Читать книгу Amitié amoureuse - Lecomte du Noüy Hermine Oudinot - Страница 46

LIVRE PREMIER
XLIV
Denise à Philippe

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Nimerck, 6 août.

C'est vrai. Je ne vous ai pas écrit. Vous êtes si étrange!

Mon ami, deux fois, pendant votre séjour parmi nous, vous m'avez bouleversé le cœur.

La première fois, c'était le soir où Hélène regardant avec nous le coucher de soleil empourprer l'horizon, et suivant des yeux le vol des oiseaux qui semblaient vouloir s'y perdre, s'écriait: «Oh! le ciel est si beau que les oiseaux vont le caresser!» – Vous souvenez vous? Vous l'avez prise dans vos bras et l'avez embrassée si passionnément que ma fille troublée, murmura: «Mère, mère…» Et vous, fol ami, dites alors si désespérément: «Je vous aime, je vous aime…»

Puis, un autre soir, je chantais. Après chaque Lied de Schumann vous murmuriez: «Encore!» – Ainsi, j'ai chanté longtemps ses amours, ses désespoirs. Quand je me suis arrêtée, vous pleuriez; si triste, si solitaire, si amère semblait votre douleur! Debout près du piano, sans oser vous consoler, aller vers vous, j'attendais. Alors, vous avez dit: «Partez, laissez-moi seul… partez!» – Je vous ai obéi. Mais votre trouble m'a troublée, j'en suis restée endolorie et ne sais plus où nous allons…

Vos pensées sont maladives, énervantes. Elles m'enfoncent doucement dans l'inconnu coupable; le rêve est le mal des âmes qui finissent et s'effondrent. Je me suis affinée auprès de vous, mais j'ai déjà perdu un peu de ma droiture et de ma force. Mon ami, il ne faut plus nous voir, ne plus nous écrire, au moins de quelque temps.

Je vous quitte donc, cher, affaiblie, énervée, assez maîtresse de moi encore pour reprendre ma vie de labeur, d'action, de développement. Je reste dans la solitude éducatrice plus mâle. Elle m'armera de plus saines pensées.

Amitié amoureuse

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