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CHAPITRE II

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Table des matières

La petite société du grand salon était très agitée. Comme tous étaient d’honnêtes âmes d’enfants, ils tinrent conseil pour aviser au moyen le plus sûr de garder leur parole le plus religieusement possible. Il fut résolu d’abord que par prudence on s’établirait à l’autre extrémité du salon, loin de la portière tentatrice, et qu’on ne franchirait pas une limite, une sorte de frontière qu’on indiqua au moyen d’une rangée de ballons figurant des boulets de canon et des obus. Des sabres dressés d’espace en espace figuraient une garnison, et comme justement il se trouvait, au milieu des jouets déjà en possession des enfants, un superbe militaire qui, au moyen d’un mécanisme prodigieux, relevait et abaissait son fusil comme un vrai factionnaire, on l’avait posté en qualité de commandant de garnison, en avant de la ligne frontière, et on lui avait donné pour lieutenant un magnifique chien frisé qui montrait les dents et au besoin aurait aboyé si on l’avait serré d’un peu trop près.

Ces précautions prises, on se mit à s’amuser du mieux qu’on put; les petits garçons simulèrent des combats, soit à l’arme blanche, soit au canon. Ils conduisirent les escadrons de plomb à la bataille; une superbe forteresse en carton pierre fut plusieurs fois prise et reprise, et finalement démolie et rasée. Du côté des demoiselles, on trouva de puissantes ressources contre la curiosité dans la présentation qu’on se fit mutuellement des poupées qu’on avait apportées. Chacune avait des qualités et des défauts que les petites mamans exposèrent avec le plus d’impartialité qu’elles purent.

Ces préambules accomplis, on donna un bal à ces pauvres poupées pour les lier plus vite entre elles. Quelques-unes ayant fait des faux pas, brouillé les figures, on les mit en pénitence, on fit de vertes réprimandes à d’autres pour leur mauvais maintien, quelques larmes furent versées, mais sur la promesse des coupables de se mieux conduire à l’avenir, toutes furent pardonnées et réintégrées dans le jeu.

Ces amusements-là avaient encore leur danger. Ils faisaient commettre involontairement des fautes aux personnes qui y prenaient part. Dans l’entraînement du combat, par exemple, comment mesurer ses pas, et de même pour les demoiselles dans la danse; plus d’un vaillant soldat, plus d’une bouillante valseuse se trouvèrent emportés par l’ardeur au delà de la limite indiquée, tout près même de cette redoutable portière dont la vue seule était un péril, une tentation de tous les instants.

Quelques-uns émirent l’avis de faire des lectures et de regarder des images, en tournant absolument le dos au danger, mais ce n’était que la minorité ; les plus sages ne sont pas toujours les plus nombreux. La majorité restait impatiente et fébrile.

Enfin, d’un commun accord, il fut décidé qu’on se mettrait tous sans exception autour de la grande table, et que chacun à son tour raconterait une superbe histoire.

Quelques voix s’élevèrent, demandant qu’on racontât d’abord quelque chose d’effrayant et de terrible. C’est très amusant d’avoir peur dans les histoires. Mais d’autres s’y opposèrent:

« Non, dirent ces autres, contons-nous quelque chose de très gai, au contraire, de très drôle même, et qui nous fasse tous trop rire.»

Après bien des indécisions, un grand beau garçon de onze ans, à la tête sérieuse, au regard grave et doux, appuyant son menton dans sa main proposa de raconter quelque chose d’utile, et qui fût en même temps agréable et intéressant. Il déclara qu’on pouvait emprunter le sujet à l’histoire. L’auteur de cette proposition avait évidemment, par son caractère, de l’autorité sur ses camarades; elle fut adoptée en principe. On délibéra cependant encore sur le choix à faire dans le domaine de l’histoire, car enfin il y a de tout dans l’histoire, bien des choses belles et beaucoup de laides, des périodes amusantes et d’autres qui ne le sont guère.

La petite sœur du futur conteur, grimpant sur ses genoux et collant sa bouche à son oreille, lui dit gentiment: « Tu leur conteras quelque chose de l’histoire, mais à moi, tu me conteras l’histoire tout entière, pas vrai, petit frère? Je n’aime pas ce qui n’est pas dit jusqu’au bout.»

Le frère sourit, répondit,: «Bon!» et retint la petite curieuse sur ces genoux.

« Je veux qu’on raconte qui fat le plus sage et le plus vertueux dans l’histoire», dit gravement une petite personne si mignonne, qu’elle pouvait très bien passer pour une de ces fées qui se promènent dans une coquille de noix attelée de papillons. Cette proposition surprit de la part d’une petite fille d’ordinaire si turbulente, dont les yeux pétillaient toujours de tant de malice, et que l’on était habitué à entendre rire comme une folle au moindre prétexte. Plusieurs demandèrent si c’était bien vraiment l’histoire du plus sage et du plus vertueux qui conviendrait le mieux à Mlle Emma.

« Oui, justement, répondit-elle, sans se déconcerter le moins du monde, c’est là naturellement ce qui me conviendrait le mieux: l’histoire du plus sage et du plus vertueux, mais oui.»

On rit, on plaisanta, mais on se décida pour l’histoire du plus sage et du plus vertueux.

« Eh bien, Jacques, veux-tu commencer?» crièrent quelques voix impatientes.

Et Jacques, après avoir songé quelque temps, comme s’il tournait intérieurement les pages d’un livre invisible, commença à raconter la vie de Caton.

Tandis que sa voix sympathique et ferme vibrait dans le salon, ses auditeurs devenaient de plus en plus attentifs. Les jeux de physionomie étaient très variés. On pouvait déjà augurer, à l’expression de certains regards, que l’un serait ou essayerait d’être un Caton, tandis que tel autre s’en garderait bien. Les délicats admiraient cette vertu sévère; mais on sentait qu’elle ne les entraînait pas tous également. On pouvait reconnaître à plus d’un signe que telle âme vaillante et courageuse ne changerait pas dans l’infortune, tandis que telle autre pourrait être brisée et vaincue par la moindre adversité.

L’orateur ne pouvait pas se plaindre de son auditoire. L’attention était générale. Il n’y avait, je crois, qu’une exception, et, chose étrange, c’était du côté des garçons, et non du côté des demoiselles, à qui, ceci le montre bien, on a tort de faire la réputation d’être plus légères et moins sérieuses que les messieurs.

La vérité est que l’un de ses auditeurs n’était pas parvenu à bien écouter. C’est que celui-là avait comme le vertige, et que son cœur battait à se rompre dans sa poitrine, et c’était justement ce malheureux Henri, le même qui pleurait maintenant, la figure cachée dans ses mains au fond du petit bois.

Il ne pouvait pas écouter, non! Le désir de pénétrer dans cette chambre mystérieusement fermée, religieusement gardée par le serment de tous, ce désir le brûlait comme un fer rouge, et il ne se sentait ni la force ni le courage de s’en rendre maître. Il était resté tout tremblant assis un peu à l’écart dans un grand fauteuil, indécis entre le devoir et la tentation, les yeux fixés sur la porte, qui, irrésistiblement, lui semblait-il, attirait ses regards. C’était comme une fascination.

L’histoire du plus sage et du plus vertueux allait son train. Tout le monde était très absorbé par le récit. Les bougies brûlaient sur la table autour de laquelle on se trouvait rassemblé ; toute la lumière du salon y était concentrée, car une bougie placée près de la porte défendue étant venue à s’éteindre, il ne restait plus à cette extrémité du salon qu’une vague clarté. Les hauts fauteuils, dérangés pendant les jeux, jetaient leurs ombres tourmentées sur les murs et le tapis; on eût dit de larges et grosses taches noires.

Seul entre tous, Henri avait remarqué que la bougie dont la lumière signalait la porte défendue avait cessé de l’éclairer, et par conséquent de la défendre. L’esprit tentateur lui disait tout bas à l’oreille qu’il lui serait facile, l’attention de tous étant portée d’un autre côté, de se glisser le long des murs, et, à la faveur des hauts fauteuils, d’atteindre sans être vu la portière convoitée. Une fois là, il n’y aurait qu’à soulever le bas de la tenture et alors.... Alors, il serait maître à lui tout seul des secrets inestimables que renfermait la chambre.

Il s’aperçut en même temps qu’il avait dans sa main agitée et froide une petite boîte à feu pleine d’allumettes de cire, qui un instant auparavant était sur la cheminée....

Il avait encore moins entendu la fin du récit que le commencement.

En proie à une sorte de fièvre, il lui semblait que quelque main fatale le poussait du côté de la portière maudite, et que c’était en vain qu’une voix intérieure, celle de la conscience, lui criait de lutter.

Tout à coup, il se fit un mouvement autour d’Henri, et cela le réveilla comme d’un rêve. Tout le monde se précipitait hors du salon en criant:

« Nous voilà, tante, nous voilà ! Nous avons été sages, nous avons tenu notre parole, la portière n’est pas dérangée, personne, bien sûr, n’y a touché.»

En un clin d’œil, Henri se trouva seul dans le grand salon, et debout! De là, il entendit dans la pièce voisine, qui était une salle à manger, le bruit des chaises qu’on approchait contre la table, puis celui des assiettes et des fourchettes. Personne ne s’était aperçu de son absence.

Alors il fut pris comme de démence, il étouffa sans pitié les derniers murmures de son honneur; d’un bond s’élançant vers la porte fermée, il souleva la portière et comme un voleur se glissa dans la chambre aux cadeaux.

Une fois là, il frotta sur le parquet une allumette, et, à sa lueur tremblante, il regarda avidement ce qu’il mourait d’envie de voir.

Que de belles choses entassées s’offrirent à sa vue! Comme il eût admiré chacune d’elles, s’il eût été en repos avec lui-même! Ah! il ne s’en fût lassé de sitôt. Mais il avait à peine jeté un regard rapide et troublé, sur l’étalage fait avec tant d’amour, par la tante, des admirables objets destinés aux enfants, que sa vue s’obscurcit soudain. Soudain aussi il fut saisi d’un si cruel remords, il sentit si bien instantanément la honte de l’action qu’il venait de commettre, qu’il eut envie de crier et d’appeler au secours, comme s’il avait été atteint d’un coup de couteau dans le cœur.

Le malheureux! c’était un dernier avis de sa concience; que ne le suivit-il! On l’aurait surpris au milieu de sa faute, mais du moins en plein repentir. Mais non, dans un cœur faible, une faute en amène toujours d’autres à sa suite. Il ne pensa qu’à une chose: fuir, fuir, quitter cette maison où il n’avait plus le droit de rester, qui avait vu sa déloyauté, et dérober son crime à tous les yeux.

Mais combien de coupables ont voulu faire comme Henri, que le sentiment de leur indignité a cloués sur place! Quant à lui, il sentit qu’il était incapable de bouger. Ses pieds avaient littéralement pris racine dans le plancher.

Alors son allumette s’éteignit, et il se trouva seul avec sa faute dans la profonde obscurité.

Dans ce moment, et du fond de la salle à manger, une fusée d’éclats de rire provoqués sans doute par quelque saillie de l’un des petits invités arriva jusqu’à lui.

S’il restait une minute de plus dans la chambre maudite, c’en était fait de lui. Il fit un violent effort sur lui-même, et, tout frémissant de honte et de remords, il se précipita dans le salon, le franchit comme un oiseau blessé, et, pâle comme un spectre, s’arrêta devant l’entrée de la salle à manger.

Une fois là, il tâcha d’écouter; comprimant de ses deux mains fermées les battements de son cœur, il essaya de calmer les angoisses de son âme. Dans la salle à manger, on continuait de rire, de babiller et de manger. Rien, il n’entendait rien que le murmure d’une joyeuse assemblée. De lui, il n’était pas question. Comment parvint-il à se glisser inaperçu parmi ses camarades? Il ne le sut jamais lui-même. Comment parvint-il à prendre à la table commune, sans être vu, une place qui justement s’y trouvait libre? On ne peut l’expliquer, sinon que le joyeux petit monde tapageur, tout à son plaisir, n’avait pas remarqué l’absence, si courte d’ailleurs, d’une seule tête entre tant de têtes dont les idées tourbillonnaient.

Au bout de quelques minutes, assuré que sa faute était ignorée, il se mêla peu à peu à la conversation. Lui aussi, il voulut rire et tâcher de se faire illusion sur la gravité de sa faute. Mais sa gaieté toute extérieure n’eût pu tromper personne, et elle ne le trompait pas lui-même. Que n’eût-il pas donné pour pouvoir rire d’aussi bon cœur que le dernier de la bande joyeuse assise autour de la table! C’en était fait, une épine empoisonnée lui était entrée dans le cœur.

Le souper fini, tout le monde retourna gaiement au salon; mais aussitôt, de toutes les bouches s’échappèrent des exclamations de surprise, puis des cris de colère et d’indignation. Il n’y avait pas à dire: non! Un coin de la portière avait été soulevé, quelqu’un avait trahi son serment. Quelques allumettes éparses sur le parquet et découvertes par les plus impatients et les plus impétueux montrèrent que la faute avait été préméditée. Henri, lui aussi, vit tous ces indices accusateurs, et il se sentit défaillir.

En ce moment, la tante entra dans le salon. En voyant l’émoi général, ses yeux se portèrent rapidement du côté de la porte. Comme tous elle vit, elle comprit ce qui était arrivé. Sa figure, si douce et sereine d’ordinaire, avait une telle expression de tristesse quand elle ouvrit la bouche, que personne n’osa respirer, et lorsque d’une voix qui essayait en vain de contenir son émotion elle dit:

« Enfants, lequel de vous n’a pas tenu sa parole?»

Oh! que de voix sincères s’élevèrent, protestant de leur innocence! Que de regards se tournèrent de l’un à l’autre en cherchant le coupable! Que d’innocents peut-être furent soupçonnés! — Dénonce-toi, disait à Henri la voix de sa conscience. Confesse ta faute, malheureux, ne laisse accuser personne, et ton repentir te vaudra ton pardon. — Mais non, Henri se taisait, si toutefois comme les autres il ne disait pas: non, ce n’est pas moi!

« C’EST ELLE, C’EST MARIE!» (Page 32.)


Tout à coup, une petite figure qu’on n’avait pas aperçue et qui était demeurée ensevelie et comme perdue dans un grand fauteuil, se leva et s’approcha des groupes émus. Elle s’en venait d’un air étonné en se frottant un peu les yeux et demanda ce qui était arrivé.

C’était une pauvre petite fille bien malheureuse: elle venait de perdre sa mère. Elle avait encore sa petite robe toute noire, et sa douce figure était toujours bien pâle. Son père l’avait amenée presque de force à la fête, espérant la distraire malgré elle de son chagrin; mais le pauvre petit cœur était trop affligé, et pas même une étincelle de joie n’avait pu y pénétrer de la journée.

Lorsque tous les autres enfants avaient quitté le salon pour aller souper, elle y était restée et s’était blottie dans un grand fauteuil, pour pouvoir, loin de la joie des autres, penser à son cher chagrin. Elle avait repassé dans sa petite mémoire ce que Jacques avait raconté de Caton, elle aurait voulu être forte, elle aussi, contre la douleur; mais le moyen, le moyen de se consoler d’une perte tellement irréparable! De chaudes larmes avaient remonté de son cœur à ses yeux; tout au passé perdu, elle n’avait rien vu, rien entendu, et abîmée dans sa pensée amère, elle avait fini par s’endormir en pleurant dans le grand fauteuil. Le bruit de la salle à manger, l’entrée d’Henri dans la chambre aux cadeaux, rien n’était arrivé jusqu’à elle. C’était seulement au tapage fait par tout le monde en rentrant qu’elle s’était réveillée de son lourd et douloureux sommeil.

Ses yeux rouges encore plus que sa voix demandaient:

« Que s’est-il passé ?»

En voyant son triste visage, ses yeux encore mouillés, il n’y eut qu’une voix:

« C’est elle, c’est Marie! Aussi bien, elle n’était pas à table avec nous!

— Quoi c’est elle, c’est Marie? s’écrièrent quelques-unes de ses amies, d’une voix pleine d’étonnement et de surprise.

— C’est moi, disait Marie, qui ne comprenait rien à ce qu’on lui disait, mais oui, c’est bien moi, ne me reconnaissez-vous pas? Qu’avez-vous à me dire?»

On prit pour un aveu, ces fatales paroles à des questions dont elle n’avait pas compris le sens, et un cri unanime sortit de toutes les bouches: «C’est elle!»

« Ce que vous avez fait là est très mal, mon enfant, dit sérieusement la tante Aurora à Marie, et j’en suis bien triste. Je ne vous en aurais jamais crue capable. Vous êtes la dernière que j’eusse soupçonnée. — Et s’adressant aux autres: — Ce qu’a fait Mlle Marie ne regarde que moi et son père; pour ce qui est de vous, oubliez-le. Reprenez vos jeux, ne suivez pas ce mauvais exemple et soyez sages. Vous savez que je ne vous ai pas rendu votre parole.»

Après ces mots, elle remit en place la portière qu’Henri, dans l’agitation de sa fuite, avait oublié de rabattre, et, très contristée, s’éloigna en recommandant à voix basse à chacun et à chacune de ne pas trop punir la coupable. Quand arriva le tour d’Henri d’écouter, plus mort que vif, cette recommandation d’indulgence, comment ne tomba-t-il pas aux genoux de sa tante? Comment ne sentit-il pas qu’à côté de sa première faute, cette seconde faute, son lâche silence était pire qu’une faute, que c’était un crime? Ce crime, cependant, il le commit pour cacher le premier, tant est fort l’engrenage du mal; après le doigt c’est la main, après la main c’est l’être tout entier qui s’y trouve pris, pour qui n’a pas le courage de trancher dans le vif, de sacrifier le doigt malade.

En voyant refermer la portière dérangée, la pauvre accusée avait fini par comprendre de quoi il s’agissait, et elle s’était contentée de dire doucement, forte qu’elle se croyait de son innocence:

« Pensez-vous donc, croyez-vous sérieusement que je sois entrée dans la chambre?

— Non, c’est une petite souris?» répondit une petite voix moqueuse.

Et tout le monde s’éloigna d’elle.

« Quoi! vous me croyez coupable?» dit encore la pauvre enfant.

Sa voix s’altéra, et de grosses larmes tombèrent lentement le long de ses joues déjà si pâles. Les plus superbes et plus emportés lui répondirent que désormais il n’y aurait plus d’amitié possible entre eux, ni même de simple connaissance; d’autres, plus doux ou plus contenus, ne dirent rien, mais leur silence exprima assez leur sentiment. Marie s’approcha plusieurs fois, tantôt d’un groupe, tantôt de l’autre, mais, ne rencontrant partout que paroles dures ou dédain glacial, elle alla s’asseoir dans un coin comme pétrifiée et ne bougea plus de sa place. A la voir à la clarté des bougies dans ce fauteuil sombre, on eût dit une petite image de la Douleur et de la Résignation. Elle avait tant souffert, la pauvre orpheline, qu’elle savait souffrir sans se plaindre.


Le chemin glissant

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