Читать книгу École anglaise, 1672-1851. - Jean Clément Léonce Dubosc de Pesquidoux - Страница 3
AVANT-PROPOS.
ОглавлениеL’exhibition des trésors de l’art à Manchester, et les expositions de Londres et de Paris qui l’avaient précédée, ont attiré l’attention publique sur l’école et les peintres anglais. Très-influente, très-considérée dans le cours du dernier siècle, cette école, par suite de circonstances diverses, était restée presque inaperçue dans le mouvement artistique de notre temps. Il a fallu l’exposition universelle de Paris, 1855, pour forcer les critiques à s’occuper des peintres modernes de l’école anglaise, et l’exhibition de Manchester, 1857, pour révéler à l’Europe ses artistes anciens. Les peintres modernes ont été l’objet d’études très-fortes et très-sérieuses sur lesquelles il est inutile de revenir; mais rien de spécial, rien de complet au point de vue de leur vie, de leurs idées, de leurs œuvres et leur influence, n’a été publié sur l’ensemble des artistes anciens, autrement originaux et puissants que les peintres modernes. — C’est cette lacune dans l’histoire générale de l’art que j’essaye de combler.
J’ai choisi les neuf artistes qui ont dominé leur école. Personne, j’espère, ne contestera la justice de ce choix, ni les droits qu’avait chacun de ces artistes à un examen sérieux. Je crois même qu’en dehors de ces neuf figures aucun autre peintre ne mérite un travail séparé. J’ai commencé chaque étude par la biographie du peintre, persuadé que le récit de la jeunesse, de la vie et des travaux d’un artiste aurait quelque intérêt ou quelque utilité, au moins pour les artistes. J’ai recherché tous les détails, et je n’ai pas rejeté les anecdotes, parce qu’elles font entrer dans l’intimité du personnage, et que d’ailleurs elles offrent au lecteur de l’attrait et de la variété. — Diverses publications de France et d’Angleterre m’ont aidé pour ce travail.
Un assez long voyage que j’ai fait en Angleterre, à l’époque de l’exhibition de Manchester, a fixé mes appréciations. Mais, désirant donner à mon ouvrage un intérêt direct et le rendre utile aux voyageurs, j’ai borné mon examen aux tableaux exposés dans les galeries publiques. Du reste, à part de rares exceptions, je n’ai rien vu dans les autres collections, même à l’exhibition de Manchester, dont les tableaux dispersés aujourd’hui ont été d’un autre côté étudiés par nombre d’écrivains , je n’ai rien vu, dis-je, de comparable aux œuvres exposées à Marlborough Palace; car c’est à Marlborough Palace, et non plus à la National Gallery, que se trouvent en ce moment les tableaux de l’école anglaise. — Réunis d’abord dans la National Gallery avec les autres toiles acquisés de diverses façons, les tableaux anglais viennent d’être séparés des tableaux étrangers et transportés à Marlborough Palace, où l’on avait placé déjà la collection moderne léguée à l’État en 1835 par Ed. Vernon. Marlborough Palace est donc une galerie publique, consacrée exclusivement aux tableaux anciens et modernes de l’école anglaise; et ce sont ces tableaux que j’ai pris pour spécimen et pour base de mes jugements; par exception seulement, j’ai conduit le visiteur au Musée Sloane et à quelques autres galeries publiques où se trouvent diverses œuvres non moins caractéristiques.
Peut-être contestera-t-on l’exactitude de mon titre. En effet, l’Angleterre, à proprement parler, n’a pas produit d’école, si l’on entend par ce mot une succession de maîtres et de principes procédant directement les uns des autres. Mais quelques-uns des artistes anglais ont déployé tant de force et d’originalité, que, par leur caractère et le mérite de leurs œuvres, ils méritent d’être groupés séparément et de former école.
L’art est cosmopolite, et les œuvres d’art n’ont pas de nationalité. Si l’École anglaise n’a pas pour tous les lecteurs l’attrait patriotique du Voyage artistique en France, que la presse et le public reçurent l’année dernière favorablement, j’espère toutefois que les artistes et les gens de lettres feront à ce nouveau travail un accueil bienveillant.
LÉONCE DE PESQUIDOUX.