Читать книгу Dessins, gouaches, estampes et tableaux du XVIIIe siècle - Gustave Bourcard - Страница 22
Оглавление1761-1845
La Comparaison des petits pieds. — Deux jeunes femmes, l’une assise, l’autre debout, les seins nus, relèvent leur jupe, pour comparer la petitesse de leurs pieds; derrière elles, un homme à genoux et rampant se dissimule, tâchant d’en voir davantage.
L’Amant favorisé. — Dans une chambre à coucher Louis XVI, une jeune et fort jolie femme, la gorge nue, la tête coiffée d’un coquet bonnet, se précipite vers une porte à gauche, sur laquelle elle appuie les deux mains, favorisant la fuite du galant qu’elle regarde amoureusement s’esquiver par l’autre porte, emportant à demi vêtu, sous son bras, ses vêtements et ses souliers. Le lit défait en dira plus que notre prose.
Pendants par Chaponnier, au pointillé. In-folio.
Ces deux pièces sont charmantes, principalement L’Amant favorisé.
Les premières épreuves de Boilly portent son adresse: à Paris chez l’auteur rue Saint-Severin n° 108; il faut donc les rechercher de préférence.
La plupart des pièces se trouvent en noir et coloriées; Chaponnier se faisait très souvent imprimer par Bussand.
On la tire aujourd’hui (par S. Tresca). Grand in-folio.
A gauche, près d’une porte entre-bâillée, une jeune femme debout, la gorge demi-nue, entoure, de son bras droit, la taille d’un homme qui tient dans sa main droite une liasse de billets de loterie; au fond, à droite, une autre femme assise et se peignant devant une glace.
Fort jolie pièce, dont M. Henri Béraldi possède une épreuve d’une beauté et d’une fraîcheur absolument exceptionnelles.
Le Prélude de Nina (par Chaponnier). Grand in-folio en noir et coloriée.
Une délicieuse jeune femme décolletée, assise devant un clavecin, se retourne vers son accompagnateur, un jeune homme tenant un violon, qui, se penchant sur le clavecin pour prendre le ton, en profite pour baiser, sur la bouche, sa compagne. A gauche, dans le fond, un lit, et, près du lit, un fauteuil sur lequel le musicien a jeté son manteau, sa canne et son chapeau.
Cette pièce, une des meilleures de l’œuvre, n’est pas payée le prix qu’elle vaut; au point de vue artistique, sans être une merveille, elle est supérieure à vingt autres que l’on paie carrément le double et le triple, comme par exemple: Jamais d’accord et Le Serin chéri, de Lavereince, deux piteuses pièces, gravées par Legrand, un artiste de dixième catégorie, qui s’adjugent couramment 200 francs dans les ventes. Pourquoi? Mystère! C’est un pli qui est pris, une cote qui crée des précédents: ça suffit. Le Prélude de Nina, gravé en bistre, réduction ronde, par de Goüy, est assez rare.
La douce Résistance (par Tresca). In-folio.
Dans un intérieur Louis XVI, un jeune homme, costume Directoire, presse dans ses bras une jeune fille qui, une guitare à la main, repousse faiblement ses étreintes; près d’eux un pupitre renversé, au fond une porte vitrée par laquelle une servante curieuse regarde ces ébats amoureux.
Pièce très gracieuse. Cette estampe a également été gravée par Schroler, et, en réduction ronde, par de Goüy. Le tableau original a été adjugé 4.100 francs, à la vente Laurent-Richard, en mai 1886.
Honni soit qui mal y pense, 1792 (par J. Bonnefoy).
Grand in-folio.
Une jeune fille très laide est assise sur un lit, la gorge demi-nue, pendant que l’homme qui est couché près d’elle lui passe la main sous les jupes; ce qui n’empêche pas la donzelle de baisser modestement les yeux.
Existe en tirage moderne.
La Serinette (par Honoré). Grand in-folio.
Une femme en peignoir blanc, assise au milieu de l’estampe, indique, de l’index droit, une serinette ouverte, posée sur une table carrée. Debout derrière elle, une autre femme écoute, la main gauche appuyée sur le dossier de la chaise. Au fond, à droite, une armoire, un chapeau, une boîte carrée et un manteau posés sur une table.
Cette pièce est rare. Honoré a aussi gravé La Surprise, de Boilly, dont le dessin original, crayon noir relevé de blanc, figurait à l’Exposition centennale de 1889.
La Cocarde nationale (par A. Legrand). In-folio
colorié.
Une jeune femme debout, les seins demi-nus, encadre de sa main droite, en souriant, le menton d’un jeune militaire assis près d’elle, sur un fauteuil, la tête coiffée d’un tricorne à plumet surmonté d’une large cocarde aux trois couleurs; près d’eux, sur un fauteuil, est posée une guitare. Au-dessus du titre La Cocarde nationale, on lit en tout petits caractères: Ah! qu’il est gentil! rubrique sous laquelle, du reste, on désigne souvent cette estampe.
Cette estampe, très ordinaire, est cependant assez recherchée, à cause de sa rareté.
La Marche incroyable (par Bonnefoy). In-folio en
travers.
Nombreux personnages, merveilleux, incroyables, tricoteuses, allant et venant; au dernier plan, de gauche à droite, un cabriolet dont le cheval rue; à gauche de l’estampe, un garde de profil à gauche, fumant sa pipe; à droite, un marchand de coco.
Cette estampe est fort rare en ancienne épreuve. Elle existe en tirage moderne, car le cuivre est la propriété de M. Laroche-Delattre (ancienne maison Castiaux), de Lille; il vend l’exemplaire 30 francs, et en fait des tirages sur chine. On désigne quelquefois cette pièce sous la rubrique: Les Marchands d’argent. Une épreuve en couleur, sous la rubrique: La March incroyable, gravée par J. Nixon, passa en vente le 14 janvier 1889; est-ce la même composition? Nous ne pouvons le préciser, ne l’ayant jamais vue.
Jamais, au dix-huitième siècle, il n’a été tiré d’épreuves sur chine ou sur japon, ceci est un critérium: c’est dire aux amateurs de rejeter impitoyablement comme épreuves modernes les estampes ainsi imprimées.
On ne se servait, au siècle passé, que de papier pâte ou vélin, de vergé ou de papier de Hollande, et, chose curieuse à signaler, nous n’avons jamais remarqué de filigranes dans ces papiers, alors que le siècle précédent en était si prodigue.
Souvent une même estampe était imprimée sur des papiers de sortes différentes, comme par exemple Le Bal paré et Le Concert, que l’on rencontre sur papier fort et rugueux et sur demi-fin de Hollande.
Coucou (par A.-M. de Goüy).
Les pièces que nous venons de mentionner sont les plus intéressantes; il en existe encore un grand nombre, tout à fait de second plan, parmi lesquelles nous signalerons les suivantes:
L’Amant poète — L’Amant musicien (par Levilly). — Ça a été (par Texier). — Ça ira (par Mathias). — L’Amour couronné (par Cazenave). — Le Nid de fauvettes (par Monsaldy). — La Jardinière — La Jarretière — Le Cadeau délicat (par Tresca). — La Crainte mal fondée — La Tourterelle chérie (par Allais). — Poussez ferme — Ah! qu’il est sot! — Que n’y est-il encore! — La Leçon d’union conjugale — Défends-moi — Tu saurais ma pensée — L’Amant préféré (par Petit). — L’Étude du dessin — La Rose prise (par Cazenave). — Nous étions deux, nous voilà trois — Prends ce biscuit (par Vidal). — Le Libéral — L’Ultra — Jean qui pleure — Jean qui rit (par Melle Hulot). — Le Portrait — Le Bouquet chéri (par Chaponnier). — Il dort (par Texier). — Le Cadeau (par Bonnefoy). — Ah! qu’elle est gentille! — Voilà ma mère, nous sommes perdus — Jouir, par surprise, n’alarme pas la pudeur (?) — La Précaution — L’Intention — La Solitude — Constancy (par Morland). — La Séparation douloureuse (par Noël). — Les Femmes se battent — Les Hommes se disputent (par Bance). — Ah! comme il y viendra! — La Leçon de musique (par Clavareau). — Tu ment (sic) (par Petit). Etc., etc.
Beaucoup de ces pièces sont grivoises ou d’intention très libre; un grand nombre existent en tirage moderne.