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UN MARIAGE CHEZ LES NEZ-PERCÉS

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Un mois avant ces événements mémorables qui agirent si puissamment sur les destinées des Nez-Percés, un mariage s'était célébré dans le principal village de cette tribu. Molodun, le Renard-Noir, chef renommé par son courage et son habileté, épousait Lioura, la Blanche-Nuée, vierge aussi réputée pour sa beauté que Molodun l'était pour sa valeur.

Le village des Nez-Percés était situé à trente milles environ du fort anglais de ce nom, sur le bord de la partie du rio Columbia appelée la Grande-Combe, entre les rivières Voila-Voila au sud, et Saaptim au nord. A cette époque, c'est-à-dire en 1834, il se composait de trois ou quatre cents huttes, distribuées sans ordre dans une plaine stérile bordée à l'ouest par des prairies mouvantes, entrecoupées de lacs d'eau saumâtre, et fuyant à l'est, vers une région volcanique horriblement convulsionnée.

Les habitations étaient en boue, recrépies avec de la fiente de buffle. Elles affectaient la forme d'un carré long, percé à son extrémité supérieure pour livrer issue à la fumée. Des peaux de bison séchées au soleil tenaient lieu de portes. Des canots en écorce ou creusés dans des troncs d'arbre, au moyen de cailloux rougis au feu, des harpons, des filets en corde de ouatap; des armes de chasse et de guerre; de longues lignes faites avec des joncs étaient étalés pêle-mêle devant les huttes, autour desquelles on voyait circuler des troupes d'hommes entièrement nus, de femmes à à demi vêtues et d'enfants des deux sexes dans l'appareil le plus primitif. Tous étaient généralement beaux et bien faits, quoique défigurés par une profusion de peintures multicolores et des ornements grossiers en os, en corne, en minéral, qui descendaient parfois jusque sur leur poitrine. Des bandes de chiens sales et décharnés vaguaient librement à l'entour des cabanes, près desquelles on remarquait encore, attachés à des pieux, des chevaux d'une race petite, mais vigoureuse et pleine d'ardeur, qui hennissaient bruyamment et cherchaient à briser leur longe.

Comme le soleil touchait à son méridien, quatre jeunes gens arrivèrent, par quatre chemins différents, sur la place du village, sorte de carré, ayant deux cents pas sur chaque côté.

C'était Iribinou, l'Ours-Gris;

Vomotiroe, le Ravisseur-de-Scalpes;

Micamopou, la Flèche-Infaillible;

Molodun, le Renard-Noir.

Les trois premiers étaient armés d'un arc en corne de mouton des montagnes et d'une seule flèche. Nul habillement ne cachait leurs membres musculeux, oints de graisse, comme ceux des lutteurs antiques.

En débouchant sur la place, tous les quatre coururent ensemble à un gros tas de gypse qu'on avait amoncelé au milieu et s'y roulèrent à qui mieux mieux pendant quelques minutes. En se relevant, ils étaient blancs comme la neige. Une foule de curieux s'était assemblée sur la place. Elle poussa des cris de joie. Alors les quatre jeunes gens ramassèrent, près de la couche de gypse, quatre masques qui y avaient été déposés et s'en couvrirent le visage. Ces masques faits avec de l'écorce de platane étaient exactement semblables, ce qui acheva de rendre les Indiens méconnaissables, car ils avaient à peu près la même taille.

Cela fait, ils se rangèrent devant la porte d'une maison. A travers cette porte entre-bâillée, se projeta un bras charmant quoique brun. Il tenait un sac de peau d'antilope à demi ouvert. Chacun des sauvages plongea la main dans le sac et en retira un caillou qu'il montra, sans le regarder, aux spectateurs. Trois de ces cailloux étaient gris, le quatrième noir. Il appartenait à Vomotiroe, le Ravisseur-de-Scalpes. Le bras avait aussitôt disparu et la cabane s'était refermée.

Les jeunes gens laissèrent retomber leurs masques.

Vomotiroe a perdu! dirent-ils d'une seule voix.

Celui-ci n'articula pas une parole; mais, fronçant les sourcils et se mordant les lèvres de dépit, il se planta sur le seuil de la porte de la hutte, le bras droit tendu et le caillou noir, que le sort lui avait donné, maintenu entre le pouce et l'index.

Ses compagnons, ou plutôt ses rivaux, allèrent se poster à cinquante pas de lui, bandèrent leurs arcs et y ajustèrent leurs flèches. Chacune des flèches se distinguait par un empennement particulier. Ils devaient tirer tour à tour. Celui qui toucherait le caillou épouserait la vierge retirée dans la loge devant laquelle se passait cette scène; mais celui qui, par malheur, atteindrait le porteur de la cible deviendrait l'esclave de ce dernier. Dans le cas où deux ou trois des adversaires frapperaient le caillou noir, on recommencerait la partie, en s'éloignant, chaque fois, de deux pas du but, les conditions restant toujours les mêmes, à savoir: la fille pour le vainqueur, l'esclavage pour le maladroit qui blesserait celui que la fortune n'avait pas favorisé dans le choix des lots. (On conçoit que le sac renferme autant de cailloux que de concurrents, et que les filles attendent généralement qu'elles en aient plusieurs avant de se décider à servir d'enjeu.)

Tels sont les préliminaires d'une cérémonie nuptiale chez les Nez-Percés. Ce n'est pas tout, car nous verrons bientôt que ce qui suit est plus bizarre encore.

Iribinou, l'Ours-Gris, tira le premier comme le plus âgé; sa flèche siffla dans l'air, effleura le pouce de Vomotiroe et s'enfonça dans la porte de la cabane, d'où jaillirent des éclats de rire ironique.

L'Ours-Gris était mis hors de lice. Il s'empressa de se sauver; mais il fut relancé par les huées de la multitude, qui lui aurait même donné la chasse et lui aurait fait payer cher son inhabileté, si la curiosité ne l'avait retenue sur la place.

Micamopou, la Flèche-Infaillible, vint ensuite. Des murmures flatteurs partis de la foule l'accueillirent. On comptait probablement qu'il remporterait la victoire. Il se campa d'un air fier et assuré, en véritable conquérant, sourit à ses approbateurs, visa une seconde et lâcha son trait. Mais à ce moment même, une bouffée de vent souleva un tourbillon de gypse et le poussa dans les yeux de Micamopou. Cette circonstance fâcheuse lui fit faire un léger mouvement, la flèche dévia de quelques lignes et perça l'index d'Iribinou, qui exhala un hurlement de triomphe, s'élança sur le maladroit, lui arracha violemment l'anneau qu'il avait au nez, et lui fit, avec la flèche qu'il avait retirée de son doigt blessé, une profonde incision cruciale sur l'épaule.

Ce sont là les signes du servage chez ces peuplades.

D'assourdissantes clameurs de mépris s'élevèrent autour du malheureux Micamopou. Les femmes et les enfants lui jetèrent de la boue et des ordures. Et, malgré les invectives dont on l'accablait, il fut obligé de s'accroupir au centre de la place, jusqu'à ce qu'il plût à son maître de l'emmener.

Celui-ci s'était remis en position, et tenait, de nouveau, le caillou noir entre ses doigts ensanglantés.

Molodun, le Renard-Noir, éleva lentement son arc à la hauteur de ses yeux. En le faisant, il tremblait un peu. L'attention de la foule était puissamment excitée. C'est que Molodun était le dernier rejeton d'une longue suite de guerriers illustres chez les Nez-Percés. Quoique âgé de vingt-cinq hivers à peine, il s'était déjà rendu redoutable à leurs ennemis les Pieds-Noirs et les Chinouks, qui ne prononçaient son nom qu'avec terreur. Vingt chevelures pendues dans sa cabane disaient éloquemment sa valeur. Son cou, ses épaules, ses bras, ses jambes étaient rayés de colliers de griffes d'ours, et son arc était fait avec la dent d'un narval qu'il avait tué lui-même dans une excursion à la baie d'Hudson. Cette particularité ajoutait à sa renommée, car on sait que le narval inspire aux tribu sauvages de l'Amérique du Nord un effroi superstitieux Du reste, Molodun, le Renard-Noir, était doué d'un beauté rare, bien que sa taille fût gigantesque, il mesurait six pieds de hauteur, mais ses proportions étaient admirablement prises. Elles annonçaient la force jointe à l'agilité, l'ardeur du sang unie à son abondance. Les lignes de son visage ne manquaient ni de noblesse ni d'agrément. Cependant il avait les lèvres un peu grosses et les narines fort développées, indice certains d'une nature inflammable et sensuelle. Ses yeux pétillants, pleins de feu, confirmaient dans cette opinion.

La couleur foncée, presque noire de sa peau, avant qu'il l'eût blanchie dans la couche de gypse, lui avait valu son nom.

Si Molodun était ému en apprêtant son arme, il recouvra bien vite son sang-froid. Sa flèche partit l'on entendit un son sec, et elle tomba avec le caillou noir aux pieds d'Iribinou, qui s'empressa d'aller prendre son esclave et de partir avec lui, tandis que la foule acclamait tumultueusement l'heureux Molodun.

On le prit, on le hissa sur les épaules, et on le porta à un ruisseau où quatre vigoureux Indiens le plongèrent à diverses reprises. Quand il fut bien lavé, on le transféra dans une loge en forme de rotonde. Elle ne recevait de l'air que par la porte. Un grand feu était allumé à l'intérieur et y répandait une fumée qui eût asphyxié tout autre qu'un Peau-Rouge. Autour de ce feu chauffaient de gros cailloux. Les quatre Indiens entrèrent dans la hutte avec Molodun. On leur passa des vases en écorce remplis d'eau, et ils fermèrent hermétiquement la porte; puis, sur les cailloux rougis à blanc, ils versèrent l'eau, qui dégagea d'épaisses vapeurs. Ce procédé fut renouvelé pendant une heure. Ensuite le jeune chef, baigné de transpiration, sortit brusquement de la loge aux Sueries [5] et courut se jeter de nouveau dans le ruisseau.

[Note 5: C'est le terme employé par les Canadiens-Français.]

Il y demeura seul pendant dix minutes, après quoi il se rendit à la cabane qu'il avait coutume d'habiter et s'y tint, sans boire ni manger, pendant deux jours et deux nuits.

Durant ce temps, la hutte devant laquelle avait eu lieu le tir des prétendants ne fut pas ouverte. Mais aux sons et aux chants qui s'en échappèrent, il était facile de juger qu'on y faisait fête.

Le soir du deuxième jour, comme le soleil se couchait dans un lit de pourpre et d'azur, Molodun quitta son wigwam.

Se tête était ornée de plumes d'aigle, et sa longue chevelure, peignée avec soin, flottait en ondes épaisses jusqu'à ses pieds. Une peau de caribou, blanchie à la pierre-ponce et enjolivée de broderies en rassade était gracieusement drapée comme un manteau sur ses épaules.

Le sagamo ne portait aucune arme; néanmoins, dans ses mains il tenait des couvertes écarlates qu'il avait troquées avec les chasseurs blancs contre les produits de sa chasse, des colliers de ouampums et de tiacomoshak, des robes d'hermine, de renard argenté, et son grand arc en dent de narval, mais sans une seule flèche.

Les couvertes, les colliers, les pelleteries étaient des présents de noce pour sa fiancée, la belle Lioura, la Blanche-Nuée; l'arc était destiné au père de celle-ci. Ce n'était pas sans regret que Molodun s'en séparait, car lui aussi croyait à sa vertu magique; mais le père de Lioura l'avait exigé en échange de la main de sa fille, et l'amour du jeune homme pour Lioura avait triomphé de sa répugnance à se dessaisir d'un objet aussi précieux.

Molodun s'achemina vers la loge de la Blanche-Nuée.

En y arrivant, il déposa ses présents à la porte et frappa avec la paume de la main droite.

—Le coyote! le coyote! crièrent aussitôt plusieurs voix de femmes à l'intérieur de la hutte.

Il frappa une seconde fois.

—Le coyote! le coyote! répétèrent les voix avec irritation.

—Ce n'est plus le coyote, dit-il; c'est Molodun, le chef aimé des Nez-Percés, qui a battu ses rivaux et qui vient réclamer Lioura, la vierge que son coeur a choisie.

—Mais, fut-il répondu d'un ton moqueur, qu'est-ce qui prouve que le coeur de Lioura a choisi Molodun?

—Molodun est prêt à subir les épreuves auxquelles Lioura voudra le soumettre.

—Que Molodun essaye d'entrer.

Alors le sagamo tira la porte à lui. Elle céda. Et, dans la hutte, il put voir une douzaine de jeunes filles échevelées, les vêtements en désordre, qui brandissaient, qui un javelot, qui une pique, qui une flèche, qui un couteau de silex. Furieuses, elles le reçurent l'insulte et la menace à la bouche. Derrière elles apparaissait Lioura, plus furieuse, plus menaçante que les autres.

Molodun devait l'enlever à ses compagnes. Ce n'était pas une tâche facile, car il lui fallait d'abord dénouer; et dévider, sans le briser, un interminable lacis de ouatap, que les jeunes squaws avaient enchevêtré, comme des rets, entre les pieux auxquels était fixée la porte en cuir de buffle.

Sans prendre garde aux injures et aux coups de ces mégères, Molodun se mit bravement à l'oeuvre. Malgré l'obscurité île la nuit qui tombait, rapidement, malgré la lutte qu'il avait à soutenir, malgré le brouillamini des cordes, il parvint à délier le filet, et s'avança dans la loge où régnaient des ténèbres impénétrables. Son succès fut salué par un redoublement de cris. Toutes les femmes se précipitèrent comme des furies sur lui, le lardèrent avec leurs armes, l'égratignèrent avec leurs ongles, le mordirent à belles dents et lui firent cent plaies, cent contusions, jusqu'à ce qu'il eût réussi à saisir Lioura et à l'emporter sur la place, où les Indiennes le poursuivirent encore à coups de pierres.

Lioura ne demeurait pas inactive. De ses pieds, de ses poings elle meurtrissait son ravisseur, le traitant de lâche, de loup-cervier, et se débattant de toutes ses forces pour échapper à ses étreintes.

Mais Molodun semblait insensible aux reproches comme aux blessures. Continuant agilement sa course du côté du ruisseau, il s'y plongea sans hésiter avec son cher fardeau, nagea à l'autre rive, aborda et se dirigea vers les bois.

Si, malgré la profondeur de la nuit, il eût pris une des compagnes de Lioura pour elle, la première serait devenue sa femme, car les sorciers nez-percés auraient jugé qu'Atalapas ou l'Être-Créateur l'avait voulu ainsi.

Dès qu'ils eurent franchi le cours d'eau, Lioura changea de manières. Se pendant mollement au cou de Molodun, et caressant de la main ses cheveux humides, elle sécha son visage sous des baisers brûlants.

Cependant elle ne soufflait pas une parole et le sagamo arpentait la forêt avec la vélocité de l'antilope. Son coeur battait haut, sa respiration était haletante, ses membres frissonnaient et il allait toujours devant lui, sans dévier de sa route.

Nonobstant son jeûne prolongé; ses fatigues, le sang qu'il perdait par les coupures dont les jeunes filles l'avaient labouré, il fit de la sorte quatre lieues sans broncher, sans reprendre haleine.

Il parvint à la porte d'une cabane construite avec des branchages, dans une clairière, l'ouvrit, déposa Lioura sur une couche de mousse et se laissa choir.

Molodun était épuisé. Mais s'il se fût arrêté avant d'atteindre la loge nuptiale, il eût perdu tous les avantages qu'il avait précédemment remportés, et sa fiancée aurait été libre de retourner chez ses parents.

En tombant, il s'était évanoui. Quand il reprit connaissance, il vit Lioura agenouillée à côté de lui et pansant délicatement ses blessures avec des herbes aromatiques.

Le jour avait succédé à la nuit.

Molodun ne pouvait faire un mouvement. Ses membres étaient rigides. Il avait la tête lourde, les lèvres enflammées par une fièvre intense. Il demanda à boire.

La jeune squaw lui servit une tasse d'eau de riz sauvage coupée avec du sucre d'érable. Il but délicieusement ce breuvage rafraîchissant et la remercia par un regard humide d'amour.

—Mon maître est-il content de la Blanche-Nuée? demanda-t-elle.

—Molodun l'aime depuis deux hivers, il est heureux que la Blanche-Nuée soit devenue sa femme.

—Il n'a jamais aimé qu'elle? interrogea Lioura en fixant sur lui un regard scrutateur.

Le sagamo tressaillit, et sa femme poursuivit d'un ton qu'elle s'efforçait vainement de rendre calme:

—Molodun a aimé une autre femme. Il l'aime peut-être encore. Lioura l'a appris la nuit dernière dans un songe. Elle a vu cette femme qui a le visage pâle, et qui commande les Clallomes depuis la mort de Ouaskèma. Et l'Esprit du songe lui a dit que cette femme serait fatale à Molodun s'il ne l'amenait comme esclave à Lioura.

—L'Esprit, du songe a dit vrai, répondit le chef. Molodun a aimé une squaw blanche. Mais elle l'a repoussé; il ne l'aime plus.

A cette imprudente déclaration, un éclair de courroux brilla sur le visage de l'Indienne.

—Si, dit-elle, Molodun ne l'aime plus, il cédera à la prière de la

Blanche-Nuée.

Et comme il ne répliquait pas, elle ajouta:

—Lioura aime son maître. Elle sait que cette face pâle lui sera funeste. Voilà pourquoi elle la demande au Renard-Noir.

—Il la donnera à Lioura, repartit le sagamo en fermant les yeux.

Il s'endormit sans remarquer l'expression féroce qui scella, un instant, la physionomie de la jeune femme dès qu'il eut fait cette promesse, dont ses sens affaiblis ne lui permirent pas alors de bien comprendre l'importance.

Au bout de quinze jours, Molodun fut guéri. Il rentra au village avec Lioura. Les Nez-Percés se préparaient à une grande expédition contre les Chinouks qui les avaient fréquemment attaqués en les accusant d'avoir ravagé leurs cantonnements. Deux cents guerriers entrèrent en campagne. Ils s'embarquèrent sur la Colombie dans leurs canots de troncs d'arbre et descendirent à toute vitesse vers l'embouchure du fleuve.

Ils étaient commandés par Molodun.

Avant de partir, Lioura lui avait dit entre deux baisers:

—Souviens-toi, mon cher seigneur, que tu as juré de me ramener la squaw blanche!

—J'ai juré et je tiendrai ma parole, ô ma douce amie! répondit le sagamo, tout entier sous l'empire de l'amour dont l'avait enivré la belle Indienne depuis leur mariage.

Le trajet, des Nez-Percés s'effectua sans incident digne d'être rapporté, de la rivière Saaptim jusqu'au cap de la Roche-Rouge, à vingt milles environ de l'estuaire du rio Columbia.

Mais, à cette place, un canot qu'on avait dépêché en avant pour reconnaître la côte, vint annoncer qu'un gros navire, appartenant aux Visages-Pâles, était amarré derrière une île voisine. Les éclaireurs déclarèrent, en outre, qu'il y avait fort peu de monde à bord du vaisseau. C'était une nouvelle agréable pour les Nez-Percés. Le bâtiment devait constituer une excellente prise. Ils résolurent de s'en emparer. Malheureusement, le hasard, qui favorise souvent les mauvais desseins aussi bien que les bons, servit les sauvages à souhait. Le navire était ce brick où Poignet-d'Acier voulait embarquer les trésors qu'il avait recueillis dans les mines de la Caoulis. Se défiant des matelots, il avait ordonné qu'on les grisât pour qu'ils n'assistassent pas au transport des sacs d'or sur le vaisseau. Les sauvages eurent donc bon marché de l'équipage, quoique le capitaine, son second et quelques trappeurs dévoués à Poignet-d'Acier se fussent défendus comme des lions.

Monté un des premiers à l'abordage, le Renard-Noir entra dans une cabine pour la piller. Mais, après avoir enfoncé de son genou robuste la porte de cette cabine, il ne fut pas peu surpris d'y trouver la femme blanche à laquelle obéissaient les Clallomes.

—Merellum! s'écria-t-il en se jetant sur elle.

Les Nez-Percés

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