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III Le Pronunciamiento.

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En votant l'annexion du Texas aux États-Unis, le Congrès de Washington savait fort bien que la guerre avec le Mexique ressortirait de ce vote approuvé la même année par les représentants du Texas; aussi s'était-il de longue main préparé à cette guerre, en massant des troupes sur les frontières mexicaines et en avertissant les escadres du golfe du Mexique et de l'Océan Pacifique à être prêtes à agir au premier signal.

Cependant quelques négociations furent entamées; elles échouèrent, et le général Taylor, commandant les forces américaines, reçut l'ordre de marcher en avant sur le Río Grande, tandis que l'escadrille l'appuierait en longeant la côte jusqu'à Matamoros.

Tous les ports mexicains furent bloqués; le plan des Américains consistait en une série d'attaques simultanées sur les frontières mexicaines du nord, de l'ouest et de l'est.

Le premier engagement eut lieu le 24 avril 1846. Nous n'avons pas l'intention de suivre les opérations des Américains; ces opérations, fort habilement conduites et exécutées avec un succès constant, sont connues de tout le monde; d'ailleurs, nous sortirions du cadre que nous nous sommes proposé; nous constaterons seulement que la fortune se prononça constamment contre les Mexicains, et que partout où ceux-ci se trouvèrent en face des Américains, ils furent honteusement défaits par des forces toujours inférieures aux leurs.

Don Pablo avait donc faussé la vérité, lorsqu'il avait dit qu'une guerre était imminente entre le Mexique et les États-Unis, puisque cette guerre existait et que déjà plusieurs batailles sanglantes avaient été livrées et perdues.

Mais comme les opérations avaient lieu surtout du côté de la Californie, peu de personnes, excepté celles obligées par leur situation à suivre les événements politiques, étaient instruites de ce qui se passait.

La situation se rembrunissait de plus en plus, elle devenait critique, une catastrophe était imminente, la vérité commençait à se faire jour et les bruits les plus sinistres circulaient sourdement dans la population.

Nous reprenons maintenant notre récit au point où nous l'avons abandonné, tout en nous excusant de cette courte digression politique indispensable du reste pour l'intelligence des faits qui vont suivre.

Les inconnus arrivaient un par un, deux par deux, parfois même trois par trois, si bien qu'au bout d'un quart d'heure à peine, la clairière se trouva remplie et que don Pablo se trouva enveloppé par la foule qui, cependant, laissait entre elle et lui un espace libre de quelque pieds, et qui semblait témoigner que, provisoirement du du moins, elle le reconnaissait pour son chef.

Quelques-uns des arrivants étaient venus serrer la main de don Pablo, et, après avoir échangé quelques paroles à voix basse avec lui, ils s'étaient rangés à ses côtés.

Le jeune homme demeurait toujours immobile et calme au milieu de la foule, que, par sa position, il dominait complètement; au bout de quelques instants, un individu se glissa au travers des rangs et annonça à voix haute que tout le monde était arrivé et qu'il était inutile d'attendre plus longtemps.

Don Pablo leva le bras droit au-dessus de sa tête; aussitôt les chuchotements cessèrent et un silence de mort régna dans cette clairière, où cependant une centaine d'individus au moins étaient réunis.

—Señores, dit alors don Pablo d'une voix forte et qui fut parfaitement entendue de tout le monde, laissez-moi d'abord vous donner quelques nouvelles toutes fraîches et qui, j'en suis convaincu, vous intéresseront.

—Parlez, parlez, s'écrièrent plusieurs voix.

—Écoutez avec attention, car la chose en vaut la peine, reprit le jeune homme; sachez que le général Castro, qui commandait à Puebla de los Ángeles, en apprenant la reddition de San Francisco et de Monterey aux Américains, reddition volontaire, je le constate, s'est enfui en Sonora sans oser combattre; la Californie a été aussitôt annexée aux États-Unis. Ce n'est pas tout, continua don Pablo de son accent le plus railleur, le général américain Kearney est entré sans coup férir à Santa Fe et a officiellement déclaré le Nouveau Mexique annexé aux États-Unis d'Amérique.

A cette seconde nouvelle, plus grave encore que la première, les clameurs et les vociférations redoublèrent, et pendant quelques instants un tumulte effroyable régna dans la clairière.

—Je n'ai pas fini, reprit le jeune homme d'une voix forte qui domina les cris de la foule. La capitale du Nuevo León, Monterey, cette ville si riche où commandait le général Ampudia, s'est rendue après quelques attaques vigoureuses, j'en conviens, au général américain Taylor.

A cette dernière révélation, la fureur fut à son comble; pendant plus d'une demi-heure, il fut presque impossible d'obtenir un instant de silence.

—Je vais vous donner d'autres nouvelles et plus fraîches, moi, s'écria un des assistants. Le président Paredes se prépare à marcher en personne contre les Américains. Il a remis ses pouvoirs entre les mains du général Bravo, vice-président de la république. Il doit quitter demain la capitale.

—Vos nouvelles sont de ce matin, interrompit vivement un second; en voici d'autres: le président ne part plus, du moins jusqu'à nouvel ordre; des troubles ont éclaté à Puebla, à Guanajuato et autres villes importantes; Paredes veut faire tête à l'orage.

—Vive Dios! interrompit en riant un des assistants, il a raison, n'est-il pas une muraille?

Ce jeu de mots essentiellement mexicain puisque Paredes en castillan signifie littéralement muraille, eut un succès fou.

—Canarios! si forte que soit cette muraille, s'écria un railleur, nous la démolirons!

—Oui! bien! bravo! s'écria-t-on de toutes parts. Les cris, les rires, les quolibets se croisèrent alors dans tous les sens sur le nom du président et celui du vice-président qui prêtait aussi au calembour, car les Mexicains sont surtout gouailleurs; le tapage devint épouvantable; cependant peu à peu l'effervescence se calma et le silence se rétablit à peu près. Don Pablo profita de cet instant de calme pour reprendre la parole.

—Le ministère s'est retiré, dit-il, nous sommes en complète anarchie; n'est-il pas honteux que. México seule, la capitale de la république, demeure silencieuse et indifférente lorsque toutes les provinces font des pronunciamientos et proclament la déchéance du président qui, par son incurie, est cause de l'humiliation de nos armes et des échecs constants qu'elles ont éprouvés. Il n'y a qu'un homme qui dans les circonstances critiques où nous nous trouvons, puisse nous sauver; cet homme est le général Santa-Anna, que vous avez exilé, et qui pourtant est prêt à revenir se mettre à votre tête pour délivrer la patrie du joug que les étrangers prétendent nous imposer.

Cette proposition du jeune homme fut accueillie avec enthousiasme par tous les assistants.

Le prestige que Santa-Anna, cet individu qu'on a avec raison nommé le mauvais génie du Mexique, a su conserver toujours, est immense. C'est chose qui dépasse toute croyance que l'amour que les masses professent pour cet homme, et l'influence que pendant le cours d'une carrière trop longue pour la prospérité de son pays, il a exercée sur toutes les classes de la société mexicaine.

Il fut arrêté que le lendemain au point du jour le pronunciamiento commencerait, qu'on proclamerait la déchéance de Paredes et l'avènement du général Santa-Anna, le seul homme qu'on pût opposer avec chance de succès aux Américains.

Séance tenante, toutes les mesures furent prises par les conjurés pour faire réussir la révolte, les postes furent distribués, les chefs nommés, des mots de ralliement choisis, etc.

Lorsque toutes les mesures furent prises, tout convenu, don Pablo ôta son chapeau et, enlevant du même coup le masque qui lui cachait la figure:

—Caballeros! s'écria-t-il avec enthousiasme, l'heure des précautions pusillanimes est passée, les traîtres ne sont plus possibles lorsque tout le monde est d'accord: nous ne sommes plus des conjurés timides qui conspirent dans l'ombre, nous sommes des patriotes qui voulons renverser un tyran odieux et délivrer notre pays du joug honteux de l'étranger; c'est donc franchement, hardiment, à visages découverts, que nous devons entrer dans la lice. A bas les masques, caballeros, ils empêchent de voir les loyales figures des sauveurs de la patrie!

Ces paroles obtinrent un succès immense et furent couvertes d'unanimes applaudissements.

Les masques furent aussitôt enlevés et foulés aux pieds. Nous n'oserions pas affirmer que tout le monde fut satisfait de cette dernière mesure: sans doute certains conspirateurs craintifs n'auraient pas été fâchés de conserver les leurs, mais il leur fallut céder à l'entraînement général, et ce furent eux qui, du bout des dents probablement, montrèrent la joie la plus vive pour cette confiance que les conjurés témoignaient dans la justice de leur cause, et le succès que le pronunciamiento ne manquerait pas d'obtenir.

Il y a longtemps qu'on a dit pour la première fois que, dans les conspirations, ce sont les poltrons qui, une fois que leurs vaisseaux sont brûlés, vont le plus loin et compromettent les braves par le courage de mauvais-aloi dont ils font parade à contrecœur; il arriva cette fois comme les autres, et si on les avait laissé faire, bien que sans armes, ils auraient immédiatement marché sur la capitale: il est probable que dans leur for intérieur, tout en faisant cette motion incendiaire, ils avaient l'espoir de s'échapper en route, et de laisser leurs compagnons se tirer d'affaire comme ils pourraient.

Une heure plus tard, tous les conjurés galopaient vers México.

Rentré chez lui dans sa maison de la calle San Andrés, don Pablo de Zúñiga se jeta tout vêtu sur un hamac, en ayant le soin de placer ses armes à portée de sa main, et il s'endormit presque aussitôt.

Cependant, au lever du soleil, México présentait cet aspect menaçant qui, sans qu'aucun mouvement n'eût encore été fait, aucun cri poussé, présage les catastrophes; on sentait que la révolte était dans l'air.

Les Indiens qui habituellement approvisionnaient la ville, n'étaient pas arrivés; des magasins, aucun n'était ouvert; des groupes d'hommes aux allures étranges, aux manières farouches, sortant on ne sait d'où, se répandaient de tous les côtés et se massaient sur les rues et les places qui environnaient le palais du président; les azoteas des maisons se garnissaient de monde, malgré la chaleur toujours croissante du soleil.

Aucune femme ne paraissait dans les rues pour vaquer, selon l'habitude, aux soins journaliers du ménage; partout on n'apercevait que des hommes dont le nombre s'en allait croissant à chaque minute; la foule se faisait peu à peu considérable; des murmures et des chuchotements menaçants commençaient à se faire entendre çà et là dans les groupes de plus en plus nombreux; on ne voyait pas d'armes encore, mais on les sentait sous tous les manteaux et on comprenait vaguement qu'il suffisait d'un signal pour les faire tout à coup étinceler au soleil.

Mais ce signal, qui le donnerait? Nul ne le savait encore: la foule attendait inquiète et anxieuse, frémissant au moindre bruit et se massant de plus en plus aux alentours du palais.

Tout à coup on entendit au loin comme le grondement sourd de la marée qui monte, quand la mer bouleversée dans le plus profond de ses abîmes inconnus se tord sous l'effort convulsif de la tempête. Ce grondement, d'abord vague et indistinct, s'en allait grandissant avec rapidité, se rapprochant incessamment, et prit bientôt les proportions gigantesques d'un effroyable tumulte. C'était, bien la marée qui montait, mais marée humaine celle-là, cent fois plus terrible et plus redoutable dans sa furie que le choc produit par les éléments en fureur. L'horrible clameur, sortie de cinquante mille poitrines, vint se briser avec un indicible fracas plein de menaces contre les murailles du palais présidentiel.

La foule se sépara en deux sous l'effort tout puissant de l'invisible tempête, et ouvrit un large passage au milieu d'elle. Par ce passage se ruèrent aussitôt une masse confuse de cavaliers et de piétons courant à perdre haleine, hurlant à plein gosier et brandissant, avec des cris de menaces, des armes de toutes sortes.

C'était la révolte qui arrivait ivre de sang et de rage. Plusieurs cavaliers, revêtus de brillants uniformes, galopaient en tête des conjurés, et semblaient être leurs chefs. Parmi eux, le premier de tous, se tenait don Pablo de Zúñiga, mais lui il portait le costume civil, et n'avait aucune arme apparente.

Le peuple, rassemblé sur la plaza Mayor, salua avec des cris et des trépignements de joie l'arrivée des nouveaux venus. C'était le signal qu'il attendait.

Tous se mêlèrent aussitôt, et avec un ensemble admirable, ils se préparèrent à agir.

En un instant, les principales artères conduisant à la place furent bouchées par des barricades, improvisées avec une adresse et une facilité qui témoignaient en faveur de la science que la populace mexicaine a puisée pour la révolte dans les trois cent quatre-vingts révolutions qui ont suivi la proclamation de son indépendance, ce qui donne une moyenne de quatre révolutions par an: on deviendrait savant à moins.

Les barricades construites dans l'entrée des rues, d'autres furent établies sur les azoteas, car dans l'Amérique espagnole, où tous les toits des maisons sont plats et construits à l'italienne, dans les villes les batailles se livrent à la fois en haut et en bas, c'est-à-dire dans les rues et sur les maisons; des tireurs adroits s'embusquèrent derrière les barricades et on attendit. Une espèce de calme tumultueux, s'il est permis d'employer cette expression, succéda alors à l'indescriptible vacarme qui avait salué la jonction du peuple et des conjurés.

Ceux-ci, réunis en un seul groupe à l'angle de la calle de Tacuba, arrêtaient entre eux les dernières mesures avant de frapper un coup décisif.

Cependant, le palais demeurait toujours sombre et silencieux, portes et fenêtres fermées; rien ne semblait bouger à l'intérieur; ce silence était d'autant plus effrayant pour les révoltés, qu'ils savaient le palais bourré de troupes.

Le président et le vice-président, avertis pendant la nuit de la révolte qui se préparait, avaient agi en conséquence, et ils avaient tout préparé pour opposer une énergique résistance à ceux qui prétendaient les renverser du pouvoir. Un roulement de tambours se fit entendre, suivi presque immédiatement d'un appel de clairons; la foule poussa un cri de satisfaction: son attente allait être satisfaite, le président acceptait le combat.

Les portes s'ouvrirent toutes grandes; un régiment d'infanterie sortit en bon ordre et vint se ranger en bataille devant les murs du palais; à ce régiment en succéda un autre, puis un autre encore, en tout trois. Les soldats et les officiers faisaient bonne contenance et ne paraissaient être nullement effrayés par les cris, les insultes et les sifflets avec lesquels la foule accueillit leur apparition. Deux régiments de cavalerie parurent ensuite, suivis presque aussitôt par quatre batteries formant un effectif de dix pièces de canon. Par les portes ouvertes, on apercevait d'autres troupes massées dans les cours du palais. Au même instant, des tirailleurs garnirent toutes les fenêtres.

Le président Paredes était à la tête d'une véritable armée, la lutte menaçait d'être terrible, et la victoire chaudement disputée.

Les insurgés ne s'attendaient pas à un aussi grand déploiement de forces; plusieurs d'entre eux, les plus timides sans doute, commençaient à regarder en arrière, comme s'ils eussent songé déjà, en cas d'échec, à se préparer un refuge. Derrière les troupes, un groupe de cavaliers composé d'officiers supérieurs, le président et le vice-président en tête, entrèrent sur la place.

Le président était pâle, mais il semblait calme et résolu; son état-major marchait silencieux à sa suite.

Les cris de: A bas Paredes! Vive Santa-Anna! s'élevèrent de tous les coins de la place, mêlés aux sifflets et aux injures.

Le président fit un signe de la main.

Les tambours roulèrent tous à la fois et couvrirent les clameurs de la foule.

Lorsque le silence fut à peu près rétabli, le président fit avancer son cheval sur le front de bandière, et d'une voix haute et assurée:

—Que voulez-vous? dit-il. Ne suis-je pas le président élu par vos suffrages?

Sa voix fut étouffée par les cris et les hurlements de la foule, il lui fut impossible de continuer.

—A quoi bon parlementer? dit le vice-président, sabrons cette canaille!

—Cette canaille est le peuple, répondit le président, dont le mâle visage se voila de tristesse; le sang versé ne se lave jamais, il reste comme un stigmate indélébile sur celui qui l'a fait répandre.

—Ne discutons pas, agissons, le temps presse, reprit le général; dans quelques minutes il sera trop tard peut-être, je ne suis pas sûr des soldats. Ce serait une lâcheté d'abandonner le poste que le peuple vous a librement donné et de pactiser avec quelques mutins.

—Que faire? murmura le président, en laissant errer avec tristesse ses regards sur la foule frémissante.

Cependant les cris et les sifflets redoublaient, il fallait en finir d'une manière ou de l'autre: combattre, ou se retirer et s'avouer vaincu.

Le vice-président leva son épée.

La fusillade éclata, plusieurs hommes tombèrent dans les rangs du peuple.

Un cri terrible, poussé par toutes les poitrines à la fois, répondit à cette agression inattendue; la place tout entière s'alluma comme un volcan, et le crépitement sinistre des balles vint se joindre aux hurlements furieux des combattants.

La bataille était engagée.

Tout à coup don Pablo de Zúñiga, suivi de quelques hommes dévoués et résolus ainsi que lui, fit bondir son cheval au milieu de la place, déjà encombrée de morts et de blessés, et il s'élança vers les troupes.

Le général Bravo s'était mis à la tête de l'infanterie. Les insurgés reculaient, la situation devenait critique pour eux; quelques cris de sauve-qui-peut commençaient à se faire entendre çà et là; plusieurs révoltés cherchaient leur salut dans la fuite.

Le président était rentré sombre et pensif dans le palais, dont les portes s'étaient refermées derrière lui.

Le général Bravo jugea la situation; avec cette rapidité de l'homme de guerre; il galopa vers la cavalerie, immobile devant le Sagrario.

—Soldats, s'écria-t-ils en brandissant son épée, vive la patrie! balayez la place, chargez ces mutins! en avant!

—Au nom de la patrie, je vous arrête! lui dit don Pablo en le saisissant au collet et le renversant sur la croupe de son cheval; vous êtes mon prisonnier!

Cette agression avait été si subite, si rapidement exécutée avec tant d'audace, que le général était prisonnier avant même d'avoir eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait.

—Soldats! continua don Pablo d'une voix éclatante, massacrerez-vous de sang-froid vos frères et vos amis? A bas Paredes! vive Santa-Anna! En avant sur les traîtres!

Les traîtres, pour don Pablo de Zúñiga, étaient les partisans du gouvernement qu'il prétendait renverser. Il en est toujours ainsi en révolution: les vaincus sont des traîtres et les vainqueurs sont des héros.

—Vive Santa-Anna! à bas Paredes! à mort! à mort! s'écrièrent les cavaliers en se ruant la lance couchée à la suite de don Pablo sur les soldats demeurés fidèles au gouvernement.

Ce mouvement décida la victoire.

Les soldats rastérisèrent avec le peuple; le gouvernement, abandonné de tous ses défenseurs, roula dans le sang qu'il avait fait verser.

Le soir même, Paredes, Bravo, et, en un mot, tous leurs adhérents, furent, par un décret, déclarés traîtres à la patrie et mis hors la loi.

Un gouvernement provisoire fut installé en attendant Santa-Anna, réfugié à la Havane, et que don Pablo de Zúñiga reçut la mission d'aller prier de consentir à se rendre aux vœux du peuple mexicain, en reprenant le pouvoir pour sauver la patrie mise en danger par la mauvaise administration du président Paredes.

Le pronunciamiento avait réussi; moins de deux heures avaient suffi pour renverser un gouvernement et en installer un autre.

Maintenant, le général Santa-Anna serait-il plus heureux que son prédécesseur, et réussirait-il à chasser l'étranger qui souillait par sa présence le sol sacré de la patrie?

Les gens sensés le désiraient sans oser le croire.

Un mois plus tard, Santa-Anna, que les croiseurs américains avaient courtoisement laissé passer, débarquait à la Veracruz et était reçu par les trépignements enthousiastes du peuple, qui voyait en lui le seul général capable par ses talents de résister avec avantage aux Américains.

Les chasseurs mexicains: Scènes de la vie mexicaine

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