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USAGES ET CROYANCES.

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Table des matières

ABEILLES.

Sur le deuil des abeilles, voyez Mouches à miel, dans le Dictionnaire. Les abeilles offrent bien assez d'intérêt à l'observateur, sans leur prêter un instinct dont elles ne jouissent point.

On dit que les abeilles qui essaiment le jour du Saint-Sacrement forment, dans la ruche, un travail en forme d'ostensoir, c'est-à-dire que les rayons aboutissent au centre de la ruche, au lieu d'être transversaux. Nous ne nions pas ce genre de travail; mais, jusqu'à preuve contraire, nous croyons que tous les essaims qui sortent en ce jour ne travaillent pas de la même manière, et qu'on peut observer ce genre de travail dans les ruches d'essaims sortis en d'autres jours.

CARREAU.

Dans la campagne, les bonnes femmes désignent sous ce nom tout embarras gastrique, toute maladie chronique, toute affection maladive dont la guérison se fait attendre. Dans leur pensée, aucun âge n'en est exempt; nous nous rappelons avoir entendu dire d'une personne octogénaire, qu'elle était morte du carriau, parce qu'on ne l'avait pas fait toucher. Voyez, dans le Dictionnaire, le mot Carriau.

CHARDON (Jeu du).

Parfois les moissonneurs laissent un gros chardon debout; ils placent quelques petits rubans dans ses feuilles; et, au moment de faire scier la dernière poignée, ils présentent au maître de maison une faucille dont le manche est orné de lisets, en le priant de commencer le jeu, c'est-à-dire de se placer à une distance convenable et de lancer la faucille sur le chardon pour le couper. Ordinairement le cultivateur place une pièce d'argent au pied du chardon; c'est le prix de la victoire.

CHEVAUX.

Lorsqu'on conduit les chevaux à l'eau, on a l'habitude de siffler pour les engager à boire. Par un contraste assez singulier, il est aussi d'usage de siffler pour les engager à p......

CHOUETTES.

Le cri de la chouette, aux environs d'une habitation, est considéré comme un signe de mortalité.

CIERGES.

Si les cierges placés à l'autel brûlent mal, quand on fait célébrer la messe pour un malade, on est persuadé qu'il ne guérira pas.

DERNIÈRE POIGNÉE (La).

Dans les communes où l'on n'offre pas de glane au commencement de la moisson (voir plus bas), les moissonneurs font scier la dernière poignée. Voyez ce mot dans le Dictionnaire.

EAU BÉNITE.

Le Samedi saint, en certaines communes, l'instituteur se présente à chaque maison de la paroisse, il trempe une branche de buis dans un petit vase plein d'eau bénite, qu'il porte avec lui, et il asperge l'habitation. Ensuite, il offre du pain à chanter qu'il a fait bénir, et reçoit des œufs qu'il vend à son profit. (Voir notre Essai sur le canton de Neufchâtel, page 114.)

Quand il pleut le dimanche avant l'eau bénite, on est persuadé que c'est signe qu'il pleuvra pendant toute la semaine.

On prétend que l'enfant qui étrenne les fonts, c'est-à-dire celui qui est baptisé le premier après la bénédiction des fonts, meurt dans l'année.

FLANS (Les).

C'est ainsi qu'on désigne encore, en certaines communes, le jour de la fête patronale. Ainsi, on dit: Les Flans de Bures, pour indiquer la fête de Saint-Agnan, patron de cette paroisse. Cette habitude vient de l'ancien usage, encore en vigueur, de préparer des flans ou tartes pour ce jour.

GLANE (La).

Le premier jour de la moisson, on forme une glane d'épis choisis, artistement disposés et ornés de fleurs et de rubans de soie. Les moissonneurs se réunissent en corps pour aller offrir cette glane à la maîtresse de maison; celui ou celle qui la présente débite un petit compliment; après quoi on arrose la fête avec quelques pots de gros cidre.

NOEL (Les douze jours de).

On prétend que la température des douze jours de Noël, c'est-à-dire des jours qui se trouvent à partir du 25 décembre jusqu'au 5 janvier, indique le temps de chacun des douze mois de l'année suivante. Ainsi, le temps du 25 décembre indique le temps qu'il fera en janvier; le temps du 26, celui du mois de février, etc.

RAMEAUX.

Bien des gens sont convaincus que les blés dépériront pendant quarante jours, s'il pleut le jour des Rameaux.

ROIS.

La veille des Rois, les enfants parcourent les rues avec des lanternes de papier de diverses couleurs, attachées au bout d'un bâton, et crient de toute leur force:

Boujou les Rois,

Jusqu'à douze mois!

Boujou la Reine,

Jusqu'à six s'maines!

Boujou l'crapou,

Jusqu'au mois d'août!

Le lendemain, jour des Rois, ils recommencent la même procession et les mêmes chants, en remplaçant le mot boujou par celui d'adieu.

SAINT-JEAN (Feux de).

En certaines communes, on fait un feu de joie la veille de la fête de saint Jean-Baptiste. Chaque habitant apporte un bâton pour l'entretien du feu; des danses ont lieu pendant une partie de la nuit, et l'on n'oublie jamais d'emporter avec soi quelques charbons comme préservatifs de la foudre et de l'incendie (Voir notre Essai sur le canton de Londinières, page 242). Il nous semble voir là clairement un souvenir des feux qui signalaient, chez les anciens Slaves, la fête du dieu Koupalo (24 juin), et autour desquels dansaient hommes, femmes, enfants et vieillards (Encyclopédie du XIXe siècle, vol. XXIV, p. 559). Koupalo était le dieu des productions de la terre. Avant la révolution de 1793, ces sortes de feux avaient lieu même à Paris: «La veille de Saint-Jean, les échevins faisaient élever, sur la place de l'Hôtel-de-Ville, un immense bûcher auquel le roi mettait solennellement le feu. En 1471, Louis XI, à l'exemple de ses prédécesseurs, communiqua lui-même la flamme à cet amas de matières combustibles dont l'incendie éclairait toute la ville. Les chroniques contemporaines nous ont conservé les détails de cette cérémonie.

«Au milieu de la place de Grève s'élevait un arbre de 90 pieds de hauteur, hérissé de traverses auxquelles on attachait 800 bourrées et 300 cotrets; 15 voies de bois et une immense quantité de bottes de paille en formaient la base. Le tout était surmonté d'un tonneau et d'une roue. Des guirlandes de fleurs décoraient ce colossal appareil, dans lequel il faut voir l'idée première de nos feux d'artifice officiels. Des bouquets volumineux étaient distribués au roi, aux personnes de sa suite, aux magistrats et aux notables. Une compagnie d'archers de la ville, composée de 200 hommes d'armes, maintenaient l'ordre conjointement avec 100 arbalétriers et 100 arquebusiers. Avant de mettre le feu, on plaçait dans le bûcher les célèbres doubles pétards dits de la Saint-Jean, les grosses fusées et tous les produits pyrotechniques connus à cette époque; on suspendait ensuite à l'arbre un grand panier renfermant deux douzaines de chats et un renard.

«Les registres de comptabilité de l'Hôtel-de-Ville contiennent, au sujet de ce dernier article, la mention suivante:

A Lucas Pommereux, l'un des commissaires des quais de la ville, cent sous parisis pour avoir fourni, durant trois années, tous les chats qu'il fallait audit feu, comme de coutume; mêmement pour avoir fourni, il y a un an, où le roi assista, un renard, pour donner plaisir à Sa Majesté, et pour avoir fourni un grand sac de toile où étaient lesdits chats.

«Lorsque le feu était apaisé, le roi montait à l'Hôtel-de-Ville, où l'attendait une somptueuse collation. La foule se précipitait sur les débris du bûcher et se disputait les tisons, dont la possession était un gage de bonheur et de réussite en toutes choses pendant une année entière.

«Louis XIV n'assista qu'une seule fois à cette cérémonie, et Louis XV refusa de s'y montrer. Le feu de la Saint-Jean ne fut plus alors considéré que comme une tradition populaire, et les vestiges en furent effacés par l'orage de la Révolution.» (Journal de Rouen, 18 février 1852.)

SAINT-BENOIT.

Quand il pleut le jour de saint Benoit (11 juillet), on est convaincu que la pluie durera quarante jours. Il faut peut-être voir l'explication de cette croyance dans la légende du saint. Un jour, étant allé visiter sa sœur, sainte Scholastique, celle-ci voulut le retenir au moment de partir; mais, comme il se refusait à rester, elle pria Dieu qui suscita une si grande tempeste de tonnerre, d'esclairs et de pluye, que saint Benoit ne put sortir de la maison (Fleurs des vies des Saints, par Ribadeneira, tome I, page 493, édit. in-4º.

SAINT-MARC.

S'il pleut le jour de saint Marc, c'est signe qu'il n'y aura point de merises. Voici ce qui a pu donner lieu à ce dicton: A cette époque, 25 avril, les merisiers sont en fleurs, et la pluie, si elle se prolongeait, pourrait les empêcher de nouer.

SAINTE-MONIQUE.

La pluie, le jour de sainte Monique, 4 mai, présage qu'il n'y aura point de pommes. C'est l'époque de la fleuraison des pommiers.

SAINT-PIERRE (Feu de).

On fait aussi des feux la veille de la fête de saint Pierre. Vers le coucher du soleil, le clergé de la paroisse se rend en procession au lieu où le bois a été disposé, le prêtre y met le feu et prononce une bénédiction; après quoi la procession retourne à l'église. Les habitants se partagent ensuite les tisons qu'ils conservent dans l'espoir d'être préservés des accidents de l'incendie (Voir notre Essai sur le canton de Neufchâtel, page 148). Nous trouvons encore, dans cet usage, une trace des feux nocturnes que les Romains allumaient pour célébrer certains anniversaires, tels que les Palilies, fête fort ancienne à laquelle Romulus rattacha la célébration annuelle de la mémoire de la fondation de Rome. Cette fête, instituée en l'honneur de la déesse Pales, se célébrait le 23 avril (Encyclopédie théologique, tome XXVIe, 3me des Religions, page 1056).

SAINT-SAUVEUR (Pélérinage de).

Les pélerinages de saint Sauveur ont lieu le jour de la Trinité et pendant l'octave, et se font à l'intention des animaux malades, surtout des chevaux. Assez souvent, on touche un morceau de pain à la statue du Sauveur, et l'on réserve ce pain pour le donner aux bestiaux pendant leurs maladies. (Voir notre Essai sur le canton de Blangy, page 164 et suiv.)

TABLIER.

Si, en sortant de chez soi, la première personne qu'on rencontre est une femme sans tablier, on est persuadé qu'on éprouvera quelque désagrément dans la journée. Au reste, les femmes du pays de Bray sortent rarement sans cette partie de leur toilette.

TARTE (La).

Quand les moissonneurs finissant à couper le blé, ils se réunissent et crient à tue-tête: A la tarte! à la tarte! à la tarte! Cet usage vient de ce que, antérieurement, on avait l'habitude de manger des tartes à pareil jour. Aujourd'hui on se contente de vider quelques bouteilles à large panse, et la tarte se mange à la parcie (Voyez ce mot dans le Dictionnaire).

TERRE-SAINTE.

Si l'on remue la terre sainte, c'est-à-dire si l'on creuse une tombe le dimanche, on prétend qu'il mourra une personne pendant la semaine.

TREIZE (Le nombre).

Le nombre 13 est généralement considéré comme néfaste. Par exemple, si treize enfants font leur première communion le même jour, on assure qu'il en mourra un dans la même année. Il est plus d'une personne qui ne voudrait pas être treizième à table. Mais, en tous cas, ce qui est le plus à redouter pour celui qui se trouve le treizième en cette circonstance, c'est, avons lu quelque part, lorsqu'il n'y a à diner que pour douze.

TRIGLYDOTE (Le).

C'est le petit oiseau qu'on appelle improprement roitelet; le peuple le nomme petite poulette au bon Dieu, et ne veut pas qu'on le tue. On prétend que chaque nichée se réunit dans le nid, la veille des Rois, avec les père et mère; aussi se garde-t-on bien de détruire ce petit nid, ordinairement placé au bas des couvertures en paille.

VACHERS (Chanson des).

Les petits vachers ont l'habitude de s'adresser de loin des espèces de dialogues, qu'ils chantent et terminent toujours par ces mots: Lariala! lariala! lariala! lalonlariala! Il nous semble reconnaître dans ces paroles une invitation adressée aux autres gardeurs de vaches: Là! ris il y a là!... Là! allons là! ris il y a là! En effet, ces paroles sont ordinairement le prélude d'une réunion dans laquelle on mange des poires et des pommes; après quoi on fait la partie de bilboquet, au milieu des ris et joyeux discours.

VENDREDI.

On considère généralement le vendredi comme un jour néfaste, et beaucoup de personnes ne voudraient pas entreprendre un travail en ce jour. Serait-ce qu'on regarde ce jour comme malheureux, en mémoire de la mort de Jésus-Christ?

VENT (Fiançailles et mariage du).

On dit que le vent se fiance le jour de saint Denis (9 octobre), et se marie le jour de la Toussaint. On ajoute que, pendant l'hiver suivant, il souffle souvent du point où il se trouvait le jour de ses fiançailles et de son mariage.


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