Читать книгу De l'esclavage chez les nations chrétiennes - Patrice Larroque - Страница 3
AVANT-PROPOS
ОглавлениеSi une religion eût condamné en principe l’esclavage et l’eût aboli en fait quand elle l’aurait pu, cela ne prouverait pas qu’elle fût vraie, car on peut mêler de sages prescriptions et de bonnes actions à des dogmes faux; mais cela constituerait un mérite qu’il faudrait s’empresser de lui reconnaître et de proclamer au besoin, quelque éloigné que l’on fût de croire à ses dogmes: il n’y aurait là qu’un acte de simple justice. D’un autre côté, il est évident qu’une religion vraie doit condamner l’esclavage comme dégradant à la fois le maître et l’esclave, et que les disciples de cette religion doivent travailler de tout leur pouvoir à l’abolition de ce legs odieux de la barbarie antique. C’est pour cela sans doute que les modernes apologistes du christianisme ont dit si souvent et fait redire par la foule de leurs adeptes qu’il avait aboli l’esclavage. C’est là un de ces nombreux mensonges auxquels certains auteurs finissent par croire à force de les répéter. Si l’on se fût contenté de dire que l’esprit de charité qui règne habituellement dans les Évangiles était opposé à l’institution de l’esclavage, cela serait vrai. Mais on a affirmé maintes fois que la religion chrétienne condamnait en principe l’esclavage; plus souvent encore on a donné comme un fait qu’elle l’avait aboli. Je me propose de faire voir que ces deux assertions, ainsi posées, ne sont pas soutenables.