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RENAISSANCE ITALIENNE ET RENAISSANCE FRANÇAISE

Table des matières

TERRES CUITES ÉMAILLÉES

Les procédés de fabrication connus, nous allons maintenant parler des terres cuites émaillées qui précédèrent la fabrication de la faïence proprement dite.

Prenant la pièce façonnée, avant qu’elle ait reçu sa première cuisson, on la recouvrait d’une couche d’émail opaque destinée à lui donner le poli et le brillant du marbre, sans pour cela altérer sa finesse, mettant ainsi sa superficie à l’abri de l’intempérie des saisons une fois qu’elle était passée au four et son Vernis vitrifié.

C’est à Luca della Robbia, de Florence, vers 1400, que remonte la découverte de l’émail stannifère. Ses travaux, dont plusieurs bas-reliefs font partie des collections du musée du Louvre et de Cluny, dénotent, chez ce grand sculpteur céramographe, une sobriété de couleur qui fait la grandeur même de son œuvre (fig. 18).

Sur ses traces marchèrent ses continuateurs; son neveu Andréa della Robbia, né en 1427; puis ses fils Giovanni et Girolamo. Ce dernier fut appelé en France, vers 1528, pour diriger les travaux de décoration du château de Madrid, au Bois de Boulogne. Il mourut emportant avec lui le secret de l’émail blanc qui avait été la cause réelle de la réputation de cette grande famille d’artistes.

Fig. 22.


Renaissance française. — Ce qu’avait été Luca della Robbia, pour l’Italie, l’immortel Palissy le fut pour la France. Ses premiers essais remontent vers 1520 à 1543, mais ce ne fut qu’à partir de 1565, que commença à naître et grandir sa réputation de céramiste, et qu’il produisit les merveilleux plats représentés figures 20, 21 et la vasque figure 21 bis.

Ses faïences, ornées de superbes reliefs, moulés sur nature, sont recouvertes d’un vernis plombifère d’une grande solidité. La richesse et l’éclat des couleurs naturelles données aux animaux, coquillages, fougères et plantes ornementant ses œuvres, se jouant avec la lumière et l’ombre, donnent à ses reliefs, malgré leur coloration sobre, cette apparence de mouvement et de vie qui en fait de véritables chefs-d’œuvre.

Fig. 23.


Faïences d’Oiron. — Les produits d’Oiron, près Thouars (Deux-Sèvres), connues plus particulièrement sous les dénominations de faïences de Henri II, de François Ier, de Diane de Poitiers, etc., sont aussi, à l’égale de celles de Palissy, de véritables merveilles.

Aux habiles reliefs exécutés par l’illustre maître, Hélène de Hangest (c’est le nom de la fondatrice de cette faïencerie), femme d’un génie supérieur, d’un goût pur et délicat, opposa de fines niellures d’arabesques coloriées en brun et en rouge, incrustées dans une pâte d’un blanc très pur, qu’un vernis ou glaçure brillante, d’une grande transparence, laissait apercevoir à travers sa coloration légèrement jaunâtre. Cariatides, mascarons, frises et moulures (fig. 19), furent les seuls ornements en relief qui vinrent compléter cette sobre décoration.

Fig. 24.


Fondée en 1529, dans le château d’Oiron, par Hélène de Hangest, femme de Arthur Gouffier, sire de Boissy et d’Oiron, cette faïencerie eut pour directeur le bibliothécaire du château, un sieur Jehan Bernart, très habile dessinateur, qui s’adjoignit comme ouvrier potier et mouleur un nommé Cherpentier. C’est là qu’après la mort de son mari, au milieu des œuvres d’art qui s’y exécutaient, cette noble femme chercha, dans un travail intellectuel, un soulagement à la perte que lui causait la mort d’un époux qu’elle adorait et auquel elle avait uni son sort dès l’âge de seize ans.

Il n’existe rien de mercantile dans les produits de cette faïencerie dont les œuvres n’étaient destinés qu’à être offerts en présents au roi et aux grands seigneurs de cette cour que, du vivant de son mari, elle avait tant aimée, où elle-même avait brillé autant par son esprit que par sa beauté.

Ceci explique suffisamment pourquoi ces faïences portent dans leur décoration la salamandre, emblême de François Ier; le monogramme de Henri II; de Catherine de Médicis; les croissants de Diane de Poitiers; les armes des Montmorency-Laval; des Guy de Montmorency; des Coëtnen de Bretagne; des Gilles de Laval; des ducs de La Trémouille et autres grands seigneurs auxquels elles furent offertes.

A la mort d’Hélène de Hangest, cette fabrication périclita entre les mains de Bernart, pour cesser complètement à la mort de ce dernier.

Faïences, porcelaines et biscuits : fabrication, caractères, décors

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