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DES FAÇONS DES HOMMES DE VÉNERIE ET DES TENUES DE VÉNERIE

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Les hommes de vénerie devraient, de nos jours, conserver entre eux ces façons distinguées d’autrefois, la distinction et la courtoisie étant de tradition dans la vénerie. Deux valets de limiers, se rencontrant pendant leur quête, doivent commencer par se saluer du tricorne ou de la cape en s’abordant. Cela était de tradition et avait sa raison d’être pour la dignité et le respect que les hommes doivent avoir les uns pour les autres, et surtout pour les maîtres qu’ils ont l’honneur de servir. Le tricorne aidait évidemment à ces grandes façons. Comme deux prévôts d’armes se font un mutuel salut avant de commencer leur assaut, deux valets de limiers se rencontrant doivent se saluer avec dignité, et non s’aborder en buveurs de vin blanc mal appris, comme le font trop souvent les hommes de notre époque.

A la vénerie, les hommes de l’équipage, à l’heure sonnante, étaient tous réunis pour assister à l’ébat des chiens. Ils portaient la veste de petite tenue en drap bleu ou vert à boutons au cerf en cuivre argenté, culotte avec charivari, ou pantalon; le fouet déployé dans la main droite. Ils se saluaient toujours entre eux en arrivant à la réunion, en commençant par le piqueur commandant, au lieu de s’aborder les mains dans les poches et le fouet passé sur le cou.

Dans les véneries souveraines, la tenue à la française, aux couleurs du souverain, était la seule en usage: bleu naturel avec velours de soie cramoisie, galonnée à la Bourgogne: argent pour la maison de Bourbon, rouge galonnée or pour la maison d’Orléans, ventre de biche et rouge écarlate pour le prince de Condé, bleu clair pour le prince de Conti, avec le chapeau de Lyon, bicorne; galonné vert et rouge pour les princes Bonaparte, avec chapeau tricorne.

Le bouton au cerf en cuivre argenté ; le ceinturon de buffle, garni du galon de vénerie de 27 lignes de large, à deux argent sur les bords et un en or dans le milieu avec deux passants en buffle, garnis d’un galon d’argent, et une boucle ovale; trompe à la Dampierre, et couteau de chasse Louis XV, le seul qui soit de tenue; harnachement à la française avec tapis de drap rouge, qui faisait si bien valoir le cheval, et formait derrière la selle comme une espèce de couverture pour protéger du froid les reins du cheval.

Pour les équipages particuliers, la tenue de la Restauration est celle qui a été adoptée: pour les hommes d’équipage, la cape en velours noir, de forme ronde, à la française, plus ou moins haute de forme, avec galon de vénerie. En parlant de cette coiffure, on ne doit pas dire une toque, mais une cape. La toque est la coiffure du postillon de Daumont, et non celle du veneur.

La cravate des hommes doit être en percale blanche, non empesée, coupée en fichu, pliée et repassée seulement, faisant deux fois le tour du col, et attachée par devant, sous le menton, par un simple nœud sans rosette, avec deux pointes peu longues, sortant à droite et à gauche du nœud. Cette cravate doit avoir une certaine élévation, de façon à protéger le plus possible contre les intempéries, et à laisser voir beaucoup de blanc au-dessus du col de la veste. La cravate longue et plate que portent actuellement certains hommes d’équipage, n’est pas celle de vénerie, c’est la cravate de cocher; elle n’a pas le cachet voulu, et n’est pas de tenue.

La veste de tenue, en drap aux couleurs de l’équipage, doit être à taille courte et jupe longue, cette forme étant la plus pratique et la plus distinguée. Rien ne donne l’air commun aux hommes, comme d’être ceinturonnés bas; plus le ceinturon est placé haut, dans la limite du possible, plus la tournure des hommes prend de la distinction. En outre, le couteau de chasse étant placé plus haut, bat moins sur les flancs du cheval au galop, ou risque moins de se prendre entre les deux jambes de l’homme quand il est à pied. Les jupes longues, outre qu’elles habillent mieux, sont les plus pratiques; elles couvrent plus les jambes, surtout pour les retraites, et par leur longueur elles risquent moins de s’envoler au vent en laissant les jambes à découvert et permettant l’introduction de l’eau dans la botte. Le ceinturon devrait presque partager en deux la distance qui se trouve entre les hanches et le dessous des bras. Les tailles longues et les jupes courtes sont communes; elles donnent l’air gravure de modes aux maîtres comme aux hommes; elles sont portées par ceux qui les suivent et qui ne savent pas s’habiller comme un veneur de la vieille sorte doit savoir le faire.

La culotte à pont, garnie à l’intérieur, comme ceinture et poches, en peau de mouton chamoisée pour doublure, est généralement en velours bleu uni; cette couleur traditionnelle du reste s’harmonise mieux avec les différentes tenues que les culottes de couleurs claires. A la vénerie de Monsieur le duc de Bourbon, la culotte rouge écarlate était celle des grands rendez-vous; pour les rendez-vous ordinaires, la culotte marron un peu foncé était celle de tenue.

A la vénerie de l’Empereur, la culotte était en drap rouge pour les jours de Saint-Hubert ou les jours de grands rendez-vous, ce qui, avec la tenue galonnée sur les coutures, était d’un effet superbe. Les galons à la Bourgogne doivent être plissés d’une façon particulière et non cousus à plat sur le drap de la tenue.

Dans les forêts de la couronne, les jours de grands rendez-vous, les gardes étaient en tenue aux principaux poteaux de leurs cantonnements pour donner des renseignements. La tenue était, pour la maison de Bourbon, l’habit drap d’Elbeuf bleu de roi, blicourt écarlate, galon lézardé, boutons à cul-de-panier en cuivre argenté, aux armes de France; bandoulière en buffle garnie de drap bleu de roi dans toute sa longueur, avec galon d’argent sur les bords, plaque argentée gravée aux armes de Sa Majesté, laisse et fouet à sifflet, ainsi qu’un anneau en cuivre et une boucle carrée plaqués en argent. La culotte en velours bleu dans les grandes guêtres montant au-dessus du genou. Chapeau uni à ganse torse.

A la maison de l’Empereur, la tenue était semblable pour les gardes, mais en vert et ventre de biche.

La botte forte est la seule adoptée pour les hommes d’équipage. Leur éperon doit être en acier, et non argenté, à collet modérément long et recourbé un peu en dessous à l’attache de la molette. Les collets droits et longs aux éperons ne sont pas de tenue de vénerie et ne vont pas avec la botte forte.

Le ceinturon en buffle à galon de vénerie, que tout le monde connaît, et que je n’ai pas à décrire ici, doit avoir les belières longues, afin que le manche du couteau pose à plat sur la belière qui est en avant sans toucher au ceinturon. Les belières courtes sont étriquées et on ne peut plus disgracieuses. Toutefois il ne faut rien d’exagéré dans leur longueur.

Le couteau de chasse dit vieille vénerie doit être en cuivre argenté pour les hommes, avec fourreau en cuir noir ou fauve pour les maîtres. Le fouet traditionnel doit être en épine brûlée pour les hommes.

Pour la tenue des valets de chiens à pied, la tradition voudrait que leur veste fût de la couleur du gilet de l’équipage; le valet de chiens à pied étant censé avoir mis bas sa veste pour mieux courir. Il en était ainsi à l’équipage de Monsieur le duc de Bourbon, où les valets de chiens étaient en tenue rouge écarlate, tandis que les hommes montés portaient la tenue ventre de biche avec parements et gilet rouge écarlate, tenue aussi splendide que distinguée. Le ventre de biche est la couleur traditionnelle de la vénerie.

La veste du valet de chiens doit être courte, coupée droit, la culotte de velours bleu uni, les bas de laine ou de coton blancs montant au-dessus des genoux, et attachés sous le genou par la jarretière; le soulier plat et découvert, à quatre trous, à talons bas et larges. Les jambières en cuir et les brodequins à élastiques ne sont ni de tenue, ni bien portés.

Le couteau de chasse, mis au ceinturon de vénerie, doit être porté en sautoir par les valets de chiens à pied ou valets de limiers, avec couples passées dans la trompe ou dans le ceinturon.

Vieille vénerie : souvenirs et traditions

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