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LES PREMIÈRES ANNÉES

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Nicolas Poussin naquit au hameau de Villers, dans le Vexin normand, le 15 juin 1594. Sa mère, Marie Delaisement, était veuve d’un procureur, Claude Lemoine, qui ne lui avait laissé pour tout bien qu’une chaumière et un petit jardin. De ce mariage elle avait eu une fille qu’elle élevait péniblement à l’époque où les troupes victorieuses d’Henri de Navarre occupèrent le pays. Dans cette armée se trouvait un vieux soldat, Jean Poussin, que trente années de guerre avaient fatigué sans l’enrichir. Il vit Marie Delaisement. Elle lui plut, le pays lui convint; il résolut de s’y fixer. Il demanda la main de la veuve qu’il épousa. Sa maigre pension, ajoutée à la valeur du clos de Villers, ne leur promettait qu’une vie pauvre qu’ils acceptèrent bravement. Deux ans après, naissait un garçon qui fut Nicolas Poussin.

PLANCHE II. — L’ASSOMPTION

(Musée du Louvre.)

Poussin n’aimait guère traiter les sujets religieux et ne les abordait que lorsqu’on les lui commandait expressément. Il y apportait la même conscience qu’à ses compositions mythologiques, mais il n’était vraiment lui-même que lorsque la scène à représenter était une scène joyeuse ou aimable, comme l’Assomption ou la Sainte Famille. L’Assomption, que nous donnons ci-contre, est surtout remarquable par l’harmonieuse disposition du groupe s’enlevant sur le fond azuré du ciel.


De l’enfance de Poussin on ignore presque tout. La correspondance de l’artiste, conservée à la Bibliothèque Nationale, est muette sur cette première période de sa vie. S’il y fait quelques allusions à sa famille, c’est très brièvement et sans que rien permette de croire qu’il lui était très attaché.

On ne sait pas davantage où il fit ses premières études: il dut cependant recevoir une assez bonne instruction, ou tout au moins des rudiments assez complets pour l’époque et qu’il compléta plus tard lui-même. Les lettres dont nous parlons plus haut témoignent d’une certaine inaptitude au maniement de la langue, mais elles attestent un esprit cultivé et un savoir professionnel assez rare au XVIIe siècle. On peut en déduire que Poussin, studieux dès l’enfance, se forma tout seul par la lecture.

Un autre point demeuré obscur, c’est l’origine de sa vocation de peintre. Où le jeune paysan, fils de parents à peu près illettrés, prit-il le goût du dessin? On en est réduit aux conjectures. Un fait, cependant, demeure acquis: c’est qu’un peintre de Beauvais, nommé Quentin Varin, vint dans le Vexin normand en 1610 pour décorer l’église Notre-Dame du Grand-Andely, et que Nicolas Poussin, alors âgé de 16 ans, lui montra des dessins. Il avait donc, à cette époque-là, manifesté déjà son inclination pour l’art. Quoi qu’il en soit, Varin fut enchanté de de ses dispositions et lui donna des leçons.

Varin n’était pas un très bon peintre, mais il en savait assez pour enseigner à son élève la technique du métier. Il emmena son jeune élève à Paris et l’associa à ses travaux. Poussin passa de son atelier à celui de Ferdinand van Elle, de Malines, avec qui il apprit à peindre le portrait.

La vie de Nicolas Poussin à Paris fut celle de tous les jeunes gens épris d’art à qui la mauvaise chance n’a donné ni fortune ni protecteurs. Il éprouva toutes les rigueurs de la misère. Un instant il put croire à son étoile: un gentillomme du Poitou s’intéressa à lui et l’emmena dans son château pour lui en confier la décoration. Mais la mère de ce hobereau, ignorante et acariâtre, lui rendit la vie si dure qu’il dut s’en retourner. Il reprit la route de Paris à pied, gagnant sa subsistance en peignant des tableaux pour les riches châtelains ou pour les églises échelonnées sur sa route, tableaux qu’on lui commandait par charité et qu’on lui payait très mal.

Aucun déboire ne réussit à le décourager. Opiniâtre et studieux, il s’appliqua à compléter ses connaissances techniques. Il étudia le dessin sur des estampes assez exactes des œuvres de Raphaël; il travailla l’optique, la perspective; il entra même dans un hôpital pour y apprendre l’anatomie.

Mais une pensée, depuis longtemps, le hantait: aller à Rome, à la source même de l’art. Il sentait bien que, là seulement, il achèverait son instruction encore imparfaite.

Coûte que coûte, il voulait partir. Il commença, en 1620, son rude pèlerinage de l’Italie, en faisant tous les métiers sur la route et poussant chaque jour plus loin son étape. Il parvint ainsi jusqu’à Florence, où la misère et la maladie triomphèrent de son courage. Il dut revenir en arrière. On le trouve tour à tour à Lyon, à Dijon, et partout il travaille sans répit, payant avec des tableaux sa nourriture et son gîte. A Paris, où il est de retour en 1623, il peint, pour un couvent de Jésuites, six tableaux à la détrempe en six jours. Au cours de ses pérégrinations, il rencontra Philippe de Champaigne, comme lui désireux d’atteindre l’Italie et comme lui arrêté par la misère.

Un hasard favorable lui permit enfin de réaliser son rêve, en mettant sur sa route un médiocre poète italien, le cavalier Marin, que le mauvais goût de l’époque avait sacré grand homme. Le cœur du cavalier Marin valait mieux que ses vers. Il prit Poussin en amitié, le logea dans sa propre maison et, quand il repartit pour Rome, il emmena avec lui le jeune artiste.

Nicolas Poussin : huit reproductions fac-simile en couleurs

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