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DE L'ÉDITEUR.

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La découverte de M. de Montgolfier, la plus extraordinaire des découvertes du dix-huitième siècle, n'a eu aucun résultat utile. Les recherches des savans et l'attente du public ont été également trompées; l'aérostation qui devoit procurer des lumières sur les hautes régions de l'atmosphère, des secours au commerce, des services à l'art militaire, n'a offert qu'un spectacle étonnant, et l'ascension d'un ballon ne semble propre désormais qu'à figurer dans des fêtes, comme une fusée très-singulière, très-curieuse, mais très-stérile.

Telle étoit du moins depuis long-tems l'opinion générale sur les ballons. Les savans, désespérant de tirer un véritable fruit de leurs travaux, avoient renoncé à s'en occuper; et le sieur Blanchard, promenant son spectacle de capitale en capitale, jouissoit sans contestation de sa gloire ainsi que de l'argent du public. Cependant au fond de la Gascogne vivoit dans la plus grande obscurité un habile aéronaute, qui avoit trouvé le seul moyen peut-être de rendre ses ascensions utiles. Très-instruit et très-courageux, M. de Montagnac planoit en ballon sur la chaîne des Pyrénées, tiroit le plan de ces montagnes, s'arrêtoit quelquefois sur des sommets inaccessibles aux Ramond, aux Homboldt et aux Saussure, faisoit de profondes observations relatives à la géologie, à la minéralogie, à la botanique; étudioit la température de l'atmosphère graduée suivant sa hauteur, et même avoit déjà reconnu des courans d'air réglés et des moussons périodiques; mais cet homme modeste et véritablement savant ne vouloit faire part de ses découvertes au public, que lorsqu'il auroit été parfaitement assuré de leur certitude. Parti de Perpignan, et se dirigeant vers Bayonne, il n'avoit encore parcouru qu'une moitié de la chaîne dans l'espace de huit ans, parce qu'il répétoit plusieurs fois les mêmes observations et qu'il étoit souvent obligé d'attendre long-tems le léger courant d'air favorable à sa direction.

Lorsqu'il auroit eu achevé ses courses et ses études aériennes sur les Pyrénées, il se proposoit de les répéter sur la chaîne des Alpes; c'est à la fin de ces pénibles travaux que le public devoit en recueillir le fruit. L'ouvrage qui en seroit résulté auroit sans doute fait époque dans l'histoire des découvertes du dix-neuvième siècle. La mort vient de surprendre cet estimable savant dans le petit village de Saumède, au milieu des Pyrénées, où il étoit descendu après une troisième ascension sur la Maladetta. J'herborisois alors dans ces montagnes et j'y avois fait connoissance avec M. de Montagnac. La conformité des goûts pour la même étude, qui est le plus puissant comme le plus agréable des liens, nous avoit réunis dès la première entrevue. L'extrême douceur de sa société avoit encore resserré notre amitié; et si la mort de cet homme de génie est une perte irréparable pour les sciences, elle sera un sujet d'éternels regrets pour mon cœur. Il m'a légué tous ses papiers en me laissant la liberté d'en disposer comme je le jugerai à propos; mais il m'a recommandé surtout la relation de son voyage dans le Vallon aérien. Ce voyage revenoit dans tous ses souvenirs; c'étoit l'objet de ses plus tendres affections. Je ne fais donc que m'acquitter d'une dette sacrée en publiant cette relation. J'en ai supprimé tout ce qui tient à la minéralogie et à la botanique, parce que la partie scientifique dont ces objets font partie formera la matière d'un Ouvrage séparé, que je compte publier après celui-ci.

Le Vallon Aérien

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