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ÂNE

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Il y a eu, à Paris, sous le premier empire, une société littéraire qui s'intitulait la Société des ânes. Chaque membre était membrâne. Un épicier était l'âne à gramme, un bourgeois dont la femme s'appelait Lise, l'âne à Lise; un professeur l'âne à thème, un compilateur l'ânalecte, un rhéteur l'âne à logique, un médecin l'âne à peste, etc.

Ces messieurs tenaient leurs séances à Montmartre.

Un jour, au commencement du consulat, quatre officiers généraux occupaient une loge à l'Opéra. C'étaient Bonaparte, Kilmène, Le Meunier et Lannes, depuis duc de Montebello. Un curieux demandait qui étaient ces messieurs, à son voisin qui lui répondit: «Lannes, Le Meunier, Kilmène et Bonaparte.»

Napoléon avait un faible pour les calembours. Il lui vint un jour une députation nombreuse de la ville de Sézane, qui demandait un sous-préfet. Quand on la lui annonça, il répondit de sorte qu'on entendît: «Laissez entrer ces ânes.»

On sait qu'en organisant l'empire il nomma gouverneur des pages le général Gardane.

Beffroy de Reigny a publié la chanson suivante, adressée à sa soeur Anne pour sa fête. Elle se chante sur l'air des fraises:

Je fus jadis moissonneur

Au Parnasse, où je glane;

Y trouverai-je une fleur

Pour en parer de bon coeur

Une Anne? (ter.)

Dis-moi pour quelle raison,

Ma soeur, tu me condamnes,

À cause de ton prénom,

À devenir l'Apollon

Des Annes? (ter.)

Il est vrai qu'en ce pays,

Tout peuplé de profanes,

J'ai vu cent paniers fleuris,

Et j'ai dit: Oh! dans Paris

Que d'Annes! (ter.)

Mais toi, voulant prévenir

Les mauvaises chicanes,

Tu pris ce nom à plaisir

Pour nous forcer à chérir

Les Annes (ter.)

Dictionnaire des calembours et des jeux de mots, lazzis, coqs-à-l'âne, quolibets, quiproquos, etc

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