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INTRODUCTION

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Table des matières

Cette France que nous habitons, qui va des Pyrénées aux Alpes, du Rhin à l’océan Atlantique, n’a pas toujours eu la forme que nous lui voyons sur la carte. Là où sont aujourd’hui Paris, Orléans, Bordeaux, Marseille, Strasbourg, la mer a jadis promené ses flots, et non pas une fois, mais plusieurs, le sol se haussant et se baissant tour à tour, tantôt pour la renvoyer et tantôt pour la recevoir. Des lacs qui n’existent plus ont couvert en Alsace, en Auvergne et ailleurs, de vastes étendues de terrain. Nos fleuves sont d’hier, en regard des anciens cours d’eau qui emmenaient aux mers d’autrefois les pluies des premiers âges, et nos montagnes sont sorties de terre les unes après les autres, dans un ordre qu’on a pu retrouver, comme on a pu compter aussi les allées et venues de l’Océan sur ce qui est maintenant notre domaine.

Nos chênes et nos pommiers n’ont pas non plus toujours poussé dans ce pays; nos chiens, nos bœufs et nos moutons ne l’ont pas toujours habité. D’autres végétaux et d’autres animaux y vivaient anciennement, dont la plupart ont disparu sans retour de la surface de la terre; quelques-uns ne se retrouvent plus que dans les régions du pôle et de l’équateur.


L’homme enfin y a fait son apparition bien longtemps avant les peuples dont nous parle l’histoire. Une race qui n’était pas la nôtre a laissé sous nos pieds des traces irrécusables de son passage, et des compatriotes inconnus, dont nous rougirions probablement s’ils reparaissaient au milieu de nous, ont conquis pour nous la terre de France sur les grands animaux auxquels elle appartenait quand ils sont venus,

On s’était habitué d’abord, en suivant la trace des chroniqueurs du moyen âge, à faire commencer l’histoire de France aux Francs. Puis on a reconnu que nos ancêtres, les Gaulois, méritaient bien aussi d’y avoir leur place, et ses origines ont reculé de quelques siècles. Voici maintenant que, par delà tout l’enseignement des livres, une science nouvelle vient de retrouver dans le grand livre de la terre de bien plus anciennes origines, auxquelles ne sauraient demeurer étrangers ceux qui veulent se tenir au courant des connaissances actuelles. A côté de cette longue histoire du sol national et des premiers êtres vivants qu’il a portés, ce qui s’est appelé jusqu’à présent l’histoire de France est comme un jour à côté d’un siècle, moins peut-être si on se laisse aller aux conjectures possibles. Il y a là désormais pour chaque pays une introduction à mettre en tête de ses annales. C’est un champ d’études qui va chaque jour s’élargissant, d’autant plus curieux à fouiller qu’il est en dehors de toute la tradition humaine, et que, si son aide y fait défaut, on est sûr au moins d’échapper à ses mensonges. Et quel récit de bataille, quel avénement de dynastie mérite autant d’appeler l’attention des studieux que ces grandes révolutions du globe, qui semblaient perdues à jamais dans la nuit des temps, et qui viennent d’être remises en lumière par un si merveilleux effort de l’esprit humain? Les affirmations de l’astronomie, si étranges pour l’ignorant, peuvent seules lutter d’audace et de grandeur avec celles de la géologie, qui travaille comme elle sur un terrain hors de portée. L’astronomie nous dit le poids de la terre que l’homme ne saurait peser, le volume du soleil qu’il ne saurait mesurer, sa distance qu’il lui est défendu de parcourir. De même pour la géologie. Elle nous raconte les événements qui se sont passés alors que l’homme n’était pas là pour les voir, et ses révélations ont quelque chose de si extraordinaire qu’on les accueille involontairement par un mouvement d’incrédulité. Il convient donc, avant de les aborder, de donner une idée des faits qui en sont la base, et des procédés employés par le géologue pour monter du connu à l’inconnu. C’est ce que nous allons essayer de faire du mieux que nous pourrons.

Supposez qu’un homme aille se promener seul dans une forêt qu’il n’a jamais vue.

Il aperçoit tout à coup des pans de murs sortant du milieu des buissons; une porte vermoulue tenant encore à ses gonds, des débris de fenêtres gisant à terre sous les ronces et les herbes, et, dans le fond d’un âtre, la plaque de la cheminée, toute noire de suie. Assurément il n’attendra pas lés renseignements qu’auraient à lui donner les gens du pays pour se dire: Il y a eu là une habitation humaine.

En y regardant de plus près, il voit, pris dans la muraille, des restes de poutres carbonisées et fendillées. Il aura bien assez de confiance dans son propre jugement pour en conclure, sans autre information, que l’habitation a été détruite par le feu.

Un jeune sapin a poussé dans un coin de ce qui fut autrefois une chambre. Il est trop clair qu’il n’a pas commencé à pousser pendant qu’elle était habitée. Notre homme le coupe au pied, et compte les anneaux de bois du tronc. — Vous savez que chaque année il s’en forme un nouveau, facile à distinguer des autres. — S’il s’en trouve douze, voilà sans contredit douze ans au moins que la maison incendiée est restée ouverte à tous les vents. Son ancien propriétaire viendrait lui-même jurer ses grands dieux qu’il n’y a que dix ans, on ne le croirait pas.

Le promeneur poursuit ses recherches; et, râclant avec son couteau la couche de feuilles mortes, de poussière et de branches pourries, apportée par le vent dans la chambre abandonnée, il rencontre entre deux carreaux du dallage remis à jour une de ces épingles doubles qui servent aux femmes à retenir leurs cheveux.

Une femme habitait là, au milieu de la forêt.

Un enfant aussi, et c’était probablement une fille: voilà maintenant une tête de poupée en porcelaine!

Ce morceau dé pipe qui se cachait sous le terreau, tout près de la plaque enfùmée, semble prouver qu’il y avait un père dans la maison, si toutefois il né provient pas de quelque bûcheron, accouru pour combattre l’incendie.

Ainsi fouillant et raisonnant, le curieux investigateur finira, c’est facile à comprendre, par rassembler, sans l’aidé d’aucun témoignage humain, sur la maison et ses habitants une certaine quantité de renseignements, les uns qu’il aura le droit de considérer comme certains, les autres qu’il fera bien de tenir pour problématiques, à moins de nouvelles découvertes, celle d’un coffre oublié par exemple, contenant un uniforme moisi de garde-chasse, et des lambeaux de petites jupes. Il n’y aurait plus alors de doutes sérieux à conserver sur l’existence du père et le sexe de l’enfant.

C’est avec des recherches et des raisonnements du même genre que les géologues ont pu refaire, sans trop de présomption, l’histoire des temps antérieurs à l’homme, et si l’on veut y réfléchir sérieusement, on conviendra que nos juges d’instruction ont fait plus d’une fois des tours de force qui valaient tous les leurs.

Quand on creuse la terre, on rencontre, superposées d’habitude par étages horizontaux, une série de couches de nature, d’épaisseur et d’aspect différents, qui se prolongent quelquefois toutes ensemble à de grandes distances. L’outil gigantesque qui est allé chercher à 1800 pieds sous terre, il y a vingt ans, l’eau jaillissante du puits artésien de Passy, a traversé vingt-cinq de ces couches, juste les mêmes qu’on avait rencontrées en forant le puits artésien de Grenelle, si bien que les géologues qui suivaient l’opération ont pu prédire l’arrivée de l’eau, à quelques heures près.

Voici la liste des terrains traversés, telle que je la trouve dans le Magasin pittoresque de 1862:


Voilà le commencement de ce que les Parisiens ont sous leurs maisons Il n’est pas besoin d’un grand effort d’intelligence pour reconnaître que toutes ces assises du sol qui les porte n’ont pu se former que dans l’ordre même de leur superposition, que, par-exemple, les 14m,65c de la roche calcaire, dans laquelle on a taillé les moellons de. Paris sont postérieurs à la série des argiles qu’ils recouvrent, et que celles-ci n’existaient pas assurément à l’époque où se déposait, miette à miette, sous les eaux de l’Océan, cette puissante couche de craie blanche mélangée de silex, qui fait à elle seule près de la moitié dé l’épaisseur totale. Nous tenons donc ici un. premier renseignement, aussi positif assurément qu’aucun de ceux que nous possédons sur les faits de la période humaine, le rang d’âge des terrains, chacun d’eux étant nécessairement plus jeune que celui sur lequel il repose.

Je viens de dire que l’emplacement de Paris était sous l’Océan quand la craie s’y est déposée, et c’est une assertion qui peut paraître un peu hardie au premier abord. Elle ne le paraîtra plus quand on saura qu’on retrouve enfouis dans la craie des coquillages de mer, des squelettes de requins et de dauphins, qui jouent ici le rôle des objets trouvés dans notre maison de la forêt, et avec encore bien plus d’autorité, puisque ce sont les anciens habitants eux-mêmes qui reparaissent pour témoigner du passé.

A chaque fois que l’Océan a envahi un point du globe, il a laissé en partant sa carte de visite, c’est-à-dire un terrain nouveau, dans lequel se sont trouvés pris, au fur et à mesure qu’il se formait, tous les débris de végétaux et d’animaux qui descendaient au fond des eaux. C’est là ce qu’on appelle les fossiles — les enfouis pour traduire le mot en français .

Fouillez un fossé de route, le lendemain d’une pluie d’orage. Vous y trouverez, enterrés dans le limon qu’ont apporté les eaux de pluie des morceaux de bois, des feuilles, des coquilles de limaçon remplies de boue, quelquefois un débris d’assiette ou de bouteille. Supposons que le fossé soit profond, et qu’il n’y ait pas de cantonnier pour le nettoyer: après une longue suite de pluies, chacune apportant sa petite couche de limon, les feuilles, les coquilles, les débris et les morceaux de bois pris dans la première, finiront par se retrouver recouverts de plusieurs pieds de terre, et voilà des fossiles qui pourront, dans des milliers d’années, rendre témoignage de ce qui existait autrefois à la surface du sol.

C’est là juste ce qui s’est passé en grand sur toute la terre, et l’inspection des couches qui s’étagent à l’heure qu’il est dans ses profondeurs nous suffit maintenant, grâce à ces témoins qu’elles contiennent, pour déterminer avec certitude l’état général de la surface à l’époque où chacune d’elles s’est déposée.

L’on a pu s’assurer de la sorte que les argiles qui surmontent la craie de Paris ne sont pas de formation marine, et qu’elles se sont déposées soit dans un lac, soit à l’embouchure d’un fleuve. On n’y trouve en effet que des coquilles d’eau douce, et çà et là des amas d’arbres enfouis, absolument comme il s’en rencontre dans les vases accumulées sous nos yeux par le Mississipi à son embouchure.

Voici encore une affirmation permise sur ces terrains formés avant l’homme, qu’un voile impénétrable semblait dérober à toute étude, leur origine et la nature des eaux au sein desquelles ils se sont formés.

Ce n’est pas tout.

La craie se cache à Paris sous onze couches venues après elle, dont l’épaisseur est de 176 pieds dans le puits artésien de Passy. Que l’on s’éloigne du côté de la Champagne, on la retouvera à la surface du sol dans les environs d’Épernay, et n’importe où l’on creusera sur le trajet, on peut être sûr de la rencontrer. Il est bien clair que dans les anciens temps, alors que ces onze couches n’existaient pas encore, la craie s’enfonçait à cet endroit, pour former un grand bassin qui les a reçues l’une après l’autre. Ce bassin, comblé maintenant, il nous est bien facile d’en retrouver à cette place les rivages, bien que nul géographe ne l’ait vu à l’époque où il était rempli d’eau. Ils sont encore là, et nous pouvons les relever tout à notre aise, en suivant, la canne à la main, les contours de la ligne où la craie sort de terre. Partout où rien ne la recouvre, nous pouvons affirmer hardiment que les eaux des argiles, des sables et du calcaire de Paris ne sont pas arrivées là.

Si d’Épernay on se dirige sur la Bourgogne, on trouve sous la craie un autre terrain calcaire, plus ancien qu’elle évidemment, qui se dégage à son tour de dessous elle pour paraître à la surface, et qui, lui aussi, s’est formé sous la mer: les coquilles qu’il renferme ne peuvent laisser aucun doute à cet égard. Du reste ce ne sont plus les mêmes. Elles appartiennent à des espèces depuis longtemps disparues, qui n’existaient plus déjà à l’époque où est venue la mer de la craie. Nous voici en mesure de retrouver aussi les anciens rivages de celle-ci. Elle n’a pu certainement dépasser la ligne où le vieux terrain paraît à la surface, car elle aurait laissé là, comme ailleurs, sa carte de visite si elle l’avait recouvert.

Les hommes de 30 ans sont des vieux pour les jeunes gens, et des jeunes gens pour ceux qui ont dépassé la cinquantaine. Il en est de même avec les couches de la terre. Ce vieux terrain devient tout jeune quand on remonte en pensée la suite des âges: il s’en était déposé bien d’autres avant lui. De la Bourgogne on peut le suivre jusqu’au massif des Ardennes, où il vient finir brusquement du côté d’Arlon, en Belgique, à la limite d’une couche bien plus âgée, une couche d’ardoise, de cette ardoise si connue des écoliers, laquelle s’élevait jadis au-dessus des vagues de sa mer à lui, et n’a été depuis, c’est bien certain, recouverte par aucune autre, puisque aujourd’hui encore elle est à l’air, et que le sol ne porte les traces d’aucun séjour des eaux postérieur à sa formation.

Vous devez commencer à comprendre comment, d’observations en observations, on a pu parvenir à refaire toute une suite d’anciennes cartes de France représentant les aspects divers qu’a dû offrir successivement ce petit coin du globe sur lequel notre nation se trouve établie présentement.

Continuons.

L’antiquité de l’ardoise des Ardennes comparativement au calcaire de la Bourgogne n’est pas difficile à constater, bien qu’à l’endroit où les deux terrains se rencontrent à la surface, le second borde seulement l’autre sans se superposer à lui. Inclinez à l’est; vous verrez l’ardoise disparaître sous un grès rouge qui arrive de la Lorraine, et qui lui-même s’enfonce à son tour un peu plus loin sous le calcaire bourguignon, son cadet par conséquent, et à plus forte raison celui du terrain des Ardennes lequel, quand le grès s’est déposé, se trouvait déjà là pour le recevoir.

On arrive ainsi à retrouver non seulement l’emplacement, mais jusqu’à la physionomie des vieux rivages, encastrés aujourd’hui dans les terres. Celui de la mer de notre calcaire descendait en pente douce, nous le voyons bien, du côté où le grès la portait; il tombait à pic là où ses flots venaient battre l’ardoise.

Mais voici une autre révélation. Allez à l’ouest d’Arlon, en suivant la bordure des deux terrains, vous retomberez sur notre vieille connaissance, la craie de Paris et de la Champagne qui recouvre immédiatement l’ardoise à une place où les mers antérieures à la sienne n’avaient pu parvenir puisqu’elle s n’y ont rien laissé. Nous apprenons là qu’il y a eu dans cette région une danse du sol, si je puis m’exprimer ainsi. Après avoir été plongé sous l’Océan à l’époque où l’ardoise se déposait, il s’est redressé au-dessus du niveau des deux mers qui ont déposé le grès et le calcaire dont nous venons de parler, a replongé de nouveau pour se laisser inonder par les eaux de la mer de la craie, et s’est redressé encore une fois pour mettre à l’air le terrain qu’elle lui avait apporté. Rien ne nous indique qu’il ait bougé depuis; mais rien aussi ne nous permet d’affirmer que ce soit là le dernier mot de ses évolutions.

On se sent pris d’une sorte de vertige à suivre dans ses gigantesques oscillations d’autrefois ce fameux plancher des vaches que nous sommes habitués à considérer comme inamovible, et que nous avons peine à concevoir, dans le futur aussi bien que dans le passé, autre qu’il n’est à présent. Les secousses de tremblements de terre et les mouvements lents qui l’ont fait monter et descendre ici ou là, depuis les temps historiques, suffiraient déjà pour familiariser notre esprit à l’idée de ses anciens changements de niveau; mais nous en avons une démonstration plus éclatante encore dans l’étude des montagnes qui accidentent aujourd’hui la surface de la terre.

Si les montagnes que nous voyons étaient là depuis le commencement, on n’y apercevrait aucune trace des terrains formés sous les eaux, ou bien la trace serait partout la même si elles s’étaient soulevées toutes en même temps. Or l’observation la plus superficielle nous apprend du premier coup qu’elles ne sont ni primitives, ni contemporaines. Chacune porte sur elle sa date relative, écrite en caractères marins, et je puis vous en montrer toute une suite d’exemples frappants sans sortir des terrains que nous venons de passer en revue.

La chaîne des Vosges, qui se dresse comme une épaisse muraille entre la Lorraine et l’Alsace, n’est sortie de terre, sans aucun doute possible, qu’après le dépôt de ce grès que nous avons vu pris dans les Ardennes entre l’ardoise et le calcaire, car elle en a emporté dans les airs de grands lambeaux qu’on trouve, du côté de la haute Alsace, juchés sur le sommet des granits, pendant que ce qui reste de l’ancien terrain descend jusqu’au niveau du sol, son niveau primitif, sur la pente du versant lorrain. Aucune trace des inondations postérieures à la mer du grès ne se laissant voir sur toute la chaîne des Vosges, nous pouvons en conclure, sans crainte de nous tromper, qu’elle n’a pas fléchi depuis son apparition, ce qui fait un âge de montagne assez respectable, comme vous pourrez mieux en juger plus tard, moins respectable toutefois que celui du massif des Ardennes où, de la base au sommet, on ne trouve que l’ardoise sur laquelle la couche de grès s’est déposée.

En revanche la chaîne des Vosges est bien positivement plus vieille que sa voisine du Jura, puisque celle-ci ne doit son relief qu’à un soulèvement du calcaire venu après le grès. Ce calcaire, je puis bien vous le dire en passant, est connu des géologues sous le nom de calcaire jurassique, par la même raison qui leur a fait donner au grès des Vosges le nom de grès vosgien et celui de terrain parisien à l’ensemble des terrains qui surmontent la craie à Paris, une mauvaise raison assurément. Le grès des Vosges est aussi bien le grès de la forêt Noire qui l’a soulevé très probablement du même coup; les terrains de Paris se retrouvent à Londres et à Bruxelles, pour n’aller qu’aux capitales, et le calcaire du Jura sur mille points du globe; mais vous en verrez bien d’autres en fait de noms. C’est la partie scabreuse de toutes nos sciences, de celle-ci surtout qui en est encore à ses premiers bégayements: l’enfance fabrique au hasard les noms qu’elle donne aux objets nouveaux. Mais revenons à nos montagnes.

Si le Jura est jeune vis-à-vis des Vosges et des Ardennes, c’est un doyen pour les Pyrénées qui ont trouvé la craie déjà installée sur le sol quand elles en sont sorties, à telles enseignes qu’elles en-ont enlevé des masses énormes qui font aujourd’hui de grands escarpements dans le haut des vallées.

Enfin les Alpes, les plus fières montagnes de l’Europe, celles qui tiennent le plus de place sur sa carte actuelle, devraient céder le pas à toutes-les autres si les questions de préséance se réglaient ici comme dans un chapitre de dames nobles: ce sont des nouvelles venues, des montagnes de la dernière heure. Le secret de leur jeunesse est trahi par les débris, attachés à leurs flancs, des couches qu’elles ont percées en surgissant, et dont quelques-unes sont contemporaines des terrains parisiens, d’autres plus récentes encore.

Ce n’est là qu’un sommaire bien court et bien incomplet de ce qu’on peut appeler les données géologiques; mais en voilà assez, je crois, pour rassurer les plus incrédules sur le degré de foi que méritent les géologues quand ils nous racontent ce qui s’est passé dans notre pays aux époques où il n’y avait pas d’hommes pour le voir.

Il sera plus facile ensuite de comprendre comment nous pouvons parler de ce que les hommes y ont fait à l’époque où ils n’avaient pas encore d’histoire.

La France avant les Francs

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