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LE CHATEAU DE VERSAILLES SOUS LOUIS XIII ET LA JOURNÉE DES DUPES.

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1627-1630.

A quelle époque faut-il faire remonter la construction du château que Louis XIII fit élever à Versailles? Comme les divers écrivains qui ont traité ce point historique ne sont point d’accord entre eux, et que nous nous proposons de fournir des documents nouveaux pouvant servir à éclaircir la question, nous allons entrer dans quelques détails à ce sujet.

Les deux premiers auteurs qui s’occupèrent de l’époque de la fondation du château, furent l’architecte Blondel, dans son livre de l’Architecture française, t. IVe, 1756, et l’abbé Lebeuf, dans l’Histoire du diocèse de Paris, t. VIIe, 1757.

Voici d’abord ce que dit l’abbé Lebeuf. Après avoir fait l’énumération des divers seigneurs de Versailles, il ajoute:

«Jean de Soisy prend, dans son contrat de mariage avec Antoinette Postel, du 22 janvier 1610, la qualité de seigneur de Soisy, sous Montmorency, et de Versailles au val de Galie. Ce fut lui qui vendit cette terre au roi Louis XIII, vers l’an 1627.»

Voici maintenant comment s’exprime Blondel, sur le même sujet:

«La terre et seigneurie de Versailles était possédée, en 1560, par plusieurs particuliers: Philippe Colas, écuyer, en possédait la plus grande partie; une autre appartenait à Antoine Poart, maître des comptes à Paris: ce dernier était aussi propriétaire de la seigneurie de la Grange Lessart; enfin une autre partie appartenait à Roberte de Soisy, femme de Jean de la Porte, et à Marguerite de Soisy, sa sœur, veuve de Jean Dizy, en qualité d’héritières d’Antoinette de Portet, leur mère.

» Martial de Loménie, secrétaire du roi et de ses finances, devint, en 1564, propriétaire de cette terre et de celle de la Grange Lessart, par les acquisitions qu’il en fit, et en a joui jusqu’à sa mort, arrivée en 1572; il avait épousé Jacqueline Pinault, décédée avec lui.

» Les tuteur et curateur de leurs enfans mineurs vendirent cette terre et seigneurie de Versailles, et celle de la Grange Lessart, par contrat du 27 juin 1573, à M. Albert de Gondi, comte de Retz. Son fils, Jean-François de Gondi, archevêque de Paris, la vendit ensuite à Louis XIII, par contrat passé le 8 avril 1632.»

Blondel donne ensuite un extrait du contrat de vente, puis il ajoute:

«Quoiqu’il paraisse, par la date de ce contrat, que Louis XIII n’acheta la seigneurie de Versailles qu’en 1632, il est cependant certain que, dès l’année 1624, il avait commencé à y faire bâtir un rendez-vous de chasse, qu’il avait élevé sur le lieu le plus éminent, et où était situé ci-devant un moulin à vent.»

Ainsi voilà deux graves auteurs, écrivant tous deux à la même époque, paraissant s’autoriser de documents authentiques, et qui tous deux donnent une date différente à un fait qu’il semble au premier abord si aisé de constater.

Presque tous ceux qui, depuis cette époque, ont écrit sur l’origine du château de Versailles, puisant leurs renseignements dans l’abbé Lebeuf, ont donné l’année 1627 comme date de sa fondation . Cette date est encore indiquée dans les descriptions modernes de Versailles, que l’on trouve dans toutes les mains des visiteurs du musée historique.

Quelle est donc la véritable date de la construction du château de Louis XIII? Est-ce 1624, 1627 ou 1632?

M. Eckard, dans ses recherches historiques sur Versailles, frappé de cette différence, et voulant tout concilier, accepte les trois dates et cherche à les expliquer.

Ainsi, d’après lui, en 1624, Louis XIII, ennuyé, et sa suite encore plus, d’y avoir souvent couché dans un méchant cabaret à rouliers, ou dans un moulin à vent, fit d’abord construire à Versailles un pavillon pour servir de rendez-vous de chasse.

Et il ajoute: «Ce pavillon, inconnu au duc de Saint-Simon, était oublié lorsqu’il écrivait un siècle après cette construction: une partie, celle donnant sur l’avenue de Saint-Cloud, a été démolie en 1827, et une maison bâtie sur l’emplacement; l’autre partie, sur la rue de la Pompe, subsiste toujours: le tout appartient à M. Amaury, et porte encore aujourd’ hui le nom de Pavillon royal; il est situé presqu’à l’angle que forment l’avenue de Saint-Cloud et la rue de la Pompe, aboutissant sur celle du Plessis. Il était donc sur le chemin qui conduisait à la forêt de Saint-Léger-en-Yveline, à l’époque où la chaussée d’Auteuil et l’ancien pont de bois, à Sèvres, n’existant pas encore, la grande route de Paris à Brest passait par Saint-Cloud, d’où un chemin secondaire partait et se dirigeait sur Ville-d’Avray, Montreuil, le territoire de Versailles et les autres, jusqu’à cette forêt. Quoique engagé dans les maisons voisines, ce pavillon était naguère encore facile à reconnaître par la tourelle, ou lanterne, qui dominait et éclairait un grand escalier, et qui, ensuite, forma la coupole de la synagogue qu’on y a vue pendant quelques années. Je me souviens très-bien qu’en 1780, un habile professeur d’écriture, Hachette, qui en occupait le premier étage, et dont la classe fort élevée et très-spacieuse donnait en partie sur la rue de la Pompe, nous dit plusieurs fois que cette pièce avait été la chambre à coucher de Louis XIII. Cette partie conservée du pavillon a seulement subi quelques changements dans sa distribution intérieure. De plus, le Cicerone de 1804 contient, dans sa description des édifices de Versailles, ce passage remarquable: — Le Pavillon royal. — On assure qu’une portion, celle où se trouve son vaste escalier, est véritablement la première propriété de Louis XIII, qui en faisait son retour de chasse avant l’acquisition de la terre seigneuriale. Enfin M. Guignet, ancien architecte des bâtiments du roi à Versailles, à qui j’ai communiqué mes observations, et qui les a vérifiées, a adopté entièrement mon opinion.»

M. Eckard ajoute qu’en 1627, Louis XIII, ayant jugé qu’aucun pays ne pouvait présenter en aussi peu d’espace, plus de variété pour les courses à cheval, dans lesquelles consiste le plaisir de la chasse à cor et à cris, acheta de Jean de Soisy un fief et des terrains à Versailles, et y fit élever un petit château de cartes sur un monticule qui était occupé par un moulin à vent. Enfin, qu’en 1632, le roi fit l’acquisition de la terre et seigneurie de Versailles, de Jean-François de Gondi, archevêque de Paris, ainsi qu’il résulte du contrat cité par Blondel. Donc en résumé : 1624, construction du Pavillon royal;

1627, Acquisition d’un fief de Jean de Soisy. — Louis XIII construit un petit château sur l’emplacement du moulin, comme le point le plus éminent. 1632, vente par l’archevêque de Paris, du vieux château et de la seigneurie de Versailles.

Ainsi, le travail de M. Eckard avait résolu la question et les trois différentes dates de la fondation du château se trouvaient expliquées.

En 1839, l’auteur de l’essai historique intitulé : Versailles, seigneurie, château et ville, s’empressa d’adopter l’explication de M. Eckard, surtout en ce qui concerne le Pavillon royal . Quant au château qui n’aurait été commencé qu’en 1627, l’auteur de Versailles, seigneurie, château et ville se demande si c’est bien à ce château qu’il faut attribuer le mot de chétif Versailles, prononcé par Bassompierre, ainsi que l’ont fait beaucoup d’antres auteurs et M. Eckard lui-même? Si l’on adopte, en effet, l’opinion de l’abbé Lebeuf, qui donne cette année 1627 comme celle où Louis XIII fit commencer la construction du château sur les terrains vendus à cette époque par Jean de Soisy, il est impossible de ne pas supposer que Bassompierre se soit trompé en parlant d’un château n’existant pas encore; et cependant le récit de Bassompierre est positif. Voici ce que l’on trouve dans le journal de sa vie .

Après avoir raconté, jour par jour, ce qui lui était arrivé pendant le mois de décembre 1626, il ajoute:

«Les choses étoient en cet état, lorsque nous entrâmes en l’année 1627, au commencement de laquelle le roy fit tenir une assemblée de notables, en laquelle il me fit l’honneur de me choisir pour y estre un des présidents. Monsieur, frère du roy, fut le chef et le premier, et ensuite M. le cardinal de la Valette, le maréchal de la Force et moi.»

Bassompierre indique ensuite la composition de cette assemblée; puis, après avoir parlé des divers objets mis en délibération, il raconte qu’il lui arriva peu d’occasions de parler: «Hormis une seule fois, dit-il, que nous estant proposé si le roy cesseroit ses bastimens jusques dans une meilleure saison, et que ses finances fussent en meilleur estat, M. d’Osembray fut d’advis que l’on le devoit conseiller au roy.»

Il crut alors devoir prendre la parole, et prononça un discours qu’il donne en son entier. C’est dans ce spirituel discours, épigramme adroite contre la parcimonie de Louis XIII, parcimonie dont il se servit habilement pour faire changer d’avis tous ceux qui avaient déjà voté pour la proposition de M. d’Osembray, que se trouve ce fameux mot de chétif château de Versailles, cité depuis si diversement. Après avoir fait observer qu’il n’est pas nécessaire de conseiller à Louis XIII de ne point faire une chose qu’il ne fait pas, il ajoute: «Le feu roy nous eust pu demander cet advis, et nous eussions eu loisirs de le lui donner, car il a employé des sommes immenses à bastir. Nous avons bien pû connoistre en celui-cy la qualité de destructeur, mais non d’édificateur. Saint-Jean-d’ Angely, Clérac, Les Tonnains, Monheur, Nègre-pelisse, Saint-Antonin, et tant d’autres places rasées, démolies ou bruslées, me rendent preuve de l’un et le lieu où nous sommes, auquel, depuis le décès du feu roy son père, il n’a pas ajouté une seule pierre ; et la suspension qu’il a faite depuis seize années au parachèvement de ses autres bastimens commencez, me font voir clairement que son inclination n’est point portée à bastir, et que les finances de la France ne seront point épuisées par ses somptueux édifices; si ce n’est qu’on lui veuille reprocher le chétif chasteau de Versailles, de la construction duquel un simple gentilhomme ne voudroit pas prendre vanité.» Dans cette assemblée des notables, furent traités les plus grands intérêts de l’État. Elle tient une place importante dans le règne de Louis XIII, et ne peut être mise en doute, pas plus que le discours si remarquable qu’y prononça Bassompierre, et qu’il ne pouvait avoir oublié lorsqu’il écrivit ses mémoires très-peu d’années après . Aussi l’auteur de Versailles, seigneurie, château et ville, pense-t-il que ce discours, prononcé au commencement de 1627, n’a dû s’appliquer qu’au Pavillon royal, bâti dès 1624. Mais cependant, peu certain que le maréchal de Bassompierre ait parlé avec tant d’assurance d’une maison si peu importante, il ajoute: «Ou bien si l’on veut que Bassompierre ait appliqué son mot de chétif au château bâti sur le tertre de Jean de Soisy, il faudra convenir que son discours aura été fait après coup, c’est-à-dire depuis 1631, époque où le maréchal fut enfermé à la Bastille, et où il commença pour se désennuyer, et fort souvent de mauvaise humeur, à écrire les mémoires qu’il a laissés; il aura donc donné l’épithète de chétif au nouveau château, par la raison que tout ce que devait faire le roi, alors sous l’influence de Richelieu, l’ennemi juré du maréchal, devait paraître, aux yeux de ce dernier, mauvais., tyrannique ou chétif, et le pauvre château aura été enveloppé dans une commune disgrâce avec les actes despotiques du cardinal.»

Il paraît donc à peu près certain, d’après tout ce que nous venons de rapporter, que Louis XIII avait une habitation à Versailles dès l’année 1624, et certainement avant 1627. Cette habitation, Blondel assure qu’elle était élevée sur le lieu le plus éminent, et où était situé ci-devant un moulin à vent, par conséquent à la place même où se trouve le château actuel, tandis que M. Eckard, et après lui l’auteur de Versailles, seigneurie, château et ville, pensent que c’était le Pavillon royal; c’est pour éclairer cette question que nous nous sommes livré à quelques recherches, qui nous ont procuré la connaissance de nouveaux documents propres à la résoudre.

M. Eckard, lorsqu’il écrivit son livre sur Versailles, fit de nombreuses visites aux Archives du royaume et aux Archives de la couronne, pour avoir quelques renseignements sur les faits dont il s’agit; mais là comme à Versailles, il ne put trouver aucun acte, aucun titre qui se rapportât aux acquisitions de Louis XIII à Versailles; ce qui lui fit penser «que les contrats primordiaux, soit du vieux château et de la seigneurie de Versailles, soit du fief vendu par Jean de Soisy, ont été détruits, de même qu’une foule d’autres documents plus importants encore pour notre histoire l’ont été dans toute la France, parce qu’ils établissaient des droits féodaux et des redevances seigneuriales supprimés, sans indemnité, par différents décrets.»

«En effet, une loi du 17 juillet 1793, a ordonné le brûlement de tous les titres énonciatifs de ces droits, et existants entre les mains des anciens seigneurs, ou qui, pour les domaines nationaux, avaient été déposés dans les secrétariats des districts. Or, cette loi, qui prononçait cinq années de fers contre ceux qui auraient caché ou soustrait et recelé des minutes, ou des expéditions des actes qui devaient être brûlés, fut rigoureusement exécutée à Versailles, d’où relevaient en outre trente-quatre seigneuries.»

Il était donc nécessaire de suivre une autre direction dans les recherches nouvelles que l’on voulait faire sur ce sujet; et comme il s’agissait surtout de constater l’époque de la construction du Pavillon royal, regardé comme la première habitation de Louis XIII, ce fut particulièrement de ce côté que nous portâmes nos investigations.

Nous nous adressâmes au propriétaire de ce pavillon, M. Peert, avoué à Versailles, et grâce à son extrême obligeance, nous avons trouvé, parmi les titres de propriété, deux pièces qui établissent d’une manière positive l’époque de la construction du Pavillon royal.

La première de ces pièces est ainsi conçue:

«Don de place à Versailles pour les héritiers de la veuve Hérault.

» Aujourd’hui, 2 aoust mil sept cent un, le Roy étant à Versailles, les héritiers de la veuve Hérault lui ont fait représenter que Sa Majesté lui auroit accordé, il y a environ 25 ans, une place scize en ce lieu, sur laquelle elle a fait hastir une maison appelée le Pavillon royal; mais comme il ne luy en a pas été expédié de brevet pour en assurer la propriété à ses héritiers, ils l’ont très-humblement suppliée de vouloir sur ce leur pourvoir, à quoy ayant égard, Sa Majesté a, en tant que de besoin, accordé et fait don aux héritiers de ladite veuve Hérault de ladite place, contenant 24 toises 4 pieds de face sur la rue de la Pompe, 29 toises de face sur l’avenue de Saint-Cloud, 3 troises 2 pieds de face à la pointe aboutissant par le côté opposé à ladite pointe, au mur de l’hostel de Guise, et ayant 17 toises de profondeur, le long dudit mur, à la charge par eux de payer au domaine de Versailles le droit de cens sur le pied de 5 sols par arpens, au jour de Saint-Michel, et d’entretenir en bon état et cimétrie la maison qui y a été bastie, et pour assurance de sa volonté, Sa Majesté m’a commandé de leur en expédier le présent brevet, qu’elle a signé de sa main et fait contresigner par moy, conseiller secrétaire d’État et de ses commandements et finances, signé : Louis et plus bas Phelypeaux; et au dos est écrit: Paraffé ne varietur, au désir du partage passé devant les notaires soussignés, ce 20 mars 1720. Signé : Bergeret, Delaroche, Delaroche avec Besnier et Junot, notaires, en l’original des présentes, paraffé et demeuré annexé à la minute d’un partage passé devant les notaires soussignés, ce 20 mars 1720, dont la minute envers ledit Junot. Signé : Besnier et Junot, avec paraffes et scellé ledit jour.»

La deuxième donne le plan du terrain, et au milieu est écrit:


«Le Roy a accordé, il y a environ 25 ans, à la veuve Hérault une place seize à Versailles, ayant 24 toises 4 pieds de face sur la rue de la Pompe, 29 toises de face sur l’avenue de Saint-Cloud, 3 toises 2 pieds de face à la pointe où se joignent ladite rue de la Pompe avec ladite avenue, aboutissant par le côté opposé à ladite pointe, au mur de l’hostel de Guise, et ayant 17 toises de profondeur le long dudit mur, le tout ou environ, sur laquelle place elle a fait bastir une maison appelée le Pavillon royal, suivant les décorations réglées par Sa Majesté, dont n’ayant point eu ci-devant de brevet, Sa Majesté m’a commandé de donner le présent certificat aux héritiers de ladite veuve Hérault, pour obtenir sur iceluy tous brevets nécessaires.

» Fait à Versailles, le 1 0 juillet 1701, signé : Hardouin Mansart.»

Et plus bas: «Première inventoriée.»

Deuxième, et au dos est écrit: «Paraffé ne varietur, au désir du partage passé devant les notaires soussignés., ce 20 mars 1720. Signé : Delaroche, Bergeret, Delaroche avec Besnier et Junot, notaires.

» Est l’original des présentes demeuré annexé à la minute d’un partage, passé devant les notaires soussignés, dont Junot, l’un d’eux, a la minute, ce 20 mars 1720. Signé ; Besnier et Junot, avec paraffes, et scellés ledit jour.»

Il résulte de ces documents authentiques, que M. Eckard se trompe quand il affirme que le Pavillon royal a été bâti par Louis XIII; que ce pavillon, l’une des plus anciennes maisons de Versailles, ne remonte cependant qu’à l’année 1676, c’est-à-dire au règne de Louis XIV, et que ce qui a sans doute induit en erreur M. Eckard, et avant lui le Cicerone de Versailles, sur l’origine de ce bâtiment, c’est le nom de Pavillon royal, qu’on lui supposait venir du séjour qu’y aurait fait anciennement Louis XIII, tandis que les pièces citées prouvent que ce nom lui a été donné au moment de sa construction par la veuve Hérault, probablement pour le distinguer des hôtels des grands seigneurs qui l’environnaient de tous côtés.

Il reste donc établi, par tout ce qui précède, que Louis XIII avait une habitation à Versailles avant l’année 1627, date à laquelle l’abbé Lebeuf fait remonter la vente du fief de Jean de Soisy; que cette habitation n’est point le Pavillon royal, ainsi que le croyait l’auteur des Recherches sur Versailles; et qu’alors il faut bien en revenir à l’opinion de Blondel, établissant comme certain que, dès l’année 1624, Louis XIII avait commencé à y bâtir un rendez-vous de chasse, qu’il avait élevé sur le lieu le plus éminent, et où était situé ci-devant un moulin à vent.

Quant à la date de 1632, Louis XIII ne devint véritablement seigneur de Versailles qu’à cette époque, en achetant de l’archevêque de Paris la terre et seigneurie de Versailles.

Louis XIII aimait beaucoup Versailles; il y prolongeait ses séjours pendant la saison des chasses; aussi le Rendez-vous devint une habitation qui alla en s’agrandissant jusqu’à la fin de son règne.

Ce château, construit par Lemercier, architecte du roi, était flanqué de quatre pavillons bâtis de pierres et de briques, avec un balcon de fer tournant tout autour, et dégageant les appartements du premier étage. Suivant l’usage de ce temps, quelques moyens de défense le mettaient à l’abri d’un coup de main.

Une fausse braie ou basse enceinte l’entourait et était précédée d’un fossé à fond de cuve, revêtu de briques et de pierres de taille, terminé par une balustrade. Ce petit édifice était environné de bois, de plaines et d’étangs, dont la nature faisait seule les frais

Tel était encore le château de Louis XIII, lorsque, au mois de novembre 1630, s’y passa le curieux événement qui porte dans l’histoire le nom de journée des Dupes.

Ce fut le seul événement politique de quelque importance qui eut lieu dans le château de Versailles pendant le règne de Louis XIII; il est donc intéressant de s’y arrêter un moment, d’autant plus qu’il va servir à faire reconnaître quelques-unes des distributions du château à cette époque.

Dans le mois de septembre 1630, Louis XIII venait de diriger sur l’Italie une armée considérable: «Toutes les troupes avaient passé par Lyon, et le roi les avait voulu voir l’une après l’autre. S’y trouvant beaucoup de soldats bien nouveaux et mal façonnés au métier, pour les mieux former, il montrait à quelques-uns comment il fallait porter et manier les armes, y prenant un singulier plaisir. Il ne s’occupait pas à ceci, néanmoins, sans beaucoup de travail, s’y adonnant pendant la chaleur du jour le plus souvent, et pendant les pluies et le mauvais temps. Le vingt deuxième jour du mois de septembre, sur les deux à trois heures après midi, ayant été toute la matinée bien gai, il se sentit attaqué d’un frisson qui fut suivi d’une fièvre continue, avec des redoublements chaque nuit, qui donnèrent à ses gens de bien grandes appréhensions, sans qu’on lui fit connaître que la fièvre dont il était atteint fût si maligne .» La maladie du roi allait toujours en augmentant; les médecins en désespéraient, et avaient même dit qu’il ne passerait pas le 30 septembre. A chaque instant on croyait le voir expirer, lorsque Sénéles, médecin du commun de la reine, proposa de lui administrer un remède qui, disait-il, devait, en moins de quatre heures, ou sauver le roi ou le faire périr. «. Les deux reines, dit Valdori , qui raconte ce fait, voyant l’une son fils, l’autre son époux sans espérance, et entièrement abandonné des médecins, consentirent à faire l’épreuve, laquelle réussit si heureusement que ce monarque, déjà à demi mort, revint dans peu en convalescence .»

La reine Anne d’Autriche était depuis longtemps fort en froid avec Louis XIII; les soins qu’elle lui rendit dans le cours de sa maladie avaient amené entre eux une espèce de réconciliation. Anne en profita pour seconder sa belle-mère, Marie de Médicis, dans la guerre que celle-ci avait déclarée au cardinal de Richelieu. On ne laissa pas respirer le roi pendant sa pénible convalescence. Les deux reines profitèrent de sa faiblesse, l’étourdirent de violentes accusations contre Richelieu, qui, selon elles, n’avait entrepris cette guerre que pour se rendre nécessaire, et avait ainsi sacrifié la santé et la vie du roi à son ambition; Louis XIII ne trouva d’autre moyen de se débarrasser des obsessions de sa mère qu’en lui promettant de prendre un parti définitif après son retour à Paris.

Le roi ne tarda pas à quitter Lyon. «Il en sortit sur un brancard, dit. Ch. Bernard , pour aller prendre la rivière à Rouane, d’où il arriva en peu de temps à Briare et de là à Versailles, maison qu’il avait fait bâtir à quatre lieues de Paris et à deux lieues de Saint-Germain-en-Laye. «Elle était petite,

» pour n’y admettre que peu de gens et n’être point

» troublé dans le repos qu’il cherchait loin des

» importunités de la cour, et afin d’être plus libre

» dans l’exercice de ses chasses, lorsqu’il s’y voulait

» adonner.» Il fut là quelque temps et alla après à Saint-Germain, ne pouvant loger dans son Louvre à Paris, d’autant que l’on travaillait à la grande salle, dont jusqu’alors le plancher n’avait été construit que de poutres et de solives, qui offraient si peu de sûreté que lorsqu’on s’y réunissait l’on était obligé d’y mettre des étais, et que Sa Majesté avait ordonné de remplacer par des voûtes en pierre.»

A peine arrivée à Paris, Marie de Médicis recommence ses instances auprès du roi, pour faire éloigner le cardinal. Louis oppose une vive résistance aux importunités de sa mère, et insiste sur le besoin qu’il a des services de Richelieu. Marie paraît d’abord se rendre; mais, toujours poussée par sa haine contre le premier ministre, elle se résout enfin à prendre un parti décisif. Cet événement est raconté comme il suit par l’auteur des Anecdotes du ministère du cardinal de Richelieu:

«La reine-mère ayant résolu de mettre le feu le jour de saint Martin, 11 novembre 1630, à la mine qu’elle avait creusée, pour faire sauter en l’air et détruire jusqu’aux fondements de la fortune du cardinal, et ayant pris ses mesures, pour mieux effectuer son dessein, de se trouver seule avec le roi son fils, afin de lui faire toucher au doigt et à l’œil, pour me servir de ses propres termes, toutes les fautes énormes que ce prélat avait commises pendant son ministère, les dommages et le préjudice que l’État en avait souffert, la mine joua et eut un succès bien différent de celui qu’elle et ceux qui l’avaient aidée à la fabriquer avaient espéré, car elle écrasa tous les architectes qui en avaient donné le plan, et ensevelit sous ses ruines tous ceux qui avaient contribué à sa construction.

» Maïs cette intrigue mérite bien que l’on fasse un détail un peu circonstancié d’une scène qui fait la plus curieuse époque du règne de Louis XIII, et qui a fait donner le nom de journée des dupes au jour où elle se passa.

» La reine-mère étant donc convenue avec le roi son fils qu’il la viendrait voir le jour de saint Martin, dans la matinée, à son palais du Luxembourg, à l’insu du cardinal, feignit d’avoir pris médecine ce jour-là, afin d’avoir un prétexte apparent de défendre l’entrée de sa chambre à qui que ce fût, pour pouvoir entretenir ce monarque en particulier plus à son aise. Ce prince faisait cependant cette visite secrètement, de concert avec son premier ministre, du moins à ce qu’en publia pour lors la renommée; mais, quoi qu’il en soit, cette princesse mit en ce moment tout en usage, et employa tout l’art du monde pour persuader à son fils qu’il était trompe et trahi par le cardinal. Elle lui fit là-dessus une longue énumération de toutes les fautes, de toutes les bévues et de tous les manquements de ce ministre. Elle fit ensuite tous ses efforts, pour tirer parole de lui qu’il le chasserait, qu’il ne l’admettrait jamais plus à ses conseils. Elle n’eut aucun scrupule d’exiger du roi, au milieu des acclamations publiques qu’il recevait pour son heureuse convalescence et l’heureux succès de ses armes en Italie, où ce prélat avait eu tant de part, une chose aussi honteuse pour sa réputation, qui était celle de sacrifier un si digne serviteur, et de le faire servir de victime au ressentiment de sa mère, et de faire voir à toute l’Europe, par la disgrâce de celui qui était l’âme de tous ses conseils, qu’il se repentait de ce qu’il avait fait pendant tout le temps qu’il avait été son premier ministre. Comme la reine était au plus fort de son discours, et qu’elle pressait vivement son fils de lui accorder ce qu’elle désirait de lui avec tant d’instances, le cardinal entra brusquement dans sa chambre; il en avait trouvé, à la vérité, la porte fermée, avec défenses très-expresses à l’huissier de l’ouvrir à personne et surtout à lui, s’il s’y présentait; mais comme il connaissait toutes les issues de ce palais, il s’en fut à la garde-robe de cette princesse, et se fit introduire par là dans la chambre, ayant gagné pour cet effet une de ses femmes nommée Zuccole, qui, étant dans la confidence de sa maîtresse, était restée seule de garde en cet endroit-là . Voilà de quelle manière il parvint jusqu’au lieu où la mère et le fils s’entretenaient tête à tête sur son sujet et où il servait d’ample matière à leur conversation. Ce fut la faute de la reine, si elle fut ainsi interrompue; car ses plus fidèles domestiques lui avaient conseillé, pour obvier à toutes sortes d’inconvénients, de faire fermer cette porte de communication dans sa chambre, et d’en tenir elle-même les clefs sous sa main.»

L’auteur des Anecdotes raconte ensuite la scène qui eut lieu entre la reine Marie de Médicis et le cardinal, la soumission apparente de Richelieu, les cris et les emportements de la reine; puis il ajoute: «Le cardinal se tourna du côté du roi et le supplia de vouloir bien lui permettre de se retirer quelque part pour y passer le reste de ses jours en repos, n’étant pas juste que Sa Majesté se servît de lui et le continuât dans le ministère contre les volontés de la Reine. A ces paroles, ce monarque, témoignant avoir envie de déférer aux désirs de sa mère, lui accorda sa demande et lui ordonna de sortir. Il ne fut plus question que du choix d’un nouveau ministre; mais cette princesse, qui l’avait déjà désigné en elle-même, proposa à son fils le garde des sceaux, de Marillac, dont le roi approuva l’élection et consentit qu’il fût revêtu de la dignité de premier ministre. Après quoi la mère et le fils se séparèrent.

» La reine, pleine de joie et de contentement, resta dans son palais du Luxembourg, s’applaudissant en elle-même d’avoir si bien réussi dans son dessein. Le bruit de la disgrâce du cardinal et de l’élévation de Marillac s’étant répandu dans un instant de tous côtés, les affections des courtisans changèrent d’objets dans le moment, la faveur ayant coutume d’attirer à soi les cœurs, de même que la lumière d’un nouvel astre attire les regards de tout le monde; aussi le cardinal se vit tout d’un coup délaissé de toute la cour, à l’exception de ses parents et d’un petit nombre d’amis qui étaient le plus avant. dans sa confidence.

» Le roi, au partir du Luxembourg, s’en alla tout droit à son château de Versailles, où la reine-mère ne le suivit point, contre le sentiment de tous ses serviteurs, et particulièrement du vicomte Fabroni, qui lui conseillait d’y accompagner son fils et de ne le point perdre de vue qu’elle n’eût mis la dernière main à la disgrâce du cardinal, et qu’elle ne l’eût fait chasser de Paris et de la cour. Enivrée de sa prospérité présente, elle en voulut goûter toutes les douceurs, et s’amusa à recevoir les compliments et les congratulations que tout Paris lui venait faire sur le recouvrement de son autorité perdue. Mais, tandis quelle avalait à longs traits le doux poison de la flatterie, qu’elle écoutait avec plaisir toutes les louanges qu’un chacun lui donnait sur l’admirable conduite qu’elle avait tenue dans cette affaire, et qu’elle disposait déjà des principaux emplois de l’État en faveur de ses confidents, le cardinal de Richelieu, conseillé et encouragé par le cardinal de la Valette, qui vivait dans une étroite amitié avec lui, de faire une dernière tentative auprès du roi pour essayer de se maintenir dans le poste qu’il occupait, en dépit de ses ennemis, et de ne leur pas céder une victoire si aisée, s’en fut trouver ce prince à Versailles.

» Entre plusieurs raisons dont ce véritable ami se servit pour lui persuader ce voyage, il employa celle de ce commun proverbe des Français, que, qui quitte. la partie la perd. Le cardinal et le garde des sceaux de Marillac arrivèrent en même temps à la cour: le premier sous prétexte de prendre congé de Sa Majesté, et le second à dessein de remplir sa place et de prendre possession de l’emploi de premier ministre; les fourriers lui avaient déjà marqué dans le château le logement qui était attaché aux fonctions de cette charge; mais les choses changèrent bientôt de face, et bien des gens furent pris pour dupes. On reconnut alors que les courtisans s’étaient lourdement abusés dans l’empressement qu’ils avaient témoigné à congratuler le nouveau ministre, et que le cœur et la conduite des princes sont impénétrables; car le cardinal de Richelieu ayant été bien servi auprès du roi par M. de Saint-Simon, qui était lors son favori, il arriva que, comme ce premier ministre prenait congé de lui en compagnie du cardinal de la Valette, Sa Majesté, au lieu de lui octroyer la permission qu’il lui demandait de se retirer, lui ordonna, au contraire, de demeurer et de continuer l’exercice de son emploi, lui disant de plus «de ne point s’inquiéter, qu’il trouverait bien le moyen d’apaiser sa mère, et de la faire consentir à ce qu’il faisait, en ôtant d’auprès d’elle les personnes qui lui donnaient de pernicieux conseils.»

» Cette scène se passa publiquement dans la chambre du roi; mais le cardinal avait été secrètement introduit, un peu avant, par un escalier dérobé dans le cabinet de ce monarque, avec lequel il avait eu un assez long entretien qui avait produit tout l’effet qu’il en pouvait attendre; car ce prince, persuadé, par toutes les raisons qu’il lui avait alléguées pour sa justification, qu’il était fidèlement et uniquement attaché à sa personne et au bien de son royaume, lui avait redonné son affection et toute sa confiance. Il était, de plus, convenu avec lui de toutes les choses qui se passèrent ensuite dans sa chambre, afin que la victoire qu’il remportait sur ses ennemis en parût plus éclatante. Ce fut M. de Saint-Simon qui lui rendit un service si important, en ménageant cette secrète entrevue entre Sa Majesté, et en le conduisant lui-même, à l’insu de tout le monde, dans le cabinet du roi.»

Charles Bernard, racontant le même fait dans son Histoire de Louis XIII, dit: «Le roi, qui recognoissait bien d’où le mal pouvoit venir, résolut de le terminer. Il savoit qui estoient les artisans de ces divisions, si bien que s’en allant en sa maison de Versailles, il commanda au cardinal et au garde des sceaux, chacun à Paris, de l’y suivre. Il n’avoit encore mené en ce lieu pas un conseil, ayant fait bastir cette petite maison pour se distraire entièrement des affaires...

» Cependant, les deux personnages qui estoient les premiers du conseil du roy, pour obéir au commandement de Sa Majesté, le suivirent et eurent un divers événement de leur arrivée: le garde des sceaux ayant eu commandement d’aller loger à Glatigny, le roy lui ayant fait dire qu’il lui ferait.le lendemain savoir sa volonté ; au lieu que le cardinal fut logé dans le chasteau de Versailles, sous la chambre du roy, en celle où l’on avoit coutume de loger M. le comte de Soissons , et dès le soir il entra en conseil avec Sa Majesté.»

Telle fut cette journée, dans laquelle les Marillac , les Guise, la princesse de Conti et les autres partisans de la reine-mère, qui se croyaient arrivés au sommet des grandeurs par la chute du cardinal, se virent, les uns destitués de leurs emplois, d’autres chassés de la cour, et plusieurs emprisonnés.

«Le pauvre maréchal de Bassompierre lui-même, dit Valdori, tout fin et délié courtisan qu’il était, se trouva, par les engagements qu’il avait avec l’incomparable princesse de Conti, compris au nombre des malheureux. Il fut envoyé à la Bastille, d’où il ne sortit qu’après la mort du cardinal.»

Ce récit éclaire plusieurs détails intéressants du château de Versailles. Et d’abord, on voit que Louis XIII avait fait bâtir une petite maison pour n’y admettre que peu de gens et n’être point troublé dans le repos qu’il y cherchait loin des importunités de la cour; et, par conséquent, on conçoit très-bien que Bassompierre ait pu l’appeler le chétif château de Versailles. Ce fut plus tard, et quand il eut acheté le domaine de Versailles de Jean-François de Gondi, qu’il y ajouta de nouvelles constructions et en fit un palais de quelque importance.

Ce qui vient d’être dit peut aussi servir à retrouver dans le château quelques anciennes distributions existant encore aujourd’hui.

Quand Louis XIV fit faire ses grands travaux de Versailles, il voulut conserver religieusement le château de son père. Dans les premières années de son règne, il fit commencer les embellissements des jardins, et y donna les grandes fêtes de 1664 et 1668; la distribution des appartements du château de Louis XIII était restée la même, et les chefs-d’œuvre de peinture et de sculpture que Louis XIV commençait à y accumuler, étaient tout ce que l’on y voyait de nouveau.

En 1671, Félibien, historiographe des bâtiments du roi, donna la première description du château de Versailles et des embellissements qu’y faisait exécuter Louis XIV. On voit dans cette description que la pièce du milieu, qui devint plus tard la chambre à coucher de Louis XIV, et dans laquelle mourut ce roi, formait alors un salon comme au temps de Louis XIII; que ce qui est devenu depuis le salon de l’Œil-de-Bœuf, était divisé en deux pièces, dont l’une, la plus près du salon central, formait la chambre à coucher du roi, et dont l’autre était un cabinet ou antichambre; que dans cette antichambre ouvrait un escalier dérobé communiquant avec les appartements du rez-de-chaussée. Ces pièces, de l’ancien château de Louis XIII, étaient donc restées comme au temps de ce roi.

Voyons dans le récit précédent ce qui se rapporte aux appartements du château.

«Cette scène, dit Valdori, se passa publiquement dans la chambre du roi; mais le cardinal avait été secrètement introduit, un peu auparavent, par un escalier dérobé, dans le cabinet de ce monarque. »

Charles Bernard ajoute de son côté : «Que le cardinal fut logé dans le château de Versailles, sous la chambre du roi, en celle où l’on avoit coustume de loger M. le comte de Soissons, et que dès le soir il entra en conseil avec Sa Majesté.»

Ainsi l’appartement où l’on avait coutume de loger M. le comte de Soissons, comme grand-maître de la maison du roi, était au-dessous de la chambre à coucher de Louis XIII; conséquemment à l’endroit occupé aujourd’hui par la salle des portraits des rois de France, et c’est là que Richelieu coucha la nuit de ce célèbre événement. L’escalier dérobé, par lequel Saint-Simon vint le chercher pour le conduire dans le cabinet du roi, existe encore dans un petit couloir placé à l’angle sud-ouest de cette salle, et aboutit au premier étage à l’angle correspondant du salon de l’Œil-de-Bœuf, et par conséquent à la partie du cabinet précédant la chambre à coucher du roi. Il est donc évident que dans l’état actuel du château de Versailles, et malgré toutes les transformations qu’il a subies depuis son origine, on peut suivre encore, dans ses détails les plus intéressants, la principale scène de cette grande comédie historique appelée fa journée des dupes .

Curiosités historiques

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