Читать книгу Dictionnaire des calembours et des jeux de mots, lazzis, coqs-à-l'âne, quolibets, quiproquos, etc - Gratet-Duplessis Pierre-Alexandre - Страница 42
ÂNE
ОглавлениеIl y a eu, à Paris, sous le premier empire, une société littéraire qui s'intitulait la Société des ânes. Chaque membre était membrâne. Un épicier était l'âne à gramme, un bourgeois dont la femme s'appelait Lise, l'âne à Lise; un professeur l'âne à thème, un compilateur l'ânalecte, un rhéteur l'âne à logique, un médecin l'âne à peste, etc.
Ces messieurs tenaient leurs séances à Montmartre.
Un jour, au commencement du consulat, quatre officiers généraux occupaient une loge à l'Opéra. C'étaient Bonaparte, Kilmène, Le Meunier et Lannes, depuis duc de Montebello. Un curieux demandait qui étaient ces messieurs, à son voisin qui lui répondit: «Lannes, Le Meunier, Kilmène et Bonaparte.»
Napoléon avait un faible pour les calembours. Il lui vint un jour une députation nombreuse de la ville de Sézane, qui demandait un sous-préfet. Quand on la lui annonça, il répondit de sorte qu'on entendît: «Laissez entrer ces ânes.»
On sait qu'en organisant l'empire il nomma gouverneur des pages le général Gardane.
Beffroy de Reigny a publié la chanson suivante, adressée à sa soeur Anne pour sa fête. Elle se chante sur l'air des fraises:
Je fus jadis moissonneur
Au Parnasse, où je glane;
Y trouverai-je une fleur
Pour en parer de bon coeur
Une Anne? (ter.)
Dis-moi pour quelle raison,
Ma soeur, tu me condamnes,
À cause de ton prénom,
À devenir l'Apollon
Des Annes? (ter.)
Il est vrai qu'en ce pays,
Tout peuplé de profanes,
J'ai vu cent paniers fleuris,
Et j'ai dit: Oh! dans Paris
Que d'Annes! (ter.)
Mais toi, voulant prévenir
Les mauvaises chicanes,
Tu pris ce nom à plaisir
Pour nous forcer à chérir
Les Annes (ter.)