mort il y a près d’un an. Comment s’appelle la compagne ou le compagnon d’un parent, sur Terre ? Et leurs enfants ?

— Une belle-mère ou un beau-père. Un demi-frère ou une demi-sœur.

— Alors j’ai une belle-mère, Mauve, et une demi-sœur, Rayla, qui a trois ans de moins que moi. Rayla est née de la première union de Mauve, avec un Chasseur tué alors qu’il traquait un criminel prillon.

— Pas d’autres frères et sœurs ? Des oncles ? Des cousins ?

Il secoua la tête, puis se tourna et pencha la tête en arrière pour se laver les cheveux. Ils étaient touffus, et sa barbe de trois jours lui donnait un air ténébreux, redoutable et sexy. Tellement sexy. Je le dévorais des yeux.

— Non. Aucun. Je suis l’héritier du siège de mon père au Conseil des Sept. Ma famille descend des familles dirigeantes originelles. Je suis un prince pour mon peuple, et toi, Danielle, tu seras leur princesse.

Une princesse ? Moi ? Dani, de Floride. Une princesse ? C’était dingue.

Je dus détourner les yeux pour tenter de former une pensée cohérente. Tout ce qui me venait en tête, c’était les personnages principaux des films Disney. Je ne savais même pas chanter. J’étais trop maigre. Trop petite. Je n’avais pas les courbes pour remplir ce genre de robes. Je ne parlais pas aux souris, aux oiseaux, ou à toute autre créature. Les biches, je les chassais et je les servais au dîner. Je ne leur parlais pas et je ne dansais pas dans les bois en chantant pour les écureuils. Je n’étais ni royale ni raffinée, et les petits coucous ridicules de la main que les aristocrates faisaient au public dans les images que je voyais à la télé terrienne me provoqueraient un syndrome du canal carpien. Sérieusement ? Qu’est-ce qu’il me racontait ? Une princesse ? Moi ?

Non.

Concentrons-nous sur la famille. Je m’éclaircis la gorge et chassai le mot princesse de mon esprit.

— Je n’ai plus de famille non plus. Je ne me souviens pas de ma mère. Elle n’est pas morte, elle a simplement décidé qu’elle voulait retourner vivre en ville. Elle est partie quand j’avais quatre ans, avec le prof de yoga du centre social. Il paraît qu’ils se sont mariés et qu’ils sont partis vivre en Californie.

Gage était en train de faire mousser ses cheveux, à présent, et je me tus. Le regarder était plus intéressant que ma bonne à rien de mère. Et ce n’était pas que son visage sublime que je matais. Alors qu’il avait les bras levés, le dos cambré et qu’il me montrait son profil, son sexe semblait ressortir de son corps. Je ne pouvais pas rater ça. Je me léchai les lèvres alors que je me remémorais le goût de la goutte de fluide qui était sorte de son gland dans mon rêve. Son érection. Chaude et pulsante contre ma langue.

— Et ton père ? me demanda-t-il.

Je sentis la douleur familière à la pensée de mon père, mais je ne me sentais plus seule. Mon cœur se remplissait lentement de Gage.

— Mon père est mort l’an dernier. Il m’a appris tout ce que je sais sur la survie dans la nature. Il était guide de chasse et de pêche. Il emmenait les gens dans les zones humides pour chasser, à la rivière pour pêcher. On passait au moins deux mois dans les montagnes du Montana tous les étés. C’était un homme bien. Un excellent père.

La douche s’éteignit, et il ouvrit la porte de la cabine. En sortit. Je le regardai, son corps dégoulinant d’eau, ses muscles contractés puis relâchés alors qu’il se mouvait avec assurance. Facilité. Même avec le gourdin qu’il avait entre les cuisses.

— Je suis désolée qu’il soit allé rejoindre les dieux, dit Gage.

Je clignai des yeux à toute vitesse. Je refusais de pleurer maintenant. Alors, je hochai la tête.

— Avant que ma marque se réveille, j’étais censé épouser Rayla, dit-il. Les fiançailles royales avaient déjà été annoncées.

Je restai bouche bée. On semblait au beau milieu d’un feuilleton télévisé.

— Tu es fiancé à ta sœur ?

Il sourit alors qu’il se glissait dans la baignoire jusqu’à ce que ses épaules soient immergées et qu’il venait se placer devant moi. Il plaça les mains sur le rebord de la baignoire de chaque côté de ma tête. J’étais coincée.

— Pas de sang. Le peuple l’adore, une roturière qui deviendrait princesse. Elle est gentille et altruiste et elle est impliquée dans plusieurs associations qui viennent en aide aux gens du commun.

Seigneur. Il ne venait quand même pas de parler de gens du commun alors qu’il parlait de sa sœur. Demi-sœur. Peu importe.

— Elle est belle ?

J’eus envie de me gifler, mais les mots avaient quitté ma bouche avant que je puisse contenir la jalousie qui venait de pointer le bout de son nez. C’était un vilain défaut, et je n’avais vraiment pas envie de détester ma future belle-sœur.

— Oui. Très, dit-il en me passant une main dans les cheveux, avant de poser le regard sur mes lèvres. Mais pas aussi belle que toi.

Je rougis ; je ne pouvais pas m’en empêcher, pas alors qu’il me regardait comme s’il était prêt à bondir. J’avais envie de lui hurler de se dépêcher, mais j’étais coincée comme un lapin pris dans les phares d’un voiture, figée. J’attendais qu’il me touche. Inquiète qu’il en désire une autre.

— Elle est au courant ? Pour moi ?

Son regard s’adoucit et se porta sur mes lèvres. J’avais le souffle court.

— Oui. Elle était ravie.

Je fronçai les sourcils.

— Elle était ravie de ne pas devenir princesse ?

Ça n’avait aucun sens. Personne ne pourrait être content à l’idée de renoncer à cet homme à tomber.

— Oui. Nous étions tous les deux coincés dans le carcan du devoir. À présent, elle est libre de faire un mariage d’amour, pas de raison. Je l’aime, Danielle. Elle fait partie de ma famille, elle est sous ma protection.

— Tu l’aimes ?

Pff ! Je parlais comme une parfaite idiote. Mais c’était complètement sa faute. Je n’arrivais pas à réfléchir. Pas alors que la chaleur de son corps me parcourait comme une drogue. Et ses lèvres. J’avais le regard braqué dessus. J’étais avide. J’avais rêvé de lui nuit après nuit, je l’avais trouvé, mais il n’avait jamais été à moi. Réel. Pas comme ça. Et la faim qui s’éveillait en moi n’était pas normale. C’était terrifiant. Trop intense. Trop fort. Je perdais le contrôle. Mon corps ne m’appartenait plus, il était sien. Je percevais les battements de son cœur, celui de son pouls à la base de son cou. Bon sang, son odeur était enivrante, elle emplissait tout mon corps de chaleur.

Et l’imaginer avec une autre femme ? La partie de moi que cela faisait hurler était sauvage, à vif, primitive. Je n’avais encore jamais ressenti une chose pareille. J’avais peur de bouger, peur qu’en contractant le moindre muscle, je perde le contrôle et bondisse. Que je le marque. J’avais envie de frotter mon corps à lui, comme un foutu chat marquant son territoire, le marquer de mon odeur ‒ parce que je savais que les autres sentiraient ma peau sur lui, sauraient qu’il était mien. C’était mal. Étrange.

Mais je ne pouvais pas m’empêcher d’en avoir envie.

Seigneur, j’étais peut-être bel et bien une extraterrestre, finalement, car tout cela était inné. Instinctif. J’avais l’impression d’être une Chasseuse.

Nous n’étions plus sales. Plus blessés.

— Je l’aime comme une sœur, rien de plus. Mais ce n’est rien comparé à ce que je ressens pour toi. Je suis ta famille, désormais. Et tu es la mienne.

Tremblements. Souffle coupé. Souffle coupé. J’avais besoin qu’il me touche. Encore plus besoin que de respirer. Je me léchai les lèvres, satisfaite quand son regard suivit mon geste et que ses yeux se firent sombres et brûlants.

— Prouve-le.

Je fendis l’eau et pressai mon corps contre le sien, torse contre torse, levant les doigts pour les promener dans ses cheveux, comme je voulais le faire depuis un moment.

Ce premier contact fut comme un courant électrique, mon corps crépitant de chaleur, de désir et d’excitation. Ce fut à son tour de se figer, de lutter pour se maîtriser. Je fermai les yeux, impatiente de le goûter, et je pressai les lèvres contre les siennes, revendiquai sa bouche dans un baiser.

J’étais douce. Tendre. Mes lèvres s’attardèrent. Se retirèrent. C’était une invitation à laquelle il serait incapable de résister, j’en étais sûre. Je le désirais. J’avais besoin qu’il me touche, qu’il me fasse sentir que je lui appartenais véritablement après m’être tant battue pour être avec lui. Mais je n’étais pas expérimentée. Je ne savais pas quoi faire d’autre, à part lui donner la permission de me faire n’importe quoi.

Non, tout ce qu’il voudrait. Tout ce dont nous avions tous les deux besoin.

Je rompis notre baiser et passai les bras autour de lui pour le serrer fort. Contre moi. Le plus près possible. Je luttai contre une vague d’émotion, d’amour, d’excitation et d’un million d’autres choses que j’étais incapable de comprendre, et encore moins de nommer. Je ravalai les larmes brûlantes qui me montaient aux yeux et pressai les lèvres contre son oreille.

— J’ai besoin de toi, Gage. S’il te plaît. Je veux devenir tienne.

— Tu es mienne.

Il passa les bras autour de moi et me serra contre lui durant de longues minutes alors que nous luttions tous les deux pour nous maîtriser, nos respirations haletantes. Ses bras étaient comme des anneaux d’acier autour de moi, et je ne m’étais jamais sentie aussi en sécurité, aussi liée à un autre être. Était-ce de l’amour ? Je n’en savais rien. Le mot amour semblait tellement terne pour ce que je ressentais. C’était de l’obsession. De la dévotion. Un désir qui plantait ses griffes dans mon corps comme une bête sauvage, menaçant de me déchirer de l’intérieur.

Il me serra jusqu’à ce que mes tremblements s’évanouissent, jusqu’à ce que je me détende dans ses bras, contente de le laisser me tenir, ses mains caressant mon dos, traçant les contours de mes courbes, découvrant mon corps alors que je me soumettais à son contact.

— Tu as déjà été avec un homme, Dani ?

— Non. Pas dans ce sens-là.

J’étais contente que ma joue soit posée contre son épaule, qu’il ne puisse pas voir la rougeur qui me montait au visage.

— J’ai embrassé quelques garçons au lycée, mais jamais... tu sais.

— Alors mon premier objectif sera de chasser le goût de tous ces autres hommes de tes lèvres.

Ouah. Mais ce ne serait pas grand-chose. Ce n’était pas comme si ces quelques caresses maladroites...

Mes pensées furent interrompues lorsque Gage me passa les mains derrière la tête et me leva doucement le visage vers le sien. Il était tendre, mais son baiser ne le fut pas. Ses lèvres me revendiquaient, sa langue plongeant profondément pour me goûter, me conquérir. Me faire oublier qui avait été là le premier.

Je fondais. C’était la seule façon de décrire ce qui arrivait à mon corps. Je l’embrassai en retour, un profond gémissement provenant du fond de ma gorge un son que je ne reconnaissais pas. Mais lui si, et sa bouche devint plus agressive, plus exigeante, et je lui donnai tout, impatiente de goûter et d’être goûtée.

Il arracha ses lèvres aux miennes et me souleva sur le bord de la baignoire pour que je sois assise face à lui. Haletante. Prête à en avoir plus.

Ses mains chaudes se posèrent sur mes genoux et les écartèrent lentement.

— Écarte les jambes, Dani. Je veux revendiquer ce qui m’appartient.

Mes cuisses furent grandes écartées avant que mon cerveau puisse pousser un cri de protestation. Je n’étais pas comme ça. Je n’étais pas cette amante sauvage et désinhibée.

Mais si.

Avec un sourire qui fit durcir mes tétons et pulser mon sexe, il plaça une main entre mes seins et me repoussa lentement jusqu’à ce que mon dos soit collé au carrelage lisse qui entourait la baignoire. Je m’étais attendue à avoir froid, mais des serviettes épaisses et douces étaient étalées par terre, et je réalisai qu’il avait tout prévu depuis le début. Qu’il avait pensé à mon confort, alors même qu’il...

— Oh, la vache.

Les mots avaient quitté mes lèvres lorsque sa bouche s’était refermée sur mon clitoris. Pas de lente séduction, pas de montée en puissance progressive ou de petits baisers. Il m’aspira dans sa bouche comme si j’étais un bonbon, son grognement et ses mains tremblantes la preuve qu’il en avait envie. Qu’il avait envie de moi.

La bouche sur mon clitoris, la langue s’agitant sur mon bouton sensible, il glissa profondément un doigt en moi, m’emplissant, et j’arrêtai de l’admirer. Ma tête se renversa en arrière sur les serviettes et je cambrai le dos, levant les hanches, les doigts enfoncés dans ses cheveux, en le suppliant silencieusement de m’en donner plus.

Il maniait mon corps comme un expert, et j’abandonnai toute maîtrise de moi-même alors que le monde explosait encore et encore, mon sexe contracté sur son doigt comme un poing, les contractions musculaires me faisant sangloter, puis supplier, puis crier. C’était trop. Trop intense, les émotions qui me parcouraient le corps étaient trop puissantes. Mes oreilles tintaient, des couleurs dansaient derrière mes paupières fermées.

Quand je m’arrêtais enfin, tremblante et épuisée, ma voix rauque d’avoir tant crié, il retira son doigt, m’embrassa le clitoris une dernière fois avec douceur et me prit dans ses bras pour me remettre dans l’eau. Il me serrait contre lui, comme si je l’empêchais d’être entraîné par le courant. Son sourire était plein d’une satisfaction toute masculine, mais ses yeux contenaient autre chose. Quelque chose de tendre et de vrai, que je n’avais encore jamais vu. Je n’arrivais pas à détourner les yeux.

— Gage, murmurai-je.

Il m’ordonna de me taire avec douceur et posa ses lèvres sur les miennes, le goût épicé de mon excitation sur sa langue réveillant mon désir. Mon sentiment de satiété hébété s’envola, remplacé par de l’avidité. J’ignorais si c’était l’Everienne en moi qui se réveillait, la Chasseresse en manque de son compagnon, mais j’avais besoin de connaître son véritable goût. J’avais besoin de le conquérir comme il m’avait conquise.

Je nous fis tourner dans la baignoire, et il me laissa l’embrasser. Je le dévorai, le pressant en arrière jusqu’à ce qu’il se retrouve là où j’avais été quelques instants plus tôt, le dos collé à la paroi.

— Dehors, Gage. C’est à mon tour.

Il ne dit pas un mot, mais le désir dans ses yeux était pur et viril alors qu’il se hissait pour s’asseoir sur le rebord de l’énorme baignoire. Il ne s’allongea pas en arrière, et je lui en fus reconnaissante. L’eau qui coulait sur son torse en béton et ses abdominaux ciselés me donnait envie de parcourir le même chemin avec ma langue. Alors je m’approchai, et c’est exactement ce que je fis.

Je me mis à genoux pour l’embrasser une dernière fois, avant de suivre une goutte d’eau le long de son cou, de sa clavicule. De sa poitrine. Je m’y attardai, goûtai un téton dressé. L’odeur musquée d’un homme, de mon homme, m’emplit la tête, me donna le vertige. Ces sens de chasseresse étaient plus forts que tout. Puissants.

C’était le paradis.

Tout mon être fut empli de son essence. Je l’aspirai dans mes poumons. Mon regard s’attarda sur chaque centimètre carré pour s’assurer que la baguette ReGen n’avait pas raté la moindre contusion ou égratignure. Je me souvenais d’une brûlure particulièrement grave et d’ecchymoses noires sur ses côtes. Ma main parcourut les contours de son corps, l’examinant alors que ses yeux suivaient les miens.

— Je suis guéri, compagne.

— Chut.

C’était à mon tour de m’occuper de lui. De m’inquiéter. De me rassurer en constatant qu’il était sain et sauf. En un seul morceau. Mien. J’embrassai la zone où s’était trouvée la blessure, encore et encore, lui disant sans un mot à quel point il était important pour moi. Il poussa un gémissement, et ses mains vinrent s’enfoncer dans mes cheveux mouillés, pas pour me presser, mais pour nous lier, pour reconnaître le don que je lui faisais.

Une fois prête, je descendis le long de son ventre, admirant chaque centimètre carré de ce Chasseur d’Élite et de son corps musclé. Il était trop beau pour être vrai. Et surtout, trop beau pour être mien. Mais je n’allais pas argumenter avec le destin, ou avec le protocole de la Gardienne Égara, pas maintenant. Pas avec son gland à quelques centimètres de mes lèvres.

J’en léchai le bout, la goutte de liquide pré-séminal qui y brillait. Elle était à moi, elle aussi. Il était à moi. Tout entier.

— Dani.

Mon nom était une imploration, et j’étais impatiente de donner à mon compagnon ce dont il avait besoin.

Comme lui, je ne fus pas douce. Je l’avalai, le pris dans ma bouche avec une agressivité qui me surprit. Mais son gémissement, le mouvement de ses hanches, ses doigts qui se serrèrent sur mes cheveux, me confirmèrent qu’il était désormais sous ma coupe. Mien, comme dans le dernier rêve que nous avions partagé.

J’entourai la base de son membre avec ma main et le caressai avec ma bouche. Mes lèvres. Je le suçai, le léchai. Le goûtai. Il était comme de l’acier couvert de soie. Imposant. Dur. Je consacrai une seconde à imaginer la sensation de son sexe entre mes fesses. En train d’étirer mon vagin. Cette idée même me contractait le sexe, rendait mes seins lourds, me faisait respirer plus vite. Je venais de jouir, et pourtant, je le désirais encore. J’en voulais plus.

Seigneur, son goût était parfait. Sauvage, musqué et très viril.

Je le pris profondément et levai ma main libre pour passer de ses cuisses à ses bourses, que je caressai. Je les revendiquais elles aussi. Elles m’appartenaient. Sa semence m’appartenait. Je porterais son enfant. Je serais toute sa vie.

Mon nom passa ses lèvres, ses mains s’enfoncèrent dans mes cheveux et me maintinrent alors qu’il jouissait, sa semence épicée, différente. À moi. Je l’avalai, jusqu’à la dernière goutte.

Épuisé, il se laissa de nouveau glisser dans l’eau et me prit dans ses bras. Il me garda là pendant un long moment, sans que nous prononcions le moindre mot alors que sa respiration s’apaisait, que son rythme cardiaque ralentissait. Nous n’avions pas besoin de parler.

Quand je fus toute fripée, il me souleva de la baignoire et me sécha avant de s’occuper de lui. Il continua sur la même lancée alors que nous nous préparions à aller au lit. Il s’assura que je me brosse les dents. Il me regarda brosser et tresser mes cheveux. Quand je lui demandai un pyjama, il fronça les sourcils et refusa, puis me dit que nous dormirions toujours peau contre peau.

Cela m’allait très bien.

Et quand il se blottit contre moi, chaque muscle de son corps pressé contre moi, et que nous nous glissâmes dans les bras de Morphée, pour une fois, je n’éprouvai pas le besoin de rêver.

Sa Princesse Vierge

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