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Avant-propos

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L’Europe et l’Afrique sont confrontées à des défis sans précédent, qu’il convient de relever ensemble. La pandémie de COVID-19 et la crise climatique sont la preuve que « personne ne sera en sécurité tant que tout le monde ne le sera pas ». Il est dans l’intérêt de l’Europe de compléter les dispositifs de relance mis en oeuvre sur son territoire avec un soutien ambitieux à l’égard de nos partenaires africains, qui comptent parmi nos voisins les plus proches. En travaillant côte à côte pour relever les défis du développement, nous pourrons créer une dynamique de reprise puissante, durable et inclusive dont nous profiterons tous.

Dans le cadre de l’Équipe Europe, la Banque européenne d’investissement (BEI) a intensifié ses efforts pour aider les partenaires africains à faire face à la crise sanitaire et économique liée au COVID-19. En 2020, elle a mis à disposition 5 milliards d’EUR pour de nouveaux investissements privés et publics en Afrique – un engagement annuel record pour la Banque. Elle a ainsi aidé le continent à parer à l’urgence sanitaire immédiate et à atténuer la pandémie, tout en s’attaquant aux effets économiques de la crise. Cette somme permettra d’appuyer plus de 12 milliards d’EUR d’investissements dans 28 pays africains, 71 % des fonds bénéficiant à des pays en situation de fragilité et de conflit et à des économies parmi les moins avancées. Les projets soutenus devraient contribuer à la vaccination de 210 millions de personnes contre le coronavirus, à l’alimentation en électricité de 595 400 ménages grâce à de nouvelles installations énergétiques, à l’amélioration de l’approvisionnement en eau de 778 000 personnes ainsi qu’à l’irrigation de 26 500 nouveaux hectares de terres et à la reforestation de 3 076 hectares que les agriculteurs pourront exploiter. En outre, en juillet 2021, la BEI s’est engagée à soutenir, au Sénégal, la première usine africaine de production de vaccins contre le COVID-19. D’ici la fin de 2022, cette usine devrait produire chaque mois jusqu’à 25 millions de doses d’un vaccin anti-coronavirus agréé. En sus de notre soutien au mécanisme COVAX, il s’agit là d’une étape clé dans les efforts déployés à l’échelle mondiale par la BEI pour relever les défis sanitaires et économiques posés par la pandémie et construire un avenir meilleur, même si ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan compte tenu de l’ampleur de la tâche. Il est urgent que l’Union européenne intensifie encore ses efforts.

La BEI continuera d’aider les partenaires africains à « reconstruire en mieux », notamment en tenant compte des effets des changements climatiques. Mais, à cet égard aussi, le déficit de financement est énorme. Une reprise durable et inclusive post-COVID-19 nécessitera 1 000 milliards d’USD supplémentaires par an, en plus des 2 500 milliards d’USD nécessaires pour le financement des objectifs de développement durable (ODD) qui manquaient déjà chaque année avant la crise[1]. Les répercussions de la crise climatique ne font qu’amplifier les besoins. Le Fonds monétaire international (FMI) a estimé que l’Afrique subsaharienne à elle seule aura besoin chaque année de 30 à 50 milliards d’USD de financements supplémentaires pour s’adapter aux effets des changements climatiques[2].

La reprise en Afrique dépendra du maintien et de la création d’emplois par les entreprises privées, mais même celles qui prospéraient par le passé ont été durement touchées par la crise du COVID-19. Les données issues d’enquêtes menées auprès d’entreprises dans neuf pays africains pendant la pandémie permettent d’établir le constant suivant : l’impact économique est grave[3]. Environ 88 % des entreprises des pays couverts par les enquêtes connaissaient des difficultés de trésorerie et plus de 55 % d’entre elles ont dû fermer à titre temporaire à un moment donné. Quelque 8 % ont fait faillite et 26 % étaient en retard sur des obligations financières.

La présente publication examine les possibilités qui s’offrent au secteur financier africain pour soutenir la reprise. Le maintien de l’accès au financement a aidé les entreprises à rester à flot pendant la crise et les secteurs financiers africains ont la possibilité d’apporter une contribution encore plus importante au développement durable à l’avenir. Par exemple, les bailleurs de fonds africains commencent à saisir les occasions que recèle la finance verte et les banques sont de plus en plus conscientes de la nécessité de faire face aux risques que représentent les changements climatiques. En outre, la transformation numérique des secteurs financiers s’est accélérée pendant la pandémie. Les services financiers numériques offrent une chance énorme d’élargir l’accès au financement aux entreprises insuffisamment desservies et l’inclusion financière à des groupes qui étaient auparavant exclus de la finance formelle, contribuant ainsi à améliorer les moyens de subsistance et à lutter contre la pauvreté.

Les répercussions de la crise du COVID-19 pourraient s’inscrire dans la durée. Dès lors, le secteur financier pourrait avoir davantage de difficulté à soutenir une économie intelligente, verte et inclusive. Le soutien des décideurs politiques a contribué au maintien de la stabilité et de la viabilité du secteur financier pendant la crise. Néanmoins, de nombreuses banques se retrouvent maintenant avec des volumes importants de prêts non productifs dans leur bilan, ce qui pourrait les inciter à redémarrer leur activité de prêt avec prudence. Une telle évolution creuserait l’important déficit de financement auquel les entreprises africaines sont confrontées[4], les petites et moyennes entreprises (PME), les start-ups et les entreprises innovantes étant particulièrement concernées.

Le 15 septembre, le Conseil d’administration de la BEI a approuvé la proposition relative à la création d’une branche de la BEI dédiée au financement du développement. Cette réorganisation lui permettra de recentrer sa contribution sur le soutien des objectifs de l’Union européenne et de ses partenaires à l’extérieur de l’UE avec un impact et une efficacité encore accrus. La Banque de l’UE pourra renforcer son engagement en matière de développement en intensifiant la présence d’experts sur le terrain ; elle deviendra aussi un partenaire plus efficace pour les autres banques de développement multilatérales et nationales. En outre, elle sera mieux en mesure de poursuivre son ambition en termes de lutte contre le changement climatique.

Avec la nouvelle branche consacrée au développement, la BEI continuera de collaborer avec les institutions financières africaines pour les aider à stimuler une reprise tirée par le secteur privé. La BEI octroie des prêts et des fonds propres « patients » pour renforcer la capacité de ces institutions à prêter en faveur d’un redressement durable, en ciblant en particulier les PME et les investissements dans des domaines clés tels que le climat, l’économie numérique, l’innovation et l’entrepreneuriat féminin. Nous soutenons toute une gamme d’acteurs et adaptons notre offre, y compris par le biais de prêts en monnaie locale, pour répondre à tout l’éventail des besoins en matière de développement durable. Afin de maximiser l’impact sur le développement, la BEI complète son offre financière par des missions d’assistance technique, des services de conseil et des productions intellectuelles, telles que le présent rapport.

J’espère que vous trouverez La finance au service de l’Afrique utile et que l’analyse contenue dans le présent rapport pourra vous aider à prendre des décisions d’investissement éclairées et à fort impact.

Werner Hoyer

Président de la Banque européenne d’investissement

[1] OCDE, 2020. L’OCDE estime que la crise du coronavirus a provoqué un déficit de revenus de 700 milliards d’USD en 2020.

[2] FMI, 2020. Chapitre 2 – « S’adapter aux changements climatiques en Afrique subsaharienne ». Disponible à l’adresse : https://www.imf.org/fr/Publications/REO/SSA/Issues/2020/04/01/sreo0420.

[3] Données disponibles à l’adresse : https://www.enterprisesurveys.org/en/graphing-tool.

[4] Le déficit de financement des PME a été estimé à 17 % du revenu national en 2017, sur la base des données présentées dans Société financière internationale, 2017.

La finance au service de l'Afrique

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