Читать книгу Station poétique à l'abbaye de Haute-Combe - Jean-Pierre Veyrat - Страница 5
ОглавлениеDÉDICACE.
A SA MAJESTÉ MARIE-CHRISTINE,
Reine douairière be Sarbaigne.
DÉDICACE.
La lyre d’or qui pleure à la voix du poète
A troublé la princesse au fond de sa retraite;
Elle descend, le cœur navré, les yeux en pleurs;
Puis s’arrêtant au seuil: — «Quel Dieu sombre t’inspire,
«Roi des divins accords, n’as-tu rien sur ta lyre
«Que cette mélopée aux tragiques douleurs?
«Tant d’hymnes glorieux habitent ta mémoire:
«Cantilènes d’amour et strophes de victoire!
«Choisis dans les hauts faits des hommes et des dieux;
«Mais laisse, ô Phémius! laisse ces airs funèbres;
«Ulysse erre sans doute au séjour des ténèbres....
«Je pleure assez, sans toi.... ton chant m’est odieux!»
Ainsi dit Pénélope. — Et vous, ô noble Veuve!
Dont le cœur fut aussi visité par l’épreuve,
Comme la reine grecque, oh! ne me dites pas
Que mon chant désolé réveille trop d’alarmes,
Que ma strophe plaintive épanche trop de larmes
Sur l’aride chemin que vont fouler vos pas!
Mais sous un cintre obscur de l’arche consacrée,
Pendant votre prière à la tombe adorée,
Laissez la lyre sainte à ses divins sanglots!
Quand un roi juste meurt, le deuil est sur la terre;
Il en repose tant au sombre monastère
Dont l’étoile d’amour brille encor sur les flots!
Laissez-moi sur le marbre où le dernier repose,
Consacrer à son ombre un chant d’apothéose;
Là je vous offrirai l’hymne de ma douleur;
Devant le mausolée incliné jusqu’à terre,
J’entonnerai mon chant; car nous pleurons un père,
O Reine! où vous pleurez l’époux de votre cœur!
Chambéry, 1er juin 1843.