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II

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De la même à la même.

Ma chère tante,

Leurs Altesses Sérénissimes me chargent de vous prier de remercier le Grand-Duc de son souvenir; mon beau-père a été heureux de voir que le Grand-Duc n'avait point oublié son fidèle allié.

Adalbert a eu un fort mal de dents la semaine passée; mais comme il est toujours dehors, exposé à tous les temps, je n'ai pas été surprise.


Il n'y a rien de nouveau à Sauer Apfel, si ce n'est que Doris se plaint de ce qu'on mange du shinken (jambon cru) à tous les repas. Je n'ai pas osé en parler à Adalbert sans consulter ma chère tante, à laquelle je confierai aussi qu'il n'y a plus de «grand couvert». Le chambellan et la chanoinesse n'acceptent jamais que d'un seul plat, et il m'a paru que la princesse éprouvait une légère surprise à me voir toujours prendre des deux qui forment le «petit couvert». Le chambellan de Rothennase parle sans cesse de grands repas que Son Altesse Sérénissime donnait autrefois... Ce temps me paraît passé. Je serais étonnée du peu de nourriture sur laquelle subsiste la chanoinesse de Jungferstieg, si Doris ne m'avait confié que la chanoinesse mange du saucisson en cachette après les repas. En revanche, Son Altesse Sérénissime me paraît prendre plus de bière et de snaps (eau-de-vie) qu'il ne serait bon pour sa santé. Le chambellan, qui a remarqué que je m'en apercevais, m'a dit en secret que Son Altesse Sérénissime cherchait à étourdir ses regrets à la pensée de ses sujets privés de son gouvernement paternel. L'électorat contenait trois cent vingt-cinq familles, dont deux cent cinquante de la première noblesse; toutes, il paraît, sont plongées dans la douleur. Je dois ajouter qu'Adalbert partage un peu trop vivement les regrets de son illustre père. Le soir, ni lui ni le prince ne sont disposés à la conversation: la princesse, la chanoinesse de Jungferstieg et le comte de Rothennase ont l'habitude de faire un whist pour des pastilles de chocolat; jamais ma belle-mère ne permet qu'on joue pour de l'argent; elle autorise la distraction, elle défend la spéculation. On m'a proposé de jouer; mais je préfère la lecture d'un de mes chers poëtes! A dix heures, le chambellan allume le bougeoir de Son Altesse Sérénissime et la précède jusqu'à son appartement.

J'avoue que je m'imaginais trouver une existence un peu plus variée, et que je regrette souvent notre belle cour de X...

Adieu, ma chère tante.

Votre nièce affectionnée,

Marie.

Leurs Excellences

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