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PRÉFACE.

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Table des matières

I. PLUSIEURS personnes pourront s’étonner que l’on ait pensé à faire une HISTOIRE de l’ordre des avocats, qui semble n’annoncer que celle d’intérêts privés, de dissentions intestines, de rivalités et autres détails peu dignes d’occuper l’attention du public.

Mais ce seroit prendre une bien fausse idée de cet ouvrage. L’individualité des avocats en est le moindre objet. C’est en masse qu’ils sont considérés et sous leur rapport avec le ministère, le parlement, le clergé, la législation, les officiers ministériels, etc.

II. Cette histoire embrasse l’espace qui s’est écoulé depuis Saint-Louis, en 1250, jusqu’en 1790, c’est-à-dire, cinq cent quarante ans divisés en dix époques.

Or, il y a peu de ces époques où l’on ne voie l’ordre des avocats figurer avec plus ou moins d’éclat.

Ce qui s’explique aisément par la nature même des fonctions de l’avocat et les talents qu’elles supposent.

En effet, il ne faut pas juger des avocats pris collectivement, comme on jugeroit d’un ou plusieurs d’entr’eux.

Les individus s’étant partagé les diverses branches de la jurisprudence, leur ensemble offre nécessairement une réunion de lumières qui, dans quelques circonstances, doit avoir une grande influence.

Ajoutez l’habitude de la parole, le prestige de l’art oratoire, l’habileté de la discussion, et vous ne serez pas étonné que, dans les agitations politiques, tous les partis se soient empressés de mettre de leur côté une classe d’hommes d’une aussi grande ressource, et cet ouvrage en fournira des exemples mémorables.

III. L’histoire du parlement se trouvoit naturellement liée à celle des avocats:

Perpétuellement en présence l’un de l’autre, professant les mêmes principes, animés du même esprit, ces deux grands corps avoient formé une espèce de pacte d’alliance qui, dans l’occasion, les rendoit auxiliaires l’un de l’autre. Durant 500 ans, et plus, de leur coexistence, on ne connoît qu’une époque (celle du mois de mai 1602) où cette harmonie fut interrompue à la suite d’une intrigue de cour.

Au surplus ce nuage de peu de durée ne porta aucune atteinte à la haute considération que cette auguste compagnie se plaisoit à prodiguer à l’ordre, qui, de son côté, acquittoit sa reconnoissance par des témoignages multipliés de son respect et de son inviolable attachement.

IV. Le ministère des avocats les mettant perpétuellement en rapport avec les officiers ministériels de l’ordre judiciaire, tels que greffiers, notaires, procureurs, etc., ceux-ci ont dû, nécessairement, trouver leur place dans cet ouvragé.

V. Il auroit manqué quelque chose à l’exécution de mon plan si j’avois omis d’indiquer à chaque époque, les variations survenues dans la législation, la jurisprudence, la procédure, et même dans les usages et costumes du palais: c’est un point que je n’ai eu garde d’oublier, et les chapitres qui contiennent ces détails ne seront pas les moins intéressants de l’ouvrage.

VI. J’ai placé à chaque demi - siècle un aperçu des avocats qui se sont distingués durant cette époque.

Commencée en 1303, au moment où des avocats se sont grouppés autour du parlement rendu sédentaire à Paris, cette indication s’est continuée jusqu’en 1790.

Ces tableaux partiels, en se succédant l’un à l’autre, forment un tableau général qui réunit dans un même cadre des individus séparés par la distance de plusieurs siècles.

Espèce de tableau de famille qui remet en présence, les aïeux et arrière-petits enfants; ou bien encore, espèce de phantasmagorie qui reproduit aux yeux de l’avocat du XIXe siècle, ses antiques confrères exerçant les mêmes fonctions, plaidant dans la même salle, et peut-être même assis à la même place.

Les tableaux des cinq siècles précédents n’ont été produits que par fragments, mais celui de 1789 m’a paru mériter une exception particulière, et ce n’est pas sans des motifs puissants que je l’ai annexé, en entier, en tête de cet ouvrage.

On ne peut contester que Loisel, en nous transmettant les tableaux de 1524 et de 1599, n’ait donné un nouveau prix à son dialogue.

Le petit ouvrage d’Antoine Bruneau n’est considéré au barreau que par le tableau qui s’y trouve des avocats au parlement de Paris, de l’année 1680.

Il existe dans une bibliothèque particulière, une collection unique des tableaux annuels des avocats, depuis 1687 jusqu’en 1785, qui est recherchée par les amateurs.

Le TABLEAU de 1789 offre un intérêt bien supérieur à celui des tableaux précédents.

Il a, d’abord, l’avantage d’être le dernier tableau de l’ordre des avocats au parlement de Paris, et par cette seule qualité de dernier tableau, il prend sa place parmi les monuments historiques et littéraires.

Tous les individus portés sur le tableau de 1789 n’étoient pas, assurément, du même mérite ni de la même célébrité, mais ils appartiennent tous à l’histoire; car on sait que dans les grandes catastrophes, la curiosité s’étend encore jusque sur les témoins et les victimes.

On ne parlera jamais de la chute du parlement de Paris, sans y mêler le souvenir de cet ordre fameux qui s’étoit si ouvertement associé à sa destinée, et qui, par la force des circonstances, s’est vu obligé d’assister à la dissolution de son illustre allié, et de recueillir, pour ainsi dire, ses derniers soupirs.

J’ajouterai une autre considération, c’est que ce tableau doit fournir d’utiles renseignements pour les annales de notre temps.

Les chances révolutionnaires qui ont agité le barreau du parlement de Paris aux époques désastreuses de 1356, 1383, 1418 et 1588, se sont reproduites sur le barreau de 1789, et ont influé sur la condition de ses membres.

Les uns s’élançant dans la révolution y ont laissé de longs souvenirs de leur passage, et ont imprimé à leur nom une célébrité qui les rend justiciables de la postérité.

Plusieurs ont vu finir leur carrière au milieu des massacres revêtus de toute espèce de formes, au fond des prisons, sur les places publiques, sur les échafauds, dans les déserts de l’Amérique.

Et d’un autre côté, comme si la fortune eût voulu expier tant de calamités, par la compensation de quelques faveurs, elle a prodigué l’éclat, l’illustration et les honneurs sur ce même tableau, en appelant plusieurs de ses membres aux dignités les plus éminentes de l’administration, et de la magistrature.

Par là, le TABLEAU de 1789 acquiert un nouveau degré d’intérêt. Ce rapprochement des vicissitudes du sort lui donne le caractère d’une pièce historique, que les familles viendront un jour consulter comme un monument de leur gloire ou de leurs malheurs.

VII. Je regrette beaucoup que le plan de de mon ouvrage ait arrêté ma plume à l’époque du 15 octobre 1790.

S’il m’eût été permis d’outre-passer cette ligne de démarcation et de pénétrer jusqu’au barreau actuel, quelle satisfaction n’aurois-je pas éprouvée à proclamer la résurrection de l’ORDRE, avec toute la pureté de ses principes et la sévérité de son ancienne discipline!

J’aurois signalé des talents brillants qui annoncent des successeurs aux orateurs des dix-sept et dix-huitième siècles, et qui ont placé les espérances à côté des regrets.

Mais je laisse à ceux qui me succéderont le soin de remplir cette tâche, trop heureux moi-même, si l’on trouve que j’ai honorablement rempli la mienne.

Histoire des avocats au parlement et du barreau de Paris

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