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II

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Mais parmi tous ces morts, malgré la tombe obscure,

Plus d’un a conservé son lustre et sa beauté;

Tel héros des vieux temps qu’un poëte a chanté

En garde un glorieux reflet sur sa figure.

Faust, don Juan, sont toujours terribles; le Vainqueur

Les a pétrifiés dans leurs plus fières poses,

Et l’on voit se plisser encor leurs lèvres closes

De ce qui fut jadis un sourire moqueur.

Pourquoi pas ranimer ces démons d’ironie

Qui dans la servitude étaient libres et forts,

Ces hommes qui, domptant la peur et le remords,

Eurent l’œil qui défie et la lèvre qui nie?

Les faire reparaître au monde, mais drapés

Dans un manteau moderne, et cette fois paisibles,

Ne se souciant plus des cieux inaccessibles,

Et des mains de Satan brusquement échappés?

C’est ce que j’ai tenté. S’il en est que je blesse

Pour avoir essayé mes forces, si mon dos

N’est pas encore fait à de si lourds fardeaux,

Qu’importe? mon excuse est dans ma hardiesse.

Toi, du moins, tu seras avec moi de tout cœur,

Toi que le vol de l’aigle emporte sur les cîmes,

Toi qui viens de jeter si fièrement tes rimes

A la face d’un siècle à qui les mots font peur!

On s’est épouvanté de ce miroir fidèle

Où tu réfléchissais toutes les lâchetés,

Les muettes horreurs et les sombres beautés

D’un monde qui s’épuise ou qui se renouvelle.

Quelques coups de sifflet ont salué tes Gueux:

D’aucuns sont aveuglés par un peu de poussière

Que ton char triomphal soulève de l’ornière;

Ils sont tout effarés de ton galop fougueux.

Plus d’un voudrait se mettre en travers de ta vie;

Mais toi, tu laisseras s’emporter tes chevaux,

Et, malgré les efforts d’un peuple de rivaux,

Tu sauras bien passer sur le corps de l’Envie.

Le Faust moderne: Histoire humoristique en vers et en prose

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