Читать книгу Études historiques, littéraires et scientifiques sur l'arrondissement de Jonzac - Pierre-Damien Rainguet - Страница 61

450 hab. — 628 hect.

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Son église, dédiée à N.-D., et qui datait primitivement du Xe ou XIe siècle, fut donnée en 1071, par Rainulfe, Viguier d’Archiac et autres, à l’abbaye des Bénédictins de Saint - Jean - d’Angély . Elle était extrêmement délabrée au XVIe siècle, à l’époque de sa reconstruction.

L’église actuelle de Lonzac, formant une croix latine, dont le pied est peu allongé et qui, au premier aspect, ligure une croix grecque, a été construite en 1530, aux frais du grand-maître de l’artillerie de France, Jacques Galiot de Genouillac, et à la mémoire de son épouse, Catherine d’Archiac. Elle est toujours restée dédiée à N.-D., dont la fête se célèbre le 8 septembre, jour de la Nativité. C’est un type, à peu près unique pour notre province, de ce style moderne dit de la renaissance, emprunté à l’Italie, qui brilla sans doute d’un certain éclat, mais qui, au point avancé ou en étaient venues les conceptions de l’architecture religieuse, surtout en France, ne doit être considéré que comme une dégénérescence de l’art chrétien, et dont les conceptions, coquettement maniérées, ne sauraient convenir qu’à quelques édifices purement civils.

Les portes géminées de la façade, couronnées en anse de panier, sont de petite dimension, elles n’ont que 1 mètre 10 centimètres de largeur sur 2 mètres de hauteur. Elles sont surmontées de trois niches, ornées de riches sculptures, qui probablement contenaient autrefois des statuettes de saints. Entre les niches, deux bas-reliefs représentent l’un Hercule, étouffant dans son berceau les deux serpents que Junon y avait placés, et l’autre le même héros, terrassant le lion de la forêt de Némée. Allégories mythologiques qui, sans doute, avaient trait aux brillants exploits militaires du Sgr de Lonzac. Au milieu du pignon, tronqué postérieurement et de même que celui du N.-E., se voit une sorte de baldaquin en demi-cercle, surbaissé et orné de panaches et de fleurons richement sculptés.

Les fenêtres de l’église sont d’une dimension prodigieuse et ornementées avec le luxe de l’époque.

Les murs extérieurs de l’édifice, flanqués d’admirables contre-forts, aussi remarquables par leur grande élévation que par la hardiesse de leur construction et la pureté de leurs lignes, sont chargés de médaillons avec la devise de Galiot de Genouillac, entremêlés d’encadrements, aux quatre coins desquels sont placées des boules à demi engagées, figurant des boulets de canon suivant l’appréciation de quelques personnes. Chaque contre-fort présentait l’écusson largement sculpté, avec bannières déployées, du grand-maître de l’artillerie. La Révolution, faisant bon marché des souvenirs historiques de la patrie, a fait marteler, par un pauvre maçon du lieu, ces emblêmes chevaleresques.

Il est à regretter que les anticipations évidentes, commises anciennement au midi et au couchant surtout, où se trouve la double porte d’entrée de l’édifice, aient réduit le chemin de ronde à des dimensions trop exiguës et hors de proportion avec la majesté du monument.

La nef, à l’intérieur, a environ 9 mètres de largeur sur 34 de longueur; elle est surmontée de belles voûtes, hautes de 19 à 20 mètres au-dessus du pavé, avec nervures élégantes, clefs sculptées et pendantes, le tout reposant sur des consoles haut placées.

Une arcade ogivale, ouvrant dans le chœur, communique avec la sacristie qui n’est autre que la chapelle funéraire où furent déposés par le pieux guerrier, les restes mortels de son épouse, Catherine d’Archiac. La voûte de ce petit édifice est de forme applatie et chargée de caissons; les murs extérieurs sont couverts d’ornements.

On remarque, sur chaque mur de la nef, dix-huit à vingt médaillons, s’alignant et portant alternativement des croix grecques, preuve de la consécration solennelle de l’église, et cette devise qui probablement faisait allusion à la bonne fortune du capitaine fondateur: GALIOT AIME FORTVNE . A droite, cette légende est remplacée par celle-ci en langue latine: SICVT ERAT IN PRINCIPIO.

Les deux chapelles latérales de l’église sont dédiées, l’une à la Sainte Vierge, l’autre à saint Joseph.

Au fond de l’abside est un tableau remarquable, représentant l’adoration des Mages; N.-D. est d’une beauté remarquable, et la tête du premier Mage, agenouillé aux pieds de l’Enfant-Dieu, est d’une noble gravité orientale. On lit au bas cette apostille: P. Vincent, pinxit, Santonibus, 1787.

La tour du clocher, parfaitement éclairée et de belle dimension, conduit par 160 marches en pierre, au faite de l’édifice que couronnait autrefois une flèche de 15 ou 16 mètres d’élévation, qui s’écroula en 1800 et endommagea fortement le reste du clocher et l’église, particulièrement du côté de la place, au N. - E.

La galerie ou chemin de ronde, existant au sommet du clocher, est généralement dépourvue de ses garde-corps, en sorte qu’il est peu de visiteurs qui se hasardent à en faire le tour, malgré l’aspect enchanteur qui s’y déroule de toutes parts et qui semble les inviter à cette tournée. Combien il serait à souhaiter que la flèche, complément indispensable de ce bel édifice, fut prochainement rétablie .

La cloche de Lonzac, pesant 250 kilogrammes, porte l’inscription suivante:

SIT NOMEN DOMINI BENEDICTVM

AD VSVM ECCLESLÆ SANCTÆ MARIÆ DE LONZAC

FACTA SVB ANTONIO ROY HVIVS LOCI RECTORE ANNO DOMINI 1746

F. IEAN DVPVY.

Le dimanche 17 août 1862, on a béni une deuxième cloche, pour le clocher de Lonzac, elle pèse 677 kilogrammes.

On possède à Lonzac, copie de l’acte de fondation de l’église, daté du 26 mai 1530, et rédigé par Me Decamescasse, notaire. Cette pièce authentique porte que messire de Genouillac avait bâti l’église à ses frais et dépens, sous le titre de N.-D., et afin que Dieu donnât à lui et à ses enfants santé, prospérité et connaissance à la fin de leurs jours. Il y avait joint un monument funéraire pour son épouse et il ordonna que le corps de celle-ci, présentement déposé en l’église d’Arthenac, fut porté et mis en sa sépulture de Lonzac. Le fondateur abandonna cette église à la paroisse; de plus, il légua à la fabrique de Lonzac, le fief des Rosiers, en Neuillac, contenant 140 journaux, celui de Bois-Seguin, en Neuillac et Neulles, plus le bien de Maine-Borde ou le Vigneau, paroisse de Brie-sous- Archiac; encore une rente de vingt-deux boisseaux de blé froment, mesure de Barbezieux, due par Guillaume du Breuil, et dix-sept livres tournois, à la charge de faire dire une messe chaque jour, à perpétuité, dans l’église de Lonzac, par le curé ou son vicaire; celle du samedi devait être chantée. Après le per omnia jusqu’au Te igitur, un jeune clerc à genoux sur le premier degré de l’autel, tourné devers la place de l’église, devait dire telles paroles: «Ayez remembrance de l’âme de feu madame Catherine d’Archiac, «en son vivant dame de Lonzac, et sénéchale d’Armignac,» auquel clerc les fabriciens étaient tenus de payer, pour son loyer et peine, trois deniers tournois, à l’issue de la messe.

Les Fabriqueurs et habitants de Lonzac, convoqués au son de la campane, avaient juré sur les saints évangiles de N.-S., l’exécution et entretien des charges établies audit acte; et présentement, malgré des largesses si considérables et surtout le don permanent d’une église aussi belle, on ne célèbre plus à Lonzac, d’office ni prière publique pour de tels bienfaiteurs religieux!... Cela, même après une violente révolution, ressemble tellement à de l’ingratitude, que nous conseillerions à la Fabrique de faire célébrer au moins une messe par mois, pour perpétuer l’engagement de 1530.

Le cimetière, jadis étendu autour de l’église et enlevé il y a cinq ou six ans pour être transféré au S.-O., a laissé les fondations du sanctuaire un peu dénudées; il importerait de faire resaper ces bases de l’édifice, particulièrement au S., au S.-E. et au S.-O.

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