Читать книгу The Self-Dismembered Man - Guillaume Apollinaire - Страница 9

The Hills

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One day in the sky over Paris

Two great airplanes made war

One was red and the other was black

And still higher at the zenith flamed

Eternity’s sunshine


The one was my entire youth

The other was the future

They made war furiously

Same as the radiant archangel

Struggled with Lucifer


So calculus hates the problem

So night hates day

So my loving batters my love

So hurricane

Uproots the screaming tree


But look at the sweetness

Paris like a girl

Awakens languidly

And shaking her long long hair

She begins to sing


Où donc est tombée ma jeunesse

Tu vois que flambe l’avenir

Sache que je parle aujourd’hui

Pour annoncer au monde entier

Qu’enfin est né l’art de prédire


Certains hommes sont des collines

Qui s’élèvent d’entre les hommes

Et voient au loin tout l’avenir

Mieux que s’il était le présent

Plus net que s’il était passé


Ornement des temps et des routes

Passe et dure sans t’arrêter

Laissons sibiler les serpents

En vain contre le vent du sud

Les Psylles et l’onde ont péri


Ordre des temps si les machines

Se prenaient enfin à penser

Sur les plages de pierreries

Des vagues d’or se briseraient

L’écume serait mère encore


My youth was shot out of the sky

Now see how the future burns

Hear me

Announcing to the whole world

The birth of prophecy


Certain men are hills

Rising above humanity

And to these men the future

Seems nearer than the present

And cleaner than the past


Ornaments of roads and weather

Lead on to everlasting

Let the snake hiss

Vainly against the south wind

The snake charmers are dust


A sign of the times

When machines begin to think

Solid gold sea-waves

Break against jeweled beaches

Sea-foam mothers us once again


Moins haut que l’homme vont les aigles

C’est lui qui fait la joie des mers

Comme il dissipe dans les airs

L’ombre et les spleens vertigineux

Par où l’esprit rejoint le songe


Voici le temps de la magie

Il s’en revient attendez-vous

A des milliards de prodiges

Qui n’ont fait naître aucune fable

Nul les ayant imaginés


Profondeurs de la conscience

On vous explorera demain

Et qui sait quels êtres vivants

Seront tirés de ces abîmes

Avec des univers entiers


Voici s’élever des prophètes

Comme au loin des collines bleues

Ils sauront des choses précises

Comme croient savoir les savants

Et nous transporteront partout


Man flies higher than eagles

Man pleasures the oceans

Man dispels

Shadows and spleen

His dream is real


Now is the time of magic

See they return

Billions of prodigies

Fathers to no fables

And unimaginable


Tomorrow explores

Deep consciousness

And tomorrow new beasts

Whole universes

Will be torn from it living


New prophets arise

Like blue hills at the horizon

They will knows things exactly

Beyond the scientists

They will take us everywhere


La grande force est le désir

Et viens que je te baise au front

O légère comme une flamme

Dont tu as toute la souffrance

Toute l’ardeur et tout l’éclat


L’âge en vient on étudiera

Tout ce que c’est que de souffrir

Ce ne sera pas du courage

Ni même du renoncement

Ni tout ce que nous pouvons faire


On cherchera dans l’homme même

Beaucoup plus qu’on n’y a cherché

On scrutera sa volonté

Et quelle force naîtra d’elle

Sans machine et sans instrument


Les secourables mânes errent

Se compénétrant parmi nous

Depuis les temps qui nous rejoignent

Rien n’y finit rien n’y commence

Regarde la bague à ton doigt


Desire is the sovereign force

Come here and be kissed

Agile little fire

Little pain bird

All ardor and scandal


We shall be scholars of real pain

In a golden age of suffering

Nothing to do with courage

Nothing to do with sacrifice

Nothing to do at all


We shall require from man

More than ever was required

We shall test his will

And the power of it

Naked and unaided


Kindly gods haunt us

They walk beside us

In times that overwhelm us

Nothing ends nothing begins

If you don’t believe me just look at the ring on your finger


Temps des déserts des carrefours

Temps des places et des collines

Je viens ici faire des tours

Où joue son rôle un talisman

Mort et plus subtil que la vie


Je me suis enfin détaché

De toutes choses naturelles

Je peux mourir mais non pécher

Et ce qu’on n’a jamais touché

Je l’ai touché je l’ai palpé


Et j’ai scruté tout ce que nul

Ne peut en rien imaginer

Et j’ai soupesé maintes fois

Même la vie impondérable

Je peux mourir en souriant


Bien souvent j’ai plané si haut

Si haut qu’adieu toutes les choses

Les étrangetés les fantômes

Et je ne veux plus admirer

Ce garçon qui mime l’effroi


Times of desert and crossroad

Time of hill and plaza

I’m here to play tricks

I’m using a talisman

A corpse more subtle than anything alive


I am the self-dismembered man

Denatured detached

Capable of death incapable of sin

And what no one has ever touched

I have touched intimately


I have tasted what no one

Could possibly imagine

I have measured numberless

Unthinkable lives

I can die smiling


I have flown so high so often

Adieu everything

Paranormals and phantoms

I have no mind left to marvel

At child’s play


Jeunesse adieu jasmin du temps

J’ai respiré ton frais parfum

A Rome sur les chars fleuris

Chargés de masques de guirlandes

Et des grelots du carnaval


Adieu jeunesse blanc Noël

Quand la vie n’était qu’une étoile

Dont je contemplais le reflet

Dans la mer Méditerranée

Plus nacrée que les météores


Duvetée comme un nid d’archanges

Ou la guirlande des nuages

Et plus lustrée que les halos

Émanations et splendeurs

Unique douceur harmonies


Je m’arrête pour regarder

Sur la pelouse incandescente

Un serpent erre c’est moi-même

Qui suis la flûte dont je joue

Et le fouet qui châtie les autres


Goodbye youth

Jasmine of time I breathed

On Roman flower wagons

Carrying masks and garlands

And carnival bells


Goodbye youth Christmas

One star all alone

I prayed to its reflection

On the surface of the sea

Where it seemed more pearly than meteors


Downy as an archangel’s nest

Or cloud wreath

More lustrous than halos

Emanations and splendors

Unique sweetness harmonies


On the incandescent lawn

I stop to watch

The snake of me

And the flute I play

And the scourge I use


Il vient un temps pour la souffrance

Il vient un temps pour la bonté

Jeunesse adieu voici le temps

Où l’on connaîtra l’avenir

Sans mourir de sa connaissance


C’est le temps de la grâce ardente

La volonté seule agira

Sept ans d’incroyables épreuves

L’homme se divinisera

Plus pur plus vif et plus savant


Il découvrira d’autres mondes

L’esprit languit comme les fleurs

Dont naissent les fruits savoureux

Que nous regarderons mûrir

Sur la colline ensoleillée


Je dis ce qu’est au vrai la vie

Seul je pouvais chanter ainsi

Mes chants tombent comme des graines

Taisez-vous tous vous qui chantez

Ne mêlez pas l’ivraie au blé


There will be time for suffering

There will be time for kindness

Goodbye youth soon now

We’ll know the future

And no harm done


It will be a time of avid grace

Fire refining human will

Seven years incredible labor

And then godhood

Pure increase and pure knowledge


Man will find more worlds

The spirit wilts like a flower

Giving way to sweet fruit

Ripening in no hurry

On sunny hillsides


I tell you what life is truly

Only I could tell you

My songs fall like scattered seeds

Tell the other poets to give up

They are chaff I am wheat


Un vaisseau s’en vint dans le port

Un grand navire pavoisé

Mais nous n’y trouvâmes personne

Qu’une femme belle et vermeille

Elle y gisait assassinée


Une autre fois je mendiais

L’on ne me donna qu’une flamme

Dont je fus brûlé jusqu’aux lèvres

Et je ne pus dire merci

Torche que rien ne peut éteindre


Où donc es-tu ô mon ami

Qui rentrais si bien en toi-même

Qu’un abîme seul est resté

Où je me suis jeté moi-même

Jusqu’aux profondeurs incolores


Et j’entends revenir mes pas

Le long des sentiers que personne

N’a parcourus j’entends mes pas

A toute heure ils passent là-bas

Lents ou pressés ils vont ou viennent


A ship entered port

An enormous flagship

There was no one aboard her

But later on the deck we found

A lovely crimson murdered woman


A while ago I begged

I was given nothing but fire

I was burned to the lips

I couldn’t even say thanks

Nothing could extinguish me


Where are you now my friend

Withdrawn into yourself so far

Only an abyss remains

Where I’ve thrown myself

Down to colorless depths


I hear my steps returning

Along the path where none

Ever passed I hear my steps

Passing at all hours

Slow or hurrying they come and they go


Hiver toi qui te fais la barbe

Il neige et je suis malheureux

J’ai traversé le ciel splendide

Où la vie est une musique

Le sol est trop blanc pour mes yeux


Habituez-vous comme moi

A ces prodiges que j’annonce

A la bonté qui va régner

A la souffrance que j’endure

Et vous connaîtrez l’avenir


C’est de souffrance et de bonté

Que sera faite la beauté

Plus parfaite que n’était celle

Qui venait des proportions

Il neige et je brûle et je tremble


Maintenant je suis à ma table

J’écris ce que j’ai ressenti

Et ce que j’ai chanté là-haut

Un arbre élancé que balance

Le vent dont les cheveux s’envolent


Winter while you’re shaving

It snows and I’m miserable

I’ve crossed the bright sky

Where life is a song the ground

Is far too white for my eyes


You must accept as I’ve accepted

These prodigies I announce to you

And the kindness that will govern us

And the suffering I endure

To show you the future


Beauty will be made

Of suffering and kindness

And it will be a more perfect beauty

Than ever arose from symmetry

It snows and I burn and I tremble


Sitting at my table now

I write what I’ve felt

And what I sang up there

A slim tree swaying

In the wind and my hair streaming


Un chapeau haut de forme est sur

Une table chargée de fruits

Les gants sont morts près d’une pomme

Une dame se tord le cou

Auprès d’un monsieur qui s’avale


Le bal tournoie au fond du temps

J’ai tué le beau chef d’orchestre

Et je pèle pour mes amis

L’orange dont la saveur est

Un merveilleux feu d’artifice


Tous sont morts le maître d’hôtel

Leur verse un champagne irréel

Qui mousse comme un escargot

Ou comme un cerveau de poète

Tandis que chantait une rose


L’esclave tient une épée nue

Semblable aux sources et aux fleuves

Et chaque fois qu’elle s’abaisse

Un univers est éventré

Dont il sort des mondes nouveaux


A top hat rests

On a table groaning with fruit

The gloves are dead beside an apple

A grand lady chokes herself

Beside a man who swallows himself


The ballroom spins in eternity

Where I’ve killed the bandleader

And for my friends now I peel

An orange whose flavor

Is a fireworks display


Everyone’s dead and the maitre d’

Pours them unreal champagne

It foams like a snail

Or like a poet’s brain

A white rose singing all the while


A slave grabs a naked sword

It looks like fountains and rivers

Every time he lowers it

A universe is disemboweled

And new worlds arise


Le chauffeur se tient au volant

Et chaque fois que sur la route

Il corne en passant le tournant

Il paraît à perte de vue

Un univers encore vierge


Et le tiers nombre c’est la dame

Elle monte dans l’ascenseur

Elle monte monte toujours

Et la lumière se déploie

Et ces clartés la transfigurent


Mais ce sont de petits secrets

Il en est d’autres plus profonds

Qui se dévoileront bientôt

Et feront de vous cent morceaux

A la pensée toujours unique


Mais pleure pleure et repleurons

Et soit que la lune soit pleine

Ou soit qu’elle n’ait qu’un croissant

Ah! Pleure pleure et repleurons

Nous avons tant ri au soleil


The chauffeur grabs the steering wheel

He honks his horn at every turning

On the horizon

In the street around the corner

He sees a virgin universe


And number three is a grand lady

Going up in the elevator

She keeps going up and up

And the light spreads out

And the brightness transfigures her


But these are small secrets

There are others much deeper ones

Soon to be unveiled

And they will cut you to pieces

With a common thought


Weep weep and weep again

And may the moon wax full

Or shrink to a sliver

Ah! Weep weep and weep again

We have laughed for such a long time in the sun


The Self-Dismembered Man

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