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SECTION IRE.

Table des matières

Des Avocats avant S. Louis.

DE tous les états de l’Europe, la Gaule est celui qui a montré le plus de goût et de disposition pour l’exercice du barreau.

Vif, ingénieux et babillard, le Gaulois se faisoit un spectacle amusant de cette espece d’escrime judiciaire. Le barreau gaulois avoit étendu si loin sa renommée, que les nations étrangères envoyoient leurs jeunes gens en Gaule pour s’y instruire dans l’art de plaider.

JUVÉNAL, qui vivoit dans le premier siècle de notre ère, appelle la Gaule la mère nourrice des avocats , et il nous apprend que c’étoit la Gaule qui formoit les avocats des isles britanniques .

Effectivement, du temps de Tibère, il y avoit à Autun des écoles d’éloquence où l’on comptoit jusqu’à quarante mille étudiants.

Sous l’empereur Constance Chlore (en 297), ces écoles étoient dirigées par l’orateur Eumène, qui recevoit un traitement de six cent mille sesterces (correspondant à 60,000 fr. de notre monnoie d’aujourd’hui).

Les écoles de Toulouse, de Bordeaux, de Marseille, de Lyon, de Trèves, de Besançon, jouissoient de la même importance.

Lorsque les Francs s’emparèrent de la Gaule, dans le cinquième siècle, ils y trouvèrent l’exercice du barreau porté au plus haut degré de considération. Cette nation guerrière n’eut garde de contrarier une institution chevaleresque qui offroit l’image d’un combat en champ clos, en mettant aux prises deux champions armés de subtilités pour l’attaque et la défense.

Envisageant cette lutte judiciaire sous ses rapports avec la chevalerie, les plus grands seigneurs ne dédaignerent pas de descendre dans l’arêne pour y partager l’honneur d’un exercice qui ne leur présentoit rien que de glorieux.

Ils furent les premiers à proclamer le ministère d’avocat, un ministère noble, qualification qui lui est restée jusqu’à ce jour; et on les vit eux-mêmes accepter et solliciter l’emploi d’avocat ou d’avoué des églises et des monastères.

Or, il ne faut pas croire que le ministère d’avoué d’une église se réduisoit à défendre, à main armée, les possessions territoriales de l’église, et à les protéger contre les invasions des voisins. La nomination à l’avouerie ou advocacie, en pareil cas, embrassoit la défense dans les tribunaux, à l’instar des autres plaidoiries entre particuliers. Le haut baron, avoué d’une église, étoit un avocat dans toute l’acception du terme) consultant, écrivant, plaidant, et recevant des honoraires.

C’est ce qui est prouvé par une quantité de Capitulaires, qui exigent que les avoués d’églises soient versés dans la connoissance des lois .

Au surplus, il n’est pas étonnant que les seigneurs francs eussent une opinion aussi favorable de la profession d’avocat.

A l’époque de l’entrée des Francs dans la Gaule, la plupart d’entre eux avoient voyagé à Constantinople, à Rome, à Ravennes, à Milan, etc., où ils avoient été les témoins de la haute considération dont cette profession étoit environnée, et eux-mêmes n’étoient pas étrangers aux belles-lettres et à l’art oratoire.

Car, quelle que soit à cet égard l’opinion vulgaire, il ne faut pas considérer les Francs comme un amas de guerriers sauvages sans aucune teinture des sciences et des lettres, et qui n’a voient d’autre connoissance que celle de bien manier une hache ou un angon. Les Francs du cinquième siècle étoient un peuple exercé aux beaux arts, qui fournissoient aux deux cours impériales de Constantinople et de Ravennes les hommes les plus polis et les plus aimables de l’Europe .

Il ne nous est resté aucun détail sur le barreau des six, sept et huitième siècles; mais il n’y a pas de doute que les avocats, durant le cours de ces trois siècles, ne se soient maintenus dans leur considération.

Les Capitulaires de Charlemagne font souvent mention de cette profession, dans laquelle ils vouloient qu’on n’admît que des hommes doux et pacifiques, craignant Dieu, aimant la justice, sous peine d’être éliminés du barreau ; ce qui fait conjecturer que ceux qui y étoient conservés réunissoient toutes ces qualités.

Depuis Charlemagne jusqu’à S. Louis, c’est-à-dire pendant quatre siècles, le barreau français se trouve comme perdu au milieu de l’épaisse obscurité qui couvre cette époque de notre histoire, ou au moins n’y rencontre-t-on que quelques foibles lueurs qui attestent son existence.

Ce n’est que sous le règne de S. Louis que l’ordre des avocats se reproduit avec intérêt, et sous des traits dignes de l’histoire et de la mémoire de tout bon François.

C’est donc à cette époque que je vais m’attacher, en descendant de siècle en siècle jusqu’aujourd’hui.

Je subdiviserai chaque siècle en deux sections, pour encadrer dans chacune les événements qui lui appartiennent, et fixer leur date d’une manière plus sûre.

Chaque section sera accompagnée de plusieurs chapitres, qui contiendront,

1°. Les ordonnances, édits et réglements qui sont intervenus dans l’espace d’une époque à l’autre;

2°. Les ouvrages de jurisprudence et de pratique;

3°. Le fragment du tableau des avocats qui ont été connus au barreau;

4°. Les magistrats dignitaires, tels que chanceliers, gardes-des-sceaux, premiers présidents, gens du roi;

5°. Les officiers ministériels, tels que greffiers, procureurs, notaires, huissiers, sergents, etc.;

6°. Les procès fameux et exécutions qui tiennent une place dans l’histoire;

7°. Les établissements et institutions relatifs à l’ordre judiciaire;

8°. Les usages, pratiques et costumes du barreau;

9°. Enfin, sous un chapitre intitulé variétés qui termine chaque section, se trouveront rassemblés les événements et anecdotes qui n’auroient pas pu s’incorporer dans les autres chapitres sans en rompre le fil.

Histoire des avocats au parlement et du barreau de Paris

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