Читать книгу Art du couvreur - Henri-Louis Duhamel Du Monceau - Страница 3
INTRODUCTION.
ОглавлениеDE TOUT temps l’homme s’est vu dans la nécessité de chercher un abri contre les injures de l’air. La vie errante que menerent presque toutes les familles des premiers siecles;&le défaut d’outils, les réduisirent à n’avoir d’autres retraites que les antres&les cavernes. Les premiers logements ont été proportionnes aux circonstances locales que présentoit chaque climat,&relatifs aux lumieres&au génie des différents peuples. Les bois offroient tant de facilités à l’homme pour se construire un logement, que l’on en aura profité d’abord dans ces temps reculés. Les roseaux, les herbes, les branches, les feuilles &les écorces des arbres ont été les premiers matériaux dont on a fait usage. On a commencé par entrelacer grossiérement les branches des arbres; on les a soutenues fous quelques perches,&l’on a recouvert ces premieres cabanes de feuilles ou de gazon. Leur forme étoit sans doute circulaire: un trou pratique a la pointe du toit, donnoit issue a la fumée du foyer, placé dans le milieu de la cabane. Ces bâtiments n’exigeoient ni grands apprêts ni grandes connoissances.
On voit encore de nos jours dans différentes contrées des deux Indes quantité de cabanes construites aussi grossiérement que dans les premiers temps du monde. On voit dans les pays les plus septentrionaux,&par conséquent les plus froids, des cabanes entiérement construites avec des peaux&des os de chien de mer ou d’autres grands poissons.
Dans le Nord de la Suede, les toits des maisons font presque à plat; on se contente d’étendre sur les solives du plancher supérieur&qui tiennent lieu de chevrons, de l’écorce de bouleau, dont la substance est presque incorruptible; &on recouvre ces écorces d’une épaisseur de terre suffisante pour y pouvoir semer du gazon.
Au Pérou,&sur-tout à Lima, où il ne pleut jamais; les maisons sont terminées en terrasses, qui ne consistent que dans une claie très-serrée,sur laquelle on répand a une certaine épaisseur du sable fin;&cela suffit pour recevoir&absorber les rosées qui y font journalières&très-abondantes.
L’Architecture civile a fait de si grands progrès parmi nous, que la partie qui concerne la couverture, des bâtiments est maintenant regardée comme le moindre objet, parce qu’il est: celui de la moindre dépense, relativement au reste.
Cependant l’art de couvrir les toits exige plus d’attention qu’on ne pense: il est bien essentiel, pour la conservation d’un bâtiment, que la couverture soit faite avec intelligence,&entretenue avec soin; un semblable travail entrepris&exécuté par un Ouvrier infidele ou mal habile, occasionneroit la ruine du bâtiment le plus solide, après l’avoir rendu inhabitable par fa négligence ou fa friponnerie, dont les premiers effets seroient la pourriture des charpentes&la dégradation des murailles.
Pour qu’un toit soit exactement recouvert, on doit exiger du Couvreur que l’eau n’y puisse jamais pénétrer, soit par les noues, soit par les faîtieres, ni qu’elle puisse s’insinuer dans les murs par les égouts.
Quand on termine par une terrasse un bâtiment voûté, on la recouvre avec des chapes de ciment, ou avec du plomb, ou avec de larges tablettes de pierre dure, dont on réunit les joints avec des mastics, de différente espece.
On couvre certains grands édifices avec du plomb, ou des lames de cuivre, ou avec de la tôle de fer.
Comme ces fortes d’ouvrages ne sont pas du ressort des Couvreurs ordinaires,&que les terrasses&les couvertures où l’on emploie des métaux s’exécutent par d’autres Ouvriers, nous nous dispenserons d’en parler ici, ne voulant maintenant nous occuper que de ce que nous appellons l’Art du Couvreur.
En France, on fait les couvertures des bâtiments: 1o, avec du chaume ou du roseau: 2o, avec du bardeau, qui est fait de douves de vieilles futailles, du merrain: 3o, avec de la tuile qui est une terre cuite: 4o, avec de l’ardoise, pierre feuilletée, que l’on tire de quelques carrières particulieres,&dont M FOUGEROUX, de l’Académie Royale des Sciences, a donné une description très-détaillée, qui a été imprimée,&qui fait partie du Recueil des Arts décrits par la même Académie: 5o, avec certaines pierres plates que l’on appelle Laves,&qui se trouvent dans quelques cantons de la Bourgogne. M. le Marquis de COURTIVRON, de notre Académie, nous a mis en état de faire mention de cette espece particuliere de couverture, en nous communiquant un Mémoire que l’on trouvera imprimée à la faite de la description de l’Art que nous mettons au jour.