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INTRODUCTION

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Table des matières

Les quatre nouvelles présentées au public sous le titre générique de Journal d’une désœuvrée, ne sont pas des récits disparates, n’ayant d’autre cohésion que la désignation qui les réunit. Leur histoire est courte, la voici:

Une femme d’une éducation distinguée, riche, oisive, assez heureusement douée pour avoir su trouver, au milieu des agitations mondaines, le temps de se recueillir, de penser, de vivre en elle-même, ce qu’on ne fait plus guère à notre époque, a écrit jour par jour le compte-rendu de son existence.

Ces confidences autobiographiques, faites pour elle seule, en toute sincérité, n’étaient pas destinées à voir le jour. Mais si celle qui les a tracées apperait tout entière dans les pages de cette œuvre inconsciente, dont l’unique mérite est de n’avoir été ni cherchée ni voulue, elle y a sans le savoir mis plus qu’elle-même.

Il a semblé, en effet, que certains épisodes sortaient du cadre restreint des incidents purement personnels et touchaient à l’intérêt général. De là pensée de les publier.

Quatre d’entre eux, soit par leur nature, soit par le ton de la narration, répondent à peu près à autant de phases distinctes du caractère. Pour éviter la monotonie qui, auprès des indifférents, est l’échec habituel des ouvrages de ce genre, on a fait en sorte de les isoler et de donner à chacun d’eux, en même temps que sa physionomie particulière, la qualité la plus propre à les faire excuser, c’est-à-dire la brièveté. Toutefois, il n’était pas moins important de respecter le lien naturel qu’ils tiennent de leur naissance et qui les constitue frères. Ce sont donc les chapitres d’un livre; indépendants les uns des autres, parce qu’isolément ils forment un tout; solidaires, car ils sont fils de la même pensée.

L’étourderie, l’inexpérience à divers points de vue forment le fond des deux premières nouvelles. Un sentiment plus réfléchi et plus sérieux perce dans la troisième. A l’époque où se place la dernière, la vie a fait son œuvre, la maturité se trahit sous l’enjouement qui subsiste encore. Dans toutes éclate une tendresse, vive, une affection simple, mais profonde et saine.

Ces petits mémoires sont avant tout ceux d’une personne honnête. Qu’on ne s’étonne donc pas de n’y rien rencontrer de suspect. Ceux qui, au vu du titre, seraient tentés de chercher quelques-uns de ces écarts d’imagination, sinon a, ’1/1ite qui frisent le scandale, feront bien de fermer le volume avant de le lire, ils se méprennent et ne trouveront rien de ce qu’ils attendent.

De moralité il y en a qu’une seule, qui n’est proclamée nulle part, mais se reflète partout, sous la forme de cette conviction naïve : que dans le mariage tout le bonheur d’une femme vient de son mari, que ce qu’elle peut faire de plus sage est de se laisser guider par lui, qu’enfin l’affection de ce mari est sa principale sauvegarde dans toutes les situations.

C’est bien peu, c’est bien démodé et surtout, pour un grand nombre, la conclusion est contestable. Les plus récalcitrantes reconnaîtront au moins qu’elle peut se soutenir. Cela suffit, car, en se racontant elle-même, la désœuvrée n’a pas souci de faire des prosélytes s; encore moins se permettrait-elle de donner des conseils et de monter en chaire.

A proprement parler, elle n’avait point de but en écrivant son journal; si ce n’est, probablement, de se soustraire à l’ennui, cet enfant terrible de l’oisiveté. Les humbles fleurs qui poussent dans les prés aux premiers soleils d’avril, n’ont pas non plus de raison d’être. Elles éclosent, s’épanouissent et meurent tignorées; seules, les fillettes s’en amusent, parfois, un instant.

Ainsi ces nouvelles: c’est un très-modeste et très-petit bouquet de fleurs des champs. Beaucoup passeront sans l’apercevoir, les blasés le dédaigneront, peut-être aussi quelque autre désœuvrée lui sourira.

Quel que soit le sort qui lui est réservé, il ne fera de mal à personne. Sans doute l’éloge est mince, mais encore ne peut-on en dire autant de tous les bouquets.

Bourg, mai1876.

G. DE PARSEVAL.

Journal d'une désoeuvrée

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