Читать книгу Тайны Арсена Люпена. Уровень 1 / Les Confi dences d’Arsène Lupin - Морис Леблан, Морис Леблан, André de Maricourt - Страница 4

Maurice Leblanc
Les Confidences d'Arsène Lupin
Le signe de l’ombre

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«J’ai reçu votre télégramme, me dit. Et me voici. Qu’y a-t-il?»

«Qu’y a-t-il? répliquai-je, oh! pas grand-chose, une coïncidence assez bizarre.

– Et alors?

– Vous êtes bien pressé![107]

– Excessivement. Par conséquent[108], droit au but.

– Droit au but[109], allons-y. Et commencez, je vous prie, par jeter un coup d’œil[110] sur ce petit tableau.

– Abominable, en effet, dit Lupin, au bout d’un instant[111], mais le sujet lui-même ne manque pas de saveur…

– C’est authentique, ajoutai-je. La toile, bonne ou mauvaise, n’a jamais été enlevée de son cadre Empire. D’ailleurs, la date est là… Tenez, dans le bas, à gauche, ces chiffres rouges, 15-4-2, qui signifient évidemment 15 avril 1802.

– En effet[112]… en effet… Mais vous parliez d’une coïncidence, et, jusqu’ici, je ne vois pas…»

J’allai prendre dans un coin une longue-vue que je braquai vers la fenêtre ouverte d’une petite chambre située en face de mon appartement, de l’autre côté de la rue. Et je priai Lupin de regarder.

«Ah! dit Lupin tout à coup[113], le même tableau!

– Exactement le même! affirmai-je. Et la date… vous voyez la date en rouge? 15-4-2.

– Oui, je vois… Et qui demeure dans cette chambre?

– Une dame ou plutôt une ouvrière, puisqu’elle est obligée de travailler pour vivre… des travaux de couture qui la nourrissent à peine, elle et son enfant.

– Comment s’appelle-t-elle?


– Louise d’Ernemont…»

Il releva la tête et me demanda:

«L’histoire est intéressante… Pourquoi avez-vous attendu pour me la raconter?

– Parce que c’est aujourd’hui le 15 avril.

– Eh bien?

– Eh bien, depuis hier, je sais – un bavardage de concierge – que le 15 avril occupe une place importante dans la vie de Louise d’Ernemont. Le 15 avril, elle sort avec sa petite fille vers dix heures, et ne rentre qu’à la nuit tombante. Cela, depuis des années, et quel que soit le temps.[114]

– Étrange… prononça Lupin d’une voix lente. Et l’on ne sait pas où elle va?

– On l’ignore.

– Vous êtes sûr de vos informations?

– Tout à fait sûr.[115] Et voici la preuve.»

Une porte s’était ouverte en face, et on vit une petite fille et une femme.

«Vous voyez, murmurai-je, elles vont sortir.»

De fait, après un moment, la mère prit l’enfant par la main, et elles quittèrent la chambre.

Lupin saisit son chapeau.

«Venez-vous?»

Je descendis avec Lupin.

En arrivant dans la rue, nous aperçûmes ma voisine qui entrait chez un boulanger. Elle acheta deux petits pains qu’elle plaça dans un panier que portait sa fille et qui semblait déjà contenir des provisions.

Louise d’Ernemont prit une des ruelles étroites et désertes. Il y avait d’abord à droite, une maison dont la façade donnait sur la rue Raynouard, puis un mur moisi. Vers le milieu, devant laquelle Louise d’Ernemont s’arrêta, et qu’elle ouvrit à l’aide d’une clef. La mère et la fille entrèrent.

«En tout cas[116], me dit Lupin, elle n’a rien à cacher, car elle ne s’est pas retournée une seule fois…»

Il avait à peine achevé cette phrase qu’un bruit de pas retentit derrière nous. C’étaient deux vieux mendiants, un homme et une femme. Ils passèrent sans prêter attention à notre présence.[117] L’homme sortit de sa besace une clef semblable à celle de ma voisine, et l’introduisit dans la serrure. La porte se referma sur eux.

Et tout de suite, au bout de la ruelle, un bruit d’automobile qui s’arrête… Lupin m’entraîna cinquante mètres plus bas. Et nous vîmes descendre, un petit chien sous le bras, une jeune femme très élégante, parée de bijoux, les yeux trop noirs, les lèvres trop rouges, et les cheveux trop blonds. Devant la porte, même manœuvre, même clef… La demoiselle au petit chien disparut.

«Ça commence à devenir amusant,» ricana Lupin.

Successivement débouchèrent deux dames âgées, maigres, qui se ressemblaient comme deux sœurs; puis un valet de chambre[118]; puis un caporal d’infanterie; puis un gros monsieur vêtu d’une jaquette malpropre; puis une famille d’ouvriers. Et chacun des nouveaux venus arrivait avec un panier rempli de provisions.

«C’est un pique-nique,» m’écriai-je.

Nous cherchions vainement un stratagème pour entrer, quand, tout à coup, la petite porte se rouvrit et livra passage[119] à l’un des enfants de l’ouvrier.

Le gamin monta en courant jusqu’à la rue Raynouard. Quelques minutes après, il rapportait deux bouteilles d’eau. Lorsque l’enfant repoussa la porte, Lupin fit un bond[120] et planta la pointe de son couteau dans la gâche de la serrure[121].

«Nous y sommes,» dit Lupin.

Il entra franchement. Je suivis son exemple et je pus constater que, à dix mètres en arrière du mur, un massif de lauriers élevait comme un rideau qui nous permettait d’avancer sans être vus.

Le spectacle qui s’offrit alors à mes yeux était si imprévu, que je ne pus retenir une exclamation, tandis que, de son côté, Lupin jurait entre ses dents:

«Crebleu! celle-là est drôle!»

Le même décor que sur le tableau! Le même décor!

Il était alors une heure et demie. Le mendiant sortit sa pipe, ainsi que le gros monsieur. Les hommes se mirent à fumer près de la rotonde, et les femmes les rejoignirent. D’ailleurs, tous ces gens avaient l’air de se connaître.

Ils se trouvaient assez loin de nous, de sorte que[122] nous n’entendions pas leurs paroles. Soudain il y eut une exclamation et, aussitôt, des cris de colère, et tous, hommes et femmes, ils s’élancèrent en désordre vers le puits.

Un des gamins de l’ouvrier en surgissait à ce moment, attaché par la ceinture au crochet de fer qui termine la corde, et les trois autres gamins le remontaient en tournant la manivelle.

Plus agile, le caporal se jeta sur lui, et, tout de suite, le valet de chambre et le gros monsieur l’agrippèrent, tandis que les mendiants et les sœurs maigres se battaient avec le ménage ouvrier.

En quelques secondes, il ne restait plus à l’enfant que sa chemise.

«Ils sont fous! murmurai-je.

– Mais non, mais non, dit Lupin.»

À la fin, Louise d’Ernemont qui, dès le début, s’était posée en conciliatrice, réussit à apaiser le tumulte. On s’assit de nouveau. Et du temps s’écoula. Chaque minute semblait les accabler d’une tristesse croissante.

«Vont-ils coucher là?» prononçai-je avec ennui.

Mais, vers cinq heures, le gros monsieur à l’eut un geste de désespoir, se leva et mit son chapeau.

«Allons-nous-en, dit Lupin.

– Vous croyez que la séance est finie?

– Oui.»

Nous partîmes sans encombre[123]. Lupin tourna sur sa gauche et, me laissant dehors, entra dans la première maison. Après avoir conversé quelques instants avec le concierge, il me rejoignit et nous arrêtâmes une automobile.

«Rue de Turin, trente-quatre,» dit-il au chauffeur.

Nous arrivâmes à une étude de notaire[124]. Lupin se présenta sous le nom du capitaine en retraite[125] Janniot. Il cherchait une maison selon ses goûts, et on lui avait parlé d’un terrain près de la rue Raynouard.

«Mais ce terrain n’est pas à vendre! s’écria M. Valandier, le notaire.

– Ah! on m’avait dit.

– Nullement… nullement…»

Le notaire se leva et prit dans une armoire un objet qu’il nous montra. Je fus confondu. C’était le même tableau que j’avais acheté, le même tableau qui se trouvait chez Louise d’Ernemont.

«Il s’agit du terrain que représente cette toile, le clos d’Ernemont, comme on l’appelle?

– Précisément.

– Eh bien, reprit le notaire, ce clos faisait partie d’un grand jardin que possédait le fermier général d’Ernemont, exécuté sous la Terreur[126]. Tout ce qui pouvait être vendu, les héritiers le vendirent peu à peu. Mais ce dernier morceau est resté et restera dans l’indivision… à moins que…»

Le notaire se mit à rire.

«À moins que? interrogea Lupin.

– Oh! c’est toute une histoire assez curieuse.»

Et sans se faire prier, il commença.

«Dès le début de la Révolution, Louis-Agrippa d’Ernemont, sous prétexte de[127] rejoindre sa femme qui vivait à Genève avec leur fille Pauline, ferma son hôtel et s’installa dans sa petite maison de Passy, où personne ne le connaissait, qu’une vieille servante dévouée. Mais on le trouva. Il eut arrêté. Son fils Charles aussi.

– Cela se passait?… demanda Lupin.

– Cela se passait le vingt-six germinal, an II, c’est-à-dire le…»

M. Valandier s’interrompit, les yeux tournés vers le calendrier qui pendait au mur, et il s’écria:

«Mais c’est justement aujourd’hui. Nous sommes le 15 avril, jour anniversaire de l’arrestation du fermier général.

– Coïncidence bizarre, dit Lupin. Et cette arrestation eut, sans doute[128], étant donné l’époque, des suites graves?

– Oh! fort graves, dit le notaire en riant. Trois mois après, au début de Thermidor, le fermier général montait sur l’échafaud. On oublia son fils Charles en prison, et leurs biens furent confisqués.

– Des biens immenses, n’est-ce pas? fit Lupin.

– Eh voilà! voilà précisément où les choses se compliquent. Ces biens qui, en effet, étaient immenses, demeurèrent introuvables.

– Il restait tout au moins, dit Lupin, la maison de Passy.

– La maison de Passy fut achetée à vil prix[129] par le délégué même de la Commune qui avait arrêté d’Ernemont, le citoyen Broquet. Le citoyen Broquet s’y enferma, barricada les portes, et lorsque Charles d’Ernemont, enfin libéré, se présenta, il le reçut à coups de fusil[130]. Le 12 février 1803, le citoyen Broquet vida les lieux[131], mais était fou!

– Bigre! murmura Lupin. Et que devint-il?

– Sa mère, et sa sœur Pauline étant mortes toutes deux, la vieille servante prit soin de lui[132]. Avant de mourir cette servante déclara que, au début de la Révolution, le fermier général avait transporté dans sa maison de Passy des sacs remplis d’or et d’argent, et que ces sacs avaient disparu quelques jours avant l’arrestation. Les trésors se trouvaient cachés dans le jardin. Comme preuve la servante montra trois tableaux, ou plutôt, car ils n’étaient pas encadrés, trois toiles que le fermier général avait peintes durant sa captivité et qu’il avait réussi à lui faire passer avec l’ordre de les remettre à sa femme, à son fils et à sa fille.

– Et ils y sont encore, ricana Lupin.

– Et ils y seront toujours, s’écria Me Valandier…

– Mais Charles?

– Charles vivait dans la retraite la plus absolue[133]. Il ne quittait pas sa chambre.

– Jamais?

– Une fois l’an, Charles d’Ernemont descendait, suivait exactement le chemin que son père avait suivi, traversait le jardin, et s’asseyait tantôt sur les marches de la rotonde, dont vous voyez ici le dessin, tantôt sur la margelle de ce puits. Ce jour-là, c’était le 15 avril, jour de l’anniversaire de l’arrestation.»

M. Valandier ne souriait plus.

Après un instant de réflexion, Lupin demanda:

«Et depuis la mort de Charles?

– Depuis cette époque, reprit le notaire avec une certaine solennité, depuis bientôt cent ans, les héritiers de Charles et de Pauline d’Ernemont continuent le pèlerinage le quinze avril. Ils attendent. Ils attendent le quinze avril, et lorsque le quinze avril est arrivé, ils attendent qu’un miracle se produise.»

Un nouveau silence, et Lupin reprit:

«Votre opinion, Maître Valandier?

– Mon opinion est qu’il n’y a rien.

– Cependant les tableaux?

– Oui, évidemment. Mais tout de même[134], est-ce une preuve suffisante?

– Vous avez parlé de trois tableaux? Et chacun d’eux portait la même date?

– Oui, inscrite par Charles d’Ernemont… La même date,

15-4-2, c’est-à-dire le 15 avril, an II, selon le calendrier révolutionnaire, puisque l’arrestation eut lieu en avril 1794.

– Ah! bien, parfait… dit Lupin… le chiffre 2 signifie…»

Il demeura pensif durant quelques instants et reprit:

«Encore une question, voulez-vous? Personne ne s’est jamais offert pour résoudre ce problème?»

Me Valendier leva les bras.

«Que dites-vous là s’écria-t-il. Toute personne étrangère qui voulait opérer des recherches devait, au préalable, déposer une certaine somme.

– Quelle somme?

– Cinq mille francs. En cas de réussite, le tiers des trésors revient à l’individu. En cas d’insuccès, le dépôt reste acquis aux héritiers. Comme ça, je suis tranquille.

– Voici les cinq mille francs.»

Le notaire sursauta.

«Hein! que dites-vous?


– Je dis, répéta Lupin en sortant cinq billets de sa poche, je dis que voici le dépôt de cinq mille francs.

– C’est sérieux? articula Me Valandier.

– Absolument sérieux.

– Pourtant je ne vous ai pas caché mon opinion. Toutes ces histoires invraisemblables ne reposent sur aucune preuve.

– Je ne suis pas de votre avis[135], déclara Lupin.»

Le notaire le regarda comme on regarde un monsieur dont la raison n’est pas très saine.

«Si vous changez d’avis, ajouta-t-il, je vous prie de m’en avertir huit jours d’avance.»

On se quitta. Aussitôt dans la rue, je m’écriai:

«Vous savez donc quelque chose?

– Moi? répondit Lupin, rien du tout. Et c’est là, précisément, ce qui m’amuse.

– Mais il y a cent ans que l’on cherche!

– Il s’agit moins de chercher que de réfléchir. Or j’ai trois cent soixante-cinq jours pour réfléchir.»

Puis il y eut toute une période durant laquelle je n’eus pas l’occasion de le voir[136].

De fait, le matin du 15 avril arriva, et j’avais fini de déjeuner que Lupin n’était pas encore là. À midi un quart, je m’en allai et me fis conduire à Passy.

Tout de suite, dans la ruelle, j’avisai les quatre gamins de l’ouvrier qui stationnaient devant la porte. Averti par eux, Me Valandier accourut à ma rencontre.

«Eh bien, le capitaine Janniot? s’écria-t-il.

– Il n’est pas ici?

– Non.»

Les groupes se pressaient autour du notaire.

«Ils espèrent, me dit Me Valandier, et c’est ma faute.»

Il m’interrogea, et je lui donnai, sur le capitaine, des indications quelque peu fantaisistes que les héritiers écoutaient en hochant la tête[137].

Louise d’Ernemont murmura:

«Et s’il ne vient pas?

– Nous aurons toujours les cinq mille francs à nous partager,» dit le mendiant.

À une heure et demie, les deux sœurs maigres s’assirent, prises de défaillance. Puis le gros monsieur à la jaquette malpropre eut une révolte subite contre le notaire.

«Parfaitement, Maître Valandier, vous êtes responsable…»

Il me regarda d’un œil mauvais[138].

Mais l’aîné des gamins surgit à la porte en criant:

«Voilà quelqu’un!.. Une motocyclette!..»

Le bruit d’un moteur grondait par-delà le mur[139].

«Mais ce n’est pas le capitaine Janniot, clama le notaire qui hésitait à le reconnaître.

– Si, affirma Lupin en nous tendant la main, c’est le capitaine Janniot, seulement j’ai fait couper ma moustache… Maître Valandier, voici le reçu que vous avez signé.»

Il saisit un des gamins par le bras et lui dit:

«Cours à la station de voitures et ramène une automobile jusqu’à la rue Raynouard.»

Il y eut des gestes de protestation. Le capitaine Janniot prononça:

«Vous m’excuserez. Le rapide de Marseille a déraillé entre Dijon et Laroche. Il y a une douzaine de morts, et des blessés que j’ai dû secourir. Alors, dans le fourgon des bagages, j’ai trouvé cette motocyclette…»

Il consulta sa montre.[140]

«Eh! Eh! pas de temps à perdre.»

Je le regardais avec une curiosité ardente. Lentement le capitaine Janniot se dirigea vers la gauche et s’approcha du cadran solaire. Il demanda:

«Un couteau, s’il vous plaît?»

Deux heures sonnèrent quelque part.[141] À cet instant précis[142], sur le cadran illuminé de soleil, l’ombre de la flèche se profilait suivant une cassure du marbre qui coupait le disque à peu près par le milieu[143].

Le capitaine saisit le couteau qu’on lui tendait. Il l’ouvrit et il commença à gratter le mélange de terre, de mousse et de lichen qui remplissait l’étroite cassure.

Tout de suite, à dix centimètres du bord, il s’arrêta, comme si son couteau eût rencontré un obstacle.

«Tenez, Maître Valandier, voici toujours quelque chose.»

C’était un diamant énorme.

Le capitaine se remit à la besogne. Presque aussitôt, nouvelle halte. Un second diamant apparut. Puis il en vint un troisième, et un quatrième. Le capitaine avait retiré dix-huit diamants de la même grosseur.

Le gros monsieur murmura:

«Crénom de crénom…»

Et le caporal gémit:

«Ah! mon capitaine… mon capitaine…»

Louise d’Ernemont pleurait.

Lorsque le calme fut rétabli[144] et qu’on voulut remercier le capitaine Janniot, on s’aperçut qu’il était parti.

Ce n’est qu’au bout de plusieurs années que l’occasion se présenta[145], pour moi, d’interroger Lupin, au sujet de cette affaire. Il me répondit:

«L’affaire des dix-huit diamants? Ai-je eu même besoin de réfléchir? Dès le début, je fus frappé par ce fait que toute l’aventure était dominée par une question primordiale: la question de temps. Lorsqu’il avait encore sa raison, Charles d’Ernemont inscrivait une date sur les trois tableaux. Plus tard, dans les ténèbres où il se débattait[146], une petite lueur d’intelligence le conduisait chaque année au centre du vieux jardin, et la même lueur l’en éloignait chaque année, au même instant, c’est-à-dire à cinq heures vingt-sept minutes. Qu’est-ce qui réglait de la sorte le mécanisme déréglé de ce cerveau? Le cadran solaire était le symbole même[147] du temps. Et c’est pourquoi, tout de suite, je sus[148] où il fallait chercher.

– Mais l’heure de la recherche, comme l’avez-vous établie?

– Tout simplement d’après les tableaux[149]. Un homme vivant à cette époque, comme Charles d’Ernemont, eût inscrit[150] 26 germinal an II, ou bien 15 avril 1794, mais non 15 avril an II. Je suis stupéfait que personne n’y ait songé.

– Le chiffre 2 signifiait donc deux heures?

– Évidemment. Et voici ce qui dut se passer[151]. Le fermier, surpris par l’arrivée de la patrouille, il s’enfuit dans le jardin. Où cacher les diamants? Le hasard fit que ses yeux tombèrent sur[152] le cadran. Il était deux heures. L’ombre de la flèche suivait alors la cassure du marbre. Il obéit à ce signe de l’ombre, enfonça dans la poussière les dix-huit diamants, et revint se livrer aux soldats.

– Soit[153], mais vous, du moment que vous aviez déchiffré l’énigme[154], il vous était facile, depuis un an, de vous introduire dans l’enclos, et de dérober les diamants.

– Ces malheureux m’ont fait pitié[155].

– Bah! m’écriai-je, la bêtise n’est pas si grande. Six beaux diamants! Voilà un contrat que les héritiers d’Ernemont ont dû remplir avec joie.»

Lupin me regarda et, soudain, éclatant de rire:

«Vous ne savez donc pas? Ah! celle-là est bien bonne… La joie des héritiers d’Ernemont!.. Mais, mon cher ami, le lendemain, ce brave capitaine Janniot avait autant d’ennemis mortels! Le lendemain les deux sœurs maigres et le gros monsieur organisaient la résistance. Le contrat? Aucune valeur[156], puisque, et c’était facile à le prouver, il n’y avait point de capitaine Janniot.

– Louise d’Ernemont, elle-même[157]?…

– Non, Louise d’Ernemont protesta contre cette infamie. Mais que pouvait-elle?

– Et alors?

– Et alors, mon cher ami, pris au piège[158], légalement impuissant, j’ai dû transiger et accepter pour ma part[159] un modeste diamant, le plus petit et le moins beau.»

107

Vous êtes bien pressé! – Вы очень спешите!

108

par conséquent – поэтому

109

droit au but – прямо к делу

110

jeter un coup d’œil – взглянуть

111

au bout d’un instant – через мгновение

112

en effet – действительно

113

tout à coup – внезапно

114

Cela, depuis des années, et quel que soit le temps – Всё это на протяжении многих лет, какой бы ни была погода

115

tout à fait sûr – совершенно уверен

116

en tout cas – в любом случае

117

Ils passèrent sans prêter attention à notre présence – Они прошли мимо, не обращая на нас внимания

118

un valet de chambre – лакей

119

livra passage – пропустить, дать дорогу

120

Lupin fit un bond – Люпен совершил прыжок

121

la gâche de la serrure – замочная скважина

122

de sorte que – так что

123

sans encombre – беспрепятственно

124

une étude de notaire – нотариальная контора

125

sous le nom du capitaine en retraite – капитаном в отставке

126

la Terreur – период Террора: время массовых казней во время Великой французской революции (с июня 1793 по 27 июля 1794)

127

sous prétexte de – под предлогом

128

sans doute – возможно, наверное

129

à vil prix – за бесценок

130

il le reçut à coups de fusil – он встретил его оружейным выстрелом

131

vida les lieux – убрался с места

132

la vieille servante prit soin de lui – старая служанка заботилась о нем

133

la retraite la plus absolue – в абсолютном уединении

134

tout de même – тем не менее

135

Je ne suis pas de votre avis – Я не согласен с вами

136

je n’eus pas l’occasion de le voir – у меня не было возможности видеть его

137

en hochant la tête – кивая головами

138

Il me regarda d’un œil mauvais – Он злобно посмотрел на меня

139

par-delà le mur – за стеной

140

Il consulta sa montre – он посмотрел на часы

141

quelque part – где-то

142

À cet instant précis – именно в этот момент

143

à peu près par le milieu – где-то посередине

144

Lorsque le calme fut rétabli… – Когда спокойствие было восстановлено…

145

Ce n’est qu’au bout de plusieurs années que l’occasion se présenta – Только несколько лет спустя представился случай

146

dans les ténèbres où il se débattait – в потемках, в которых он заблудился

147

le symbole même – самим символом

148

sus – узнал (форма passé simple глагола savoir)

149

d’après les tableaux – благодаря картинам

150

eût inscrit – написал бы (eût inscrit – форма предпрошедшего времени сослагательного наклонения – plus-que-parfait du subjonctif)

151

Et voici ce qui dut se passer – Вот как, должно быть, было дело

152

ses yeux tombèrent sur… – его взгляд упал на…

153

soit – предположим

154

du moment que vous aviez déchiffré l’énigme – с того момента, как вы разгадали загадку

155

Ces malheureux m’ont fait pitié – Эти несчастные внушили мне жалость

156

aucune valeur – никакой ценности

157

Louise d’Ernemont, elle-même – даже Луиза Эрмон

158

pris au piège – пойманный в ловушку

159

pour ma part – что до меня

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