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HONORAIRES DES ARCHITECTES,
ОглавлениеARCHITECTES,
SUIVANT l’usage, il est dû à l’Architecte, pour honoraires à la construction d’un bâtiment, le fol pour livre du montant des mémoires en réglement, pour ses projets, bienveillance à la construction, pour l’exécution d’iceux&réception des ouvrages, lors de la perfection; c’est à raison de cinquante livres par mille ci. 501.
Nota. Ces honoraires paroissent trop modiques pour les Architectes de mérite&à talens, en considérant les changemens, souvent réitérés de projets, jusqu’à la réception de l’un d’iceux; il conviendroit de leur accorder six deniers de plus par livre.
INSPECTEURS.
L’INSPECTEUR est utile pour mettre à exécution les projets, veiller à la construction totale, pour la faire exécuter suivant l’art, en l’absence de l’Architecte, stipuler les intérêts du Propriétaire, en empêchant la fraude des différens Ouvriers,&prendre les attachemens des parties cachées, pour être produites justes lors du toisé.
Il est dû à un bon Inspecteur de théorie&pratique la moitié des honoraires dus à l’Architecte, toutefois qu’il aura cette capacité&probité, afin de ne lui point occasionner les fraudes qu’ils font journellement, lorsque le mérite&les peines ne sont pas récompensés. Un Inspecteur d’un mérite tel qu’on le suppose, fera avec un Aide, suivant la conséquence de la bâtisse, plus que dix hommes ordinaires à cent livres par mois ne feront, la plus grande partie étant sans pratique.
TOISEURS.
APRÈS la perfection totale des travaux, les Entrepreneurs prennent un Toiseur pour faire les mémoires appréciés de leur ouvrage suivant les prix convenus, ou par estimation faite par l’Architecte.
L’on donne pour honoraires à un Toiseur, dix livres par mille du montant des mémoires en réglement, pour sa minute&expédition en ouvrages neufs en fourniture totale, le temps de la vérification y compris: à Paris, l’Entrepreneur le défraie de la nourriture,&à la campagne, il est voituré à la charge de l’Entrepreneur, nourri, logé, chaussé, éclairé&payé vingt sols par lieue de transport pour son temps oisif.
Dans les menues réparations où il y a plus de détail, il est de la prudence de l’Entrepreneur de satisfaire les peines& soins de son Toiseur, qui ne peut faire ces ouvrages à dix livres du mille; il ne seroit payé exactement que comme Ecrivain.
Dans les ouvrages à façon, il n’est pas juste de ne donner au Toiseur que les mêmes honoraires de ceux en fourniture, il seroit encore plus lésé; à cet effet, c’est d’apprécier le prix des ouvrages comme s’ils étoient en fourniture, pour lors ce même prix de dix livres du mille peut être suffisant.
Il faut que ce Toiseur soit un honnête homme, de bonne conduite, non partial,&bon Praticien, cet art exigeant ce grandes réflexions pour opérer juste: il faudroit pour s’en assurer, exiger que sur tous mémoires faits par chaque Toiseur, le nom&la demeure y fussent mis, afin de pouvoir juger son mérite par ses opérations; car il arrive souvent qu’un Toiseur sans pratique induit en erreur l’Entrepreneur ou le Propriétaire, de l’un desquels il fait perdre la confiance, ce qui, pour l’ordinaire, occasionne des procès. Un Entrepreneur non lettré, quoique bon Bâtisseur, croit tout ce que son Toiseur lui dit; le Propriétaire sensible au montant de son mémoire, le fait vérifier par l’Architecte, qui se trouve forcé de faire une grande diminution à laquelle l’Entrepreneur ne veut point acquiescer, s’en rapportant au conseil de son Toiseur, quelquefois sans connoissance: alors il persiste en sa demande&donne à entendre que c’est l’Architecte qui ne lui rend pas justice; de là s’ensuit un procès quelquefois ruineux pour l’Entrepreneur&le Propriétaire: si l’Entrepreneur a tort, après bien des frais faits; il est condamné aux dépens; souvent il a reçu plus qu’il ne lui est dû,&la plus grande partie ayant été employée en frais, il devient insolvable si sa fortune n’est pas bien appuyée,&le Propriétaire à découvert, est encore, de surplus, obligé de payer ces frais.
C’est donc à ce Toiseur, sans connoissance ou sans pratique, auquel on doit attribuer toutes les fautes commises, inférées dans son mémoire fait avec des usages captieux&sans aucuns principes, qui font naître journellement, non-seulement, comme il est dit ci-devant, des procès ruineux pour le Propriétaire ou pour l’Entrepreneur, mais encore une multiplicité de disgraces pour les Architectes, Experts, Juges de toutes contestations en bâtimens, sur lelquels réjaillissent communément toutes cesdites fautes, qui leur donnent un travail aussi difficile à résoudre qu’incompréhensible.
APPAREILLEURS.
Un bon Appareilleur est un Artiste que l’on doit considérer ; c’est de son talent que dépend la solidité du bâtiment & le bien-être de l’Entrepreneur, par sa connoissance pratique des matériaux, & doit être payé, chaque mois, cent cinquante livres, ci | 150 l. ″s.″d. |
TAILLEURS DE PIERRES.
Chaque bon Tailleur de pierres doit sols payé, chaque jour, quarante-cinq sols, ci | 2 5 ″ |
COMMIS.
Un Commis dans un Bâtiment est censé un bon Artiste Praticien, dont l’objet est |
de veiller à la conduite des Ouvriers, faire tant les rôles des journées, qu’exécuter avec attention les plans donnés par l’Architecte, selon l’art, & doit être payé, chaque mois, cent livres, ci | 100 l. ″s.″d. |
POSEURS.
Un Poseur, quand il possede bien son état, est un Ouvrier encore à considérer dans un bâtiment ; c’est lui qui seconde l’Appareilleur. Il a ordinairement quatre livres chaque journée, & même plus, selon la difficulté de l’ouvrage, ci | 4 ″ ″ |
Un Contreposeur, chaque jour, est payé deux livres dix sols, ci | 2 10 ″ |
Un bon Maçon, pour faire les plâtres, est payé, chaque jour, deux livres cinq sols, ci | 2 5 ″ |
Un Limosin limosinant, est payé, chaque jour, une livre quinze sols, ci | 1 15 ″ |
Un Manœuvre est payé, chaque jour, une livre cinq sols, ci | 1 5 ″ |
Ces différens prix de Journaliers se paient ainsi à Paris,&varient dans la Province suivant la cherté des vivres; mais les bons Artistes sont &doivent être payés également par-tout, afin d’exciter leur émulation&éviter les supercheries.
Avis sur ces Prix fixés.
Comme tous les Artistes&Ouvriers ne sont point égaux en talens,&qu’il en est de beaucoup supérieurs les uns aux autres, il faut, proportionnellement à leur mérite, avant que de les mettre en œuvre, convenir de leurs honoraires&prix, afin qu’ils n’aient pas sujet de contraindre leur paiement au-dessus de leur capacité.