Читать книгу Le château de Maisons : son histoire et celle des principaux personnages qui l'ont possédé - Henri Nicolle - Страница 4

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CHAPITRE PREMIER

Table des matières

LES LONGUEIL ET LES DIFFÉRENTS PROPRIÉTAIRES DU CHATEAU DE MAISONS.

Table des matières

Antiquité des Longueil. — Blanchard et d’Hozier en contradiction. — Le premier seigneur de Maisons de cette famille, président au parlement de Paris en 1418. — La sépulture des Longueil en l’église des Cordeliers de Paris. — Succession des propriétaires du château de Maisons.

La seigneurie de Maisons était depuis deux siècles déjà dans la famille Longueil, lorsque René de Longueil, alors président à mortier au parlement de Paris, conçut, en 1642, le projet de faire bâtir le château dont nous allons nous occuper ici, et dont la construction ne fut terminée qu’après neuf années de longs travaux, en 1651.

Un mot d’abord sur cette famille; la description du château viendra en son lieu.

Les Longueil sont originaires de Normandie et prennent leur nom du bourg, château, seigneurie et châtellenie de Longueil, près Dieppe.

Ils portent d’azur à trois roses d’argent, au chef d’or chargé de trois roses de gueule.

Dans sa Généalogie des présidents, Blanchard avance que les anciens seigneurs de Longueil avaient toujours fait profession de l’épée, jusqu’ à Jean, deuxième du nom, qui, en 1418, sous Charles VI, fut établi troisième président au parlement de Paris.

Le premier des Longueil dont il trouve trace, comme le premier homme du monde, s’appelait Adam. En 1066, il accompagne Guillaume, à la conquête de l’Angleterre, et se signale à la bataille de Londres, en qualité de chevalier banneret. — Après ce héros, et jusqu’au treizième siècle, le même auteur avoue que la filiation qu’il donne est incertaine; mais, à la date de 1269, il affirme un Guillaume de Longueil qui aurait été chambellan de Charles de France, comte d’Anjou, roi de Sicile, et à compter duquel il n’y a plus rien d’obscur, pour lui, dans la descendance des Longueil.

D’Hozier conteste l’ancienneté de cette famille et lui dénie l’illustration des armes. Il s’exprime ainsi dans un Mémoire généalogique sur et contenant les véritables origines de messieurs du Parlement , à l’article Longueil:

«Quelque origine noble et ancienne que l’on tâche de donner à cette famille dans la généalogie qui en est imprimée dans le même catalogue du Parlement publié par Blanchard, toute cette noblesse se réduit à Guillaume de Longueuil, receveur de la vicomté d’Auge l’an 1400, et que l’on sait que son père, qui étoit de la ville de Dieppe, fournissoit des denrées au camp de Charles le Mauvais, roy de Navarre et comte d’Évreux, lorsqu’il faisoit la guerre en Normandie au roy Jean son beau-père, 1355. — Jean de Longueuil, son fils, conseiller au Parlement l’an 1411, fut père de Jean de Longueüil, seigneur de Maisons, aussi conseiller au Parlement et lieutenant civil de la prévôté de Paris l’an 1430, et c’est de lui qu’est issu au cinquième degré René de Longueüil, seigneur de Maisons, président à mortier, surintendant des finances et ministre d’Etat. — Le président de Maisons est son petit-fils.»

Mais d’Hozier était l’homme de la cour, et, lorsqu’il s’occupe du Parlement, on peut le croire disposé à diminuer l’importance de ses membres.

Quoi qu’il en soit, il ressort de cette discussion que les Longueil datent de loin, et que si, à des époques contestées, ils ont porté l’épée, c’est surtout à la robe qu’ils doivent leur principal lustre.

Nous nous en tiendrons donc, pour ce qui nous concerne, à ce Jean, deuxième du nom, comme l’appelle Blanchard, et à partir duquel nous voyons que les deux généalogistes tombent d’accord. C’est en effet ce Jean de Longueil qui, le premier de la famille, porta le titre de seigneur de Maisons; et nous savons qu’il l’acquit des seigneurs de Gaucourt, vers 1390, ce qui justifie ce que nous avons avancé, qu’en 1642 la possession de cette seigneurie, chez les Longueil, remontait à deux siècles déjà.

Le nouveau seigneur de Maisons à cette époque était un homme considérable et possesseur de grands biens. Il avait eu les terres de Longueil, Varangeville, Offrainville et la Rivière de la succession de ses ancêtres, et du chef de sa femme celle du Ranchet. Nous rapportons le nom de ces terres, parce qu’elles constituèrent, par la suite, des titres de seigneuries aux branches collatérales, au nombre de sept, de la famille, et leur servirent de nom.

Ce Jean de Longueil, le premier des siens aussi, vint habiter Paris; il commença le renom des Longueil dans les parlements, ou, comme le dit son panégyriste, «conjoignit la noblesse d’armes qu’il possédoit d’extraction, avec celle de la justice qu’il acquit par ses mérites.» Il fut conseiller au Parlement en 1399, et en 1418 président, «dont il fit la fonction avec honneur pendant un temps plein de calamités et de guerres civiles.» C’était alors que la France était déchirée par les factions des Armagnac et des Bourguignons, qui se livraient bataille au cœur même de Paris. — Il mourut en 1430, le 21 mars, laissant l’exemple d’une belle vie de magistrat à ses fils qui le suivirent en parvenant, les uns aux dignités de leur ordre, les autres en devenant de savants légistes, si l’on en croit une vie de Christophe Longueil en latin, vita Christophori Loogolii, qui obiit anno 1522, mentionnée dans la bibliothèque du père Lelong comme étant au devant des ouvrages de Longueil, et attribuée, suivant le même auteur, au cardinal Polus.

Mais, jusqu’au dix-septième siècle, nous n’avons pas à nous occuper des Longueil, qui héritèrent de la terre de Maisons, et l’agrandirent progressivement, ainsi qu’en font foi de très-vieux titres de propriété déposés aux archives de la couronne. Un seul fait, relatif au Jean Longueil dont nous venons de parler, doit être relevé.

Par le moyen de son alliance avec Jeanne Bouju, fille de Jean ou Jacques Bouju, sieur du Ranchet, conseiller au Parlement, et de Gilette de Chante-prime, — une chapelle de l’église des Cordeliers de Paris entra dans la maison de Longueil et lui servit de lieu de sépulture. Le président y fut enterré.

L’église des Cordeliers, une des plus vastes de Paris, — elle avait trois cent vingt pieds de long sur quatre-vingt-dix de large, — était située à l’endroit où se trouve maintenant la place de l’Ecole de Médecine. Elle fut supprimée en 1790 et démolie depuis. Les jardins de la Clinique et le Musée Dupuytren faisaient partie du monastère y attenant. Le bâtiment utilisé pour le musée Dupuytren était le réfectoire même des moines cordeliers. Il est à croire qu’ils n’y mangeraient point aujourd’hui d’aussi bon appétit qu’autrefois.

Ceci dit, passons au président René de Longueil, le fondateur du château. Mais, auparavant, donnons encore la liste des différents personnages qui successivement ont possédé Maisons. Les noms de cette liste, dans l’ordre chronologique, marquent naturellement les diverses époques du château; ils indiqueront en même temps les divisions de notre travail.

Après la mort de René de Longueil, qui arriva en 1677, le château eut, de père en fils, pour propriétaires:

Jean de Longueil;

Claude de Longueil;

Et Jean-René de Longueil, en qui s’éteignit la descendance mâle de la famille.

Cette belle demeure appartint ensuite:

Au marquis de Soyecourt;

Au comte d’Artois, qui l’acheta en 1777,

Au sieur Lanchère pendant la période révolutionnaire;

Au duc de Montebello sous l’Empire;

A M. Laffitte sous la Restauration.

Elle est aujourd’hui dans les mains de M. Thomas, de Colmar, qui l’acquit en 1849 des héritiers de M. Laffitte.

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