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Chapitre 3

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— Meurs !!! Meurs, espèce de reptile vert bâtard, avec ta grosse carapace et ton long cou !

Corin se pinça l’arête du nez lorsque Béryl commença à faire des bruits d’explosion avec la bouche. Il était surpris que son frère ne crache pas vraiment du feu sur l’écran de télévision. Ce jeu et tuer des soldats-tortues animés étaient la passion numéro deux de Béryl dans la vie.

Béryl appuyait encore et encore sur les boutons de l’appareil rectangulaire entre ses mains ; une manette de jeu, ça s’appelait. Judicieusement nommée parce que c’était la distraction parfaite pour les jeunes frères hyperactifs de Corin. Sur le grand écran carré, un homme moustachu avec une casquette et une salopette rouge sauta sur la tortue bâtarde qui avait si gravement offensé Béryl. À l’instant où le personnage animé de Béryl atterrit sur l’animal pixélisé, la tortue rentra dans sa carapace.

— C’est ça, Koopa Troopa, cria Béryl. Rentre dans ta carapace. Maintenant, tu vas me servir d’arme pour assommer tous tes frères à écailles.

Après quelques pressions sur les boutons du joystick, l’homme à la salopette rouge sauta sur la carapace de la tortue. La carapace roula vers l’avant et assomma une rangée d’autres tortues. Des pièces d’or jaillirent sur l’écran en récompense pour les multiples meurtres.

— Ça devrait être mon tour, maintenant, dit Ilia.

Il s’affala sur les coussins à côté de Béryl, tenant mollement son joystick pendant que son frère aîné dominait le jeu.

Béryl et Ilia étaient nés le même jour, mais Béryl avait été le premier à faire son apparition, tout comme il faisait la course, se battait, et criait le plus fort pour être le premier en tout avec ses frères. Béryl était l’aîné de triplés – une chose rare parmi les naissances de dragons. La plupart d’entre eux naissaient par paires. Ilia était le plus jeune des trois et l’avorton de la portée. Un fait que Béryl ne le laissait jamais oublier.

— Tu veux des champignons, petit plombier ?

Béryl positionna l’homme à la salopette en dessous d’une brique. D’une pression de bouton, l’homme sauta, se cognant la tête sur la brique. Un champignon grandit au-dessus de celle-ci. Béryl pressa davantage de boutons jusqu’à ce que l’homme soit au-dessus du champignon à pois. Le plombier animé sauta dessus et commença à grandir.

Ilia ronchonna, jetant son joystick sur le sol. Il se croisa les bras sur le torse et lança un regard noir à Béryl qui continuait à frimer.

— C’est ça, hurla Béryl. Surpuissance. Niveau supérieur, enculé. C’est l’heure de Super Mario.

La petite musique aiguë accéléra. Corin se détourna et se concentra plutôt sur l’énigme silencieuse du Rubik’s Cube. Il avait presque réussi une face.

Tous les blocs rouges étaient parfaitement alignés. Il ne lui manquait que le dernier bloc rouge restant de l’autre côté, pris en sandwich entre un bloc bleu et un bloc blanc. En une seule torsion du cube, davantage de blocs rouges s’éparpillèrent, atterrissant sur une autre face du cube. Tout son travail minutieux sur une face était maintenant détruit. Chaque fois qu’il se rapprochait d’un semblant d’ordre, le chaos reprenait ses droits.

Avec une grimace, Corin étudia le casse-tête. Il travaillait sur cet engin depuis longtemps et n’était pas plus près de le résoudre. Il commençait à se demander s’il y avait seulement une solution.

Néanmoins, il préférait le casse-tête du cube au jeu vidéo. En partie à cause de l’énervante petite musique. En partie parce que le jeu n’avait jamais eu de sens pour lui.

Des plombiers qui parcouraient à toute vitesse l’univers du Royaume Champignon, où des tortues claquant du bec et des plantes avec des dents essayaient de les manger, tout ça pour récolter des briques et des pièces dans l’espoir de vaincre le méchant. Et pendant tout ce temps, il n’y avait aucune urgence de plomberie dans tout l’univers ? C’était absurde et ne valait pas la peine que Corin perde son temps.

— Il va y arriver, dit Elek. Il va battre le meilleur score de Cardi.

Corin sursauta lorsque le plus jeune des dragons sortit de l’ombre de la salle de jeux, leur repaire, comme Cardi aimait l’appeler. Grand et mince, Elek était passé maître dans l’art de n’être ni vu ni entendu. Contrairement à ses frères, Elek préférait la solitude. Il ne faisait des apparitions que pour les grands événements ou quand Cardi était dans les parages.

Corin regarda le jeu sur l’écran. Un événement majeur se déroulait au Royaume du Champignon. Béryl atteignait effectivement un nouveau territoire dans l’univers du jeu.

Rhyol, le deuxième des triplés, passa le museau par la fenêtre ouverte. Les écailles bleues du dragon luirent au clair de lune lorsqu’il replia ses ailes et s’appuya au rebord de la fenêtre avec ses mains munies de serres. Le dragon avait l’air humain en regardant l’écran, mais personne n’avait vu Rhyol, l’homme, depuis de nombreuses saisons. Battre le meilleur score à ce jeu était suffisamment remarquable pour que le dragon s’y intéresse, mais pas assez pour que la bête leur rende leur frère.

Ilia décroisa les bras et se pencha vers l’avant. Sa manette était oubliée sur le sol tandis que Béryl atteignait un niveau qu’aucun d’eux n’avait atteint auparavant.

— Attention à la plante carnivore.

— Je la vois.

Béryl appuya sur la manette, survolant la plante carnivore. Il atterrit sur un tuyau vert, la seule chose réaliste ayant un lien avec la plomberie dans ce monde fantaisiste, et descendit dans un nouveau monde. Tous les frères laissèrent échapper un hoquet de surprise.

— On n’est jamais allé aussi loin sans elle, avant, dit Ilia.

— Regardez, dit Elek. Il est là ; Bowser.

— Bowser, articulèrent-ils tous silencieusement.

Sur l’écran se trouvait une caricature de dragon. Il était grand, avec des bras et des jambes épais et une tête surdimensionnée. Bowser, le dragon de jeu vidéo, avait le ventre nervuré d’un dragon. Mais sur son dos, il avait une carapace de tortue avec des piques. Encore une ânerie du Royaume Champignon.

Corin aurait ri si la tentative d’arriver au boss du jeu n’était pas une occasion à ce point historique. Et il y avait aussi l’opportunité de voir le trésor du dragon pour la première fois.

— La voilà, dit Ilia. Princesse Peach.

Derrière cette caricature de dragon se trouvait une minuscule jeune femme aux cheveux blonds, habillée en rose. Elle se tenait là, impuissante, attendant soit d’être enlevée, soit d’être secourue, Corin n’était pas très sûr. Elle était la récompense, la sacrifiée pour laquelle plombiers et dragons déterraient de l’or et se battraient jusqu’à la mort.

— J’y vais, déclara Béryl.

— Tu ne crois pas que tu devrais établir un plan, d’abord ? dit Corin.

— Mon plan, c’est de botter le cul de ce faux dragon.

Béryl enfonça furieusement quelques boutons.

À peine le personnage de Béryl avait-il levé son poing pixélisé pour se battre que le dragon à l’écran l’arrosa de feu. La musique criarde entama les notes de la marche funèbre. Il n’y aurait pas de réanimation de Mario, le plombier. Béryl n’avait plus de vies. Le jeu était terminé.

Le silence remplit la pièce. Il avait fallu toute la journée à Béryl pour en arriver à ce stade du jeu. Et c’était fini en seulement quelques petites secondes.

Le tableau des scores apparut. Il n’y avait aucun changement dans le classement. Ilia détenait toujours la troisième place sous le pseudo d’Illest MC. Béryl était deuxième en tant que l’Incroyable Bulk. Et en haut du classement, à la place d’honneur, il y avait le pseudo Péché Cardinal.

Béryl jeta le joystick à terre et s’élança vers la fenêtre, furieux. Rhyol s’inclina vers l’arrière pour laisser passer son frère. Béryl s’élança en courant et sauta, ses ailes se déployant au moment où ses pieds passaient par-dessus le rebord de la fenêtre. Un dragon aux écailles vertes masqua la lune argentée en s’élançant vers le ciel.

— Mauvais perdant, cria Ilia après lui tout en ramassant la manette en son absence.

Rhyol s’envola pour rejoindre Béryl pendant qu’il prenait une petite pause. Elek était déjà reparti dans l’ombre.

Corin reprit son cube. Mais son esprit ne parvenait pas à se concentrer. Les frères se réunissaient souvent dans la salle de jeux pour se détendre. L’issue du jeu de ce soir était un peu trop proche de leur situation réelle.

Les obstacles qui se dressaient devant eux étaient énormes. Ils n’auraient pas de seconde chance dans cette vie. Les princesses dont ils avaient besoin pour gagner le jeu étaient hors de leur portée. Les dragons qui vivaient en eux les consumeraient s’ils ne trouvaient pas un moyen de gagner.

Même si Corin avait envie d’une sacrifiée, il n’avait aucun moyen d’en obtenir une. Les Valkyries avaient défendu aux humains mâles d’offrir leurs vierges longtemps auparavant. Cardi avait été la dernière à être sacrifiée. Ce n’était pas les hommes qui l’avaient offerte en sacrifice en échange de pierres précieuses. C’était les Valkyries qui l’avaient apportée elles-mêmes. La raison pour laquelle elles avaient enfreint leur propre règle n’était toujours pas très claire pour Corin. Mais il y avait peu de chance pour qu’elles recommencent.

On frappa un coup à la porte tout en bas. Aucune des créatures vivant derrière le Voile ne s’aventurerait au château des dragons au milieu de la nuit. Sauf si elle avait envie de finir comme en-cas nocturne. Seul un groupe de créatures était plus haut dans la chaîne alimentaire que les dragons.

— J’y vais, dit Corin en se levant.

Ilia ne daigna même pas lever les yeux de son jeu. Corin attrapa le sac laissé par son frère jumeau aîné et descendit les escaliers. Les pierres précieuses cliquetèrent à l’intérieur du sac à chacun de ses pas. Corin soupçonnait que la livraison de ce soir serait importante.

Le coup frappé à la porte venait de l’arrière du château. De l’autre côté de la montagne, à sa base, il existait un passage entre les mondes. L’endroit était invisible à l’œil nu. Mais si quelqu’un, d’un côté ou de l’autre, s’en approchait, un flot d’énergie le submergeait.

Les dragons ne s’aviseraient pas d’emprunter ce passage. Non seulement parce que c’était interdit, mais aussi parce que, bien qu’ils soient l’une des espèces les plus fortes de ce côté-ci du Voile, ils n’étaient pas taillés pour survivre dans le monde des humains. La plupart des fées étaient revenues de ce côté-ci du Voile, se plaignant de la pollution, de quelque chose appelé pesticides, et d’un trou dans le ciel qui laissait passer les rayons du soleil les plus dangereux.

Et malgré cela, les humains étaient la création préférée de la Déesse ?

Corin ouvrit la porte arrière du château pour découvrir un dragon sur le seuil. Les écailles de ce dragon étaient du même brun que la terre, pas de l’une des nuances des joyaux qui se trouvaient dans les mines sous le château. Ce dragon n’était pas l’un des frères de Corin, mais l’un de ses ancêtres.

Les dragons descendaient de l’une des créations favorites de la Déesse appelée dinosaure. Lorsque la Déesse s’était amusée avec la composition génétique des dinosaures, les premiers dragons étaient nés. Comme c’était le cas pour beaucoup de Ses créations, Elle avait entrepris de façonner les dragons à Son image et avait placé un homme dans le ventre de la bête. Et puis, comme avec la plupart de Ses créations, Elle avait perdu tout intérêt pour le projet et était partie s’amuser avec une autre espèce.

Les dragons étaient tout ce qui restait de ces lézards géants. Personne ne savait pourquoi ils avaient disparu de la surface de la Terre. Bien que Corin ait lu des théories humaines farfelues à propos de rochers tombés du ciel.

Il y avait de l’intelligence dans le regard du dragon sur le seuil de la porte, mais aucune volonté propre. C’était un dragon de pure race, pas un métamorphe. Il n’y avait pas d’homme à l’intérieur de cette créature.

À une époque, Corin avait eu pitié du fait que les dragons de pure race n’avaient aucun contrôle sur leur propre vie. Ils étaient esclaves des autres. À présent, il les enviait de n’avoir aucune aspiration à être davantage que ce qu’ils étaient.

La plupart du temps.

De larges sacoches pendaient des flancs de la bête. Le chargement incluait l’armure bleu clair de la Valkyrie. La bête, qui avait autrefois été utilisée comme arme de guerre pour récupérer les mâles tombés au combat, avait été réduite à l’état de bête de somme.

La femme en question glissa du dos du dragon avec un saut périlleux et un grand salut. À la place de son armure, elle portait un bout de tissu sur lequel était écrit Hooters. Au lieu de porter une protection sur les jambes, elle portait ce que Corin avait appris qu’on nommait un micro-short. Un vêtement dans lequel Kimber avait défendu à Cardi de se pavaner dans le château.

— Hé, Cory.

Corin détestait qu’on raccourcisse son nom. Mais il ne contredit pas l’une des filles de la Déesse.

— Salutations, Morrigan.

— C’est bon, mec. Tu peux m’appeler Morri.

Corin n’aimait pas non plus le terme mec. Ça sonnait un peu trop comme un autre mot humain pour désigner des excréments. Mais, à nouveau, on ne contredisait pas une Valkyrie.

Morrigan déposa l’une des larges sacoches avec un bruit sourd. Le dessus du sac s’ouvrit sous le choc, révélant son contenu. À l’intérieur, il y avait un stock de chemises aux couleurs vives et criardes, des shorts élastiques avec des jupes en dentelle attachées, et des pièces tubulaires molles appelées chaussettes. Corin détourna le regard de bouts de tissu triangulaires connectés dont il avait appris qu’ils s’appelaient soutiens-gorges. Des bouteilles de Coca-Cola Original s’entrechoquaient à côté de boîtes de bonbons Nerds et de paquets de Hot Pockets.

— C’est le vingt-et-unième siècle, là-bas, dit la Valkyrie. La mode des années 80 est de plus en plus difficile à trouver vu que ceux de la génération X sont maintenant des grands-parents avec poignées d’amour et bourrelets. Mais, évidemment, la Madge de cinquante ans se balade encore les fesses à l’air de temps en temps. Tu savais qu’elle partait toujours en tournée ?

La plupart du temps, Corin n’avait aucune idée de ce dont la Valkyrie ou la jeune humaine sous leur protection parlaient. Il hochait simplement la tête et s’éclipsait discrètement de la conversation et de la pièce.

— Kimber est parti au repaire des loups avec Cardi. Mais il m’a laissé votre paiement.

Corin tendit le sac de pierres précieuses en échange de la sacoche et se prépara à opérer une retraite rapide. Le bavardage n’était pas son fort.

Les yeux de la Valkyrie étincelèrent en examinant les diamants à l’intérieur du sac. Bien que les Valkyries soient les créatures les plus fortes du Voile, les pierres précieuses étaient leur seule faiblesse. En dehors de l’utilisation de leur force brute, c’était comme ça que les dragons maintenaient leur rang de deuxièmes dans ce jardin de créatures surnaturelles.

Pour atteindre les pierres précieuses, il fallait à la fois le feu et les fortes griffes acérées des dragons. Aucune autre créature derrière le Voile ne possédait ces deux forces. C’était pour cette raison que les joyaux étaient une denrée rare.

Malheureusement, les dragons n’étaient pas réputés pour partager leur trésor. Corin songea que le poids du sac de pierres précieuses de Kimber était un prix énorme pour des choses aussi frivoles. Mais les dragons étaient réputés pour faire des folies pour leurs sacrifiées.

Lorsque Corin se retourna pour s’en aller, un mouvement dans une autre sacoche attira son attention. Il savait que ça devait être un humain mâle. Les Valkyries se rendaient de l’autre côté du Voile, dans le monde des humains, et retiraient la lie de l’humanité de la mêlée pour les emmener au Valhalla, un endroit pire que les boyaux de l’enfer.

Morrigan avait fait un beau coup de filet, ce soir. Il y avait deux sacoches sur le dos du dragon. L’une s’agitait, la puanteur de mort flottant à travers le tissu jusqu’au nez de Corin. L’autre sac demeurait immobile.

— À la prochaine fois, dit Corin en chargeant le sac de babioles sur son dos et en se tournant vers la porte.

— Attends, l’écailleux, dit Morrigan. Je n’en ai pas fini avec toi.

Ce n’était pas des mots qu’un homme avait envie d’entendre de la part d’une Valkyrie. Les dragons n’étaient pas emmenés au Valhalla. Mais une Valkyrie était assez forte pour les battre. Corin inspira profondément. Il n’avait enfreint aucune règle.

— J’ai une autre offrande, dit Morrigan.

Contrairement à Kimber, qui marchandait avec les Valkyries pour qu’elles lui ramènent des babioles qui feraient plaisir à sa compagne, Corin se fichait du monde des humains. Même s’il chérissait le Rubik’s Cube que Cardi avait abandonné après un essai. Et il aimait le jeu Docteur Maboul et quelques autres jeux de plateau du monde des humains. À part ça, il n’y avait rien pour lequel il abandonnerait ses précieux rubis.

L’homme dans le sac gigota encore. Ses mouvements causèrent des remous dans l’autre sacoche. L’odeur du contenu de ce second sac flotta dans la brise. Le sac de trésors pour Cardi s’échappa des mains de Corin.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? dit Corin dont la voix était soudain grave et rocailleuse, plus dragon qu’homme.

Morrigan souriait de toutes ses dents en se dirigeant vers le dragon et en soulevant le sac comme s’il ne pesait rien. Plus elle s’approchait, plus les poils de Corin se dressaient.

La Valkyrie dévoila une femme. Les yeux fermés, une bouche en forme de cœur entrouverte, des cheveux rouge flamme comme des rubis flottant en vagues autour de ses frêles épaules.

La bête à l’intérieur de Corin rugit. Le dragon se glissa presque hors de sa peau. Mais à la dernière seconde, Corin tira sur la laisse. Il avait besoin de toute sa présence d’esprit pour comprendre ce qui se passait.

— Qu’est-ce que c’est, répéta-t-il lentement.

L’homme se raccrochait à son esprit, mais le dragon avait déjà pris possession de sa voix.

— Tu es aveugle ? dit Morrigan. C’est un sacrifice.

Ça n’avait aucun sens. Corin ne croyait pas aux coïncidences. Il n’aimait pas les questions sans réponse. Tout avait une explication, même ce cube déconcertant que la Valkyrie avait apporté pour le tourmenter.

— Votre sœur a interdit les sacrifiées dans le Voile.

— Pas tout à fait. Hilda a dit que plus aucun homme ne pourrait sacrifier une humaine. Je ne suis pas un homme.

Morrigan déposa la femme aux pieds de Corin et recula.

Corin ne pouvait détacher les yeux du paquet devant lui. La partie inférieure du corps de la jeune femme était cachée par la sacoche. Le haut lui fit se lécher les babines.

Quand Cardi était arrivée, elle était plus enfant que femme. Aucun des dragons n’avait été sexuellement attiré par elle. Ils étaient devenus ses amis, à la place, et l’avaient traitée comme une des leurs.

Il n’y avait aucun danger de confondre cette jeune femme avec une enfant. Même maintenant, le pantalon de Corin fut soudain trop étroit à la vue de ses clavicules. Oui, ses clavicules. Il ne pouvait détacher les yeux de leur forme. Sa bête les étudiait, se demandant quelle partie il marquerait en premier.

— Elle a du tempérament, dit la Valkyrie. Elle essayait de tuer ma cible. Elle ne s’en serait jamais sortie vivante, si elle l’avait fait. Ou elle aurait fini en tôle. Donc, techniquement, ce n’est même pas une sacrifiée. En un sens, je l’ai sauvée. Vive moi !

Sauvée ? Pour l’amener dans un repaire de dragons où elle mourrait avec certitude. Corin n’avait pas vu la couleur de ses yeux, mais son ventre se contracta en sachant qu’un jour il regarderait la vie s’en échapper. Tout comme il avait vu la vie s’éteindre dans les yeux de sa propre mère et dans ceux de la mère des triplés.

Les femmes offertes aux dragons étaient appelées des sacrifiées pour une bonne raison. Il ne connaissait pas cette jeune femme, mais il savait qu’il ne lui ferait pas subir ça. Il ne pourrait pas. La Valkyrie devait l’emmener.

— Tu la veux, Cory ?

Corin serra les doigts en forme de poings. Ce n’étaient plus des doigts, d’ailleurs. Des griffes lui creusèrent la peau.

— Des rubis iraient vraiment bien sur un collier de diamants, tu ne crois pas ?

La Sacrifiée Récalcitrante

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